leur revenu; qu'en un mot il s'étoit comporté AN.1546. en tout cela avec tant de hauteur & de dureté, que fon clergé avoit été contraint d'avoir reCours à l'autorité imperiale; enforte que lui empereur, pour s'acquitter de fon devoir, s'étoit vû forcé de reprimer ce prelat par fes édits, & d'empêcher l'herefie de s'introduire dans fon électorat. Le Lantgrave répondit à l'empereur, que tous XCIII. les princes fes alliez étoient très-fenfibles aux Le Lant bons fentimens dans lesquels il paroiffoit être en grave réfaveur de l'Allemagne, qu'il efperoit que Dieu Pempereur pond à lui feroit la grace de ne s'en jamais départir, fur tous les Qu'il étoit de fon interêt d'être toûjours dans les articles. mêmes difpofitions, en confiderant les avanta- Sleidan ubi ges que les états en retireroient, & de quelle pra lib.17. importance il étoit que tout l'empire fût unipag. 573. pour n'obéir qu'à un feul maître & n'avoir qu'un fouverain. Qu'au refte il avoit appris avec joïe ce que l'empereur penfoit des decrets du concile; mais qu'il n'y avoit pas lieu d'efperer que les peres travaillaffent ferieufement à fe reformer, étant dévoüez, comme ils étoient, au pape, & aïant l'autorité toute entiere; qu'ainfi, quelque neceffaire que fût la reformation, ils fentoient qu'elle leur porteroit trop de dommage pour y confentir; outre que par fon moïen leurs revenus feroient diminuez. Il ajoûta qu'il n'efperoit pas un grand fuccès de la diete de Ratisbonne, & qu'à l'égard de l'archevêque de Cologne, étant pafteur, il vouloit procurer à fes brebis une nourriture falutaire, croïant que c'étoit là fon devoir. Qu'il avoit fait faire un formulaire de doctrine, tel que le demandoient au commencement ceux qui fe déclaroient aujourd'hui fes plus mortels ennemis, & Gropper fur tout. Qu'à prefent ceux-là-mêmes le refufoient, lorfqu'on étoit fur le point de finir cette affaire, L'empereur interrompant le Lantgrave s'écria, E 4 par AN.1546. Parlant de l'archevêque. Eh que pourroit reformer ce bon homme! A peine fçait-il les principes du latin, il n'a jamais dit que trois meffes en toute fa vie, & j'en ai même entendu deux, à peine en fçait-il le commencement. Il a trèsexactement lû les livres allemands qui traitent de la religion, repartit le Lantgrave, & je fuis affuré qu'il les entend. A quoi l'empereur repliqua, que reformer n'étoit pas établir une autre foi & une autre religion. Il n'avoue pas auffi, dit le Lantgrave, qu'il ait introduit une nouvelle religion; il a feulement rétabli Pancienne que J. C. & fes apôtres nous ont laiffée. S'il a dépofé quelques pafteurs, il a crû qu'il y étoit obligé, pour punir les déreglez & les ignorans. Et lorfqu'il a fait faifir les revenus du clergé, c'étoit pour fournir aux fecours neceffaires à la guerre contre les Turcs & le roi de France, & nullement en haine de la religion catholique. XCIV. chez l'é Le lendemain le Lantgrave, Granvelle, Naves Autre af- & Maffenbach s'affemblerent chez l'électeur Pafemblée latin; & là Naves rapporta une partie de la conlecteur Pa- verfation que le Lantgrave avoit euë la veille avec l'empereur, & témoigna combien celui-ci défiSleidantbi. roit la paix; que c'étoit à ce deffein qu'il avoit dem pag. ordonné le colloque de Ratisbonne, mais que les latin. 574. théologiens s'étoient retirez trop tôt. Le Lantgrave répondit, qu'il n'étoit pas encore affuré qu'ils fuffent partis, mais qu'on avoit écrit à l'éle&teur de Saxe & à lui, combien les conditions qu'on avoit propofées étoient recufables; les préfidens aïant exigé dès le commencement qu'il n'y auroit point de notaires, qu'on n'auroit aucune copie des actes, & qu'on n'en écriroit rien aux princes alliez; outre que les théologiens du parti catholique s'y étoient comportez d'une maniere à ôter toute efperance d'union, en retranchant les articles qui avoient été depuis long-tems accordez, qu'ils fcandalifoient par leur maniere de vivre & par leur mauvais exemple. Qu'il n'étoit AN.1546. XCV. de l'éle- L'électeur Palatin prit enfuite la parole, & après avoir beaucoup loué les bons deffeins de Sentimens l'empereur, il dit qu'il croïoit que le colloque de Ratisbonne avoit été bien commencé : & que fi tin. on le reprenoit, fans difputer des articles qui veidan ibid. avoient déja été accordez, on pourroit aifément et fra lib. convenir de ceux qui reftoient à discuter. A quoi 17.pag•$77• E 5 Gran Granvelle répondit, que l'empereur fouhaitok AN.1546-fort la paix, comme il l'avoit affez fouvent témoigné, & qu'elle étoit très-neceffaire au bien de l'empire: Que c'étoit dans cette vûë qu'il s'étoit mis en chemin quoiqu'infirme, qu'il ne venoit point pour demander du fecours, mais afin de pourvoir à tout: Qu'il n'avoit point de deffeins cachez avec les rois de France & d'Angleterre, & qu'il fouhaitoit fort que les plus apparens d'entre les princes fetrouvaffent à la diéte, fans quoi, dit-il, l'empereur ne pourra rien conclure. Le Lantgrave s'excufa fur ce dernier article, & dit qu'il ne pouvoit fe rendre à Ratisbonne, tant à eaufe de la dépenfe qu'il feroit obligé de faire, que parce que l'électeur de Saxe & Maurice l'avoient pris pour arbitre de leur differend, qu'il vouloit abfolument terminer : Qu'il-envoïeroit toutefois fes confeillers avec d'amples pouvoirs. Là-deffus ils fe feparerent; & quelques heures après, Naves vint dire au Lantgrave que l'empereur étoit fort content de ce qui venoit de se paffer dans l'entrevûë; qu'il l'exhortoit fort à fe rendre à Ratisbonne, & que s'il vouloit encore parler à fa majesté imperiale, il pouvoit venir sur XCVI. le foir, ce que le Lantgrave accepta avec plaifir. Seconde La converfation roula fur les mêmes matieres entrevûë de l'empe- qui avoient été agitées dans la premiere entrereur & du vûë; mais toûjours avec beaucoup de politeffe Lantgrave. & de bonté de la part de l'empereur. Il le fit Sleidan ut remercier par Naves de ce qu'il le voïoit lui & Suprap. 578. Pélecteur Palatin difpofez à la paix. Il lui dit qu'il $79. fe flattoit que leurs theologiens reviendroient à Ratisbonne avec les catholiques; que fi ceux-ci n'étoient pas agréables, il en nommeroit d'autres; qu'il le prioit de venir à la dicte, du moins de s'y rendre vers la fin; & pour l'y engager davantage, il lui fit fentir qu'il laiffoit lui-même fes propres affaires pour y affifter, & quelque neceffaire que fa prefence fut ailleurs, il n'étoit i i point forti de l'Allemagne depuis trois ans, tant trouver. AN.1546. XCVII. Suiffes. Sleidan ibidem, Le pape envoïa l'onziéme d'Avril un bref aux évêques de Sion & de Coire, & à quelques ab- écrit aux bez du païs des Suiffes, pour les inviter à fe évêques trouver au concile general qui fe tenoit à Trente. Il leur mandoit qu'il étoit jufte que ceux qui, representoient l'église de Suiffe y paruffent, d'autant plus qu'il affectionnoit leur nation préferablement à toutes les autres, regardant les Suiffes comme les enfans particuliers du faint fiege, & les défenfeurs de la liberté ecclefiaftique. Il ajoûtoit qu'un grand nombre d'évêques fe rendoient tous les jours à Trente, d'Italie, de France, Paul, III, d'Efpagne ce qui devoit leur caufer quelque lib.brev. an. confufion, voïant qu'ils étoient les plus proches, & toutefois les plus lents. Que leur nation apud Rayétant la plus infectée des herefies, avoit plus be-nand, hoc foin du concile que toute autre; enfin il les ex- an, 11.57. hortoit de reparer leur negligence, & de venir à Trente fans aucun délai, s'ils ne vouloient pas encourir les peines preferites par les loix contre E 6 les 12. P. 274. Extar breve |