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LI.

Bataille de

Const. 1. 2,

17.

c. 26.

Socr. l. 1,

C. 2.

fils, déja César, mais âgé seulement de neuf ans, ne pouvait lui être d'aucun secours. Il crut appuyer sa fortune, en donnant le titre de César, et peut-être même celui d'Auguste, à Martinianus, son maître des offices, et qui en cette qualité commandait tous les officiers de son palais. C'était dans la circonstance un présent bien dangereux, et l'exemple de Valens avait de quoi faire trembler Martinianus. Mais la puissance souveraine enchante toujours les hommes; elle fixe tellement leurs yeux, qu'ils oublient de regarder derrière eux les naufrages qu'elle a causés. Licinius l'envoie à Lampsaque avec un détachement, afin de défendre le passage de l'Hellespont. Pour lui, il se place sur les hauteurs de Chalcédoine, et garnit de troupes toutes les gorges des montagnes qui aboutissaient à la mer.

Le siége de Byzance traînait en longueur et pouvait Chrysopolis. donner à Licinius le temps de rétablir ses forces. ConEuseb. vit. stantin laissant la ville bloquée, résolut de passer en c. 11, 15, 16, Asie. Comme le rivage de Bithynie était d'un abord Zos. 1. 2, difficile pour les grands vaisseaux, il fit préparer des Anony. Va- barques légères, et étant remonté vers l'embouchure les. du Pont - Euxin jusqu'au promontoire sacré à huit ou neuf lieues de Chalcédoine, il descendit en cet endroit et se posta sur des collines. Il y eut alors quelque négociation entre les deux princes: Licinius voulait amuser l'ennemi par des propositions; Constantin pour épargner le sang, lui accorda la paix à certaines conditions, elle fut jurée par les deux empereurs. Mais ce n'était qu'une feinte de la part de Licinius; il ne cherchait qu'à gagner du temps pour rassembler des troupes. Il rappela Martinianus; il mendiait secrètement le secours des Barbares ; et grand nombre de Goths commandés par

un de leurs princes, vinrent le joindre. Il se vit bientôt à la tête de cent trente mille hommes. Alors aveuglé par une nouvelle confiance, il rompt le traité; et oubliant la déclaration qu'il avait faite avant la bataille d'Andrinople, que s'il était vaincu il embrasserait la religion de son rival, il eut recours à de nouvelles divinités, comme s'il eût été trahi par les anciennes, et se livra à toutes les superstitions de la magie. Ayant remarqué la vertu divine attachée à l'étendard de la Croix, il avertit ses soldats d'éviter cette redoutable enseigne et d'en détourner même leurs regards; il y supposait un caractère magique, qui lui était funeste. Après ces préparatifs il encourage ses troupes; il leur promet de marcher à leur tête dans tous les hasards, et va présenter la bataille, faisant porter devant son armée des images de dieux nouveaux et inconnus. Constantin s'avança jusqu'à Chrysopolis: cette ville située vis-à-vis de Byzance servait de port à Chalcédoine. Mais pour ne pas être accusé d'avoir fait le premier acte d'hostilité, il attend l'attaque des ennemis. Dès qu'il les voit tirer l'épée, il fond sur eux; le seul cri de ses troupes porte l'effroi dans celles de Licinius; elles plient au premier choc. Vingt-cinq mille sont tués; trente mille se sauvent par la fuite; les autres mettent bas les armes et se rendent au vainqueur.

LII.

Suites de la

bataille.

Idat. chron.

Zos. 1. 2,

Cette victoire remportée le 18 de septembre ouvrit à Constantin les portes de Byzance et de Chalcédoine. Licinius s'enfuit à Nicomédie; où se voyant assiégé, sans troupes et sans espérance, il consentit à recon- c. 26 et 28. naître pour maître celui qu'il n'avait pu souffrir pour les. collègue. Dès le lendemain de l'arrivée de Constantin, sa sœur Constantia femme de Licinius vint au camp

Anony. Va

Praxag. apud Phot.

cod. 62.

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LIII.

Mort de

Eus. vit.

Const. 1. 2, c. 18,

et Hist. eccl.

1. 10, c. 9. Zos.1.2,c.28. Eutrop.l.10.

Hier. Chron.

Zonar. 1. 13,

Socr.1.1,c.6.

t. I, p. 284.

p.16.

du vainqueur, lui demander grace pour son mari. Elle obtint qu'on lui laisserait la vie, et cette promesse fut confirmée par serment. Sur cette assurance le vaincu sort de la ville, et ayant déposé la pourpre impériale aux pieds de son beau-frère, il se déclare son sujet et lui demande humblement pardon. Constantin le reçoit avec bonté, l'admet à sa table, et l'envoie à Thessalonique pour y vivre en sûreté.

à

Il y fut mis à mort peu de temps après; et la cause Licinius. de ce traitement, si important pour fixer le caractère de Constantin, est en même temps la circonstance la plus équivoque de sa vie. Dans le passage des auteurs ce sujet, la postérité ne peut asseoir de jugement assuré. Les uns racontent la mort de Licinius comme la Anony. Va punition d'un nouveau crime; les autres en font un les. crime à Constantin. Ceux-ci disent que l'empereur, t. 2, p. 3. contre la foi du serment, fit étrangler ce prince inforCedrenus, tuné. Quelques-uns pour adoucir l'odieux d'une si noire Theoph. perfidie, ajoutent qu'on avait lieu de craindre que Licinius à l'exemple de Maximien ne voulût reprendre la pourpre; et que Constantin se vit forcé par les soldats mutinés à lui ôter la vie. D'autres disent que l'empereur, pour ne pas irriter ses troupes mécontentes de ce qu'il épargnait un prince si souvent infidèle, s'en rapporta au sénat sur le sort qu'il méritait, et que le sénat en laissa la décision aux soldats qui le massacrèrent. Mais ni ces craintes, ni cette mutinerie des soldats, ni l'avis d'un sénat, qu'on ne consulte jamais après une parole donnée que quand on n'a pas dessein de la tenir, n'excuseraient la violation d'un serment fait librement et sans contrainte, si Licinius n'eût mérité la mort par un nouveau forfait. Aussi les histo

le prince

riens favorables à Constantin rapportent que
dépouillé fut convaincu de former des intrigues secrètes
pour rappeler les Barbares et pour recommencer la
guerre. Selon Eusèbe, ses ministres et ses conseillers
furent punis de mort; et la plupart de ses officiers re-
connaissant l'illusion de leur fausse religion embrassè-
rent la véritable. Martinanius perdit sa nouvelle dignité
avec la vie, soit que Constantin l'ait abandonné à ses
soldats qui le tuèrent lorsque Licinius se rendit; soit
qu'il ait péri avec celui qui ne lui avait fait part que
de ses désastres. Un auteur dit, sans en marquer au-
cune circonstance, qu'il fut tué quelque temps après en
Cappadoce. On laissa vivre le fils de Licinius privé du
titre de César. Les statues et les autres monuments du
père furent renversés; et il ne resta d'un prince, dont
les commencements avaient été heureux, qu'un odieux
et funeste souvenir de ses impiétés et de ses malheurs.
Il avait tenu l'empire environ seize ans.

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FIN DU LIVRE TROISIÈME.

LIVRE IV.

1.

1. Aventures d'Hormisdas. 11. Il se réfugie auprès de Constantin. III. Récit de Zonare. IV. Constantin seul maître de tout l'empire. v. Il profite de sa victoire pour étendre le christianisme. vi. Lettre de Constantin aux peuples d'Orient. vII. Il défend les sacrifices. VIII. Édit de Constantin pour tout l'Orient. IX. Tolérance de Constantin. x. Piété de Constantin. xI. Corruption de sa cour. XII. Discours de Constantin. x111. Troubles de l'Arianisme. xiv. Commencements d'Arius. xv. Son portrait. xvI. Progrès de l'Arianisme. xvII. Premier concile d'Alexandrie contre Arius. xvII. Eusèbe de Nicomédie. XIX. Eusèbe de Césarée. xx. Mouvements de l'Arianisme. XXI. Concile en faveur d'Arius. xxII. Lettre de Constantin à Alexandre et à Arius. xxIII. Second concile d'Alexandrie. XXIV. Généreuse réponse de Constantin. xxv. Convocation du concile de Nicée. xxvi. Occupation de Constantin jusqu'à l'ouverture du concile. xxvII. Les évêques se rendent à Nicée. xxv111. Évêques orthodoxes. xxix. Évêques Ariens. xxx. Philosophes païens confondus. xxxi. Trait de sagesse de Constantin, XXXII. Conférences préliminaires. XXXIII. Séances du concile. xXXIV. Constantin au concile. xxxv. Discours de Constantin. xxxvI. Liberté du concile. xXXVII. Consubstantialité du verbe. xxxvIII. Jugement du concile. XXXIX. Question de la pâque terminée. XL. Réglement au sujet des Mélétiens et des Novatiens. XLI. Canons et symbole de Nicée. XLII. Lettres du concile et de Constantin. XLIII. Vicennales de Constantin. XLIV. Conclusion du concile. XLV. Exil d'Eusèbe et de Theognis. XLVI. Saint Athanase évêque d'Alexandrie. XLVII. Lois de Constantin. XLVIII. Mort de Crispus. XLIX. Mort de Fausta. L. Insultes que Constantin reçoit à Rome. LI. Constantin quitte Rome pour n'y plus revenir.

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