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LIV. Jeux sécu

laires négli

elle fut enfin reconnue à Thessalonique vers le commencement de l'an 315, et arrêtée avec sa mère. Ces deux infortunées princesses, qui n'avaient d'autre crime que leur condition et la chasteté de Valéria, furent condamnées à mort par les ordres de l'injuste et impitoyable Licinius; et conduites au supplice au milieu des larmes inutiles de tout un peuple, elles eurent la tête tranchée : leurs corps furent jetés dans la mer. Quelques auteurs ont prétendu qu'elles étaient chrétiennes, et que Dioclétien les avait contraintes d'offrir de l'encens aux idoles si cette opinion, qui n'a rien d'assuré, est véritable, leur religion a été pour elles la plus solide consolation dans leurs malheurs, comme leurs malheurs ont pu être le moyen le plus efficace pour expier la faiblesse avec laquelle elles avaient trahi leur religion.

:

:

La révolution des jeux séculaires tombait sur cette année c'était la cent dixième depuis qu'ils avaient gés par été célébrés par Sévère sous le consulat de Cilon et de Zos. 1.2, c.1. Libon en 204. Ceux de l'empereur Philippe n'avaient

Constantin.

L.V.

selle

été qu'une fête extraordinaire pour solenniser la millième année depuis la fondation de Rome. L'ordre des cent dix ans anciennement établi subsistait toujours. Constantin laissa passer le temps de cette cérémonie superstitieuse sans la renouveler. Zosime en fait de grandes plaintes; il attribue à cette omission la décadence de l'empire, dont la prospérité, dit-il, était attachée à la célébration de ces jeux.

La mort de Maximin ne laissait plus de prince enPaix univer- nemi du christianisme. Les églises s'élevaient, le culte de l'église. divin se célébrait en liberté, et la piété libérale de Euseb. hist. Constantin y ajoutait l'éclat et la magnificence. Les

païens jaloux de cette gloire firent courir un prétendu
oracle en vers grecs, qui portait que la religion chré-
tienne ne durerait que trois cent soixante-cinq ans; ils
débitaient
que J.-C. avait été un homme simple et sans
malice; mais que Pierre était un magicien, qui, par ses
enchantements, avait ensorcelé l'univers, et réussi à
faire adorer son maître; qu'après trois cent soixante-cinq
ans le charme cesserait. Ces chimériques impostures n'a-
larmèrent pas les défenseurs du christianisme; c'étaient
des cris impuissants de l'idolâtrie terrassée. L'église chré-
tienne qui s'était accrue malgré toutes les puissances hu-
maines, protégée alors par les souverains, n'avait de
blessures à craindre que de la part de ses enfants. Et
comme sa destinée est de combattre et de vaincre sans
cesse, n'ayant plus de guerre étrangère à soutenir, elle fut
attaquée dans son propre sein par des ennemis d'au-
tant plus acharnés que c'étaient des sujets rebelles. Je
parle des donatistes, dont je vais reprendre l'histoire
dès l'origine. Comme c'est ici la première occasion qui
se présente de parler de matières ecclésiastiques, je
me crois obligé d'avertir le lecteur, que dans tout le
cours de cet ouvrage, je ne les traiterai qu'autant
qu'elles auront de l'influence sur l'ordre civil. Les empe-
reurs devenus chrétiens ne sont que trop entrés dans
les querelles théologiques; ils y entraînent leur histo-
rien malgré lui. J'éviterai les détails étrangers à mon
objet, et je laisserai le fond des discussions à l'his-
toire de l'église, à laquelle seule il appartient de déci-
der souverainement ces questions.

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LVI.

Depuis l'abdication de Maximien, les troubles de l'empire avaient fait cesser la persécution en Afrique. Origine du L'église de cette province commençait à jouir du calme, donatistes.

schism.

Optat. de lorsque l'hypocrisie, l'avarice, l'ambition, soutenues Donat. 1. 1. par la vengeance d'une femme puissante et irritée, y lap excitèrent une nouvelle tempête. Par l'édit de Dioclé

Bald. in Op

tat.

Acta Felicis tien, il y allait de la vie pour les magistrats des villes. Aptung. qui n'arracheraient pas aux chrétiens ce pas aux chrétiens ce qu'ils avaient contra Petil. des saintes écritures. Ainsi la recherche en était exacte t.ix, p. 205

S. Aug.

Brevi. coll.

t. ix. p.545

Epist. 141,

Donat. t. IX,

Contra Cres

t. ix, p. 390

Parmen.t,ix.

edit. 1691.

Cone. Hard.

et seq.

Euseb. hist.

Vales. de

337. et rigoureuse. Un grand nombre de fidèles et même cum Douat. d'évêques eurent la faiblesse de les livrer: on les ap581. pela Traditeurs. Mensurius, évêque de Carthage, était 88 et 185.' recommandable par sa vertu; Donat, évêque des CaPost coll. ad ses-Noires en Numidie, l'accusa pourtant de ce crime, p. 581-617. et quoiqu'il n'eût pu l'en convaincre, il se sépara de con., 1.1, sa communion. Mais ce schisme fit peu d'éclat jusqu'à 420, et in la mort de Mensurius. Celui-ci fut mandé à la cour P. 11-79. de Maxence, pour y rendre compte de sa conduite. On Coll. Carth. lui imputait d'avoir caché dans sa maison, et d'avoir t. 1, p. 259, refusé aux officiers de justice un diacre nommé Félix, accusé d'avoir composé un libelle contre l'empereur. eccl.1.10,c.5. En partant de Carthage, il mit les vases d'or et d'arSchism. Do- gent qui servaient au culte divin, en dépôt entre les Dupin, Hist. mains de quelques anciens, et il en laissa le mémoire Pagi, ad Ba- à une femme avancée en âge, dont il connaissait la Till. Hist. probité, avec ordre de le remettre à son successeur, s'il ne revenait de ce voyage. pas Il mourut dans le retour. Les évêques de la province d'Afrique mirent en sa place Cécilien, diacre de l'église de Carthage, qui fut élu par le suffrage du clergé et du peuple, et ordonné par Félix, évêque d'Aptunge. Le nouvel évêque commença par redemander les vases dont l'état lui avait été remis. Les dépositaires, au lieu de les rendre, aimèrent mieux contester à Cécilien la validité de son ordination. Ils furent appuyés de deux diacres

nat.

Donat.

rou. an. 306.

des Donat.

Fleury, Hist.

eccles.

ambitieux, Botrus et Céleusius, irrités de la préférence qu'on lui avait donnée sur eux. Mais le principal ressort de toute cette intrigue était une Espagnole établie à Carthage, nommée Lucilla, noble, riche, fausse dévote, et par conséquent orgueilleuse. Elle ne pouvait pardonner à Cécilien une réprimande qu'il lui avait faite sur le culte qu'elle rendait à un prétendu martyr, qui n'avait pas été reconnu par l'église. Cette femme si délicate sur l'honneur d'une relique équivoque, ne se fit point de scrupule d'employer contre son évêque tout ce qu'elle avait de crédit, de richesses et de malice. Toute cette cabale, soutenue par Donat des Cases-Noires, écrivit à Sécundus, évêque de Tigisi et primat de Numidie, pour le prier de venir à Carthage avec les évêques de sa province. On s'attendait bien à trouver dans ce prélat une grande disposition à condamner Cécilien. Sécundus lui en voulait de ce qu'il s'était fait ordonner par Félix plutôt que par lui, et les autres trouvaient mauvais qu'il ne les pas appelés à cette ordination. Avant même qu'elle fût faite, Sécundus avait envoyé à Carthage plusieurs de ses clercs, qui, ne voulant pas communiquer avec les clercs de la ville, s'étaient logés chez Lucilla, et avaient nommé un visiteur du diocèse.

eût

LVII.

Conciliabule

où Cécilien

Les évêques de Numidie, ayant leur primat à leur tête, ne tardèrent pas à se rendre à Carthage, au de Carthage, nombre de soixante et dix. Ils s'établirent chez les en- est nemis de l'évêque; et au lieu de s'assembler dans la condamné. basilique où tout le peuple avec Cécilien les attendait, ils tinrent leur séance dans une maison particulière. Là ils citèrent Cécilien. Il refusa de comparaître devant une assemblée aussi irrégulière. D'ailleurs il était re

LVIII.

Ordination

de

Majorinus.

LIX.

Constantin

tenu par son peuple, qui ne voulait pas l'exposer à l'emportement de ses ennemis. Ils le condamnèrent comme ordonné par des Traditeurs, et enveloppèrent dans sa condamnation ceux qui l'avaient ordonné: on déclara qu'on ne communiquerait ni avec eux ni avec Cécilien. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que les principaux de ces évêques si zélés contre les Traditeurs, s'étaient avoués coupables du même crime dans le concile de Cirtha, tenu sept ans auparavant, et s'en étaient mutuellement donné l'absolution.

Le siége de Carthage étant ainsi déclaré vacant, la cabale élut pour le remplir Majorinus, domestique de Lucilla, et qui avait été lecteur dans la diaconie de Cécilien. Lucilla acheta cette place en donnant aux évêques quatre cents bourses, pour être, disait-elle, distribuées aux pauvres; mais ils les partagèrent entre eux, pour mieux suivre la vraie intention de celle qui les donnait. Ils écrivirent en même temps par toute l'Afrique, afin de détacher les évêques de la communion de Cécilien. La calomnie, qui naît bien vite de la chaleur des querelles, fut aussitôt mise en œuvre. Ils accusaient les adversaires d'avoir assassiné un des leurs à Carthage, avant l'ordination de Majorinus. Les lettres d'un concile si nombreux divisèrent les églises d'Afrique mais Cécilien n'en fut pas alarmé, étant uni de communion avec toutes les autres églises du monde, et principalement avec l'église romaine, en qui réside de tout temps la primauté de la chaire apostolique.

Peu de temps après l'ordination de Majorinus, Conprend con- stantin, s'étant rendu maître de l'Afrique, fit distride cette buer des aumônes aux églises de cette province. Il

naissance

querelle.

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