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qu'après avoir fait approuver ma traduction à ceux-là mêmes qui m'auroient le moins confeillé de l'entreprendre & au jugement defquels j'avois attaché fa destinée, j'ai crû pouvoir en rifquer l'impreffion.

Mais à propos de Droit public, quel tems prend-t-on pour s'en inftruire, & quelle raifon peut-on alléguer pour s'en difpenfer? ignore-t-on que dans le commerce de la vie civile, foit qu'on fe deftine aux Emplois militaires, foit qu'on prenne le parti de la Robe, foit qu'on s'engage dans le Commerce, à la Cour, à la Ville, à la Campagne, quel rolle Pon choififfe parmi les hommes, quand on ne feroit que Spectateur, cette connoiffance tient le premier rang dans la science du monde ? Eft-il poffible que l'on foit affez aveugle pour ne pas s'appercevoir

que

que

que la plupart des fauffes démarches, des faux points d'honneur, en un mot des mauvaises affaires que l'on s'attire & que l'on foutient, fans porter en compte une infinité de fauffes idées & de faux raifonnemens qui deshonorent ceux qui les debitent, autant qu'ils fatiguent ceux qui les entendent, prennent leur fource dans l'ignorance où l'on demeure volontairement de ces principes généraux, qui ne font d'aucune profeffion en particulier, mais qui appartiennent à

toutes ?

Ainfi tout imparfait qu'eft le Traité de Cicéron fur les Loix, je fuis perfuadé qu'en faisant deffus toutes les obfervations dont il eft fufceptible, on en pourroit former un ouvrage excellent & très-utile.

Parmi ces obfervations, j'en diftingue de deux fortes: les unes

feroient pour l'éclairciffement du texte, dont je mets en fait que l'intelligence faciliteroit celle de tout ce qu'il y a de plus obfcur dans l'Antiquité; parceque dans l'Antiquité nous n'avons conftamment point de Livre qui ren. ferme ou qui fuppofe plus d'érudition que celui-ci. La feconde efpéce d'observations rouleroit fur la politique, fur les différen ces & fur les rapports des maxi. mes du Gouvernement de l'ancienne République avec les nôtres, rapports d'autant plus naturels & plus fenfibles, qu'il eft certain que les hommes d'autrefois, femblables aux hommes d'à-préfent, capables de grandes vertus, fujets à de plus grandes foibleffes, fe guidoient ou fe laiffoient entraîner par les mêmes motifs & par les mêmes vûes qui les font encore agir aujourd'hui. Dans les remarques du premier

Livre qui eft rempli d'une mo. rale très pure, on pourroit détailler avec exactitude & fans beaucoup s'écarter de fon fujet, l'origine du Droit, fon effence, fes caufes, fa fin, fes effets; démontrer par raison l'obligation qui eft impofée à chaque parti culier de s'y conformer, & de contribuer pour la part au bien de la focieté dont il eft membre; on lui feroit comprendre que le refpect qu'il doit aux Loix n'eft point d'institution humaine, mais que l'Auteur de la nature les a fi bien revêtues de ce caractére, que nous ne pouvons les méprifer ou les négliger, fans faire injure à la Divinité même & fans agir contre notre confcience, que l'honnête-homme ne peut jamais fe difpenfer de confulter, de même que l'homme corrompu ne fe peut jamais difculper fous prétexte qu'il n'en fent pas

les remords ; on feroit voir que les vertus qui nous font propofées tendent toutes à notre bonheur, & que l'unique moyen de fe le procurer confifte à vivre avec les hommes dans une parfaite union, que ces vertus cimentent. Enfin on montreroit que les Loix pénales n'ont été inventées, que pour donner un frein à ceux que l'amour de la justice n'est pas capable de contenir dans les bornes raisonnables on concluroit en faisant connoître que toutes les vertus font tellement affectées au Sage, que dans le portrait qu'en fait Cicéron, on n'en trouve aucune à redire.

Dans le fecond Livre, qui traite du culte cérémoniel, on découvriroit une infinité de chofes qui ferviroient à nous détromper des fauffes idées que nous nous faifons de la Religion

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