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abjurer l'Epicurifme, auquel il tenoit par de bonnes raifons; dire non, c'étoit renoncer aux égards de la politique fur laquelle il étoit très-religieux, & confentir au foupçon d'efprit fort dont on chargeoit ceux de fa fecte: il fe défend de répondre, & il semblè qu'il n'avoit que cette voye pour fortir d'embarras.

10. Rien finon que, &c.] Cicéron le raffure en prenant le fage milieu de ne point trop éplucher de certaines hiftoires qu'une critique trop rigoureuse réduiroit à rien; c'est à dire, qu'après en avoir retranché tous les acceffoires

fufpects, le principal tiendroit à fi peu de chofe, qu'il n'en coûteroit peutêtre pas plus d'un fophifme à qui voudroit le renverfer. Or il est certain que de deux excès dans lefquels on peut donner par rapport aux traditions, il y en a un bien plus dangereux que l'autre; ils font tous deux des vices de l'entendement, mais un participe aux impreffions de la volonté: croire trop vient, fi l'on veut, 'd'un défaut de lumiéres; croire trop peu vient d'une fauffe lueur pire que les ténébres.

11. Pofa une Courone, &c.] T. Live

au premier Livre de fon Hiftoire dit Pileus au lieu d'Apex ; mais comme ce dernier fignifie un chapeau haut de forme, & peut-être pointu, j'ai mieux aimé me fervir du mot de Couronne qui eft moins équivoque pour marquer la Royauté.

12. Hérodote le Père de l'Hiftoire.] Hérodote étoit d'Halicarnaffe en Carie; il compofa fon Hiftoire dans l'Ifle de Samos, & la divifa en neuf Livres, qui comprennent ce qui s'est paffé de plus mémorable dans le monde depuis le regne de Cirus jufqu'à celui de Xerxès fous lequel il vivoit. Cette Hiftoire fut trouvée fi belle à l'Affemblée des Jeux Olympiques où il la lur, que l'on donna à chaque Livre le nom d'une des neuf Muses. La qualité de Pére de l'Hiftoire, ne doit pas s'entendre de la fincérité d'Hérodote que Plutarque & Lucien ont fort décriée, mais de la beauté de fon ftile, en quoi il excelle par-deffus tous les autres. V. Cic. 2. de Orat. 36.

13. Theopompe ] de Chio, contemporain de Philippe de Macédoine, & dif ciple d'Ifocrate, vivoit vers l'an 358 avant J. C. il écrivit des Harangues,

des Epîtres, & une Hiftoire que Lucien prétend être une Satire continuelle des hommes, Cornel. Nepos Vit. Alcib. fait de Théopompe & de Timée le couple le plus médifant qui aít jamais été parmi les Hiftoriens. Cicéron n'avoit pas laiffé de l'imiter dans fes Anecdotes, comme il nous l'apprend lui-même. 2. Ep. ad Att.

14. On vous prie avec inftance de travailler à notre Hiftoire.] Cicéron ne se fait point prier ici de donner une Hiftoire, qu'il n'eût une férieufe envie d'y travailler : nous n'avons cependant aucune raifon de croire qu'il ait éxécuté ce deffein : & il feroit ridicule de s'en rapporter à Dion Caffius qui le fuppofe dans cet endroit où il fait parler Calenus en ces termes: Il a entrepris d'écrire notre Hiftoire, (car il ne Je donne pas feulement pour Rhéteur, Poéte, Philofophe, Orateur,) il veut paffer encore pour Hiftorien: mais ne croyez pas qu'il l'ait commencée, comme ont fait tous les autres, par la fondation de notre Ville; il a mis fon Confulat à la tête: de forte que par une rétrogradation bifarre le régne de Romulus n'en fait que la clôture, Cette invective n'a pro

bablement point d'autre fondement que le projet dont il fera parlé un peu plus bas: car il eft certain que Cicéron avoit au moins 56 ans lorfqu'il écrivoit ceci ; & s'il eft mort à 64 ans, il n'eft pas poffible, vû les affaires qu'il eut fur les bras, & le grand nombre d'ouvrages qu'il compofa ou qu'il refondit depuis, qu'il eût encore trouvé le tems d'en faire un de cette conféquence.

15. Empreffement de ceux qui ont du goût pour vos écrits.] Cicéron commença à jouir de bonne heure de fa réputation: car dès l'an 693 de Rome, n'ayant alors pas plus de 45 ans, il mande à Atticus qu'il lui enverra les pctites Oraifons qu'il lui demande, & d'autres qu'il ne lui demande pas ; puisque ce qu'il fait pour répondre à l'empreßement des jeunes gens lui plaît comme à eux, 2, Ep. ad Att. 1.

16. Chofe finon inconnue, du moins fort négligée par nos Ecrivains.] Nous apprenons de Cicéron, 2. de Orat. 23. que les premiéres Hiftoires Romaines n'étoient autre chofe que de fimples Annales, ou un Recueil de faits digérépar ordre des années, que depuis le

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commencement de Rome jufqu'à Pub. Mucius, le fouverain Pontife avoit coutume d'expofer à la vûe du peuple, à ce qu'il n'en ignorât, c'étoit là ce qu'on appelloit les grandes Annales; à l'imitation defquelles nombre d'Ecrivains ramafférent les événemens les plus remarquables, avec les circonftances des tems & des lieux, mais fans art & fans ornemens. On appelloit les premiéres grandes Annales, non pas caufe de leur grandeur, mais felon Feftus, , parceque le grand Pontife en étoit l'auteur. Telle eft l'idée que nous devons avoir de la plupart des Ecrivains dont Atticus va faire l'énumération. 11 eft furprenant que Cicéron ait oublié Valerius Antias, Licinius Macer, El. Tuberon, & Cn. Gellius, dont les Annales font citées fi fouvent dans T. Live, Pline, Denis d'Halicarnaffe: car pour Salufte, & Lucceius qui avoit écrit l'hiftoire du Confulat de Cicé ron, & qu'il avoit détachée à fa priére de l'hiftoire des Marfes, apparament qu'il les faut mettre au nombre de ceux dont les œuvres n'avoient pas encore vû le jour, & dont Atticus ne veut point porter de jugement.

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