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XXI.

la mer, et on les jeta dans des barques qu'on fit couler à fond.

Telle est l'idée qu'un auteur contemporain, trèsde ses offi- instruit et très-digne de foi, nous a laissée du gouver

Les crimes

ciers doivent

putés.

lui être im- nement de Galérius. Quelque méchant que fût ce prince, une partie de ces vexations doit sans doute être imputée à ses officiers. Mais telle est la condition de ceux qui gouvernent; ils prennent sur leur compte les injustices de ceux qu'ils emploient

XXIII. Il refuse

le titre d'Au

donne

à Sévère.

mort. pers.

c. 25.

ce sont les crimes de leurs mains. Les noms de ces hommes obscurs périssent avec eux; mais leurs iniquités survivent et restent attachées au supérieur, dont le portrait se compose en grande partie des vertus et des vices de ceux qui ont agi sous ses ordres.

Galérius était occupé de ces rapines et de ces vio, à Constantin lences, quand il apprit la mort de Constance : bientôt guste, et le après on lui présenta l'image de Constantin couronnée de laurier. Le nouvel empereur la lui envoyait, Lact., de selon la coutume, pour lui notifier son avénement à l'empire. Il balança long-temps s'il la recevrait : son Till. art. 5. premier mouvement fut de la jeter au feu avec celui qui l'avait apportée; mais on lui représenta ce qu'il avait à craindre de ses propres soldats, déja mécontents du choix des deux Césars, et tout disposés à se déclarer pour Constantin, qui viendrait sans doute lui arracher son consentement à main armée. Plus susceptible de crainte que de sentiment de justice, il reçut à regret cette image; et pour paraître donner ce qu'il ne pouvait ôter, il envoya la pourpre à Constantin. Ses vues sur Licinius se trouvaient trompées; mais afin d'abaisser du moins le nouveau prince, autant qu'il pourrait le faire, il s'avisa de donner le titre d'Au

guste à Sévère, qui était le plus âgé, et de ne laisser à Constantin que le rang de César après Maximin, le faisant ainsi descendre du second degré au quatrième. Le jeune prince, dont l'ame était élevée et l'esprit solide, parut se contenter de ce qu'on lui accordait, et ne jugea pas à propos de troubler la paix de l'empire, pour conserver le titre d'un pouvoir dont il possédait toute la réalité. En effet, c'est de cette année qu'on commença à compter celles de sa puissance tribuni

tienne.

qua

XXIV.

Maxence

pire.

Incert. Pa

neg. c. 4. mort. pers. Anony. Va

Lact. de

c. 18 et 26.

les. Eutrop.1.10. Till. note 12

et 13.

Sévère, qui commandait en Italie, fort satisfait de cette nouvelle disposition, ne différa pas d'envoyer à élevé à l'emRome l'image de Constantin, pour l'y faire reconnaître en qualité de César. Mais le dépit d'un rival méprisé jusques alors, et qui prétendait avoir plus de droit à l'empire que tous ces nouveaux souverains, renversa l'ordre établi par Galérius. Marcus Aurelius Valerius Maxentius était fils de Maximien. Ses mauvaises lités, et peut-être ses malheurs, ont fait dire qu'il était supposé; on prétend même que sa mère Eutropia avoua qu'elle l'avait eu d'un Syrien. C'était un prince mal fait de corps et d'esprit, d'une ame basse, et plein d'arrogance, débauché et superstitieux, brutal jusqu'à refuser le respect à son père. Galérius lui avait donné en mariage une fille qu'il avait eue de sa première femme; mais ne voyant en lui que des vices dont il ne pouvait faire usage, il avait empêché Dioclétien de le nommer César. Ainsi Maxence, oublié de son père, haï de son beau-père, avait, jusqu'à ce temps, mené une vie obscure, enveloppé dans les ténèbres de la débauche, tantôt à Rome, tantôt en Lucanie. Le bruit de l'élévation de Constantin le réveilla : il crut devoir

XXV. Maximien

titre d'Au

guste.

mort. pers. c. 26.

Baluzius in

sauver une partie de son héritage, qu'il se voyait enlever par tant de mains étrangères. La disposition des esprits lui donnait de grandes facilités : l'insatiable avidité de Galérius alarmait la ville de Rome; on y attendait des commissaires chargés d'exercer les mêmes vexations qui faisaient déja gémir les provinces; et comme Galérius craignait la milice prétorienne, il en avait cassé une partie : c'était donner à Maxence ceux qui restaient. Aussi les gagna-t-il aisément par le moyen de deux tribuns nommés Marcellianus et Marcellus; et les intrigues de Lucien, préposé à la distribution des viandes, qui se faisait aux dépens du fisc, firent déclarer le peuple en sa faveur. La révolution fut prompte; elle ne coûta la vie qu'à un petit nombre de magistrats instruits de leur devoir, même à l'égard d'un prince odieux; entre lesquels l'histoire ne nomme qu'Abellius, dont la qualité n'est pas bien connue. Maxence, qui s'était arrêté à deux ou trois lieues de Rome sur le chemin de Lavicum, fut proclamé Auguste le 28 octobre.

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Galérius qui était en Illyrie, ne fut pas fort alarreprend le mé de cette nouvelle. Il faisait trop peu de cas de Maxence pour le regarder comme un rival redoutable. Lact., de Il écrit à Sévère, qui résidait à Milan, et l'exhorte à se mettre lui-même à la tête de ses troupes et à marLact. p.315. cher contre l'usurpateur. Maxence, aussi timide que Eutrop.l.10. Incert. Pan. Sévère, n'osait s'exposer seul à l'orage dont il était Const. c. 1o. menacé. Il eut recours à son père Maximien, qui peutêtre était d'intelligence avec lui, et qui se trouvait alors en Campanie. Celui-ci, qui ne pouvait s'accoutumer à la vie privée, accourt à Rome, rassure les esprits, écrit à Dioclétien pour l'engager à reprendre avec lui

Maxim. et

le gouvernement de l'empire; et sur le refus de ce prince, il se fait prier par son fils, par le sénat et par le peuple, d'accepter de nouveau le titre d'Auguste.

XXVI.

Maximin ne

mou

vements.

Palæst. c. 6.

Maximin ne prit point de part à ces premières agitations. Tranquille en Orient, et livré à ses plaisirs, prend point de part à ces il goûtait un repos dont il ne laissait pas jouir les chrétiens. Étant à Césarée de Palestine le 20 novembre, Eus.de Mart. jour de sa naissance, qu'il célébrait avec grand appareil, après les divertissements ordinaires, il voulut embellir la fête par un spectacle dont les païens étaient toujours fort avides. Le chrétien Agapius était depuis deux ans condamné aux bêtes. La compassion du magistrat, ou l'espérance de vaincre sa fermeté, avait fait différer son supplice. Maximin le fait traîner sur l'arène avec un esclave qu'on disait avoir assassiné son maître. Le César fait grace au meurtrier, et tout l'amphithéâtre retentit d'acclamations sur la clémence du prince. Ayant fait ensuite amener le chrétien devant lui, il lui promet la vie et la liberté, s'il renonce à sa religion. Mais celui-ci protestant à haute voix qu'il est prêt à tout souffrir avec joie pour une si belle cause, court lui-même au-devant d'une ourse qu'on avait lâchée sur lui, et s'abandonne à la férocité de cet animal, qui le déchire. On le reporte à demi mort dans la prison, et le lendemain comme il respirait encore, on le jette dans la mer avec de grosses pierres attachées à ses pieds. Tels étaient les amusements de Maximin.

Constantin signalait les commencements de son empire par des actions plus dignes d'un souverain. Quoiqu'il fût encore dans les ténèbres du paganisme, il

XXVII.

Occupations

de Constantin.

c. 24.

Helag. c. 34.

Lact., de ne se contenta pas, comme son père, de laisser aux mort. pers. chrétiens, par une permission tacite, le libre exercice Lamprid. in de leur religion, il l'autorisa par un édit. Comme il avait souvent dans la bouche cette belle maxime que c'est la fortune qui fait les empereurs, mais que c'est aux empereurs à justifier le choix de la fortune, il s'occupait du soin de rendre ses sujets heureux. Il s'appliqua d'abord à régler l'intérieur de ses états, et songea ensuite à en assurer les frontières.

XXVIII.

Sa victoire

sur

les Francs.

Eus. vit.

c. 25.

neg. c. 10

et II.

4

Après avoir visité les provinces de son obéissance, en rétablissant partout le bon ordre, il marcha contre les Francs. Ces peuples, les plus belliqueux des barConst. 1. 1, bares, profitant de l'absence de Constance pour violer Eumen. Pa- les traités de paix, avaient passé le Rhin et faisaient de grands ravages. Constantin les vainquit, fit prisonniers deux de leurs rois, Ascaric et Régaïse; et pour punir ces princes de leur perfidie, il les fit Nazar. Pan. dévorer par les bêtes dans l'amphithéâtre : action barIncert. Pan. bare qui déshonorait sa victoire, et à laquelle la postérité doit d'autant plus d'horreur, que la basse flatterie des orateurs du temps s'est efforcée d'en faire plus d'éloge.

c. 16 et 17.

c. 4 et 23.

XXIX.
Il acheva de

Ayant forcé les Francs à repasser le fleuve, il le les dompter. passa lui-même sans être attendu, fondit sur leur Eumen.Pan. pays', et les surprit avant qu'ils eussent eu le temps Vorburg, de se sauver, comme c'était leur coutume, dans leur Germ., 1. 2, bois et leurs marais. On en massacra, on en prit un

Hist. Rom.

p. 112.

Incert. Pan. nombre prodigieux. Tous les troupeaux furent égorgés ou enlevés; tous les villages brûlés. Les prisonniers qui

c. 23 et 24.

1 Constantin ravagea le pays des Bructères, tribu de la nation des Francs. S.-M.

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