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Dheulland Sculp.

E n'eft pas fans raifon que l'Ancre eft le fymbole de

Avant 1699.

que dépend le falut d'un Vaiffeau : & c'eft pour cela qu'on apporte tant de foin à bien forger les Ancres pour les ren- No. 11 dre fortes, & qu'on les attache à des cables d'une groffeur prodigieufe, pour les rendre capables de réfifter aux efforts terribles que la pefanteur énorme d'un Vaiffeau qui eft en branle fait ordinairement pour les rompre. Ces cables cependant qui font d'une très-grande dépenfe, & d'un étrange embarras, ne fe trouvent le plus fouvent pas affez forts;,

Avant

& ils pourroient être moins gros & moins fujets à être rompus, fi l'on y apportoit les précautions que la Méca1699. nique peut fournir, & que l'on employe utilement en d'auNo. 11. tres rencontres pour le même effet.

Comme il eft conftant que le principal effet des efforts

qui fe font par le mouvement, dépend de fa vîteffe, il
s'enfuit qu'il n'y a point de moyen plus fûr d'empêcher
fon effet que de diminuer cette viteffe: l'expérience fait
voir qu'il y a des chofes qui bien que foibles ne laif-
fent pas de réfifter davantage que d'autres plus fortes. Un
ballot de laine réfifte à un boulet de canon qui perce un
mur le fait eft averé, & la cause n'en eft pas difficile à
comprendre fi l'on confidére que la maniére differente
dont le ballot de laine & le mur reçoivent le boulet eft
cause de l'effet different qu'il y produit: car le mur eft rom-
pu, parce que fa dureté fait que toute fa réfiftance s'op-
pofant d'abord à tout l'effort du boulet, c'est-à-dire, à tout
fon mouvement, il eft néceffaire que le plus fort l'em-
porte. Mais la maffe du ballot, quoique moins forte en
elle-même que celle du mur, réfifte davantage à cause de
fa maniére de résister, qui fait que d'abord elle ne s'oppose
qu'à une partie du mouvement du boulet, qui ne fçauroit
être fi peu diminué à l'abord, qu'il ne perde bien-tot toute
fa force, par la raifon que la feconde résistance étant pa-
reille à la premiére, & le fecond effort étant moindre que
le premier, il arrive néceffairement que l'un céde bien-
tôt à l'autre. Et c'eft en cela que l'effort des chofes pouf-
fées par
des causes externes eft diminué par des obftacles,
quoique foibles quand ils font réïterés, & que cela ne
leur arrive pas quand elles font remuées par une cause
interne telle qu'eft la pefanteur, qui demeurant toûjours la
même & furmontant toûjours à peu près les mêmes
obstacles, tels que font ceux de l'air, ne reçoit aucune
diminution dans la vîteffe du mouvement qu'elle caufe aux
corps qui tombent,

L

APPROUVE ES PAR L'ACADEMIE. 47 Ces raisons peuvent faire croire qu'il n'eft pas impoffible de pourvoir aux inconveniens de la rupture du cable des Avant Ancres, laquelle arrive ordinairement, ou par la rencon- 1699. tre des rochers cachés au fond de l'eau qui les ou par la violence des vagues avec laquelle les Vaiffeaux font emportés.

rompent,

La Machine que l'on propofe peut empêcher tout enfemble l'effet de ces deux caufes : car en empêchant que l'effort qui fe fait contre le cable en le tirant foudainement n'agiffe tout à la fois contre toute fa résistance, il ne fera point néceffaire de le faire fi fort ni si gros; & par cette raifon il fera moins en danger de fe rompre contre les rochers, parce qu'en lui ôtant cette groffeur qui l'empêche de plier aifément, on lui ôtera ce qui le rend le plus fujet à fe rompre, qui eft cette infléxibilité qui le fait résister avec plus de fierté que de force, & enfin de la mauvaise manière dont il réfifte, qui a été expliquée par la comparaifon du mur de pierre & du ballot de laine.

La Machine eft compofée de quatre piéces de bois de brin A, B, C, D, couchées l'une contre l'autre deux à deux, & jointes enfemble les deux d'un côté avec les deux de l'autre côté par le moyen des liens, dont celui qui eft marqué E, empêche que les piéces qui font jointes par fon moyen ne puiffent s'écarter en cet endroit-là; & celui qui eft marqué F empêche qu'elles ne s'approchent, afin qu'ils n'ayent la liberté de s'approcher que par l'autre extrémité, où les plus grandes piéces A & D, ont chacune une poulie GH, pour foûtenir le cable IKL, les deux autres piéces B & C, ne fervant qu'à donner une réfiftance convenable aux deux premieres lorfqu'elles viennent à être pliées: car par cet affemblage de deux piéces la réfiftance qui fe fait au pliement n'a pas la fierté qu'auroit une feule pièce de la groffeur des deux enfemble, parce qu'elles coulent l'une fur l'autre en pliant. Or le cable attaché à la piéce A à l'endroit I, va tourner à la

No. 11.

Avant 1699. No. 11.

poulie H, & revient paffer fur la poulie G, & enfuite est attaché au cable de l'Ancre marqué M, qui a un noeud vers L qui l'empêche de fortir de l'ouverture de l'Ecubier N,où il eft arrêté en cas que la grande force avec laquelle le Vaiffeau eft emporté tirât affez fort pour rompre les cables. Car il eft certain que ce feroit le cable qui passe sur les poulies qui feroit rompu, étant le plus foible, & par ce moyen le gros cable feroit confervé. Comme le cable qui paffe fur les poulies a befoin d'être flexible', & qu'il n'a point à réfifter aux fatigues que celui qui eft dans l'eau doit fouffrir, il ne feroit point néceffaire de le gaudronner, ni de le faire fi gros. Et il y a même lieu de douter s'il ne feroit pas meilleur auffi de ne point gaudronner le gros cable, y ayant apparence qu'il pourroit réfifter plus longtems à la pourriture qui lui arriveroit faute de gaudron, qu'à la rupture que cette compofition lui peut caufer en le rendant roide & inflexible, & qu'il faut craindre que quelque précaution que l'on puiffe apporter pour rendre la compofition fouple & peu caffante, elle ne le devienne par la froideur de l'eau, qui endurcit toûjours toutes les fubftances refineufes; & il y a plus d'apparence de croire que les cables font rompus à la rencontre des rochers par ces raifons, que de s'imaginer qu'ils puiffent être, ou coupés, ou ufés par des pierres; puifque ces Ancres que l'on ne peut pas dire être capables d'être coupées ou usées, ne manquent que par la fierté du fer,fans quoi elles réfifteroient à des efforts beaucoup plus grands que ne font ceux qui ont accoûtumé de les rompre.

Or on peut fabriquer les Ancres de maniére que par le même principe elles pourront, ainfi que la Machine qui eft dans le Vaiffeau, fournir un moyen pour diminuer le terrible effort que l'ébranlement du Vaiffeau eft capable de produire fur le cable qui le retient, en faifant que de même que le bout du cable attaché au Vaisseau n'est point trop fermement retenu, l'autre bout qui eft attaché à

l'Ancre,