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tre au rang des bonnes chofes ce qui constitue tellement une fociété, que fans cela elle ne feroit pas cenfée telle ?

Q. Oui & des meilleures inconteftablement.

M. Maintenant un état qui n'a point de Loix, n'eft-il pas vrai que dès-là on ne fçait plus ce que c'eft?

Q. On ne peut pas dire

autrement.

M. Il faut donc néceffairement mettre la Loi au rang des meilleures chofes ?

Q. C'est comme je le penfe.

M. Mais fi parmi la plupart des peuples on autorife des chofes pernicieuses, funestes, auffi éloignées de la Loi que nous venons de définir que le feroient des conventions faites par des brigands? car comme on ne peut dans la verité dire des recettes de ces ignorans Empiriques, qui donnent pour falutaires les drogues les plus mortelles, que ce font des ordonnances de médecins, une Loi pernicieuse fous quelque nom qu'on la donne, ne doit point paffer pour Loi, quand même un peuple auroit pû fe refoudre à la recevoir. Il est donc fûr que la Loi

ftinétio, ad illam antiquissimam &rerum omnium principem expreffa naturam, ad quam leges hominum diriguntur, quæ fupplicio improbos afficiunt, deffendunt & tuentur bonos.

Præclarè intelligo, nec

verò jam aliam effe ullam legem puto non modò habendam, fed ne appellandam quidem.

M. Igitur tu Titias, & Apuleias leges nullas putas?

Q. Ego verò ne Livias quidem. M. Et rectè, quæ præfertim uno verficulo Senatus, puncto temporis, fublatæ fint : lex autem illa, cujus vim explicavi, neque tolli, neque abrogari potest.

Q. Eas tu igitur leges rogabis, videlicet quæ nunquam abrogentur.

M. Certè fi modò acceptæ

confifte effentiellement à diftinguer ce qui eft jufte de ce qui ne l'eft pas ; & qu'elle fe mefure fur la nature, cette premiére & principale régle de toutes chofes , qui dirige les Loix humaines, foit dans les fupplices qu'elles ordonnent contre les coupables, foit dans les fecours qu'elles procurent aux gens de bien.

Q. Je comprens cela parfaitement, & je crois non feulement qu'aucune ne doit paffer pour Loi que celle-la, mais qu'on ne devroit pas même en donner le nom à d'autres.

M. Sur ce pied là, 17 vous regardez donc comme nulles les Loix de Titius & d' Apuleius ?

Q.18 Vous pouvez ajoûter encore celles de Livius.

M. Vous avez raifon, & d'autant plus, qu'il n'a fallu qu'un mot du Sénat pour les anéantir à l'inftant: mais pour cette Loi, dont je viens de vous montrer la force, on ne peut on ne peut l'annuler ni la caffer.

Q. De l'humeur dont je vous vois, vous n'en propoferez que de cette na

ture ?

M. Non, fi j'ai le bonheur de vous

à vobis duobus erunt; fed ut vir doctiffimus fecit Plato, atque idem graviffimus omniumque princeps, de Republicâ cùm fcripfit, idemque feparatim de legibus ejus, id mihi credo esse faciendum, ut priufquam ipfam legem recitem, de ejus legis laude dicam. Quod idem & Zaleucum, & Charondam feciffe video, cùm quidem illi non ftudii & delectationis, fed Reipublicæ causâ leges civitatibus fuis fcripferint. Quos imitatus Plato, videlicet hoc quoque legis putavit effe, perfuadere aliquid, non omnia vi, ac minis cogere.

Q. Quid, quòd Zaleucum iftum negat ullum fuiffe Timæus? M. At Theophraftus, auctor haud deterior, meâ quidem fententiâ, meliorem multi rninant, commemorant verò ipfius. cives, noftri clientes Locri; fed

pre.

les faire agréer à tous deux. Mais Platon cet homme fi fçavant, ce Philofophe fi refpectable, qui a écrit le mier de la République, à l'ufage de laquelle il fit enfuite un traité féparé des Loix, Platon,dis-je, m'entraîne par fon éxemple à m'étendre un peu fur les 19 louanges de la Loi avant que de la réciter. 20 Zaleucus & Charondas, qu'on ne foupçonnera affûrément pas d'avoir compofé des Loix fimplement par goût ou pour leur plaifir, mais qui les ont faites pour fervir à leur patrie, en avoient ufé ainfi : & il ne faut pas s'étonner fi après eux Platon a crû ne point s'écarter de l'efprit de la Loi, en effayant la voye de perfuafion, plutôt que de s'aheurter à faire tout recevoir par menaces & par force.

Q. Vous ne fongez pas que 22 Timée prétend que ce Zaleucus ne fut jamais ?

M. J'ai pour garant Théophrafte, dont l'autorité felon moi peut bien balancer celle de votre Hiftorien, fi elle ne doit pas l'emporter comme plufieurs le penfent; j'ai outre cela 23 les Locriens fes Concitoyens & mes Cliens, qui en confervent encore la mé

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