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le Dramatique, & après une réflé xion très-jufte fur le choix des circonftances qui doivent être mises en action, ou en récit, pour ménager la délicateffe du Spectateur, il parle du nombre des Actes & des perfonnages qu'on peut introduire fur la Scéne,des fonctions du choeur & de la Mufique, du ftyle propre à la Tragédie, de fes variations relativement aux divers accroiffemens de la République Romaine, des Comédies fatyriques & du vers Jambe affecté au fpectacle Comi que; & dans cette multitude d'objets, il eft aifé de diftinguer ce qui n'eft applicable qu'au fiécle du Poëte Latin, d'avec ce qui a fa jufteffe dans tous les lieux & dans tous les tems. Les détails ne nous regardent nullement, on rencontre feulement de loin à loin quelques principes généraux, tout le refte eft local & infiniment éloigné de nos moeurs & de nos ufages.

Sans approfondir davantage l'Art du Théâtre & les fecrets du genre Dramatique, Horace raconte en

peu de Vers l'origine & les pro grès de la Tragédie chez les Grecs, La naiffance & les abus de la Comédie & le fuccès médiocre des PoëtesLatins,auxquels, pour mieux traiter ce genre, il propose la lec ture & l'imitation des Anciens.

Le refte de fon ouvrage qui com prend encore plus de deux cens Vers, confifte en maximes générales touchant la Science qui convient aux Poëtes, la néceffité de joindre dans leurs ouvrages l'agré ment à la folidité & la vraifemblance au merveilleux. L'indulgence qu'on doit aux Auteurs, la fureur de faire des Vers fans génie, la prudente timidité de fe produire fous le titre d'Auteur, l'étude des préceptes de l'Art, le difcernement qu'on doit faire entre un fade Adulateur, & un Cenfeur éclairé, enfin les portraits qu'il trace de Fun & de l'autre, auffi-bien que de ces Lecteurs impitoyables de leurs Vers ennuyeux; tous ces différens objets, fi l'on en excepte une digreffion fur l'origine de la

Poëfie, font la matiére des confeils qu'Horace donne à fes Contem porains, & que tout Ecrivain doit fuivre s'il veut arriver à la perfec tion.

Tel eft le plan arbitraire, fi l'on veut, de la Poëtique d'Horace dont la lecture réfléchie, ne peut jamais occafionner d'autre jugement que celui que nous avons porté au commencement de cet ouvrage, fçavoir que cette Epître toute profonde, toute excellente qu'elle foit, eft néanmoins infuffifante & de beaucoup inférieure à la Poëtique de M. Defpréaux dont l'expofition toute fimple mettra le Lecteur à portée de comparer, de juger & de décider.

M. Defpréaux donna fa Poëti que pour la premiere fois en 1674. lors Corneille avoit donné fes plus belles Tragédies & fon dif cours fur les trois Unités. Moliere avoit ramené le goût du yrai Comique, on connoiffoit la pratique du Théâtre de l'Abbé d'Aubignac, Les régles du Poëme Dramatique

étoient développées, mais celles des autres genres n'étoient encore ni fixées, ni rédigées dans la forme qui leur convient le plus. Le langage de la Poëfie devoit fans doute être confacré à en dicter les loix; mais c'eût été peu de rimer & d'entaffer fans choix les maximes les plus vrayes, il falloit pour les traiter avec fuccès un Poëte Philofophe qui fçût allier l'exactitude de la méthode à la vivacité de Fimagination, & tel étoit M, Def préaux. Son ouvrage comprend quatre chants dont le plan général eft très-fimple. Les préceptes généraux de la Poëfie font la matiére du premier chant, Le fecond renferme les régles particuliéres des petits Poëmes, Dans le troifiéme, on trouve celles des deux efpéces de grands Poëmes, le Dramatique & Epopée. Le quatrième chant ne roule que fur des confeils donnés aux Poëtes, & quant aux moeurs & quant à leur profeffion, Reprenons cette division générale & remarquons les détails dans lefquels

lefqnels notre Auteur eft entré.. La premiére qualité que M. Defpréaux exige du Poëte, c'eft le génie,l'Art de le connoître & de l'appliquer à fa deftination, & l'Art peut-être encore plus difficile de l'allier toujours avec le bon fens. Il dit enfuite un mot de la rime, de fa difficulté, qui dès qu'on la furmonte ne fait que préter de nouvelles forces au génie. L'affectation & la fureur du bel efprit, l'abondance fuperflue, l'aridité, l'obscurité, l'enflûre & la baffeffe font la matiére des préceptes fuivans. La variété du ftyle & fa noblesse, la différence du ftyle naïf d'avec le bur lefque dont l'Auteur décrit le régne & la décadence, la fimplicité contraire à l'enflûre & fon harmonie avec une courte digreffion fur l'origine & les progrès de notre Poëfie depuis Villon jufqu'à Malherbe, donnent lieu à des réflexions très-importantes fur la diction dont il recommande également la clarté, l'élégance & la pureté. De là il exhorte les Poëtes à composer Tome II. Ee

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