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encore plus vives: enfin il obtint ce qu'il demandoit. L'enfant reçut le baptême par les mains des AN-1545. heretiques; & ceux-ci confiderant que ce qui venoit d'arriver, pourroit encore se rencontrer & même bien plus frequemment, ils refolurent de nommer quelques-uns d'entr'eux à qui l'on pourroit s'adreffer, foit pour l'administrati on du baptême, foit pour les autres befoins auxquels ils feroient en état de fatisfaire. Celui qui fut choisi le premier fut un laïc de vingt-deux ans - nommé la Riviere. On dreffa quelques reglemens, on établit une espece de confiftoire, & l'on pourvut à fa fûreté & au bon ordre autant qu'on pouvoit le faire dans de fi foibles commencem ens. L'herefie commençoit à fe répandre dans xxII. l'Italie à Mantoue on découvrit que quelques- Le cardinal uns du clergé en étoient déja infectez, & que arrête les deMantouë dans des difputes ils donnoient quelques atteintes progrès de aux veritez de la religion. Mais le cardinal de l'herefie en Mantoue par fon zele arrêta fes progrez: & le Italie. pape lui envoïa un bref dans lequel il louoit fes Paul. III. foins, & lui accordoit une pleine autorité fur tout le clergé & fur tous les religieux de fon diocefe, pour faire punir les coupables. Ce bref Vide apud eft datté de Rome le feptiéme de Février 1545. Raynaldum Comme les mêmes erreurs fe répandoient auffi à Modene par les artifices & les feductions d'un certain Philippes Valentin, le pape n'en fut pas plûtôt informé, qu'il adreffa un autre bref du vingt-feptiéme de Mai au duc de Ferrare, pour l'exhorter à faire arrêter ce perturbateur, le mettre en prifon, & rendre en cette occafion à Dieu & à l'églife ce qu'il leur devoit comme un prince catholique rempli de pieté, qui doit - marcher fur les traces de fes ancêtres. Paul III. fut obéi; mais il eut de plus grands embarras avec Cofme de Medicis duc de Florence. Voici quelle en fut l'occafion.

Plu

libro brev.

anno 11. p.

413.

hoc anno n.

52.653.

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XXIII.

le duc de

Adriani in

ann.

Plufieurs Florentins ennuiez de l'état monar

AN-1545 chique, & esperant de voir bien-tôt revivre leur Brouille- ancienne republique, faifoient connoître effez ries entre publiquement la vanité de leurs pensées & donle pape & noient lieu de craindre quelque foulevement. Ils Florence débitoient pour appuïer leurs idées, que Jerôau fujer des me Savonarolle religieux dominicain dont on a religieux. parlé en fon tems, & qu'ils regardoient comme Jeannes un prophete, avoit prédit ce changement qu'ils Bapt. efperoient. Les Dominicains de Florence les enbift. ad hune tretenoient dans ces penfées, & par cette inconfideration, ils rendoient le danger plus grand, & le mal plus à craindre. Le duc l'aïant appris ordonna d'abord à ces religieux de demeurer en repos, & de tenir une conduite plus pacifique : mais ceux-ci n'obéiffant pas, il en fit mettre quelques-uns des plus feditieux en prifon, & par un édit qu'il rendit public, il leur ordonna de fortir dans un mois des trois monafteres qu'ils avoient dans Florence; ce qu'ils furent contraints d'executer & le duc mit dans leur couvent de faint Marc qui étoit le principal, des Auguftins dont le monaftere avoit été ruiné depuis peu. Le pape offenfé de cette entreprise & imaginant que le duc auroit dû le confulter auparavant, ordonna aux Auguftins de quitter le monaftere dans lequel ils étoient entrez; & enjoignit au duc fur peine d'excommunication, de rétablir les Dominicains. Il le prenoit d'un ton fi haut, il menaçoit avec tant de vivacité, que le duc craignant que cette affaire n'eût de fâcheufes fuites pour lui, s'il s'obstenoit à foutenir ce qu'il avoit fait, jugea à propos de ceder au tems & Succeffion de rétablir les Dominicains.

XXIV.

de Conftan

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des patriar Jeremie patriarche Grec de Conftantinople ocches Grecs cupoit ce fiege depuis plus de vingt-trois ans tinople. aïant été élû en 1521. Sous fon pontificat ProIn Turco- core, archevêque d'Acride, qu'on nommoit la

Gracia 1. 2.

premiere

premiere Juftinianée, vint à C. P. avec les lettres patentes du Grand-Seigneur, qui portoient AN-1545. que l'évêché de Beroé metropolitaine de Theffalonique, étoit dépendant de fon diocefe; il offroit aux Turcs cent écus d'or d'augmentation au tribut que les patriarches païoient, fi on vouloit lui reftituer cette ville. Mais Jeremie aïant fait voir que l'églife de Conftantinople en étoit en poffeffion depuis plus de trois cens ans, ga gna fa caufe, à condition qu'il païeroit l'augmen tation du tribut que Procore avoit offert : en forte que ce même tribut monta dans cette an née à quatre mille cent ducats qu'il falloit païer tous les ans le jour de S. Georges. Jeremie mourut en 1544. dans la Bulgarie en faisant sa vifite. Denys né à Pera, & metropolitain de Nicomedie, fut mis en fa place mais parce qu'il avoit été élû feulement en prefence de Germain patriarche de Jerufalem fans avoir affemblé les autres évêques de fa jurifdiction, ceux-ci formerent leur oppofition, fans être toutefois écoutez: Soliman aïant confirmé Denys à condition qu'il augmenteroit le tribut. Cette confirmation n'appaifa pas les troubles. Les évêques & le clergé fe liguerent contre le patriarche, on tint des conciles contre lui. Il mourut néanmoins dans fa dignité, & Metrophane de Cefarée lui fucceda. Quant aux patriarches latins, le cardinal Farnese poffedoit ce titre ; & après lui il fut donné à un Colonne.

:

roi d'Ethiopie an

Le pape fut un peu confolé des defordres que xxv. caufoit l'herefie en Europe, par la proteftation Envoïé de qu'on lui fit de la part de Claude roi d'Ethiopie, de fe foûmettre à l'églife Romaine, en abjurant pape. le fchifme de Diofcore. Ce Claude avoit fuccedé Raynaldus à fon pere David, & demandoit au pape des ou- ad hunc ann. vriers apoftoliques, pour inftruire fes fujets des ". 61. dogmes de la religion chrêtienne, & établir des Extat in prêtres. Paul III. reçut avec beaucoup d'honTome XXIX.

B

libro brev.

Pauli III. neur fign. 289,

neur l'envoïé qui étoit un prieur de religieux AN.1545 nommé Paul, & connut par les lettres du monarque, que depuis quelques années il avoit fait partir un autre deputé qui étoit mort dans le voïage. Le pape renvoïa ce prieur avec un bref pour le roi d'Ethiopie, dans lequel il lui marquoit qu'il rendoit fes actions de graces à Dieu d'avoir éclairé de fes lumieres un fi grand prince, qui marchoit fi dignement fur les traces de fon pere David, que la reputation de fa probité étoit venuë jufqu'à Rome, & qu'il ne doutoit pas qu'aïant été l'heritier de fon roïaume, il heriteroit de même de fa pieté, de fa religion envers Dieu, & de fon attachement inviolable au fiege apoftolique, dont il lui donnoit déja des preuves folides dans fes lettres. Il lui promet avec le fecours de Dieu de lui renvoïer dans peu de faints miffionnaires diftinguez par leur doctrine & par leur pieté, & très-propres à instruire ses fujets dans la foi. Il le flatte enfin qu'il n'oubliera rien pour lui envoïer un nonce apoftolique, afin de répandre les confolations fpirituelles fur lui & fur tous fes peuples. Ce bref eft datté de Rome le vingt-neuviéme d'Août.

nation de

France.

XXVI. Quelque-tems auparavant on avoit condamné Condamn- en France Guillaume Poyet chancelier, dont on a déja parlé. De fimple avocat d'Angers, il étoit Poyet chancelier de parvenu par le credit de Loüife de Savoïe mere du roi, à la charge de préfident à Mortier, & à Daniel hift. la dignité de chancelier en 1538. Mais s'étant ferde France vi de fon autorité pour exercer fa tyrannie, & to. V. vie de commettre un grand nombre de concuffions, Franc. I. p. fur les plaintes qu'on fit au roi de fa conduite & 717. 711. Mezeray de fon administration, il fut arrêté & mis à la abrog chron. baftille le deuxième d'Août 1542. ce prince orto 4.P.445 donna enfuite au parlement de travailler à fon sniz. procès. On tira pour cet effet de divers parlemens un certain nombre de juges du confentement de l'accufé. Les procedures furent longues, & dure

rent

"

rent jusqu'en cette année 1545. dans laquelle par An.1545. arrêt du vingt-troifiéme d'Avril, ce chancelier ,, pour les entreprises par lui faites outre fon pou,, voir, abus & exactions, fut privé de fa dignité, déclaré inhabile à tenir office roïal, condamné à cent mille livres d'amende envers le roi, à tenir prison jufqu'à plein païement, & confiné pour cinq ans en tel lieu & fûre garde », qu'il plairoit à fa majefté.,, Pour augmenter fa confufion l'arrêt fut prononcé à l'audience de la grande chambre les portes ouvertes, Poyet prefent & nuë tête. On l'enferma enfuite dans la groffe tour de Bourges, d'où il ne fortit qu'après avoir cedé tous fes biens au roi. On ne peut nier toutefois que la reine de Navarre foeur de François I. & la ducheffe d'Etampes maîtreffe de ce prince, n'aient eu beaucoup de part à fa difgrace, pour avoir refafé de fceller des lettres roïaux que la Renaudie avoit obtenues contre du Tillet à la recommandation de la ducheffe d'Etampes. Le roi donna feulement les fceaux à François de Montholon préfident au parlement de Paris fans le titre de chancelier; & Poyet mourut d'une retention d'urine à Paris, accablé de pauvreté, d'ignominie, & d'années, dans le mois d'Avril de l'année 1548. âgé de foixante-quatorze ans.

Le cinquiéme de Janvier de l'année fuivante XXVII. 1546. on tint une congrégation generale pour Congregaregler l'ordre qu'on devoit obferver dans les affai- rale avant res, & la maniere de propofer les questions dans la feconde la feffion fuivante. On y lut le bref du pape qui feffion. exemptoit des décimes les évêques & les autres Pallav.hift. membres du concile. Dans l'examen qu'on fit de conc. Trid. ceux qui auroient droit de fuffrage, il y eut quel-2. feq. ques conteftations: Le cardinal de Sainte-Croix qui préfidoit en la place de celui de Monté qui étoit malade de la goutte, fut d'avis qu'on laifsât les reguliers dans la poffeffion du droit dont ils joüiffoient depuis long-tems, & qu'on leur accordât voix

B 2

1.4.6.2.18.

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