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tems tous les talens de l'Art, la ,, force, le jugement, l'efprit. II fçût répandre à la fois la nobleffe & l'oeconomie dans les fujets,la véhémence dans les paffions,"la gravité dans les fentimens,& une variété prodigieufe dans les caractéres. On trouve dans fes écrits ,, une certaine force, une élévation qui furprend, qui enleve, & qui rend jufqu'à fes défauts, fi on lui ,, en peut reprocher quelques-uns, ,, plus eftimables que les Vertus des autres." Tel fut l'Auteur de Pompée, d'Horace, de Cinna de Rodogune, que je n'ai crû pouvoir mieux caractériser qu'en empruntant les propres expreffions de l'homme qui l'a connu le mieux & loué le plus délicatement, je veux dire M. Racine, nom qui partage l'immortalité avec celui du grand Corneille. En vain celui-ci fembloit avoir enlevé tous les fuffrages, un homme paroît avec un génie peut être moins fougueux, mais plus fage, avec moins de for-ce, mais avec plus d'élégance &.

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de douceur : l'un eft fublime, mais inégal, l'autre eft grand & foutenu, & fi l'on en excepte les premiers effais de fa jeuneffe, tous fes ouvrages font de la même force. Difons mieux, Corneille a eu fon Orient, fon Midi, fon Couchant : le commencement & la fin de fa carriere ont été auffi foibles, que le milieu en fut éclatant. Racine au contraire femble n'avoir fait de nouveaux pas dans la fienne, que pour fe furpaffer lui-même : il va toujours en croiffant; Athalie eft fa derniere piéce, elle eft auffi fon chef d'oeuvre. La différence de leur génie leur a fait à tous deux des Admirateurs & des Partifans; mais le bon goût fe réunit à dire en leur faveur, qu'ils ont tous deux connus les régles, qu'ils en ont fait un heureux ufage, & qu'ils n'ont pas moins illuftré la France par leurs Ecrits que Sophocle & Euripide ont illuftré Athénes par leurs Tragédies. On a marché fur leurs traces; mais bien loin de les furpaffer, perfonne encore ne. les a remplacés.

De la Les Philofophes définiffent la

Ariftote

Liv. II.

&

terreur crainte, un trouble de l'ame qui Rhéto- vient de ce qu'on s'imagine qu'il rique doit arriver bien-tôt quelque mał qui ménace notre vie, ou du moins capable de nous caufer une grande affliction. Le moyen d'exciter cette paffion dans les autres, eft donc. de leur repréfenter des actions, des fituations, des circonftances ou des perfonnages illuftres pour lefquels ils prennent intérêt, font ménacés de quelque grand malheur, ou de mettre fous les yeux le crime puni par des châti— mens exemplaires & terribles; car le coeur de l'homme eft naturellement fenfible naturellement il s'intéreffe aux miféres d'autrui & malgré fa dépravation, les idées d'équité qu'il trouve gravées dans fon propre fond fe réveillent & lui font craindre pour fes propres vices les fuites funeftes qu'entrainent ceux des autres. D'ailleurs l'orgueil eft une des plus violentes paffions de l'homme, & le but de la Tragédie a été de le modérer en re

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préfentant àl'homme des grands hu miliés par des revers de fortune, par des catastrophes triftes & fanglantes, peut être de l'accoutumer à ne pas craindre par trop de foibleffe des difgraces communes, parce qu'on en voit arriver de fi extraordinaires aux grands. Les Anciens excelloient dans cette partie ; & l'on raconte d'Efchile que dans un des choeurs de fa Tragédie des Eumenides; il excita une fi grande terreur, que des enfans fe pâmerent & des femmes enceintes avorterent de frayeur. L'Oedipe de Sophocle infpire par tout l'horreur & les piéces d'Euripide quoique d'un caractere plus tendre excitent néanmoins fouvent & trèsvivement cette paffion. Nos Tragédies modernes ne produisent pas des effets fi furprenans; cependant, on ne peut nier que les meilleures n'excitentinfailliblement la terreur; & qu'eft-ce en effet que ce fentiment trifte & fourd que l'ame éprouve aux représentations de la Phédre & de l'Athalie de Racine?

Phédre

A&te IV.

ne tremble t'on pas pour Hyppolite, lorfqu'on entend Thefée lui dire d'un ton foudroyant.

Quoi ta rage à mes yeux perd toute retenuë,

Scene 2. Pour la derniere fois ôte toi de ma vuë,

Sors traitre, & n'attend pas qu'un pere fu→

rieux

Te faffe avec opprobre arracher de ces lieux.

Et ce qu'il ajoûte dans ce Monologue:

Ibid. Miferable, tu cours à ta perte infaillible. Neptune, par le fleuve, aux Dieux même terrible

Scene 3.

M'a donné fa parole & va l'exécuter.
Un Dieu vengeur te fuit, tu ne peus l'évi-

ter.

N'eft-t-on pas pénétré de frayeur pour le jeune Joas, lorfqu'Athalie l'interroge, lorfqu'elle fait demander par Mathan qu'on lui livre cet enfant, lors même qu'introduite dans le Temple, elle s'écrie:

Ta

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