Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

affeyions ici à l'ombre,& que nous revenions au fujet que nous avons in

terrompu ?

M. Je croyois en être quitte mais pas homme à faire de re

vous n'êtes

mife.

Q. Ne comptez pas même fur aucun délai; car tout ce jour-ci eft destiné à vous entendre: commencez donc.

M. Mufe, pour commencer invoquons Jupiter : difois-je dans 14 ma traduction d'Aratus. A. Pourquoi donc ce début.

M. C'est que nous ne sçaurions mieux commencer qu'en l'invoquant lui & les autres Dieux.

Q. Il n'y a rien à dire à cela, c'est fort bien fait.

M. Voyons donc encore une fois, avant que de parler des Loix en particu lier, quelle eft l'effence & l'énergie de la Loi;de peur que dans l'obligation où nous ferons d'y rapporter toutes chofes, nous ne nous entendions pas faute d'explication, & que nous ignorions l'étendue d'un terme qui doit fervir à nous faire comprendre celle du droit. Q. Fort bien, voila la bonne maniére d'enseigner.

M. Hanc igitur video fapien. tiffimorum fuiffe fententiam, legem neque hominum ingeniis excogitatam, neque fcitum aliquod effe populorum, fed æternum quiddam, quod univerfum mundum regeret, imperandi, prohibendique fapientià. Ita principem legem illam, & ultimam mentem effe dicebant, omnia ratione aut cogentis, aut vetantis Dei: ex quà illa lex, quam Dii humano generi dederunt, rectè eft laudata; eft enim ratio menfque fapientis, ad jubendum, & ad deterrendum idonea.

Q. Aliquoties jam ifte locus à te tractatus eft; fed antequam ad populares leges venias, vim iftius cœleftis legis explana, fi placet, ne æftus nos confuetudinis abforbeat, & ad fermonis morem ufitari trahat.

M. A parvis enim, Quinte, didicimus, SI IN JUS VOCET, ATQUE EAT, ejufmodi leges alias

M. Je dis donc que nos plus grands Philofophes ont jugé tout d'une voix que la Loi n'eft point une invention de l'efprit des hommes, ni rien d'approchant des réglemens ordinaires; mais quelque chofe d'éternel qui régle l'univers par la fageffe de fes commandemens, & de fes défenses. Selon eux cette premiére & derniére Loi eft l'efprit de Dieu même dont la fouveraine raison fait faire ou empêche qu'on ne faffe tout ce qui fe fait ou ne fe fait pas. C'est de cette Loi que tire fa nobleffe celle que les Dieux ont donnée au genre humain, laquelle n'eft autre chofe que la raifon & l'ef prit du Sage qui fçait commander le bien & défendre ce qui y eft contraire.

Q. Vous nous avez déja touché cet endroit; mais, avant que d'en venir aux Loix ordinaires, faites s'il vous plaît bien connoître la force de cette Loi toute célefte; de crainte que le torrent de la coutume ne nous entraîne, & ne nous fasse parler comme le vulgaire.

M. C'eft que nous avons appris dès l'enfance à appeller Loi des énoncez

nominare, nec verò intelligi fic oportet, & hæc & alia juffa ac vetita populorum vim habere ad rectè facta vocandi, & à рессаtis avocandi : quæ vis non modò fenior eft, quàm ætas populorum & civitatum, fed æqualis illius cœlum atque terras tuentis & regentis Dei.

Neque enim effe mens divina fine ratione poteft, nec ratio divina non hanc vim in rectis pravifque fanciendis habet : nec quia nufquam erat fcriptum, ut contra omnes hoftium copias in ponte unus affifteret, à tergoque pontem interfcindi juberet; idcircò minus Coclitem illum rem geffifle tantam fortitudinis lege, atque imperio putabimus: nec fi regnante Tarquinio nuHa erat Romæ fcripta lex de ftupris; idcircò non contra illam legem fempiternam Sex. Tarquinius vim Lucretia Tricipitini filiæ attulit;

141

tels que celui-ci ; fi l'on vous cite en Juftice, &c. mais il ne faut pas croire que de femblables commandemens ou défenfes ayent le pouvoir de nous faire pratiquer le bien, ou de nous empêcher de commettre le mal; pouvoir qui n'a pas feulement précedé la naiffance des Peuples & des Villes, mais qui eft auffi ancien que le Dieu qui foûtient & qui gouverne le Ciel & la Terre: car comme cet efprit divin ne peut être fans fa raison, fa raison ne peut être fans ce pouvoir qui eft la régle décifive & abfolue du bien & du mal.

Ainfi quoiqu'il n'y eût point de Loi écrite qui ordonnât à aucun Romain de faire face à toute une armée & de tenir contre les efforts, tandis qu'on abattroit un pont dont il défendroit l'entrée, nous ne devons pas moins penfer qu'Horatius fe porta à une action fi héroique pour obéir à la Loi du courage: & quand du régne de Tarquin il n'y auroit point eu non plus de Loi contre l'adultére, il ne s'enfuivroit pas que la violence que fit fon fils à Lucréce fille de Tricipitinus fût moins contre les décrets de cette Loi

« AnteriorContinuar »