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finiffant, ils fortoient de la ville en habit de cérémonie ; & ils le faifoient ou volontairement ou par ordre du Sénat. Mais avant que d'en venir là, ils montoient au Capitole, y faifoient des vœux pour la profpérité de la République, & enfuite leurs Licteurs les accompagnoient jusqu'à la porte de la ville, où l'on prenoit congé d'eux.

par

15. Tribuns.] La rigueur impitoyable avec laquelle le peuple étoit traité les ufuriers de qui il avoit fait des emprunts pour fubvenir aux dépenses de la guerre, & pour payer les autres charges publiques, fit qu'enfin ne pouvant fe faire faire raifon autrement, il se retira fur une montagne voifine. de Rome appellée depuis le Mont Sacré, avec menaces de n'y plus revenir, fi auparavant on n'élargiffoit ceux qui étoient détenus prifonniers pour leurs dettes, fi on ne donnoit acquit général de toutes les autres, & fi on ne leur accordoit des Magiftrats qui les garantiffent à l'avenir de l'oppreffion. On fut obligé d'acquiefcer à toutes leurs demandes, les Tribuns furent inftituez: d'abord on n'en fit que deux qui s'en affociérent bien-tôt trois au

tres, ce fut l'an 260 de Rome: en 297, ce nombre fut augmenté jufqu'à dix par L. Trebonius. Ils avoient le pouvoir d'affembler le peuple & de lui propofer ce qu'ils vouloient, d'empêcher les déliberations du Sénat, d'approuver & d'abroger fes Arrêts, de faire convenir en jugement devant le peuple tous les autres Magiftrats, & & même leurs Collégues. Il eft vrai que les Sénateurs ne leur en avoient pas tant accordé, & que c'étoit plutôt ne ufurpation qu'un droit; mais ils s'y fortifiérent fi bien par fucceffion de tems, qu'il ne fut pas poffible de les en dépolléder, jufqu'à Silla qui fut tellement leur ennemi, qu'il ordonna qu'ils feroient à jamais exclus des autres dignitez. Leurs perfonnes étoient inviolables. Ils étoient pris d'entre le peuple, & créez par le peuple, dans les Comices par tribus. Leur maison étoit ouverte jour & nuit comme un afile. Ce qu'il y a de remarquable, c'eft qu'il fuffifoit qu'un des dix Tribuns s'opposât,pour faire tomber tout ce qui pouvoit être propofé par les neuf autres. Denis d'Halicarn, l. 6. T. Liv. 1. 2..

16. Traiter avec le peuple & le Sénat.] Selon Gellius l. 13. c. 14. traiter avec le peuple, veut autant dire que demander au peuple qu'il commande ou qu'il défende quelque chofe à la pluralité des fuffrages. Traiter avec le Sénat, c'est faire fon rapport de quelque chofe à cette compagnie.

17. Qu'ils faffent part au peuple de fes déliberations.] Il faut entendre le bas peuple, plebem & non populum: car le Tribun n'avoir pas droit de convoquer le peuple, en tant qu'on comprend fous ce nom tous les Citoyens Nobles & roturiers fans diftinction; mais le peuple feulement, en en exceptant les Sénateurs & les Nobles.

18. Que ce qui fera promulgué, &c.] Il n'y avoit à Rome que les Magiftrats qui puffent propofer les Loix; encore n'étoient-ils pas tous en pouvoir de le faire. Parmi les grands Magistrats il n'y avoit que le Conful, le Préteur, le Dictateur, l'Interroi, les Decemvirs, & les Tribuns militaires ; & parmi les moindres il n'y avoit que le feul Tribun,qui fût en droit de propofer. Voici maintenant ce qui s'obfervoit. Le Magiftrat qui devoit propofer une Loi la

rédigeoit

rédigeoit chez lui en particulier, ou en conféroit avec gens éclairez, pour mieux s'affurer fi la Loi qu'il vouloit donner ne fe contredifoit point, ou n'étoit point contraire à quelque Loi ancienne, ce qui auroit fait une nullité dans la nouvelle, ou ne portoit aucun préjudice aux droits immunitez ou prérogatives, de lui, de fes Collégues, de fes parens ou amis, ou fi quelqu'un des articles ne contenoit point deux chefs de différent genre. Quand le Législateur vouloit agir d'intelligence avec le Sénat, il lui propofoit la Loi avant que de la promulguer, afin de la propofer au peuple de fon avis. Enfuite il la promulguoit ou l'affichoit, afin que chacun put la voir & l'éxaminer pour s'y opposer, y contredire, y ajoûter ou en retrancher. Cette proclamation fe faifoit par trois marchez confécutifs de neuf jours en neuf jours. Le lendemain ou les jours fuivans, le Magiftrat convoquoit le peuple ou dans la place ou dans le Champ de Mars, où le Crieur ayant recité la Loi, le Légiflateur difoit fes raifons pour engager le peuple à en accepter la propofition. Après

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cela les Magiftrats ou les particuliers mêmes montoient fur la Tribune aux Harangues, ou fe plaçoient en quelqu'autre lieu d'où ils fe puffent faire entendre, & confeilloient ou diffuadoient de l'accepter. Dans les deux cas on apportoit en préfence de l'Augure une corbeille ou une boéte où étoient les bulletins de chaque Tribu ou Centurie, fuivant les Comices: & après les avoir agitez, on tiroit au fort celle qui devoit donner fon fuffrage la premiére, la feconde, &c, Pendant ce tems-là fi un Tribun vouloit mettre oppofition à la Loi par ce mot j'empêche, il lui étoit libre de le faire. Outre l'oppofition des Tribuns, il pouvoit y avoir d'autres caufes qui fiffent qu'on ne paffoit pas outre, comme quand le Légiflateur de fon propre mouvement, ou à la prière de fes amis, ou par déférence pour le Sénat fe défiftoit; quand le Conful employoit les jours de Comices, qui étoient les feuls où l'on pouvoit traiter avec le peuple, ou à décerner des fupplications ou priéres publiques, ou à déliberer fur le tems des fêtes latines ; & efin quand les Aufpices n'étoient pas

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