Imágenes de páginas
PDF
EPUB

le fixe à celui de trois cent, jufqu'au tems des Gracques. Les nouvelles Magiftratures devenues néceffaires à mesure que Rome devint plus puiffante dûrent augmenter le nombre des Sénateurs, & les trois cent Sujets admis fous Silla le firent monter à cinq cent.

Comme on ne pouvoit folliciter les emplois fans les avoir mérités en fervant dix ans dans l'Armée, & qu'on ne s'enrôloit qu'à dix fept ans, ce n'étoit qu'à vingt fept qu'on pouvoit obtenir & la Quefture & la dignité de Sénateur. Mr Middleton croit même qu'on n'y parvenoit qu'à trente ans. Il fe fonde & fur l'exemple de Ciceron, qui quoiqu'élevé aux divers honneurs, à l'âge où il é toit permis d'y afpirer, ne fut pas fait Quefteur auparavant, & fur les Loix que les Romains donnoient aux Nations,qui les confultoient fur leurs Sénats particuliers; celle des trente ans étoit toujours une des principales.

Le bien étoit pour les Sénateurs une qualité plus néceffaire que l'âge fous Augufte. Il falloit du moins pofféder 800 Sefterces c'eft-à-dire 6 ou 7000 Livres sterling pour avoir entrée au Sénat. Si cette fomme paroît petite rélativement à l'opu. lence des Nobles de ces tems-là,elle eft bien fupérieure à celle qu'avoient poffédée des Confuls tirés de la charue, & dont la vaiffelle étoit de terre. La Loi qui régloit le bien néceffaire ne peut donc avoir été ancienne. Celle qui régloit la naiffance l'étoit davantage. L'origine d'un Sénateur devoit être pure de même que fes moeurs, & le grand défaut de la nomination de Claudius & de Plautius c'eft qu'elle tomba fur une poftérité d'Efclaves. On fut moins fcrupuleux dans la fuite, & la

même corruption qui rendit les tréfors néceffaires, difpenfa de Nobleffe, comme depuis longtems elle avoit exempté de Vertu.

Je crois devoir excepter du nombre des digreffions que j'ai promis d'éviter celle que notre Auteur fait fur le Luftre.Cet intervalle a été pris pour un période de cinq ans, parce que les premiers Cenfeurs, dont les principales fonctions étoient la Luftration & le Cens fûrent établis pour un pareil terme. Il paroît cependant & par le rapport des Hiftoriens, & par les Marbres Capitolins, que cette cérémonie eut des périodes plus grands & moins déterminés. Servius Tullius, qui en fut l'Inftituteur, n'en célébra que quatre dans un règne de quarante quatre ans, & fon Succeffeur la négligea entièrement. Le cinquième Luftre fe fit par les Confuls P.Valérius & T. Lucrécius l'an 245 de Rome. Les trois fuivans remplirent un efpace de trente quatre ans, & il s'en trouve un à peu près pareil du huitième à l'onzièmé Luftre, qui fut le premier des Cenfeurs, & qu'on fixe à l'an 311. Les Marbres Capitolins mettent le vingtième à l'année 390, ce qui donne un intervalle de neuf ans pour chacun des neuf premiers Luftres des Cenfeurs, & l'on en trouve un de fix ans & demi, fi l'on defcend jufqu'au 71e Luftre, qui ne fut tenu que l'an 701.

Mr Middleton en donnant fon Livre au Public ne s'eft fans doute pas attendu à beaucoup de Lecteurs auffi favans que Milord Harvey, & c'eft pour le grand nombre qu'il s'eft attaché à donner dans une feconde partie des idées diftin&tes de tout ce qui regardoit le Sénat. Elle eft divisée en sept Sections. La première roule fur le pouvoir & la

Jurifdiction du Sénat, la feconde fur la manière de le convoquer; la troifième fur le lieu, & la quatrième fur le tems de fes Affemblées. Il s'agit dans la cinquième de l'ordre qu'on y obfervoit. La force de les Décrets fait le fujet de la fizième Section, & l'on recherche dans la feptième en quoi confiftoient la dignité, les honneurs & les ornemens des Sénateurs. Tous ces Sujets font curieux; mais comme Mr Middleton ne s'écarte guère, en les traitant, de Manuce, de Sigonius, & peut-être d'Auteurs plus connus encore, je m'épargnerai un détail que j'entreprendrois envain de rendre intéreffant. En pareil cas l'ennui du Jour. naliste eft contagieux pour fes Lecteurs.

ARTICLE II.

PRIMA PHILOSOPHIA quae METAPHYSICA vulgo dicitur.

c'eft-à-dire :

LA METAPHYSIQUE ou feconde partie de l'Intro duction à la PHILOSOPHIE, revue & angmen tée confidérablement par M.SAMUEL CHRISTIAN HOLMAN Profeffeur en Logique, Métaphyfique & Philofophie naturelle, & Membre de la Société Royale de Londres. A Gottingue chez Van den Hoek en 1747 in 8 de 666 pages.

Ous avons rendu compte de la Logique de M Holman dans la feconde partie du trente feptième Tome de ce Journal. L'amour de la vérité qui diftingue ce favant, mérite qu'on inf

truise le Public des peines qu'il fe donne pour en faciliter la recherche.

Tous les Auteurs innombrables, qui ont traité de la Métaphyfique, fe font accordés à reconnoître les ecrits d'Ariftote, pour la fource de cette fcience: mais ils font extrêmement divifés fur le but que peut avoir eu ce Philofophe dans ces mêmes Livres qu'on appelle Métaphyfiques. Pour fe mettre au fait tout d'un coup, M Holman eft remonté à la fource, il a employé quelques années à lire avec attention les ecrits d'Ariftote. Il ne lui falut. qu'une feule lecture pour fe convaincre que ce Philofophe n'avoit jamais pensé à donner dans les Livres qu'on appelle Métaphyfiques,ni l'Ontologie ni la Pneumatologie ni la Théologie naturelle. Le deffein de ce grand-homme a été uniquement de réfoudre une queftion agitée entre les Philofophes depuis Heraclite, & de déterminer ce qu'il y auroit de conftant, de perpétuel & de permanent dans les Etres qui fubfiftent par eux-mêmes, & fur-tout dans ceux qui tombent fous les fens.

Heraclite avoit enfeigné que toutes les chofes fenfibles font dans un état de changement continuel; cette opinion avoit prévalu chez les Philofophes de la Gréce, & on avoit commencé à difputer fur ce qu'il y auroit de permanent dans les Etres fenfibles, fi changeables à d'autres égards: c'étoit-là ce qu'on croyoit devoir être le véritable objet des Sciences. Les Pithagoriciens le cherchoient dans leur Nombre, d'autres le plaçoient dans les figures & dans les dimenfions géométriques & d'autres encore dans les Univerfels, dans l'idée générale de l'homme, ou de la plante, qui Tome XL Partie I.

B

refte

reste après l'abstraction faite de tout ce qui apartient en particulier aux individus. C'eft fur cette queftion qu' Ariftote a écrit les Livres dont il s'agit, & il y mêle plufieurs autres. difputes très dés liées & très fubtiles.

M Holman fait voir dans fes Prolégomènes qu'Ariftote n'a point eu d'autre vue ; des paffages tirés des autres ouvrages de ce Philofophe en font foi; & l'extrait que fait M Holman.de fes Livres Métaphyfiques même, met la chofe hors de doute. Le terme dont l'Auteur du Péripatétifimes'eft fervi, pour déterminer ce qu'il y a de perpétuel dans les Etres fenfibles, eft l'étre en tant qu'il eft un Etre.

Notre Auteur fait voir dans les mêmes Prolé. gomènes ce qui a empêché les Péripatéticiens de tous les âges de découvrir les vues d'Ariftote, & ce qui les a féduits à croire, qu'il s'agifloit d'Ontologie ou de Théologie naturelle. Cette erreur affez peu philofophique eft pardonnable en faveur des fuites heureufes qu'elle a eu. Les Scholafti ques en ont pris l'idée de deux nouvelles Scien ces, dont ils ont enrichi la connoiffance humaine, & fur tout de l'Ontologie,qui fait le fujet de l'Ou vrage dont nous rendons compte.

M Holman convient qu'il y a une infinité de fatras & de verbiage inutile, dans ce que les Schoe laftiques ont écrit fur la Métaphyfique, mais il dé montre folidement que cette Science abftraite a des utilités effentielles, & qu'elle mérite le nom de la première partie de la Philofophie, & même de Géométrie philofophique, parce que c'eft chez elle que fe trouvent ces Vérités générales, qui font la baze de l'évidence & de la conviction.

Dans

« AnteriorContinuar »