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II.

tes opi

notre Histoire, nous commencerons par le marquer, afin de ne rien omettre de néceffaire pour l'intelligence du discours. A l'égard des hommes, nous avons déjà averti qu'en prenant les chofes dès les premiers tems & parcourant tous les lieux. de la terre habitée nous rapporterons tout ce qui s'eft paffé, avec autant d'exactitude qu'on en peut attendre d'un Historien qui parle des tems & des lieux les plus reculés.

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IL Y A deux opinions différentes fur l'oDifféren rigine des hommes parmi les Phyficiens & nions fur les Hiftoriens les plus fameux. Les uns P'origine croyant le monde éternel & incorruptible, du Mon- prétendent que le genre humain a toujours

de.

été, & qu'il eft impoffible de remonter au premier homme. Les autres donnant un commencement & une fin à toutes chofes, foumettent les hommes à la même loi & expliquent ainfi la formation de leur efpece. Toute la nature ayant été dans le cahos & la confufion, le ciel & la terre mêlés enfemble ne faifoient qu'une malle uniforme: mais les corps s'étant féparés peu à peu les uns des autres, le Monde parut enfin dans l'ordre où nous le voyons. L'air demeura dans une agitation continuelle. Sa partie la plus vive & la plus légere s'éleva au plus haut lieu de l'Univers & devint un feu pur & fans mélange. LeSoleil & les Aftres, formés de ce nouvel élément, font emportés par le mouvement. perpétuel de la fphere du feu. La matiere terreftre demeura encore quelque tems mê

lée avec l'humide par la pefanteur de l'une & de l'autre. Mais ce Globe particulier roulant fans ceffe fur lui-même, fe partagea par le moyen de cette agitation en eau & en terre; de telle forte pourtant que la terre demeura molle & fangeufe. Les rayons du foleil donnant fur elle en cet état cauferent différentes fermentations en fa fuperficie. Il fe forma dans les endroits les plus humides des excroiffances couvertes d'une membrane déliée, ainfi qu'on le voit encore arriver dans les lieux marécageux, lors qu'un ardent foleil fuccede immédiatement à un air frais. Ces premiers germes reçurent leur nourriture des vapeurs groffieres qui couvrent la terre pendant la nuit, & fe fortifierent infenfiblement par la chaleur du jour. Etant arrivés enfin à leur point de maturité, & s'étant dégagés des membranes qui les enveloppoient, ils parurent fous la forme de toutes fortes d'animaux. Ceux en qui la chaleur dominoit s'éleve rent dans les airs; ce font les 'Oifeaux. Ceux qui participoient davantage de la terre, comme les hommes, les animaux à quatre piés & les reptiles, demeurerent fur fa furface; & ceux dont la fubftance étoit plus aqueufe, c'eft-à-dire les poiffons', chercherent dans les eaux le féjour qui leur étoit propre. Peu de tems après, la Terre s'étant entierement deffechée ou par l'ardeur du foleil ou par les vents, devint incapable de produire des animaux parfaits, & les efpeces déjà produites' ne s'entretin rent plus que par voie de génération. Eu

ripide, difciple du Philofophe (1) Anaxagore, paroît avoir adopté fur l'origine des êtres le fentiment que nous venons d'expofer. Car il parle ainfi dans fa Menalippe. (2)

Tout étoit confondu mais le feul mouve

ment

Ayant du noir cahos tiré chaque élément, Tout prit forme; bien-tôt la nature féconde Peupla d'êtres vivans le ciel, la terre & l'onde,

Fit fortir de fon fein fes ornemens divers,

Et donna l'homme enfin pour mattre à l'u nivers.

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Au refte, fi quelqu'un révoque en doute la propriété que ces phyficiens donnent à la Terre d'avoir produit tout ce qui a vie, on lui alléguera pour exemple, ce que la Nature fait encore aujourd'hui dans la Thebaïde d'Egypte. Car lorfque les eaux du Nil fe font retirées après l'inondation ordinaire; & que le foleil, échauffant la ter

(1) Anaxagore de Clazomene, Philofophe illuftre par fa nailfance, par fes biens qu'il abandonna à fa famille & par l'étude des fciences naturelles, nãquit en la foixante-onzieme olympiade, 492 ans avant Jé fus Chrift.

(2) Piece d'Euripide qui eft perdue avec zo autres ou environ dont Fabricius donne le catalogue. I nous en refte dix-neuf & le commencement d'une vingtieme. C'eft un des Poëtes tragiques qui a fait le plus d'honneur au tems de la floriffante Athenes.

re, caufe de la pourriture en divers endroits, on en voit éclorre une infinité de Rats. Ainfi, difent nos Phyficiens, la ter re s'étant deffechée par l'attouchement de Fair qui l'environne & qui a fubi divers changemens, doit avoir produit au commencement du monde différentes efpeces d'animaux.

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LES hommes nés de cette maniere menoient d'abord une vie fauvage. Ils alloient Vie des chacun de leur côté manger fans aprêt Hommes premiers dans les champs les fruits & les herbes qui y naiffent fans culture. Mais étant fouvent attaqués par les bêtes féroces, ils fentirent bien-tôt qu'ils avoient befoin d'un fecours mutuel; & s'étant ainfi rassemblés par la crainte, ils s'accoutumerent les uns les autres. Ils n'avoient eu auparavant qu'une voix confuse & inarticulée; mais, en prononçant différens fons à mefure qu'ils fe montroient différens objets, ils formerent enfin une Langue propre à exprimer toutes chofes. Ces petites troupes ramaffées au hazard en divers lieux, & fans communication les unes avec les autres, ont été Forigine des nations différentes & ont donné lieu à la diverfité des langues. Cependant lės hommes n'ayant alors aucun ufage des commodités de la vie, ni même d'une nourriture convenable, demeuroient fans: habitation, fans feu, fans provifion; & les hivers les faifoient périr prefque tous par le froid, ou par la faim. Mais enfuite s'étant creufé des antres pour leur retraite ayant trouvé moyen d'allumer du feu, &

IV.

té des

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ayant remarqué les fruits qui étoient de garde, ils parvinrent enfin jufqu'aux arts qui contribuent aujourd'hui non-feulement à l'entretien de la vie, mais encore à l'agrément de la fociété. C'est ainfi que le befoin a été le maître de l'homme, & qu'il lui a montré à fe fervir de l'intelligence, de la langue & des mains que la nature lui a données préférablement à tous les autres animaux. Cette defcription abrégée de la vie des premiers hommes étoit néceffaire pour fatisfaire à l'ordre dans une Hiftoire univerfelle. Nous allons entrer maintenant dans le détail des peuples les plus connus & des actions mémorables de leurs principaux perfonnages.

Nous ne favons point quels ont été les Ancienne- premiers Rois & nous n'ajoutons point de Rois. foi à ceux qui prétendent le favoir. En Doute fur effet les Rois paroiffent plus anciens que Pantério l'invention & l'ufage de toutes les chofes Grecs ou qui auroient pu nous tranfinettre cette condes Bar- noiffance. L'Hiftoire fur-tout eft le dernier,

rité des

bares.

genre d'écrire qu'on fe foit avifé de culti ver. Les Grecs ont toujours difputé de leur antiquité avec les Barbares. Les uns & les autres foutiennent qu'ils font originaires du pays qu'ils habitent, qu'ils ont appris, les arts & les fciences aux autres, hommes & qu'ils ont fait les premiers des actions dignes d'être écrites. Nous ne prendrons aucune part dans cette difpute, & nous ne voulons point décider quelles font les nations les plus anciennes, & encore moins de combien les unes font plus

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