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APPROUVE ES PAR L'ACADEMIE. tous également avec un mouvement de trois pieds feulement, dans lequel ils peuvent durer beaucoup plus longuement que le vogu'avant de la Galére ordinaire, qui fait un mouvement une fois plus grand, comme nous avons dit, qui le met d'abord tout en fueur, & l'oblige à fe mettre nud fans chemise pour continuer.

On jugera de la vîteffe du chemin que l'on fera par la viteffe avec laquelle les rames tourneront; & fi elles font feulement un tour en dix fecondes, on égalera la vîtesse de la Galére, puifque le tour eft de 12 toifes, fuppofant comme on a fait pour la rame ordinaire, que l'eau ne céde point; mais pour une plus grande jufteffe dans l'eftime, il faudra fçavoir par plufieurs Expériences fur des diftances connues, de combien l'eau céde à proportion de la vîteffe des tours; & l'on aura d'autant plus de précision que 'ce tour des rames tournantes eft plus grand que l'efpace parcouru en une palade de rames ordinaires.

On ne doit pas douter que la force de cent hommes, par exemple, pouffant continuellement un volume d'eau de 18 pieds quarrés de chaque côté,ne mette bientôt en mouvement le plus gros vaiffeau, puifque une fimple chaloupe fe fait fentir nonobftant les inconveniens qui fe trouvent à la remorque,comme nous les avons remarqués dans un Mémoire particulier. Ainfi je fuis fortement perfuadé que cés rames ferviront aux plus gros Vaiffeaux très-utilement, & même plus avantageufement qu'aux petits, puifqu'outre la force de l'équipage, qui peut leur fournir de quoi mettre un grand nombre d'hommes fur les manivelles, & les relever par d'autres tous frais, pour continuer ce service; ils ont encore un espace bien plus grand pour placer commodement les aîles des manivelles, & les faire mouvoir fans embarras; ce que l'on feroit plus difficilement dans un petit Vaiffeau dont l'entre-deux des ponts est très-bas, & ordinairement fort embarraffé.

Quoique ce Calcul faffe voir beaucoup d'avantages dans
Rec. des Machines.
TOME I,

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les rames tournantes, il fe trouvoit un inconvenient auquer 1699. l'Auteur a remedié depuis, il confifte en ce que les rames No. 54. en fortant de l'eau se présentent toûjours fur leur plat, & entraînent avec elles ( après leur action) une nape d'eau, qui eft un obstacle à vaincre, ce qui n'arriveroit pas fi la rame fortoit de l'eau par fon tranchant.

L'Auteur a donné un moyen qui remedie à cet inconvenient, & que l'on va décrire ci-après No 55.

COMPARAISON DES RAMES ORDINAIRES avec les Rames tournantes.

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Na confideré le mouvement que fait un Bâtiment par le moyen des rames & des hommes qui les font mouvoir, comme celui d'une Galére. L'effort que les hommes font fur le manche de la rame, & la résistance partiale de l'eau qui se fait à l'autre grand bout de la même rame, fe font fentir au point d'appui, où la rame eft foûtenuë par le Bâtiment. Ce point eft comme le foûtien d'un levier ordinaire, qui porte toûjours la fomme de deux poids qui font aux extrémités, en y ajoûtant la pefanteur propre du levier, en quelque raifon ou reciprocation que foient les poids ou les forces appliquées. Ainfi plus il y aura de force au petit bout de la rame, & de réfiftance au plus long bout à proportion, plus le point d'appui recevra d'impreffion. Une Galére iroit donc auffi vîte avec deux rames feulement, qu'elle va avec toutes celles qu'on y employe. S'il étoit poffible de faire mouvoir ces deux rames avec toute la chiourme, & avec une vîteffe égale, & auffi que ces rames euffent la largeur & la force néceffaire. Ces réfléxions ont occafionné la découverte des rames

A PPROUVE ES PAR L'ACADEMIE.

perpendiculaires; outre que les prémiéres ne font que

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feu

rer l'eau quand la mer eft agitée, & que les vagues font 1699.. grandes, fouvent les rames ne prennent point d'eau, & N°.54. deviennent inutiles. En ce cas les rameurs font culbutés par le manque de résistance.

Ces inconveniens ne fçauroient arriver aux nouvelles rames, parce qu'elles prennent perpendiculairement l'eau, & elles s'y enfonçent affez pour ne la pas manquer; quand même ce coup échaperoit à l'eau, les rameurs n'en feroient point incommodés, parce qu'ils trouvent de quoi s'appuyer à chaque vibration, qui n'eft que d'un pied & demi en avant, & autant en arriére. D'ailleurs les rames ordinaires ont plus de la moitié du tems perdu, parce qu'il faut relever & reporter la rame avant que de faire effort, ce qui fait que la Galére va par faccades, & que ceux qui font dedans fentent tous les coups de rames à chaque fois, au lieu que les nouvelles rames vont toûjours uniment en fe fuccedant l'une à l'autre fans perte de tems, ce qui cause un mouvement uniforme au Bâtiment, & qui n'eft point apperçû de ceux qui font dedans.

Il y a lieu defpérer une grande utilité de cette invention par rapport à l'augmentation de vîteffe, en confiderant la difference qu'il y a entre la vogue ordinaire & celle des rames tournantes; celle-ci fe fait fans interruption par une force unie continuellement appliquée fuivant la même direction; la vogue de la rame ordinaire fe fait par fecoufses, & de trois tems qu'on employe pour donner un coup de rame, un pour fortir la rame de l'eau, le fecond pour pouffer la rame en avant, & le troifiéme pour refouler l'eau; il n'y a que le troifiéme qui fert encore pertil de fa force par la chûte de toute la Chiourme, qui tombant toute ensemble fait plonger la Galére, & rend le mouvement oblique, ce qui contribue beaucoup à la rüine du Bâtiment. Ce ne font pas-là les feuls défauts des rames ordinaires : on eft obligé de les multiplier pour augmenter

,

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la force, & par confequent d'alonger le Bâtiment, ce qui 1699. le rend moins capable de refifter à la mer. Il faut auffi que No. 54. le Bâtiment foit bas, découvert, & ainfi fort exposé aux coups de mer, par la néceffité de proportionner la longueur de la rame à la force & à la grandeur de l'homme; & quelque couverte que l'on donne à la chiourne, comme dans les galeaffes, il faut toûjours laiffer les ouvertures pour la palemente, par où les coups de mer peuvent entrer. On évite ces inconveniens par les rames tournantes, puifqu'on peut augmenter la force en ajoûtant feulement des hommes lorfqu'on aura foin de proportionner la longueur & la largeur des rames à la groffeur du Vaiffeau, & ces rames agiront toûjours fuivant le nombre d'hommes qu'on employera deffus, & non fuivant le nombre des machines, comme font les rames ordinaires, qui d'ailleurs ne peuvent plus fervir aux Vaiffeaux au-deffus du quatriéme rang, à cause de la trop grande longueur qu'elles devroient avoir, qui ne feroit plus proportionnée à la grandeur or dinaire de l'homme.

Par le moyen des rames tournantes on délivre l'équipage de la remorque, qui eft un des plus fatiguants fervices, & l'on fera aller le Vaiffeau incomparablement plus vite que s'il étoit remorqué, parce que non-feulement les Chaloupes qui remorquent font fujétes au défaut de la vogue ordinaire, où il y a les deux tiers du tems perdu, mais de plus elles ne peuvent pas faire force toutes ensemble; & le Vaiffeau les faifant revenir à lui après le coup de rame, elles ont cet espace à regagner le coup d'après. D'ailleurs le cable de la remorque s'enfonçant dans l'eau par fa pefan teur, il faut encore vaincre la résistance que l'eau lui fait pour fe roidir.

Toutes ces chofes enfemble diminuent confidérable ment la force de la remorque. Dans un combat les cha loupes qu'on employe font exposées à la moufqueterie, à êue coulées à fond par le canon de l'ennemi, & aux vagues

APPROUVE ES PAR L'ACADEMIE. 181 de la mer, qui leur permettent fort peu d'être dehors. A cet égard les rames tournantes courrent les mêmes rif 1699. No. 54. ques, & font pareillement expofées au canon & aux vagues, qui peuvent les emporter en les brifant.

Voici les expériences faites à marseille par ordre du feu Roi.

EXPERIENCES

DE LA VITESSE

de la Galére aux rames tournantes, comparée à celle d'une Galére ordinaire, faites à Marseille le 12. Février 1693.

A tob. 3. du matin la Galére la Superbe étant fortie de fon pofte devant les Auguftins partit pour aller à la Chaifne.

A 10. 11. elle arriva à la Chaisne.

A 10. 6. la Galére aux Machines partit de fon poffe du fond du Port.

A 10h. 13.

A 10h. 19.

elle arriva à la Chaifne.

les deux Galéres à côté l'une de l'autre
voguent tout.

A 10h. 25. la Galére la Superbe passe, & vogue en
fuit à quartier de poupe.

A10b. 27". la Galére aux Machines paffe.

A 10. 28

I

Force de part & d'autre, & vogue

tout. 1

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