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de Meming, de Bibrac, de Ratisbonne & de AN.1547. Kempten qui implorerent la clemence de l'em-1 pereur à genoux; le fuppliant de leur pardonner, de les rétablir dans leur premier état, & de les conferver dans leurs privileges. L'empereur leur fit prêter ferment que déformais ils lui feroient fideles, qu'ils quitteroient l'alliance de l'électeur de Saxe & du Lantgrave, qu'ils ne leur donneroient aucun fecours, qu'ils fuivroient les loix de l'empire, & qu'ils ne feroient aucune alliance contraire à fes interêts. Ces deputez vouloient demander qu'on ne changeât rien dans leur religion. Mais Naves leur confeilla de n'en point parler; puifque l'empereur dès le commencement de la guerre avoit affez declaré fes intentions. Qu'ainfi ils ne demandaffent aucune affurance là-deffus; parce que fi ce prince le refufoit, il agiroit contre les lettres qu'il avoit publiées; & s'il l'accordoit, il mécontenteroit le pape qui vouloit abfolument éteindre la doctrine des Proteftans.

tion à Ge

Belcar.in

Dans ce même tems il arriva une fédition à LXXXIII. Genes, qui donna beaucoup d'occupation à l'em- Confpirapereur. Pierre-Louis de Fiefque jaloux de la gran-nes contre de fortune d'André & Jannetin Doria, que l'em-les Doria. pereur avoit élevez à un fi haut degré de puif- Sleidan ubi fance & d'autorité, que non-feulement ils effa-fupra lib.18. çoient toutes les autres familles, mais qu'ils te-P.650. noient la ville & la republique dans une entiere com.lib. 24. dépendance; réfolut de fe faire lui-même fouve-n. 32. pag. rain de Genes, en faifant mourir ces deux hom-781.ad bune mes. Aïant gagné quelques fcelerats il partit, De Them avec eux de nuit, attaqua Jannetin Doria, & hift. lib. 3• le tua d'un coup d'arquebufe. André Dorian. 1. fon oncle qui étoit au lit attaqué de la goutte, aïant entendu le bruit, fe fit emporter par fes domestiques, & fe fauva. Déja la ville étoit prefque au pouvoir des féditieux fortis bien armez du palais de Fiefque, lorfque les forçats des galeres voulant profiter de ce défordre, penserent à

M 5

rom

ann,

AN.1547.

l'électeur

rompre leurs chaînes & à fe mettre en liberté. Fiefque y accourut pour les arrêter, & voulant paffer d'une galere à l'autre, comme c'étoit de nuit, il tomba dans la mer où il demeura fans qu'on pût trouver fon corps, de forte que ceux de fon parti fe voïant fans chef, prirent l'épou vante, & s'enfuirent quelques-uns à Marseille & d'autres ailleurs; ainfi fut diffipée cette conjuration. L'empereur fort affligé de la mort de Jannetin Doria, accufa les Farnefes d'avoir tramé cette confpiration. Mais ce qui le toucha davantage fut d'entendre dire que François I. y avoit part, & qu'il avoit même engagé fecretement de Fiefque à l'entreprendre. Ses foupçons n'avoient cependant aucun fondement, non-feulement le roi de France ne penfoit point à arrêter le cours de fes conquêtes, il ne faut pas même fe prévaloir du traité de paix qu'il venoit de conclure avec le roi d'Angleterre, & qui lui eut pû. faciliter les moïens de porter la guerre dans le Milanois.

LXXXIV. Quoique l'électeur de Saxe eut été contraint Progrez de de lever le fiege qu'il avoit mis devant Lipfick, de Saxe, il ne laiffa pas cependant de fe rendre maître de Sleidan ubi la Turinge & de la Mifnie, & d'enlever à Maufupra 1. 18. rice tout le païs dont il s'étoit emparé. Il fit mê

2.651.

me un traité avantageux avec l'évêque de Magdebourg, & il eut encore la fatisfaction de voir les Bohemiens, à qui le roi des Romains avoit ordonné de venir au fecours de Maurice, s'en retourner chez eux fans congé. Ferdinand réitera inutilement fes ordres; les habitans de Prague refolurent de n'y point acquiefcer, ils prierent même le senat de remontrer à ce prince que ce feroit violer leur liberté, & que d'ailleurs ils ne pouvoient pas honnêtement prendre les armes contre l'électeur, qui en plufieurs articles profeffoit la même religion qu'eux, & qui de plus les avoit autrefois fecouru contre les Turcs. Fer

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dinand voulut leur perfuader que cette guerre ne AN.1547. regardoit point la religion, qu'il ne s'y agiffoit' que de punir des rebelles, & qu'à l'égard des Turcs il n'avoit pas tenu à l'électeur de Saxe qu'ils n'attaquaffent la Hongrie & la Boheme, qu'il les en avoit follicité & qu'il leur avoit promis, s'ils vouloient rompre la tréve, de les favorifer; mais toutes ces raifons ne firent aucune impreflion fur les Bohemiens, & ne furent point capables de leur faire changer de fentiment. Cependant Maurice preffoit vivement l'empereur de lui donner du fecours, & ce prince lui envoïa un corps d'armée confiderable fous la conduite d'Albert de Brandebourg.

L'affaire

L'affaire de l'archevêque de Cologne fut heu- LXXXV. reufement terminée dans le même tems. On a de l'archedit ailleurs que le pape -avoit excommunié cet vêque de électeur, & l'avoit privé de fa dignité & de tou- Cologne fe te administration fpirituelle, en transferant fon termine = droit pour l'archevêché à Adolphe de la maifon fans bruic. des comtes de Schawembourg, que le prelat Sleidan bi Supra 1. 18. avoit auparavant choisi pour fon coadjuteur..652. Comme le pape avoit envoïé fes bulles pour enjoindre à tous les états du païs de reconnoître & recevoir Adolphe pour leur archevêque, & qu'il preffoit l'empereur de faire executer fa fentence; ce prince après tant d'avantages remportez fur les Proteftans, envoïa pour ambaffadeur à Cologne Philippe de Lalain gouverneur de Gueldres, & un docteur en droit nommé Ulric Viglius Zui=chem, qui aïant fait affembler les états de la E province, leur commanderent de la part de l'empereur de ne plus obéir à leur ancien archevêque, de ne reconnoître que le coadjuteur, de lui obeïr comme à leur prelat, & de lui rendre foi & hommage comme à leur vrai & légitime feigneur. Les ecclefiaftiques fe foumirent de bon cœur à ces ordres: mais la nobleffe, quelquesunes des meilleures familles, & les députez des M 6 vil

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villes s'en excuferent, fur ce qu'il ne leur étoit pas AN.1547 permis de fe fouftraire de l'obéiffance de celui auquel ils avoient été fi long-tems foumis & duquel ils étoient très-contens, l'aïant toûjours regardé comme un bon prince, auquel ils étoient de plus liez par le ferment de fidelité qu'ils lui avoient juré.

vêque de

Cologne fe

demet vo

lontaire

l'électorat.

dem.

Pallavicin.

consil.

Trid. lib. 9.

LXXXVI. Le duc de Cleves dans l'appréhenfion que le L'arche- voifinage n'attirât une partie de l'orage fur fes états, travailla férieufement pour trouver une voie d'accommodement dans cette affaire. Il envoïa quelques-uns des fiens pour engager le clerment de gé à ne faire aucune pourfuite, jufqu'à ce qu'on cût parlé à l'archevêque, & l'aïant obtenu avec Sleidan bi affez de peine, les comtes de Manderscheid, & De Thau de Newenar fe rendirent maîtres de l'efprit du mbi fupra. prélat. Ils lui firent envifager tous les malheurs biff.ca auxquels il expoferoit fes peuples fi la guerre étoit une fois portée dans fes états, & comme c'étoit mp. 13. n.1. un vieillard d'un efprit facile, il fe rendit aifément à ces raifons. S'étant donc démis volontairement de fon archevêché, il difpenfa ses sujets du ferment de fidelité, & reconnût Adolphe pour fon fucceffeur. Cette démiffion fe fit l vingt-cinquiéme de Janvier. Mais l'averfion qu'on avoit conçûë contre lui, ne fe termina pas à fa perfonne, Frideric fon frere, ancien évêque de Munster & prévôt de l'églife de Bonne, fut auffi privé de fa dignité, & Jean Gropper fut mis en fa place; le comte de Stolberg doïen de Cologne fut aufli démis de fa charge & banni de la ville, pour avoir toûjours fuivi le parti de l'ancien éle&teur; & tout ce que Bucer avoit ordonné fut aboli. Quant à l'archevêque Herman, il fe retira dans fon comté de Weiden où il mourut dans fon herefie, âgé de plus de quatre-vingt ans; mais cette mort n'arriva que cinq ans après.

LXXXVII.

L'affoibliffement du parti proteftant qui perL'électeur doit toûjours quelque chofe de tems en tems,

de Saxe

mor

demande

France &

terre.

Sleidan mbi

mortifia beaucoup l'électeur de Saxe, qui pour =réparer fes pertes, fe mit en devoir de tirer AN.1547. avantage des grandes intelligences qu'il avoit me- du fecours nagées en Boheme avec ceux qui y profeffoient la aux rois de même religion. Pour cet effet avec les troupes d'Angleil s'approcha des frontieres de ce roïaume; mais il manqua fon coup par la prévoïance & les foins que le roi Ferdinand avoit apportez pour faire fupra 1. 19. échouer ce deffein. Il fut contraint de reprendrep. 651. le chemin de Saxe, & cette derniere difgrace le toucha d'autant plus fenfiblement, que dans le même tems il apprit une nouvelle très-fâcheufe. pour fon parti. Ce fut le peu de fuccès de la négociation de fes ambaffadeurs; ils étoient d'abord venus en France, pour engager le roi à leur accorder quelques fecours; & ils en avoient obtenu cent mille écus pour l'électeur leur maître, & autant pour le Lantgrave. De-là ils avoient paffé en Angleterre, où trouvant le roi extrémement malade, ils ne purent entrer en aucune négo

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ciation.

Mort

De Then

La maladie du roi Henri VIII. alloit toûjours LXXXVIII, en augmentant, & perfonne n'ofoit l'avertir que d'Henri fa fin étoit prochaine. Chacun craignoit que ce vII. roi prince ne regardât cet avis charitable comme un d'Anglecrime, & ne le fit punir, felon un acte du parle-terre. ment qui declaroit traltres tous ceux qui feroient Sleidan ubi affez hardis pour prédire la mort du roi. Enfin fupra 1. 18. le chevalier Thomas Denny l'un de fes confeil-653 lers privez, eut affez de hardieffe pour l'avertir hift. lib. 3. qu'il n'avoit plus que fort peu de tems à vivre: 2.2. il mourut en effet la nuit du vingt-huitiéme au de fchifm. vingt-neuviéme de Janvier de cette année 1547. Angl.lib. 1. âgé de cinquante-fix ans, après en avoir regnép. 224. trente-fept & neuf mois. Quelques auteurs ont dit qu'à la mort il donna quelques marques de penitence; d'autres de défefpoir : les uns veulent qu'il foit mort catholique, les autres qu'il ait perfeveré dans le fchifme: il peut bien être entré

de

Sanderus

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