premier qui lui bâtit un Temple : & il ne se contenta pas de la diviniser, il lui fit changer de séxe, le Temple qu'il lui consacra étant sous le nom de la Fortune virile. Serv. Tullius fuivit son éxemple, & bâtit plusieurs Temples à la Fortune sous divers noms, & entre autres de primigénie ou de primitive, comme je l'ai traduit, à laquelle P. Sempronius Consul en voua aussi un pendant la deuxiéme Guerre Punique. Q. Catulus pendant la guerre contre les Cimbres voua un Temple à la Fortune de ce jour. Le Temple de la Fortune secourable étoit auprès de celui de Jupiter vainqueur; & celui de la Fortune du hazard, fondé anciennement par Serv. Tullius sur le bord du Tibre, fut rebâti depuis par Carvilius pendant la guerre de Toscane. Outre ces Temples il y avoit encore ceux des Fortunes obfequens, privata, publica, viscosa, parva, mascula, barbata, bona spei, averrunca, blanda, convertens, virgo, dubia, plebeia, muliebris, equeStris, seia, mammosa, redux. Rosin l. sée. Romulus la fit de 304 jours ou de dix mois, dont le premier étoit Mars. Numa voulant imiter les Grecs qui suivoient le cours lunaire, ajoûta deux mois ou si jours, augmentant d'un jour sur les Grecs par une prévention superstitieuse pour le nombre impair, & voulut que Janvier fut le premier mois de l'année : & comme les Grecs pour faire quadrer l'année lunaire avec le cours du Soleil, intercaloient tous les huit ans, trois mois ou 90 jours, résultans des onze jours, fix heures dont le cours solaire excédoit par chaque année: Numa, ou plutôt ceux qui vinrent après lui, voulant faire la même chose, & ne prenant pas garde à ce jour surnumeraire qui donnoit à l'année trois quarts de jour plus qu'elle ne devoit durer, il se fit une telle confufion dans les jours & dans les saisons, & par conféquent dans l'ordre des fêtes, que celles d'Automne se trouvoient au Printems, & celles de la moisson au milieu de l'Hiver. En forte que pour remettre toutes choses à leur place, il fallut que l'année où César réforma le Calendrier, fût de 15 mois ou de 445 jours. Il est vrai que les Romains n'étoient pas grands Astronomes, & qu'on pouvoit leur appliquer ce qu'Ovide dir du Fondateur de leur Ville; 2. c. 16. 49. Coûtume d'intercaler.] L'Année Romaine a été différemment compo Scilicet arma magis quam fidera Romule noras Curaque finitimos vincere major erat. Mais il n'y avoit pas seulement de l'ignorance de la part des Prêtres, à qui Numa avoit confié le soin d'intercaler, & qui en étoient chargez par une Loi expresse portée l'an de Rome 283; ces Prêtres gagnez par les Publicains, & d'intelligence avec eux, allongeoient ou accourcissoient l'année au gré & fuivant l'intérêt que ces derniers y prenoient. Il ne faut pas s'étonner si les fupputations astronomiques étoient irrégulières, on suivoit un autre cacul. Macrob. l. 1. Saturn.c. 14. Sueton. Vit. Caf. Ovid. Faft. 50. Age & qualité des Victimes.] Les Victimes étoient différentes felon les Dieux : aux uns on sacrifioit un taureau, comme à Neptune; aux autres une truye, comme à Cybele; à celui-ci un mâle, comme un bouc à Bacchus; » Par quelle raifon, dit Arnobe, > croyez-vous honorer les Dieux en >>> immolant aux uns des taureaux, aux > autres des beliers ou des brebis, à >> un autre de petits cochons de lait, à >> celui-ci des agneaux tondus, à ce>> lui - là des genisses qui n'ont point >> porté, à cet autre des chevres cor>>nues, que sçai-je, des vaches stéri» les, des truyes, tantôt blanches - tantôt noires, ou d'autres animaux >> tantôt mâles, tantôt femelles ? 51. Vesta.] Parmi les anciennes Divinitez nous n'en trouvons point qui ait été en plus grande vénération chez les Romains que Vesta. Cette Déesse selon l'opinion la plus commune, étoit fille de Saturne & de Rhea: elle eut pour sœurs Cerès & Junon; & pour fréres Pluton, Neptune, Jupiter. D'autres prenant Vesta pour la Terre, & la confondant avec Cerès, la font femme du Ciel; il seroit bien difficile d'accorder là-dessus les Mythologistes : car comme dans l'ordre de la Theogonie les Dieux Elémentaires, s'il m'est permis de me servir de ce mot, étoient les plus anciens de tous; non seulement l'histoire ne fournissoit aucune lumiére sur leur généalogie, mais les visions des Poétes d'un côté, cen autre la diversité des systêmes sur les principes physiques, rendoient cet article de leur Théologie le plus difficile & le plus embarasfant de tous. L'étimologie du nom de Vesta n'est pas moins équivoque, tantôt Ovide dir, Stat vi terra sua vi stando terra vocatur, tantôt Nec tu aliud Vestam quam vivam intellige flammam. Servius dérive le mot de Vesta de cette propriété de la terre, quod variis vestita fit rebus, Cicéron du mot grec iría foyer. Quant à son culte la tradition le faisoit très-ancien ; & c'est sur cela que Virgile a dit d'Enée quand il fortit de Troye, ... manibus vittas Vestamque potentem Æternumque adytis effert penetralibus ignem. Ascagne le consacra à Albe, & d' Albe il passa à Rome: c'est dans ce sens qu'on doit entendre ce vers de Juvenal, Ignem Trojanum & Vestam colit Alba minorem. Les uns croyent que Romulus institua à Rome le Feu facré & les Du 4 |