des Anciens. Il seroic aisé de faire sentir par exemple, que cette multiplicité étonnante de Dieux que nous leur reprochons, fút originairement le produit d'une pieuse crainte, mais entretenue & fortifiée ( car il faut tour dire ) par l'interêt d'un ) parti, dont le crédit chancelant ne pouvoit plus se soutenir que par cette voye. A travers cette confusion de Dieux, de Sacri. fices, de Fêtes, d'observacions superstitieuses, paroîcroit la Re. ligion des Philosophes & des honnères-gens, Religion qui comparée à la nôtre, ne nous présente qu'une ébauche de verité; mais qui considerée en elle-même, nous jetteroit dans l'étonnemenć de voir jusqu'à quel point la rai. son toute seule avoit pû s'élever. Je ne prétens point rassembler tous les différens sujets sur lesquels on pourroit étendre ses réflexions, 5 ! réflexions ; je me contenterai de dire que quand on se borneroit précisément aux recherches nécessaires & indispensables, pour éclaircir & pour donner quelque suite à ces Loix, , cela seul feroit un ouvrage très. considérable. Il n'y auroit pas moins à travailler sur le troisiéme Livre parceque, comme je l'ai déja dit, il s'y trouve un vuide qui nous a privez des explications d'une partie des Loix qui concernent l'ordre public. Quelques succinctes que fussent ces explications, elles ne laisseroienc pas d'être d'un grand secours à un Scholiaste ; quand elles ne serviroient qu'à lever l'équivoque de certains termes , ou qu'à déterminer fur quoi doivent tomber ses remarques. Mais nous perdons quelque chose de plus: car Cicéron joint fouyent à ses ē explications le jugement qu'il failoit de certains établissemens; & nos conjectures ne peuvent pas atteindre jusques-là : ainsi en parlant des Magistrats, il faut que nous nous bornions à rapporter historiquement leur origine, leurs fonctions, &c. C'est ce que j'ai fait, le moins mal qu'il m'a été possible : j'ai die furcela & sur les autres cho. ses ce que je sçavois, & ce que j'ai pû trouver dans quelquesuns des Auteurs qui ont craité exprès de ces matiéres, ou dans les Compilateurs d'Antiquitez. Il reste peut-être encore des endroits, où le Lecteur trouvera que je n'ai pas assez dit : je ne m'excuserai point sur l'exemple des meilleurs Commentateurs à qui on a fait ce reproche, aussi bien qu'on me le pourra faire, je crois qu'il vaut mieux avouer que je n'en sçavois pas davantage, ya A l'égard de l'édition, quoique j'aye presque fuivi pas à pas celle sur laquelle Turnébe a travaillé ; cependant comme il quelques leçons différentes de fon texte, que lui-même n'a pas improuvées, qu'il y en a d'autres où Lambin & Godefroy m'ont parů plus heureux : J'ai crû devoir joindre le Latin au François, car le Livre n'en sera pas seulemene d'un usage plus univeriei; une traduction n'étant qu'une copie, où l'on recherche la ressemblance de la chose, sinon dans les mêmes traits, du moins dans certains coups de force', qui font des équivalens de l'ensemble , rien ne doit être plus satisfai. fant pour un Lecteur intelligent, que de se voir en état de juger d'un coup d'ail des pertes que l'Original fouffre dans nos mains: (car il faut lupposer qu'il en souffre toujours) & de voir en inême . 4 4U . M tems s'il en pouvoir moins fouf- que je compte gagner, par la difficulté qu'on trouvera à rendre avec plus d'art les endroits de ces Livres les plus douteux. Enfin j'ai pensé qu'on pourroit mettre utilement le Traité des Loix entre les mains des jeunes gens, Il y a long-tems qu'on a re, proché à ceux qui président à leurs études, de n'avoir pas assez d'attention à leur faire voir des choses qui eussent plus de liaison avec la vię ordinaire : d'où il are rive, * dic un Ancien, qu'ils se croient transportez dans un autre monde, quand ils viennent à prendre l'air du nôtre. Au reste, la verité de ce faic n'établiç peut-être que foible, mene la necessité d'un moyen qu'on voudroit employer pour * Petron, Satiric. |