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le fiége. Quelle que foit la longueur, la largeur, la profondeur d'unAbfcès,c'est toujours dans cet te Membrane qu'il s'étend. Parmi les defordres que font les Abfcès, on ne voit que trop fouvent la Membrane adipeufe dépérir,& la Graille qu'elle contient fe confumer entièrement. Joignez à tout cela la reffemblance qu'il y a entre le Pus & la Graiffe. Le Pus eft blanchâtre, tenace & un peu gras; & dans tout le Corps humain il ne fe trouve rien qui lui reffemble davantage que la Graiffe. Dans les grands Ulcères qui forment des clapiers, & qui ont beaucoup de profondeur, il fe fait une confomption prodigieufe de la Graiffe,qu'on voit fortir fous la forme de Pus. L'Auteur donne à ces preuves toute la force dont elles font fufceptibles, & fi elles n'ont pas justement toute l'éviden ce & la folidité d'une démonftration géométrique, elles ont du moins l'air & les marques de la vraisemblance...

.. Ces principes une fois bien établis répandent un grand jour fur des queftions de pratique, & en facilitent l'explication. On fait alors ce que c'eftque mettre le Rus en mouvement, ou faire fuppurer, & quels font les Médicamens qui doivent être rangés dans la claffe des Suppuratifs. Mais il y a fur tout cela une remarque des plus importan tes à faire; c'eft que la parfaite formation du Pus dépend, fuivant les termes de l'Auteur, de certai nes actions Spontanées, que l'Art ne fauroit jamais imiter. Ainsi, à proprement parler, nous ne connoiffons jufqu'à préfent aucun Spécifique qui puiffe par lui-même faire cette fonction. A l'aide de certains Médicamens nous pouvons bien aider la Suppuration, nous pouvons la faciliter, mais

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nous

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: nous ne fommes pas maîtres de la former. C'est à la Nature impérieuse à nous donner les ordres, & à nous à les exécuter. Puifque nous ne pouvons rien faire fans elle, & que nous ne fommes que fes Miniftres, foyons attentifs à fes démarches, & voyons ce qu'elle fe propofe, pour l'aider dans le befoin.

iCe n'eft donc qu'après avoir bien confideré Pétat d'une Inflammation qui tend à Suppuration, qu'on doit fe déterminer fur le choix des Médica mens qu'il convient d'employer. Il faut agir fuivant les circonftances. Tel Remède qui, dans cer tain cas, feroit un excellent Suppuratif, ne le feroit point dans un autre cas, if produiroit même un ef fet tout contraire à celui qu'on en attend. Dans Amfterdam, comme dans la plupart des autres grandes Villes,il n'y a pas la moindre Femmelette qui n'ait quelque Onguent qu'elle dit être propre à réfoudre ou à faire fuppurer, bon pour la brulu re, pour toute forte d'inflammation, & pour quelque tumeur que ce foit. Ces Onguens, qui paffent de main en main, & dont quelque Matrone de chaque quartier a le fecret, font pronés par tout comme quelque chofe de merveilleux & de divin. Cependant il arrive très rarement que ces prétendus Spécifiques tant vantés répondent à l'attente duMalade: il eft comme impoffible qu'ils puiffent fatisfaire à toutes fortes d'indications. Ce qui donne la vogue à ces Remèdes généraux, c'eft qu'on leur attribue d'ordinaire tous les bons effets que produit la Nature, laquelle guérit fouvent les maux les plus opiniâtres malgré tous les obftacles qu'on lui oppofe.

Mais, dira-t-on, à quoi donc fervent tous les

On

Onguens, tous les Cataplafmes, fi l'action feule de la Nature a par elle-même tant d'efficace? Mr Grashuis répond très pertinemment & en habile homme à cette queftion dans un Chapitre où il examine la manière dont les Suppuratifs agiffent, Les plus fimples d'entre ces Médicamens empêchent le libre accès de l'air,& en couvrant la partie malade ils y confervent la chaleur interne qui lui eft néceffaire. On fait que l'air, dont la température change à chaque inftant, eft extrêmement nuifible à la Suppuration; ainfi tout Médicament qui met un Abfcès à couvert de fes impreffions, contribue toujours beaucoup à laSuppuration. Un autre effet de ces Médicamens, c'eft d'empêcher la trop grande tranfpiration de la partie, d'entretenir la chaleur dont elle a befoin, & d'empêcher qu'elle ne fe deffeche. Or l'expérience fait voir, & tous les Praticiens conviennent unanimement, que rien ne facilite davantage la Suppuration qu' un certain degré de chaleur joint à l'humidité, En pareil cas, une fimple emplâtre qui couvre bien la peau & bouche les pores,doit paffer pour un excellent Suppuratif, quoiqu'il n'ait d'ailleurs aucune

autre vertu.

Les Emolliens agiffent d'une manière un peu différente des précédens. En relâchant la peau & les autres tégumens, ils lui procurent la facilité de s'étendre, ils dégagent par-là les vaisseaux qui peuvent être comprimés, empêchent par conféquent la fuffocation & la gangrène, font rompre la peau, & donnent enfin lieu à la matière purulente de fortir librement par l'ouverture. Il y a un grand nombre de cas où ces fortes de Médicamens fuffifent, parce qu'il n'est alors befoin que de re

lâcher

lâcher & d'humecter les parties. Mais qui ofera affurer qu'ils puiffent fuffire feuls dans une infinité d'autres cas dont l'indication n'est pas la même?

Quelquefois la chaleur caufée par l'inflammation eft trop grande,& comme elle eft nuifible à la Suppuration, il faut alors avoir recours à tout ce qui peut la tempérer plus ou moins, fuivant l'exigence du cas. Tout ce qui relâche les tégumens, qui leur donne plus d'aifance & de foupleffe, peut entre autres fatisfaire à cette nouvelle indication, parce qu'en diminuant la trop grande réfiftance des parties folides, on diminue en même tems le mouvement, & par conféquent la chaleur qui eft un effet du mouvement.

Dans le cas précédent les remèdes qui diminuent la chaleur, font de bons Suppuratifs ; mais il y a d'autres cas où il faut des remèdes qui faffent un effet tout contraire, qui augmentent la chaleur au lieu de la diminuer. S'aperçoit-on que le mouvement des humeurs eft trop foible & trop lent, & que les matières qui doivent former le Pus font dans l'inaction, on doit alors recourir à tout ce qui, peut donner de la force aux fibres, en rétabliffant leur ton & leur élasticité. Fortifiez vous les fibres, vous augmentez le mouvement, & en augmeutant le mouvement vous procurez aux Solides & aux Fluides le degré de chaleur dont elles ont befoin.

En voilà, ce me femble, affez pour faire comprendre à ceux mêmes qui n'ont aucune connoiffance de la Médecine,combien il eft important de bien examiner la nature d'un mal avant que d'y ap pliquer le remède qui lui convient. Tel Spécifique qui a fait merveille dans un cas particulier, de

vient non feulement inutile, mais même nuifible dans un autre cas. La même maladie ne doit pas être toujours traitée de la même manière. C'est fans doute cette confidération qui a porté Mr Grasbuis à faire différentes claffes des Suppuratifs, & à diftinguer fcrupuleufement les cas où chacun d'eux peut-être employé avec fuccès. Cette dernière partie de fon Ouvrage n'eft pas la moins confidérable, & je me ferois un plaifir d'en rendre compte au Public, fi cela ne m'engageoit à entrer dans des détails qui ne feroient pas du goût de tous les Lecteurs. J'en ai dit affez pour donner une idée de la grande capacité de l'Auteur & du mérite de la production.

ARTICLEX

OBSERVATIONS on the History and Evidences of the Refurrection of JESUS CHRIST. BY GILBERT WEST Efq; the fecond edition revised and corrected by the Author, London printed for R. Dodley in Pall-mall,

c'eft-à-dite.

OBSERVATIONS fur l'Hiftoire & les Preuves de la Réfurrection de JESUS CHRIST, Par Mr Gilbert Weft. Seconde édition reveue & corrigée par l'Auteur. à Londres chez R. DodЛley -dans Pall Mall. 1747 in-8. de 456. p. fans l'Introduction.

C'eft peut-être fans beaucoup de raison que l'on

s'allarme des Traits que les Incrédules décochent de tems en tems contre la Religion, puif

qu'a

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