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Dominican.

Nic. Anto

bliot, des ant.

AN.1546. beaucoup d'ouvrages qui ont été imprimez après Anion. Sefa mort à Lyon, à Venife & à Anvers. Le plus menfis de vi- confiderable eft la fomme des facremens de l'évis iufirib. glife parmi fes treize leçons de théologie fous le titre de Theologica pralectiones, dont les trois premo. Bibliot, mieres traitent de la puiffance ecclefiaftique & Hifp. civile, & les deux fuivantes, du droit du roi Dupin Bid'Espagne für les perfonnes & les biens des Indem. 14. in diens. La fixiéme eft du droit de la guerre, où 4.p. 173. l'on trouve plufieurs queftions importantes agitées. La feptiéme eft du mariage, compofée à l'occafion du divorce du roi d'Angleterre. La huitiéme qui fait la premiere du fecond volume, eft de l'accroiffement & de la diminution de la charité. La neuviéme fur la temperance; & c'estlà où il montre qu'un chartreux dans une extrême neceffité eft obligé de manger de la chair, s'il le peut faire fans fcandale. La dixiéme parle de l'homicide. L'onziéme de la fimonie. La douziéme de la magie, & la treiziéme examine cette question; à quoi l'on eft obligé dès le moment qu'on a acquis l'ufage de la raifon; il y examine fi l'on peut avoir une ignorance invincible de Dieu. Cet auteur traite les matieres par principes avec beaucoup de methode, de distinction, de jugement, & de folidité. Il paroît cependant affez indulgent à l'égard de ceux qui donnent des benefices en vûë de liaison de parenté ou d'amitié à la recommandation des autres, même par des motifs temporels. Il les excufe non-feulement de fimonie, mais encore de peché mortel, fi ceux à qui l'on donne ces benefices en font dignes. Son traité du droit de la guerre renferme un grand détail. Dans la leçon de la puiffance ecclefiaftique, il nie qu'elle foit dans l'églife univerfelle, & fait réfider celle de jurisdiction dans la perfonne de S. Pierre & dans fes fucceffeurs. Il mourut le quatorziéme d'Août à Salamanque où il enfeignoit.

Le

XXViil.

faculté

errorib.to. I.

tom 2.p.

143.& feq.

Le quatriéme de Novembre de cette année 1546. la faculté de théologie de Paris reçut des AN.1546. lettres du roi François I. par lefquelles ce prince Le roi leur mandoit d'examiner avec foin l'édition que mande à la Robert Etienne avoit donnée de la bible en 1545.examiner avec la verfion de Leon de Juda à côté de la vul-12 bible de gate, & des notes qu'on attribuoit à Vatable. Ce Robert dernier avoit une fi grande connoiffance de la Etienne. langue hebraïque, que les Juifs mêmes affiftoient D'Argenfouvent aux leçons qu'il faifoit à Paris au college tre in coll. roial, où il expliquoit l'écriture fainte avec beau- jud. de novis coup d'érudition. Le grec ne lui étoit pas moins in append. familier, & tout le monde couroit avec ardeurp. 17. & pour l'entendre. Robert Etienne qui y alloit com-" me les autres, aïant recueilli les notes que cet habile profeffeur avoit faites fur la fainte écriture dans fes leçons publiques, les ajoûta à l'édition de la bible dont on vient de parler; mais au lieu de les donner dans leur pureté & telles qu'il les avoit reçûës de la bouche de Vatable, il les altera, enforte que plufieurs favorifoient les nouvelles erreurs. L'univerfité de Louvain attentive à s'opposer à tout ce qui pouvoit préjudicier à la foi, s'éleva d'abord contre ces notes, & les condamna. Ce fut peut-être ce qui excita le zele de François I. Ce prince demandoit à la faculté de Paris la même attention que celle de Louvain, & la même condamnation, s'il étoit necessaire. Sa lettre eft dattée de Fontainebleau,

La religion étoit toûjours en Angleterre fur le XXIX. même pied qu'il avoit plû au roi de l'établir. Etat de la Mais comme ce prince ne paroiffoit pas avoir en-ligion en Angletercore long-tems à vivre, les reformez demeuroient re. dans le filence, efperant un tems plus favorable Burnet pour établir leurs erreurs. Par une raison toute hift.de la contraire, ceux de la religion catholique n'ofoient reform. to. 1. Liv. 3. s'oppofer directement auroi, de peur que leur réfiftance ne l'engageât à paffer par deffus les bornes qu'il s'étoit prefcrites; & de-là naiffoit une

com

pag.467.

complaifance aveugle pour toutes les volontez AN.1546. de ce prince, & le pouvoir exceffif qu'il avoit pris fur tous fes fujets, & dont il faifoit un mauvais ufage. Depuis quelque tems il étoit incommodé d'un ulcere à une jambe, qui lui caufoit beaucoup de douleur, & qui le rendoit quelquefois fi chagrin, qu'on ne l'approchoit qu'en tremblant. Il avoit toûjours été fevere; mais il le fut incomparablement plus fur la fin de fa vie. S'oppofer à fes fentimens, c'étoit encourir fon indignation, & quoiqu'il en changeât fouvent lui même, rarement faifoit-il grace à ceux qui n'applaudiffoient pas à fon inconftance. Il falloit être bien de fes amis pour obtenir le pardon; mais auffi quand on l'étoit, ou qu'il étoit trés-prévenu, il lui arrivoit fouvent de défendre les accufez lors même que leur crime fembloit conftant. C'eft ainfi qu'il fe rendit protecteur de Cranmer archevêque de Cantorberi.

XXX.

Cranmer

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Ce prélat fut accufé auprès de ce prince derearchevêque jetter les fix articles, d'être le protecteur des Sade Cantor- cramentaires, & de favorifer ouvertement la nouberi accufé velle reforme : on reprefenta à.Henri qu'on avoit auprés du roi d'An- de bonnes preuves de ce qu'on avançoit, mais gleterre. qu'outre que la dignité du prélat & fon crédit le Burnet mettoient prefque à couvert des pourfuites dela ibid. ut fu- juftice, la maniere dont fa majefté avoit reprac. 470. çû jufqu'alors de femblables plaintes, fermoit la bouche à tout le monde. Qué fi néanmoins on voïoit Cranmer dans la tour, alors la terreur ceffant, on s'expliqueroit avec liberté. Henri confentit que l'archevêque reçût ordre de comparoltre le lendemain devant le confeil, & fit efperer qu'il l'envoïeroit à la tour, s'il le meritoit. Peu de tems après le roi l'envoïa chercher de nuit, & lui apprit tout ce qu'on tramoit contre lui. Il lui donna toutes les inftructions neceffaires pour fe conduire en cette rencontre. Illui dit de paroître au confeil, de demander qu'on le traitât en con

feiller

feiller d'état, qu'on lui confrontât fes accufateurs avant que de rien ordonner fur fon fujet, & que' fi on refufoit fes demandes, il en appellât au roi, qui pour cet effet ne fe trouveroit point au confeil. Dans le même tems Henri tira de fon doigt l'anneau roïal, & dit à Cranmer que fi l'on faifoit difficulté de recevoir fon appel, il montrât

cet anneau.

AN.1546.

Le roi le

Ces inftructions données, l'archevêque fut ci- XXXI. té, & fe prefenta à la porte du confeil, accompagné d'un huiffier; mais on l'y fit attendre fi mortifeles protege & long-tems, que le roi en étant informé par fon ennemis. medecin, envoïa dire auffi-tôt qu'on le fit entrer. Il parut donc, on lui dit qu'on avoit reçû plufieurs informations contre lui & contre fes chapelains, qui protegeoient l'herefie. Il répondit comme le roi lui avoit ordonné; & comme les confeillers insistoient, il leur dit qu'il ne pouvoit affez s'étonner du traitement qu'on lui faifoit, qu'il fe trouvoit forcé d'en appeller au roi, & auffi-tôt produifit l'anneau roïal. On peut juger quelle fut leur furprise, ils fe leverent, & allerent trouver Henri qui les traita fort mal, & leur dit qu'il croïoit avoir un confeil fage & prudent, & qu'il n'étoit compofé que d'hommes infenfez; il jura qu'il regardoit l'archevêque comme le plus fidéle de fes fujets, auquel il avoit de grandes obligations. Le duc de Norfolk aïant voulu justifier la conduite du conseil, le roi lui repartit qu'il ne vouloit point qu'on maltraitât des perfonnes qui lui étoient cheres, qu'il fçavoit les divifions & les haines qui regnoient parmi eux, qu'il les feroit ceffer, ou que du moins il en puniroit les auteurs. Enfuite il leur commanda de fe reconcilier avec l'archevêque, ce qu'ils firent du moins en apparence.

Cette affaire aiant manquée, on en fufcita XXXII. une autre, non à Cranmer, mais à la reine, qui on conçoit appuïoit ouvertement la prétenduë reformation, de perdre

&

le deffein

la reine

pag.473.

P. 462. &

& faifoit prêcher dans fa chambre les nouveaux AN.1546. prédicateurs. Comme le roi aimoit beaucoup cetdans l'ef te princeffe, il avoit fouffert affez volontiers prit de ce pendant du tems, qu'elle lui parlât de religion, prince. & qu'elle prit quelquefois le parti des Proteftans. Burnet ibid. Mais enfin las de ces difputes qui ne lui plaifoient De Rapin plus, il commença à regarder la reine avec affez Tharas de froideur. Un jour il s'en ouvrit à l'évêque de hift, d'An Winchester, qui approuva fort le reffentiment gleterre to.5 du prince, & le chancelier lui fit figner des arti pour informer contre cette princeffe; mais le papier aïant été perdu, & retrouvé par un officier de la reine, elle en eut auffi-tôt connoilfance, & voulant prevenir le coup dont elle étoit menacée, elle alla trouver le roi, avec une contenance affurée comme fi elle n'eût rien fçû de ce qui s'étoit paffé. Ce prince la mit d'abord fur les matieres de la religion; elle lui répondit que la femme avoit été créée pour être foumise à l'homme, & pour être inftruite, & que c'étoit

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cles

par confequent du roi qu'elle devoit apprendre XXXIII. ce qu'il falloit croire. Non, non, dit le roi, Elle fe ju-vous êtes devenue docteur, & bien loin que ftifie & adoucit nous puiffions vous inftruire, vous êtes capable l'efprit du de nous inftruire vous-même. La princeffe reroi. partit qu'elle voïoit bien qu'il avoit mal pris la Revelat. liberté avec laquelle elle avoit quelquefois difpuAngle parté avec lui, qu'elle n'en avoit ufé de la forte kans.tom. 2.que pour lui faire oublier une partie de fon chain 4.p.438. grin, & recevoir de lui les inftructions dont elle

ic pere d'Or

avoit profité. Si cela eft vrai, repliqua le roi, nous fommes bons amis. Enfuite il l'embraffa & Paffura qu'il l'aimeroit toûjours. Le lendemain avoit été pris pour la conduire à la tour avec quelques-unes de fes dames, & quarante gardes étoient déja commandez pour cette expedition. Mais ils furent contremandez, & non feulement toute cette intrigue échoiia, de même que celle qui avoit été formée contre Cranmer, mais l'une

&

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