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Créte aujourd'hui Candie, fur la Méditerranée, est éloignée de Marseille d'environ 1600 milles, de Constantinople 600 milles, de Damiette en Egypte 400 milles, de Chypre 300 milles jamais fituation ne fut plus favorable pour établir un grand Ēmpire, comme Ariftote l'a remarqué au 1. 2. de la République ch. 10. au milieu des eaux, elle eft à portée de l'Europe, de l'Afie & de l'Afrique.

Creta Jovis magni medio jacet infula Ponto. V. Voyages de Tournefort. Lettre 2.

32. Nous ne pouvons choifir de matiére plus propre à, &c.] Il doit paroître affez furprenant à bien des gens qu'ils n'euffent pas meilleur marché de cette Philofophie que de notre Religion car enfin de quoi s'agit-il ici? de connoître les dons de Dieu: (car c'eft fi bien la même chofe pour les Stoïciens dont Cicéron fuit ici le dogme, que Dien & la nature, que Plutarque dit que les Antipodes mêmes ne s'y tromperoient pas, ) & quoi de plus capable de nous porter à l'aimer de connoître l'excellence de notre efprit: quoi de plus propre à nous faire comprendre autant qu'il eft poffible l'ex

?

cellence de ce divin Ouvrier, que le plus parfait de fes ouvrages? de connoître les obligations de notre naiffance: nous contractons donc, felon ces Philofophes, des obligations par notre participation à la lumière ? la principale de ces obligations après le fervice de Dieu, eft donc l'amour de nos femblables? En verité, quelque bonne opinion que nous ayons de Cicéron & de la Philofophie des anciens, c'est toujours une nouveauté pour nous de leur voir pofer pour fondement de leur morale les mêmes principes qui fervent de base à la nôtre.

33. Ce n'est donc ni dans l'Edit du Préteur ni dans la Loi des douze Tables. Au commencement de l'établis ] fement des Préteurs, leurs Edits n'avoient d'autorité que pendant l'année de leur Magiftrature. Mais Silla fixa par une Loi expreffe de l'an 673 de R. cette Jurifprudence incertaine jufqu'alors, & retrancha aux Préteurs la li berté qu'ils fe donnoient d'intervertir les difpofitions portées par les Edits de leurs prédeceffeurs.

Les douze Tables étoient une compilation de ce qu'il y avoit de meil.

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leur dans les Loix d'Athénes & des autres Villes de la Gréce. Les Decemvirs la firent vers l'an, de R. 303. Le Philofophe Phavorinus dit dans A. Gelle l. 20. c. 1. que l'utilité de ce recueil le lui faifoit lire avec autant d'avidité que les dix Livres des Loix de Platon. Cicéron dit auffi que le poids de leur autorité & le fruit qui en revient les lui rend plus confidérables que tous les Livres des Philofophes. De Orat.

34. Par la qualité de celui qui les remplace aujourd'hui, ] il entend probablement parler de Servius Sulpitius Rufus dont il fit depuis cet éloge entre plufieurs autres qui rempliffent toute la neuviéme Philippique. On vantera toujours le talent admirable & prefque divin qu'il avoit d'interpréter les Loix par les principes de l'équité. Il le faifoit de maniére que tous ceux qui jufqu'à préfent ont expliqué le Droit en cette Ville, quand on les mettroit ensemble, ne pourroient faire de comparaifon avec Sulpitius car à proprement parler, il n'étoit pas plus Jurifconfulte que l'Oracle de la Juftice; c'eft pourquoi il rapportoit tout ce qui venoit des Loix

&

& du Droit civil à l'équité, il rendoit tout facile, & il s'embaraffoit bien moins de bien inftruire un procès, que de le terminer par un bon accommodement.

pas

bien

35. Et je ne fçais s'ils n'ont fait.] Il y a dans le latin haud fcio an rectè, qui femble d'abord fignifier le contraire: mais il ne faut pas fe tromper à cette maniére de parler qui vaut autant que s'il y avoit haud fcio an non rectè, comme on le pourroit prouver par plufieurs paffages de Térence & de Cicéron même. Atque haud fcio ea que dixit fint vera omnia: tout cela pourroit bien être vrai. And. act. 3. fc. 2. Haud fcio an illam mifere nunc amat. Je ne fçais s'il ne l'aime point. Adelp. act. 4. fc.s. Eft id quidem magnum atque haud fcio an maximum. C'est une grande chofe, & peut-être la plus grande de toutes. Ep.1.9.15. fudicabunt & quidem haud fcio an incorruptius quam nos, pour an non incorruptius. Cic. pro Marcel, au refte c'eft le fens

qui doit déterminer ; car il y a auffi

des exemples où haud fcio an ne fignifie la même chofe que haud fcio an

non.

pas

B

36. Suppofe que la Loi, comme ils la définiffent.] Il ne faut que comparer ce que Cicéron dit ici, avec ce qu'il dit au premier Livre de la Nature des Dieux, pour le convaincre que dans cet entretien il fuit les principes des Stoïciens. Il s'expliquera plus clairement encore dans le fecond Livre des Loix, lorfqu'il dira que cette premiére

fouveraine Loi n'eft autre chofe que l'efprit de Dieu même qui difpofe de tout par fa fageffe. Les termes de Dieu, de deftin, de providence & de nature sont fynonimes aux Stoïciens. V. Diog. Laerce fur Zenon & Chryfippe.

37. Je ne chercherai point ailleurs les principes du droit que dans la nature même.] Cicéron croit ne pouvoir établir trop folidement fes principes: car il ne s'agit pas feulement de donner des Loix à une République Ariftocratique; comme les Loix ne peuvent s'étendre à tout, & que d'ailleurs la contrainte de la Loi diminue le prix. de la vertu qui doit agir indépendamment de la crainte; il faut, felon lui, jetter des femences de mœurs, dont les efprits déja bien difpofez par la nature puiffent profiter pour fe porter

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