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AN. 1547.

de reconnoître & de confeffer que tous les hommes aïant perdu l'innocence dans la prévarication re & de la foi pour la d'Adam, & étant devenus impurs, & comme juftification dit l'Apôtre, enfans de colere par la nature, aindes hom- fi qu'il a été expliqué dans le decret fur le peché originel, ils étoient devenus jufqu'à un tel point Ephef. 11. efclaves du peché, & fous la puiffance du demon

mes.

3.

& de la mort, que non-feulement les gentils n'avoient pas le pouvoir de s'en délivrer, ni de se relever par les forces de la nature, mais les Juifs mêmes ne le pouvoient faire par la lettre de la loi de Moïfe, quoique le libre arbitre ne fut pas. éteint en eux, mais feulement affoibli. I Chapitrell. D'où il eft arrivé que le Pere celefte, le Pere De la con- des mifericordes & le Dieu de toute confolation, Dieu dans qui même avant la loi avoit promis fon fils J.C, le myftere & qui enfuite dans le tems de la loi s'en étoit de de l'avene nouveau declaré à plufieurs faints Peres, l'a enfin ment de envoïé aux hommes, lorsque les temps fe font

duite de

J. C.

Chapitre III. Qui

font ceux qui font

justifiez par

J. C.

trouvez heureufement accomplis, & pour ra cheter les Juifs qui étoient fous la loi, & pour faire que les gentils qui ne recherchoient point la juftice, parvinffent à la justice, & qu'ainfi tous fuffent rendus enfans adoptifs: c'eft lui que Dieu a propofé pour être par la foi que nous aurions en fon fang, la propitiation pour nos pechez, & non-feulement pour les nôtres, mais auffi pour ceux de tout le monde...

Mais encore qu'il foit mort pour tous, tous néanmoins ne reçoivent pas le bienfait de fa mort; mais feulement ceux aufquels le merite de fa paffion eft communiqué. Ĉar de même que les hommes ne naîtroient pas injuftes & coupables, s'ils ne defcendoient & ne tiroient leur origine de la race d'Adam, puifque c'est par cette fuite de generations qu'ils contractent par fon moïen, lorfqu'ils font conçûs, l'injuftice qui leur devient propre de même s'ils ne renaissoient en J. C, ils ne feroient jamais justificz, puifque

c'eft

c'eft

AN.1547

par cette renaiffance, en vertu du merite de fa paffion, que la grace, par laquelle ils font juftifiez, leur eft donnée. C'eft pour ce bien- Coloff. 1 fait que l'Apôtre nous exhorte à rendre conti- 12. nuellement des actions de graces à Dieu le Pere, qui nous a rendus dignes d'avoir part au sort & à l'heritage des Saints dans la lumiere, & qui nous a retirez de la puiffance des tenebres, & nous a transferez dans le roïaume de fon fils bien-aimé; par lequel nous fommes rachetez, & nous avons la remiffion de nos pechez.

confifte la

ment elle

Ces paroles de S. Paul font voir, que la jufti- Chapitre IV. En quoi fication de l'impie n'eft autre chofe que la tranflation & le paffage de l'état auquel Phomme juftification naît enfant du premier Adam, à l'état de grace, de l'impie, & d'enfant adoptif de Dieu par le fecond Adam & comJ. C. nôtre Sauveur : & ce paffage ou cette tran- fe fait dans flation depuis la publication de l'évangile, ne fe la loi de peut faire fans l'eau de la regeneration, ou fansgrace. le defir d'en être lavé, felon qu'il eft écrit: Que Joan. 11 2, fi un homme ne renaît de l'eau & du Saint-Ef-5. prit, il ne peut entrer dans le roïaume de Dieu.

fe prepa

rent à la

tion, &

Le faint concile declare de plus que le com- Chapitre V. mencement de la justification dans les adultes, De la nefe doit prendre de la grace prévenante de Dieu ceffité que par J. C, c'est-à-dire, de fa vocation, par la- les aduites quelle, fans qu'il y ait aucun merite de leur part, ils font appellez de maniere qu'au lieu de l'é-juftifica loignement de Dieu dans lequel ils étoient aupa-d'où ella ravant par leurs pechez, ils viennent à être dif- procede. pofez par la grace qui les excite & qui les aide à fe convertir pour leur propre justification, confentant & cooperant librement à cette même grace; enforte que Dieu touchant le cœur de Phomine par la lumiere de fon efprit faint, l'homme pourtant ne foit pas tout-à-fait fans rien faire, recevant cette infpiration, puisqu'il la peut rejetter, quoiqu'il ne puiffe pourtant par fa volonté libre, fe porter fans la grace de Dieu, à la

LS

ju

juftice devant lui. C'eft pourquoi lorsqu'il eft dit AN-1547 dans les faintes lettres: Convertissez-vous à moi, Zachar.1.3.& je me convertirai à vous, nous fommes aver

21.

niere de

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par

tis de nôtre liberté : & lorfque nous répondons, Thren. v. Seigneur, convertiffez-nous à vous, & nous serons convertis, nous reconnoiffons que nous fommes prevenus de la grace de Dieu. Chapitre Or les adultes fe difpofent à la juftice, preVI. La ma- mierement lorfqu'excitez & aidez la grace cette pré- de Dieu, la foi étant conçûë en eux à l'occafion paration. de la parole qu'ils entendent, ils fe portent librement vers Dieu, croïant & tenant pour veritables les chofes que Dieu a revelées & promises, & ceci fur tout, que le pecheur eft justifié de Dieu par fa grace, par la redemption que J. C. nous a acquife; enfuite lorfque fe reconnoiffant pecheurs, & puis paffant de la crainte de la juftice divine qui d'abord a fervi à les ébranler, jufqu'à la confideration de la mifericorde de Dieu, ils s'élevent à l'efperance, fe confiant que Dieu leur fera favorable pour l'amour de J. C, & commencent à l'aimer comme fource de toute juftice, & pour cela ils s'excitent contre leurs pechez par une certaine haine & détestation, c'est-à-dire, par cette penitence qui doit préceder le baptême: enfin lorfqu'ils prennent la refolution de recevoir le baptême, de commencer une nouvelle vie, de garder les commandemens de Dieu. C'est touchant cette difpofition qu'il Hebr, 11. eft écrit. Que pour s'approcher de Dieu, il faut premierement croire qu'il eft, & qu'il recompenfera ceux qui le recherchent. Mon fils, aïez confiance, vos pechez vous font remis. La crainte du Seigneur chaffe le peché. Faites penitence, & que chacun de vous foit baptifé au nom de J. C. pour la remiffion de fes pechez, & vous recevrez le don du Saint-Efprit. Allez donc XXVIII. 19.& enseignez toutes les nations, les baptifant au 1. Reg. vii. nom du Pere, & du Fils & du Saint-Efprit

6.

Marc. 11.

Ecclef. 1.

17.

48. 11. 38.

Matt.

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les inftruifant, &c. Et enfin, préparez vos cœurs au Seigneur.

fication &

AN.1547. Cette difpofition ou préparation eft fuivie de Chapitre Ela juftification même, qui n'eft pas feulement vII. Ce la remiffion des pechez, mais auffi la fanctifica-que c'eft tion & le renouvellement de l'homme interieur que la juftipar la reception volontaire de la grace & des donsquelles en qui l'accompagnent. D'où il arrive que l'homme font les d'injufte devient jufte, & ami, d'ennemi qu'ilcaufes. étoit, pour être, felon l'efperance qui lui en eft donnée, héritier de la vie éternelle. Cette juftification, fi on en recherche les caufes, a pour finale, la gloire de Dieu & de J. C, & la vie éternelle. Pour caufe efficiente, Dieu même, en tant que mifericordieux, qui lave & fanctific gratuitement par le fceau & l'onction de l'Esprit Saint promis par les écritures, qui eft le gage de nôtre heritage. Pour caufe meritoire, elle a nôtre Seigneur J. C. fon très-cher & unique fils, qui par l'amour extrême dont il nous a aimez, nous a merité la juftification, & fatisfait pour nous Dieu fon Pere par fa très-fainte paffion fur la croix, lorfque nous étions fes ennemis. Pour cause inftrumentale elle a le facrement de la foi, fans laquelle perfonne ne peut être juftifié. Enfin fon unique caufe formelle eft la justice de Dieu, non la juftice par laquelle il est juste luimême, mais celle par laquelle il nous juftifie, c'est-à-dire, de laquelle étant gratifiez par lui, nous fommes renouvellez dans l'interieur de nôtre ame; & non-feulement nous fommes reputez juftes, mais nous fommes avec verité nommez tels, & le fommes en effet, recevant la justice en nous, chacun selon fa mefure, & felon le partage qu'en fait le Saint-Esprit, comme il lui plaît, & fuivant la difpofition pro pre & la cooperation d'un chacun. Car quoique. perfonne ne puiffe être jufte que celui auquel les mérites de la paffion de notre Seigneur font.

L 6

à

com

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20.

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Gallat. Y.

communiquez; il faut pourtant entendre que cette juftification se fait, enforte que par le merite de cette même paffion, la charité de Dieu eft auffi répandue par le même Saint-Esprit dans les coeurs de ceux qui font juftifiez, & y eft inherente. D'où vient que dans cette juftification l'homme par J. C. dans lequel il eft enté, reçoit auffi tout enfemble avec la remiffion des pechez, tous ces dons infus, la foi, l'efperance & la charité; car fi l'efperance & la charité ne se joignent à la foi, elle n'unit pas parfaitement avec J. C, ni elle ne rend pas l'homme un memJacob. 11. bre vivant de fon corps. C'eft ce qui a donné lieu à ces veritez. Que la foi fans les œuvres est morte & inutile. Et auffi qu'en J. C, ni la circoncifion ni l'incirconcifion ne fervent de rien, mais la foi qui opere par la charité. C'est cette foi que les catechumenes, felon la tradition des apôtres, demandent à l'église avant le facrement de baptême, lorsqu'ils demandent la foi qui donne la vie éternelle, que la foi feule ne peut pas donMatt.xix. ner fans l'efperance & la charité. Et pour cela on leur répond auffi-tôt cette parole de J. C: Si vous voulez entrer dans la vie, gardez les commandemens. C'est pourquoi auffi-tôt qu'ils font nez de nouveau par le baptême, recevant cette juftice chrétienne & veritable, comme la premiere robe qui leur eft donnée par J. C. en la place de celle qu'Adam a perdue pour lui & pour nous par fa defobéïflance, ils reçoivent auffi en même tems le commandement de la conferver blanche & fans tâche, pour la pouvoir presenter en cet état devant le trône de J. C. pour obtenir la vie éternelle..

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Chapitre

ment on

Quand donc l'Apôtre dit que l'homme eft juVIII. Com-ftifié par la foi & gratuitement, ces paroles doientend que vent être entendues en ce fens, qui a toûjours été l'impie eft celui que l'églife catholique a tenu & a fait enjustifié par tendre aux fidéles d'un confentement perpetuels

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