Imágenes de páginas
PDF
EPUB

rel, La Nation Françoise pafle pour la plus polie: les Allemands & les Italiens font trop pleins de com plimens & de cérémonies. J'aurois voulu trouver une bonne définition de la Politeffe: je crois qu'il eft un peu difficile d'en donner une qui foit au gré de chaque Nation. Je penfe qu'il y a autant de fortes de Politeffes, qu'il y a de Nations dont les manières font différentes. Le Groenlandois, l'Iroquois, le Hottentot, ont chacun leur Politeffe; mais cette Politeffe n'eft pas celle du Chinois, du Turc, ni du Tartare, & encore moins celle du François. Dans un même Pays, en France par exemple, il y a différentes fortes de Politeffes: celle du Courtian diffère de celle du Bourgeois, celle du Bourgeois diffère de celle du Payfan. Celle du Quaker eft peut-être la moins compofée, & par cela même la meilleure. Qu'eft-il befoin de tant de mouvemens faits avec art pour témoigner à quelqu'un qu'on eft fon ami?

Des VOYAGES.

Prefque tout ce Chapitre roule fur l'utilité & les avantages des Voyages; & ce que l'Auteur en dit mérite d'être lu. Il fait aux Gentilshommes François un reproche affez bien fondé : il dit qu'il eft très rare de les voir voyager pour s'inftruire, tandis que ceux de la plupart des Nations de l'Europeregardent les Voyages comme une partie effentielle de l'éducation. Je ne fai à quoi attribuer cette indifférence des François. Eft-ce mépris pour les autres Nations? Est-ce un amour exceffif de leur Patrie Peut être préfèrent-ils l'agréable à l'utile. Paris eft un monde, la Nobleffe y accourt du fond des Provinces; c'est un lieu de délices qu'on ne quitte qu'avec peine, & lorfqu'on l'a vu on croit avoir tout vu.

Du

Du CHOIX d'un ETAT.

La bonheur de la vie d'un homme dépend fouvent en grande partie de l'état qu'il embraffe. On ne doit choifir aucune profeffion, qu'on n'ait du goût pour elle, & des talens pour l'exercer avec fuccès. La Nature nous porte fouvent à embraffer la profeffion pour laquelle elle nous a donné des difpofitions; &, pour ne pas s'y tromper, il faut s'étudier foi-même, s'examiner, & fonder fon coeur. Voilà tout ce qu'il y a de plus effentiel à confidérer fur cette queftion, qui me paroît être l'une des plus importantes que l'on puiffe agiter. Quel état choifirai-je pour me fixer le refte de mes jours? Eft-il en effet rien de plus intéreffant que cette question? J'ai connu des perfonnes maudire mille fois la profeffion qu'on leur avoit fait em. braffer; mais il étoit trop tard pour la quitter.

De l'ETAT MILITAIRE.

On trouve raffemblé dans ce Chapitre tout ce qui concerne les devoirs les plus effentiels des Officiers on leur apprend quelles font les Sciences dans lesquelles ils doivent être versés, & on leur donne une lifte des meilleurs Ouvrages qu'ils doivent confulter. Il y a peu d'Officiers, même parmi les Troupes les mieux difciplinées, qui poffèdent toutes les qualités & les talens que l'Auteur exige d'eux. Dans ces fortes d'inftructions on propofe d'ordinaire tout ce qu'il y a de plus parfait ; c'est à ceux qui les lifent à tâcher de s'y conformer autant qu'il leur eft poffible. Toutes les qualités d'un véritable Héros ne fauroient être réunies dans un feul homme: il manque toujours quelque chofe aux plus grands Guerriers.

De la POLITIQUE.

La

La Politique, dit notre Auteur, eft l'Art de rendre les Peuples heureux, en les conduisant felon les Loix & laraifon. N'auroit-il pas dû ajouter, &felon la justice?car comme les loix font arbitrai& qu'on fait de laraifon tout ce qu'on veut, il n'arrive que trop fouvent qu'on rend les Peuples très malheureux, en les conduisant par une Politique qui n'eft fondée que fur les loix & la raifon.

res,

On confeille ici l'étude de la Politique à la Nobleffe. Mais c'est une Science d'une bien vaste étendue,& qui me paroît d'autant plus difficile à apprendre, que la plupart de fes principes n'ont rien de fixe; chacun les interprete à fa fantaisie. Avant que d'apprendre aux Hommes les principes d'une faine Politique, il faudroit travailler à les rendre juftes & équitables. On convient affez de cette première règle du Droit Naturel, ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrois pas qu'on te fit, mais on ne la met guère en pratique. C'est moins la Science que la Pratique qui manque aux plus fameux Politiques : ils reffemblent à la plupart des Chrétiens d'aujourd'hui, qui n'ont qu'une foi morte une foi fans les oeuvres. Qu'on en juge par l'état déplorable où se trouve actuellement la plus gran de partie de l'Europe.

Du MARIAGE.

Cette matière eft fi rebattue que l'Auteur ne nous dit rien ici de nouveau. Il donne d'excellens avis, mais les mettra-t-on en pratique? Il veut que laraifon feule préfide dans le choix qu'on doit faire, &qu'on rapporte à fon Tribunal fevere toutes fes pensées & tous fes fentimens. Ne fait-il pas que la Raifon & l'Amour vont rarement de compagnie?

D'ailleurs c'eft un peu trop fubtilifer cette matière:

Il n'eft rien de plus beau que ces tendres pensées Du commerce des Sens fibien débarallées; Mais ces Amours pour moi font trop fubtilifés, Je fuis un peu groffier, comme vous m'accusez. Sa Morale eft trop févère,il exige trop de la foioleffe humaine.,, Il faut, dit-il, être attentif à ne ,, pas fe laiffer furprendre par les fens, à n'avoir ,, point d'égards aux qualités extérieures, & à fai,,re peu de cas des talens qui ne contribuent point ,, au bien du coeur,& qui n'apportent aucunes lu ,, mières à l'efprit". Qui eft ce qui voudroit fe marier à ces conditions? S'il ne faut avoir aucun égard aux qualités extérieures, la Jeune n'eft plus préférable à la Vieille, & la Belle que la Nature a le plus favorisée n'a nul avantage fur celle qui le foir de fes noces met toute fa beauté sur sa toilette.

Attens, difcret Mari, que la Belle en cornette
Le foir ait étalé fon teint fur fa toilette,
Et dans quatre mouchoirs de fa beauté falis
Envoie au Blanchiffeur fesrofes & fes lis.

L'Auteur trouve qu'en général le Sexe eft très mal élevé.,, Savoir un peu de Catéchisme, ,, lire, écrire, chanter, danfer, & travailler quel,, ques petits ouvrages des doigts; voilà, dit-il, ,, ce qui fait,au fentiment du Vulgaire une Fil

le bien élevée". Il ne confeille pas à un hom me fage de choifir pour Femme, une Fille dont les talens font fi bornés ; & la raifon qu'il en donne, c'eft qu'elle n'eft propre à autre chose qu'à produire des enfans: il demande qu'elle connoifle les principes de la Morale, qu'elle fache règler

les

les mouvemens de fon coeur, que fon efprit ait de la jufteffe & de l'habitude de raifonner, & que fon imagination ne foit point affujettie ni aux caprices ni aux fantaisies. Où trouver des Femmes fi parfaites! Il y en a cependant, mais elles font rares. Si l'on en croit Moliere, les hommes du vieux tems n'étoient pas fi difficiles que ceux d'aujourd'hui, la moindre petite dofe d'efprit dans une Femme leur fuffifoit ; ils croyoient apparemment être par-là plus à couvert des rifques du Cocuage,

Nos Peres fur ce point étaient gens bien fenfús, Qui difoient qu'une Femme en fait toujours affez, Quand la capacité de son esprit se hausse,

A connoître un pourpoint d'avec un baut de chauffe.

ARTICLE IX.

DISSERTATIO de GENERATIONE PURIS, praemio ab Academia Regiâ Chirurgicâ quae floret PARISIIS, Anno 1746 propofito, condecorata. auctore JOHANNE GRASHUIS, &c.

c'est-à-dire :

DISSERTATION fur la GENERATION du PUS, laquelle a remporté le Prix propofé en 1746 par l'Académie Royale de Chirurgie de Paris. Par Mr JEAN GRASHUIS, Docteur en Médecine, Affocié de l'Académie des curieux de la Nature, & de l'Académie Royale de Chirurgie de Paris. Grand Octavo de 115 pages, fans compter la Table des Matières. Amfterdam chez Lac Tirion, 1747.

Cet

« AnteriorContinuar »