Imágenes de páginas
PDF
EPUB

c'eft prouver le mérite des An ciens.

On forme fur la Fable une autre queftion, c'est de fçavoir fi l'on ne pourroit pas faire des Fables toutes en dialogue? pour donner quelque fondement à ce fiftême, on en propofoit des exemples affez plaufibles. Bon nombre de Fables de la Fontaine, difoiton, à quelques legers changemens près, pourroient être dialoguées. On citoit même la premiere ainfi difpofée:

LA CIGALE ET LA FOURMI; FABLE.

LA CIGAL E.

Vous plairoit-il me prêter
Quelque grain pour fubfifter,
Jufqu'a la faison nouvelle,
Et je vous paîrai, ma belle,
Avant l'Août, foi d'animal,
Interêt & principal.

LA FOUR MI.

Non je ne fuis pas prêteuse,
C'eft là mon moindre défaut.
Que faifiez vous au tems chaud,
Ma commere l'emprunteuse?

LA CIGALE.

Nuit & jour à tout venant

Je chantois, ne vous déplaise.

LA FOUR M I.

Vous chantiés j'en fuis fort aife,
Hé bien dansez maintenant.

Mais cette imagination, qui paroît d'abord féduifante, ceffe d'éblouir dès qu'on confidere qu'en réduisant la Fable au dialogue, on confond deux genres d'écrire jufqu'à prefent très diftingués. Qu'après un récit qui prépare le Lecteur, on faffe dialoguer des ani

maux ou des arbres, à la bonne heure; mais les anciens & les modernes, Lucien & M. de Fontenelle dans leurs Dialogues n'ont jamais introduit que des interlocuteurs effentiellement intelligens Secondement ce systeme dépouille la Fable de fon plus bel appanage, je veux dire de la narration fi néceffaire pour fixer le lieu de la Scéne, la durée du tems & celle de l'action, pour n'offrir rien de confus à l'efprit du Lecteur. D'ailleurs combien de Fables qui ne confiftent qu'en narrations fans dialogue, combien peu de fujets fufceptibles de dialogues d'une certaine étendue, enfin comment bannir de ces petites conversations feintes la froideur & l'ennui, fi la variété des récits &des defcriptions n'écarte ces défauts d'un genre d'écrire, où toutes les piéces fe reffemblent par leur plan général, & ne peuvent être différenciées que par les détails? Je propofe mes doutes, c'est au public à dé

228 DE LA LECT. DES POETES. cider quels avantages ou quels inconveniens pourroient réfulter de ce fyfteme par rapport à la Fable, & fi comme il eft arrivé par l'introduction du comique larmoyant on ne confond pas, on n'appauvrit pas les différens genres de Poëfie, fous le fpécieux prétexte de les enrichir & de les diftinguer.

Fin de la troifiéme Partie.

229

PRINCIPES

POUR

LA LECTURE

DES POËTES.

QUATRIEME PARTIE.

Left dans le monde des

Néceffité

vre fon

états qu'on n'embraffe de conpoint fans une déftina- noître & tion particuliére. L'E- de fuiglife, l'Epée, la Robe, la Finance, talent. le Barreau, la Litterature, &c. Sont comme autant de voyes ouvertes aux Citoyens, pour travailler au bien de la fociété,en ne négligeant

« AnteriorContinuar »