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LES

GENEALOGIES
HISTORIQUES

DES

ROIS, EMPEREURS, &c.

ET DE TOUTES

LE'S MAISONS SOUVERAINES
qui ont fubfifté jusqu'à présent;

EXPOSE'ES

DANS DES CARTES GENEALOGIQUES
tirées des meilleurs Auteurs :

AVEC DES EXPLICATIONS HISTORIQUES

ET CHRONOLOGIQUES,

Dans lesquelles l'on trouvera l'établissement, les révolutions, & la
durée des diférens ETATS DU MONDE, l'origine des MAISONS
SOUVERAINES, leurs progrès, Alliances, Droits, Titres, Pré-
tentions, & Armoiries,

AVEC FIGURES.

TOME PREMIER.

Contenant les Généalogies des Patriarches, Rois, Heros de l'Antiquité, &
Empereurs depuis Jule-Cefar, jufqu'à Conftantin le Grand,
avec celles des plus Illuftres Romains.

A PARIS,

Chez PIERRE-FRANÇOIS GIF FART, rue S. Jacques,
à Sainte Therese.

M. DCC. XXXVI.

AVEC APROBATION ET PRIVILEGE DU ROT.

1

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Q v

I.

De l'origine de la Souveraineté

UOIQU'IL paroiffe que la nature ait rendu tous les hommes égaux entr'eux, on ne peut cependant douter que Dieu n'en ait destiné quelques-uns pour les affocier à fon Empire fouverain : & il ne faut pas s'imaginer, que cette fouveraineté, qui les éleve audeffus des autres hommes, n'ait pour premier principe que l'ambition. Elle n'eft point de pure inftitution humaine elle eft une fuite néceffaire de cet ordre harmonieux que la fage Providence a établi dans l'Univers, & par lequel il fe conferve.

L'homme eft né libre dans fes actions, il est destiné par la nature à la fociété, il faloit donc néceffairement, pour en former les liens & pour unir les peuples, qu'il fût affujéti à une autorité. Habiter la même terre, parler le même langage ne fufit pas : ces premiers liens de la fociété auroient été bientôt rompus, & la liberté même dont jouit l'homme, feroit devenuë funefte aux uns & inutile aux autres, fi la Providence n'avoit affujéti les hommes à une autorité, qui métant un frein aux paffions & à la violence, les reglât tous. Car quand chacun fait ce qu'il veut & n'a pour régle que fes défirs, tout va en confufion, & il n'y a point de pire état que l'Anarchie; c'est-à-dire, l'Etat où il n'y a point de Gouvernement & d'autorité. Où tout le monde veut faire ce qu'il veut, nul ne fait ce qu'il veut; où il n'y a point de maître, tout le monde eft le maître, & où tout le monde eft le maître tout le monde eft efclave. Ce n'eft qu'à l'abri de l'autorité du Gouvernement que chacun jouit & de fon bien & de fa liberté, que les fociétés fe forment, qu'elles s'aug

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mentent, & qu'elles fe foutiénent.* Chaque particulier y eft en repos contre les opreffions & la violence; les veuves, les orfelins, les pupiles, les enfans mêmes y font forts, chacun y trouvant toutes les forces de la nation réunies en fa faveur.

Le premier Empire parmi les hommes est l'Empire paternel, qui les acoutumant à obéir, les acoutume en même tems à n'avoir qu'un chef. Dieu ayant mis dans nos parens, comme étans en quelque façon les auteurs de notre vie une image de la puiffance, par laquelle il a tout fait, il leur a aussi tranfmis une image de la puiffance qu'il a fur fes œuvres. Dans les premiers tems du monde, chaque pere de famille l'éxerçoit dans toute fon étendue. Il étoit le chef fouverain de fa famille, l'arbitre & le juge des diférends qui y naifoient, & le légiflateur né de la fociété qui lui étoit foumise. A mesure que chaque famille croiffoit par la naiffance & par la multiplication des alliances, leur petit domaine s'étendoit, & elles vinrent peu à peu à former des bourgs & des villes par l'union qu'elles firent entr'elles, pour s'affifter mutuellement contre la jaloufie, ou les infultes de leurs voifins. Ces fociétés étant devenuës plus nombreuses par la fucceffion des tems, & les familles s'étant partagées en diverses branches, qui avoient chacune leur chef, la diférence des caracteres & des interêts de chacun de ces chefs, fit naître des querelles, qui n'étant décidées que par la force, ne pouvoient manquer d'avoir des fuites très-dangereufes. Il fut donc néceffaire de réunir tous ces chefs fous une même autorité, & de confier le gouvernement à un feul pour maintenir le repos public. Et les hommes qui avoient vû une image de Royaume dans l'union des familles fous la conduite d'un pere commun, fe portérent aifément à fe faire des fociétez de familles fous des Rois qui leur tinffent lieu de peres. C'est pour cela aparament que

*

Si defint qui imperint, nullâ in re præclarè quicquam geri poteft. Xenophon, 1. 3.. Magiftratibus opus eft, fine quorum prudentia & diligentiâ, effe civitas non poteft. Čic. 1. 3. de Legibus.

Fallitur, egregio quifquis fub principe credit:

Servitium, nunquam libertas gratior extat

Quam fub Rege pio. Claudien in laudes Stiliconis, Paneg. 36.

les anciens peuples de la Palestine apelloient leurs Rois ABIMELECH, c'est-à-dire, mon pere le Roi. Les fujets se tenoient comme les enfans du Prince, & chacun l'apellant mon pere le Roi, ce nom devint comun à tous les Rois du pais. De-là nous pouvons juger que la premiere idée de comandement & d'autorité humaine, eit venuë aux hommes de l'autorité paternelle.

Ces nouveaux chefs, pour relever l'éclat de leur dignité, prirent ou reçurent avec le nom de Roi, tout cet apareil, qui imprime du refpect aux peuples, c'est-à-dire, un trône, un fceptre, des oficiers, des gardes; on leur acorda des tributs, & on leur confia un plein pouvoir pour administrer la justice; & dans cette vue, on les arma du glaive, pour réprimer les injuftices & pour punir les crimes. On voit des Rois de bonne heure dans le monde, & il paroît par l'Ecriture, que chaque ville, & chaque petite contrée, avoit fon Roi. On compte 33. Rois dans le feul petit païs que les Hebreux conquirent. Outre cette maniere inocente de faire des Rois, l'ambition en a inventé une autre. Elle a fait des conquérans, dont Nemrod, petit-fils de Chus, fut le premier.

Il y a eu encore d'autres formes de gouvernement que celle de la Royauté. Les Hiftoires font voir un grand nombre de Républiques, dont les unes fe gouvernoient par tout le peuple; ce qui s'apelloit Democratie, & les autres par les Grands, ce qui s'apelloit Ariftocratie. De toutes les formes de gouvernement, la Monarchie eft la plus comune, la plus anciéne, & auffi la plus naturelle. Elle a fon fondement & fon modele dans l'empire paternel; c'est-à-dire, dans la nature même. Auffi voyons-nous que tout le monde comence par des Monarchies, & que prefque tout le monde s'y est confervé, comme dans l'état M.de Meaux, le plus naturel. Comme ce gouvernement est le plus na- rée de l'Ecri Politique titurel, il eft par conféquent le plus durable, & dès-là ture Saintes. auffi le plus fort, par l'union qu'il établit parmi les hommes, & dont l'éfet nous eft marqué par ces paroles de PEcriture: Au comandement de Saut tout Ifraël fortit comme un feul homme. Il eft le plus opofé à la divifion, qui eft le mal le plus effentiel des Etats & la cause la plus cer

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