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A. PA-que temps après Bellantes accufa quel LEARIUS. ques Moines d'avoir pillé fon ayeule & fe fervit encore de l'éloquence de Palearins pour foutenir ce qu'il avoit avancé contre eux. Les Moines ayant fait ferment qu'ils n'avoient rien enlevé à cette femme, furent mis hors de Cour & de procès; mais ils conferverent du reffentiment contre l'Avocat de leur partie, & ne manquerent pas de profiter de l'occafion qui fe prefenta de fe vanger de lui.

Palearius avoit pris du goût pour les opinions des Novateurs, & avoit même compofé un Traité des mérites de la mort de Jesus-Chrift, où il s'éloignoit un peu de la croyance de l'Eglife Catholique. Cela leur fuffit pour déclamer contre lui & le déchirer dans leurs Sermons. Ils ne fe contenterent pas même de le traiter pour ce fujet d'heretique, ils en vinrent bien-tôt jufqu'à l'accufer d'impieté, parce qu'il avoit parlé des chofes divines avec un ftile plus pur & plus Latin qu'on n'avoit fait jufques-là, parce qu'il avoit cité plufieurs écrits des faints Peres, & plufieurs monumens de l'antiquité

chretienne, qui leur étoient incon- A. PE nus, & qu'ils regardoient pour cela LEARIUS. feul comme faux & inventez, & parce qu'il n'approuvoit point tou→ tes leurs pratiques & leurs ufages. Palearius crut devoir fe défendre contre toutes ces accufations, & il le fit par une Apologie qu'il adreffa aux Magiftrats de Sienne, & qui le difculpa entierement dans leur efprit. Cependant fatigué des traverfes qu'on lui fufcitoit de temps en temps, il prit le parti de fortir de cette Ville.

Les Magiftrats de Luques profiterent de cette occafion pour l'attirer dans la leur, & lui donnerent unė Chaire de Profeffeur en Belles-Lettres, malgré toutes les menées de fon ancien adverfaire (Machus) qui y profeffoit alors, & qui n'oublia rien pour l'empêcher. S'il accepta cet emploi, ce ne fut pas par goût & par inclination, mais parce qu'il n'avoit pas affez de bien pour faire fubfifter fa famille. Sa femme aimoit à paroître, fes enfans ne haiffoient pas le fafte, & il falloit que pour fub, venir à ces frais il gagnât la vie en

A. PA-régentant. Néceffité d'autant plus LEARIUS, dure pour lui qu'il apprehendoit que eet exercice n'émouflat la vigueur & la force qu'il fe fentoit pour des études plus relevées.,

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Après quelques années de fejour à Luques, Palearius fe tranfporta à Mi Lan, appellé par les Magiftrats dé cette Ville, qui lui donnerent des marques de leur eftime en lui accordant diverfes immunitez, & une bonne penfion.

Il fembloit devoir demeurer tranquille en ce lieu, mais les chofes tournerent autrement. Pie V. ayant été élu Pape le ́s. Janvier 1566. voulut fignaler le commencement de fon Pontificat par le fupplice de quelque heretique, & ordonna que la caufe de Palearius fut revuë. Ce Sçavant, qui ne s'attendoit à rien de femblable, fut arrêté à Milan & conduit à Rome. On l'y convainquiť. fans peine d'avoir dit que les Doc-teurs Allemands, qui fuivoient Lu- ther, étoient loüables en certaines chofes, & que l'Inquifition étoit deftinée à faire perir les hommes Sca

vans

Il fut donc condamné au feu, & A. PAla Sentence fut executée cette même LEARIUS. année 1566. felon M. de Thou. Celui qui publia l'Actio in Pontifices l'an 1606. met fa mort vers l'an 1558. mais cette datte ne peut fubfifter puifque Pie V. ne fut élu qu'en 1566. Jean-Jacques Frifius dans fa continuation de l'Epitome de Gefner s'eft auffi trompé en la reculant jufqu'à Pan 1570. Bayle, qui a attribué cette faute à Simler, n'a pas pris garde que celui-ci n'a continué Gefner que depuis 1545. jufqu'en 1555. qu'ainfi il n'a pû parler de ce qui s'eft paffé depuis.

Le même Frifius s'eft encore trompé en difant que Palearius avoit été décapité; il eft für qu'il fut brûlé, non pas vif, comme le dit M. de Thou, mais après avoir été pendu & étranglé, comme Latinus Latinius, qui étoit à Rome dans le temps de fon fupplice, l'affure dans des Iambes qu'il fit contre lui, fur une imagination finguliere qui lui vint à fon fujet. Ayant vu une Lettre de Facques Sadolet, qui lui étoit adreffée, & dont l'inscription étoit Antonio Pa

A. P A-leario Verulano, il se mit dans l'efLEARIUS. prit que Palearius avoit préferé par impieté Aonius, où il n'y a point de Tà Antonius, où fe trouve cette lettre, qui eft la figure de la Croix, & lui en fit un crime, comme fi par-là il avoit voulu renoncer au figne du Chriftianifme; ne prévoyant pas, dit-il, que le mépris de cette Croix lui attireroit un jour une punition funefte & infâme. Imagination puerile & indigne d'un homme d'efprit! Catalogue de fes Ouvrages.

1. De Immortalitate Animorum libri tres. Lugduni. Gryphius 1536. in-16. Cette édition, qui eft fort belle, fut faite à la recommandation de Jacques Sadolet, qui écrivit pour ce fujet une Lettre très-preffante à Sebaftien Gryphe. Palearius en fut fi content qu'il écrivit à Gryphe une Lettre de remerciment, qui fe trouve parmi fes autres Lettres. Ce Poëme a été réimprimé plufieurs fois depuis, & il fe trouve dans le Recuëil . des Oeuvres de Palearius, dont je parlerai plus bas. Sadolet en faifoit beaucoup de cas, & ce fut ce qui le porta à s'intereffer à fon impref

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