Imágenes de páginas
PDF
EPUB

A l'égard de ceux qui étant reguliers de nom, vivent pourtant hors de leurs cloîtres & hors de AN.1546. Pobéillance de leur religion; comme auffi à l'égard des prêtrès feculiers, fi leurs perfonnes ne font connues & leur conduite approuvée de même que leur doctrine; quelques prétendus privileges qu'ils puiffent alleguer pour pretexte; les évêques fe donneront bien de garde de permettre qu'ils prêchent dans leur ville ou dans leur diocefe, qu'ils n'aient auparavant confulté làdeflus le faint fiege, de qui vrai-semblablement de tels privileges ne font pas extorquez par des perfonnes qui en font indignes, fi ce n'est parce qu'on lui a expofé faux & caché la verité.

Ceux qui vont quêter & recüeillir les aumônes, qu'on nomme ordinairement quêteurs, de quelque condition qu'ils foient, ne pourront non I plus entreprendre de prêcher par eux-mêmes ni par autrui: & ceux qui contreviendront, en feront abfolument empêchez par les évêques & les ordinaires des lieux, par les voies convenables, nonobftant tous privileges. Ces decrets furent lus & approuvez par le plus grand nombre: mais il y en eut qui formerent des difficultez fur quel ques-uns.

tez fur le

fainte

ge.

Sur le premier, par exemple, qui concernoit CXLI. la conception de la fainte Vierge, le cardinal de DifficulJaen vouloit qu'on ajoûtât: Comme la plus gran- decret de la de partie de l'églife le croit plus pieufement; ou, foi touchant comme plufieurs croient que la Vierge n'eft pas con- la conceFue dans le peché original. L'archevêque d'Aix étoit priore Vierpour qu'on gardât le filence, & que l'on fit défenfe à tous prédicateurs de prêcher fur cette matiere. L'évêque de Saffari dit que cet article offenfoit une des parties, fans fatisfaire l'autre, & que l'on alloit renouveller les anciennes querelles qui avoient troublé l'églife du tems de la bulle de Sixte IV. dont parloit le decret. Celui de Sienne dit qu'il approuvoit le decret, s'il ne

[blocks in formation]

portoit aucun préjudice à la fainte Vierge. CeAN.1546-lui de Palerme l'approuva fous les mêmes conditions que le cardinal de Jaën. Celui de la Cava perfifta dans fon premier avis du feiziéme de Juin. L'évêque de Clermont jugea qu'il falloit décider abfolument, que la Vierge étoit conçûë fans peché originel. L'évêque titulaire de Cheronée opina comme celui de Sienne. Celui de S. Marc fut de l'avis du cardinal de Jaën. Celui de Calahorra donna son sentiment par écrit, portant qu'il approuvoit le decret, pourvû qu'on ajoûtât; que parce que beaucoup de prédicateurs ofent avancer dans leurs fermons que la Vierge Marie n'eft pas conçue dans le peché originel, ce qui caufe des fcandales parmi le peuple, il ne fera plus permis à l'avenir de prêcher publiquement cette doctrine, jufqu'à ce que l'église ait décidé la question; que néanmoins l'intention du concile n'est pas de reprouver cette opinion, qu'au refte il n'approuve pas le titre du decret. L'évêque de Caftellamare dit qu'il falloit ajoûter à l'article de la conception quelques termes qui fiffent ceffer le fcandale & qui-ne portaffent point de préjudice à aucun des deux partis. Tous ces fuffrages furent recueillis par le fecretaire Maffarel; mais comme le plus grand nombre opina qu'il ne falloit rien changer, le decret passa.

CXLII. Autres difficultez fur

Le decret de la reformation fut contredit même en quelques articles, & plufieurs ne voulule decret de rent l'approuver qu'avec les modifications fuivanla reforma- tes. Le cardinal Pacheco demanda qu'on fît mention. tion du regrès dans la vacance des benefices; à Pallavic, in quoi s'oppofa le cardinal Cervin, de peur qu'on hiff, concil. ne crût que le concile approuvoit ces regrez. L'é11.m.2.& vêque de Saffari approuvoit le decret quant à la prédication des reguliers dans leurs églifes, pourvû qu'elle ne fe fit pas malgré l'évêque, fuivant l'efprit du concile. Quant à la dérogation aux privileges, il demandoit encore que puisque cet

lib.7.cap.

3.

ar

[ocr errors]

AN.1546.

article étoit confirmé par un bref, on inferât ce bref dans les actes. L'évêque de Fiefole ne voulut agréer le decret qu'à condition qu'on refti-tueroit aux évêques & aux pafteurs le pouvoir d'exercer avec une liberté entiere les fonctions & les devoirs de la prédication, & que perfonne ne pourroit prêcher en aucun lieu fans la permiffion de l'évêque. L'évêque de Belcaftro fouhaitoit qu'on ajoûtât au decret, que fi les reguliers negligeoient de fe prefenter à l'évêque, ils ne pourroient prêcher. Beaucoup d'autres furent du même avis; l'évêque de Huefca défapprouva le titre. L'évêque de Calahorra donna son sentiment par écrit, & approuvoit le decret, pourvû que quand les reguliers fe feroient prefentez aux évêques pour recevoir la benediction, fi on ne vouloit pas les approuver, ils ne puffent prêcher en aucun lieu du diocefe. Enfin l'évêque des Canaries dit que dans l'article qui regardoit la permiffion de prêcher dans les paroiffes, que les reguliers doivent demander aux évêques, il croïoit que quand une fois un religieux avoit été prefenté, & qu'il n'étoit point revoqué; il fuffifoit que le curé lui permit de prêcher, mais malgré toutes ces raifons le decret fut approuvé; enfuite Hercule Sevarole promoteur du concile demanda Pallav.ibid. qu'on inftruisît la contumace des évêques abfens, cap.13 .m.§. & qu'on procedat contr'eux. Les fentimens furent fort partagez; & le plus grand nombre opina qu'on excepteroit les Allemands, tant que la diete dureroit.

Remarques

On peut remarquer fur ce dernier decret. 1. Qu'en CXLIII. difant à la tête qu'on veut fe conformer aux con- fur ce méftitutions des conciles approuvez, il marque am- me decret. -biguement qu'on ne veut pas fuivre le concile de Bafle, & cependant il le confirme tacitement; car ce n'eft que par ce concile que la théologie a été étendue aux cathedrales, n'aiant été ordonnée auparavant que pour les metropolitaines. G 6 2. Qu'une

AN.1546. de Trente n'eft point reçû en France, eft que 2. Qu'une des raifons pour lefquelles le concile ce decret permet au juge ecclefiaftique de contraindre par la fouftraction des fruits les contrevenans; ce qui ne peut être observé dans le roiaume que par le procureur general à l'égard des gros fruits. 3. Que le pape aïant mandé à fes legats de foûtenir les moines contre les évêques; & ceux-ci voulant faire valoir leurs droits & leur autorité, ce combat d'interêts fit craindre au cardinal de Monté qu'on ne donnât quelque atteinte aux privileges accordez par les papes, & qu'on ne vînt à fouftraire les monafteres au faint fiege pour les affujettir derechef aux évêques; Pallav.ibid. & comme il étoit dans cet embarras, Sebastien sep.11.7.5. Pighin auditeur de rote trouva un expedient qui leva les difficultez. Il dit qu'il falloit donner aux évêques le pouvoir de travailler au rétablissement des leçons de théologie dans les monasteres; non en qualité d'évêques, mais comme fubdéleguez du faint fiege, c'est-à-dire, qu'ils agiroient dans cette affaire fous l'autorité du pape & comme en fon nom. C'est pourquoi l'on trouve en plufieurs endroits de ce decret ces mots, comme déleguez du fiege apoftolique en cela, ce qui fut d'un grand ufage dans toute la fuite du concile, quand on vouloit rendre quelque chofe aux évêques, fans rien diminuer de l'autorité du pape. Pallavicin convient que c'eft la premiere fois qu'on s'en eft fervi.

f'empereur

CXLIV. L'empereur aïant été fort incommodé de la Arrivée de goutte, ne s'étoit pû rendre à Ratisbonne que le à Ratisbon- fixiéme de Juin. Il y apprit avec chagrin que les princes proteftans n'y étoient pas venus en perSeidan in fonne, comme il les en avoit follicité, mais feucomment.lib.lement par députez, & que les théologiens las 17.p.589. d'attendre s'étoient retirez. Il en témoigna fon

.ne.

reffentiment; cependant il ne laiffa pas que d'ouvrir la diete le troifiéme jour après son arrivée.

Il ne s'y trouva du côté des Catholiques, que Ferdinand roi des Romains, Maurice, Eric de Brunswick, Jean & Albert de Brandebourg, les évêques de Bamberg, de Wirtzbourg, de Paffau, de Hildesheim, les cardinaux de Trente & d'Ausbourg; & de la part des Proteftans les ambassadeurs du Palatin, de Cologne, de Munster, de Nuremberg, de Ratisbonne & de Norlingue.

AN.1546.

CXLV. , Tenue d'u

ne diette.

tome 1. liv.

3.pag. 383.

L'empereur en expofant le sujet de la diette leur dit qu'ils étoient tous informez que les affaires de l'empire, qui étoient trés-importantes, Steidan ut n'avoient pû être terminées à Wormes à caufe de fupra p.581. l'abfence de plufieurs : & que c'étoit ce qui avoit Heiff. hif. obligé d'en remettre la décision à cette affemblée; de l'empire mais que fes infirmitez, la tenuë du dernier colloque, & la rigueur de la mauvaise faifon ne lui avoient pas permis d'executer plûtôt ce projet; qu'il avoit pourtant tout quitté dès qu'il s'en étoit agi; qu'il avoit même abandonné beaucoup d'affaires qui demandoient fa prefence en Espagne ; qu'il oublioit volontiers fes propres interêts, pourvû que fon exemple fût fuivi; qu'il avoit lieu de l'efperer, & qu'il fe flattoit qu'aucun prince ne manqueroit de fe rendre à l'affemblée, ou que du moins ils y envoïeroient leurs ambassadeurs avec de pleins-pouvoirs. Il parla enfuite du colloque de Wormes, & fe plaignit de ce qu'il avoit été commencé & bien-tôt après interrompu, fans qu'on en eut tiré aucun avantage. Il demanda à l'assemblée fes avis pour travailler aux moïens de rétablir la paix; enfin il ajoûta que l'empire ne pouvant fubfifter fans loix, ce befoin exigeoit qu'on rétablit la chambre imperiale; que les loix en étoient déja faites; qu'il prioit feulement ceux qui y avoient interêt, de prefenter les affeffeurs, & d'en faire tous les frais, parce qu'aïant à foutenir tout le poids de l'empire, il ne pouvoit y contribuer lui-même. Il leur fit part auffi de la treve qu'il avoit conclue avec le Turc par la media

« AnteriorContinuar »