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de tout cela dans les derniers fentimens d'un

AN.1547 prince qui n'aïant encore pû se défaire des justes fentimens de la vraïe religion, où toutes les veritez font fixes, s'en étoit voulu faire une fauffe où fon efprit toûjours flotant n'avoit encore pû rien fixer.

à fon Pere

terre.

De Thou

LXXXIX. La mort de ce prince fut tenuë fecreté durant Edouard trois jours, & l'on continua les féances du parvi.fuccede lement jufqu'au trente-un du mois, auquel jour auoiaume la nouvelle en fut annoncée par le chancelier d'Angle qui déclara que le parlement étoit caffé. En même tems le jeune Edouard qui n'étoit alors âgé que de neuf ans, fut proclamé roi. On fuivit en cela la volonté du prince fon pere; il l'avoit ainfi ordonné par fon teftament, & avoit nommé feize tuteurs entre lefquels étoit Edouard Herford Zuinglien caché, oncle du nouveau roi, qui portoit depuis peu le titre de duc de Sommerfet, & qui fut appellé le protecteur du roi & du roïaume.

hift.lib.3.

XC.

ro de Fran

ce.

De Thon

hift. lib. 3.

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Le roi François I. ne furvêquit Henri VIII. Mort de que d'environ deux mois. La mort de ce prince François Ile toucha fenfiblement non-feulement parce qu'il fouhaitoit pour le bien de fon roïaume affermir davantage l'alliance qu'il venoit de contracter avec lui, mais auffi parce qu'étant à peu près de même âge, il regardoit cette mort comme un avertiffement, que la fienne n'étoit peutêtre pas fort éloignée. Auffi remarqua-t-on que depuis ce tems-là, toute fa joïe fut changée en une extrême mélancolie qui ne le quitta plus; une fiévre lente qui s'y joignit, caufée par un ulcere dont il étoit incommodé depuis quelques années, acheva de l'abattre, & cette fiévre étant devenue plus violente le contraignit de s'arrêter à Rambouillet où il mourut le trente-uniéme de Mars âgé de cinquante-deux ans fix mois & dixneuf jours, après un regne de trente-deux ans, trois mois moins un jour. Son cœur fut mis

après

après fa mort fous un pillier de marbre dans l'églife des religieufes de Hautebruïeres: & fon corps AN-1547. fut porté à S. Denis avec une pompe fi magnifique, qu'on y compta jufqu'à onze cardinaux & plus de quarante prélats. Il y fut proclamé prince clement en paix, victorieux en guerre, pere & reftaurateur des bonnes lettres & des arts liberaux. En effet dans toutes les occafions il donna des marques de fon eftime à plufieurs grands perfonnages qu'il attira de toutes parts par fes liberalitez. De la premiere femme qu'il eut, fçavoir la princeffe Claude fille de Louis XII. & d'Anne de Bretagne, il eut trois fils & trois filles, dont il ne lui refta que Marguerite, qui fut mariée à Emmanuel Philibert duc de Savoye, & Henri qui lui fucceda.

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reur n'eft

Si la mort du roi d'Angleterre guerit l'efprit XCI. de l'empereur des penfées fâcheufes qui l'agi- L'empetoient, il eft certain que celle de François I. acheva de rendre fon efprit tranquille. Il ne put de la mort pas fâché toutefois refufer cet éloge au merite de celui qu'il de Henri avoit toûjours regardé comme fon ennemi. & de FranQu'il étoit mort un prince doüé de fi grandes çois I. », qualitez, qu'il ne fçavoit quand la nature en » pourroit produire un femblable.,, Il envoïa de celebres ambaffadeurs à Londres & à Paris pour fairé fes complimens de condoléance aux fucceffeurs de ces deux princes; mais en fecret il ne laiffa pas d'être ravi de leur mort. Et en effet c'étoient les feuls princes qui pouvoient fournir contre lui de puiffants fecours à l'électeur de Saxe, celui-ci s'en flattoit même & le publioit hautement, & il y a toute apparence que l'empereur ne l'auroit peut-être jamais pû abatre, fi ces deux appuis ne lui euffent pas manqué en même-tems, & dans une conjoncture où il avoit encore tout à efperer de la rebellion des Bohemiens.

Auffi l'électeur de Saxe ne paroiffoit pas fort, XCII. allarmé des progrez & des conquêtes de l'armée de Saxe

de

L'électeur

de l'empereur. Le treiziéme de Fevrier, il écri AN.1547. vit au confeil de Strasbourg, pour conjurer les

exhorte

ceux de

comment.

lib. 18. p.

6540

habitans de cette ville à demeurer fermes dans Strasbourg leur devoir, & à fe défendre courageufement. à demeurer Pour les y animer, il leur manda qu'ils feroient fermes. aidez par les Suiffes, & ajoûta : Que de fon côté S'eidan in il voudroit bien leur donner des preuves de l'eftime qu'il faifoit d'eux; mais qu'il en étoit empêché par des guerres domeftiques, aufquelles, s'il plaifoit à Dieu de mettre fin à fon avantage, il ne leur manqueroit pas au befoin. Que les députez des villes & états de Saxe étoient déja af femblez à Magdebourg, qu'on traitoit avec eux d'affaire pour lesquelles on avoit indiqué une diéte à Francfort, & qu'il efperoit que tous feroient leur devoir, & qu'ils ne fe fepareroient pas de

du roi Fer

P.655.

De Thon hift. lb. 4. ปี 3.

l'alliance.

XCIII. Ferdinand roi des Romains étoit venu dès le Demandes fixiéme de Fevrier à Letmeric aux frontieres de dinand aux la Boheme, avec un de fes fils qui fe nommoit Bohemiens. auffi Ferdinand : & après y avoir attendu deux Sleidan ubi jours les feigneurs & les états du roiaume, il fupera l. 18. leur fit un long difcours pour les exhorter à donner promptement du fecours au duc Maurice, & à prendre les armes, tant à cause de l'ancienne alliance faite entr'eux & ce duc, que parce qu'ils étoient vaffaux de l'empereur: & fur ce que quelques-uns alleguoient qu'en cela leur liberté étoit bleffée, il affura que ce qu'ils feroient ne leur porteroit aucun préjudice pour l'avenir. Ces députez répondirent qu'il s'agiffoit d'une atfaire fur laquelle on ne pouvoit rien déterminer fans le confentement de tous les états du roïaume, & ils fupplierent Ferdinand de les faire affembler au plûtôt, afin qu'on y pût agir. felon les loix & les coûtumes du païs. Qu'à l'égard de l'alliance qui étoit entre la Boheme & la Saxe; elle ne leur permettoit pas de prendre les armes contre l'électeur, puifqu'il ne s'agiffoit pas des

interêts de la Boheme. D'autres du nombre def

quels étoient les gouverneurs des villes, craignant AN. 1547. d'offenfer le roi des Romains, offrirent leur fervice, & promirent de contribuer aux frais de la guerre, s'ils ne pouvoient s'y trouver; & ce prince les en remercia.

Fer

miens font

de Thon

La nobleffe de Boheme & ceux de Prague XCIV. continuerent cependant leurs follicitations auprès Les Bohedu roi des Romains, pour la convocation des une ligue états, ils le prierent par leurs lettres de l'indiquer pour con au vingtiéme de Mars, mais ce prince infiftantferver leur fur ce qui avoit été fait à Letmeric, ne leur vou-liberté. lut point permettre de déliberer de nouveau, & Sleidan tout ce qu'ils purent obtenir fut que l'aflemblée. p.656. des états fe tiendroit à Prague le dix-huitiéme at fupra. Avril, à condition que jufqu'à ce tems-là ils ne s'affembleroient point. Mais quatre jours après qu'ils eurent écrit ces lettres, perfuadez que dinand les vouloit tromper, ils firent une ligue generale pour la confervation de leur liberté, & aïant établi des loix pour la guerre, ils choifirent pour general Gafpard Phlug à qui ils donnerent trente mille hommes d'infanterie & douze mille chevaux qui furent levez dans tous les lieux du roïaume. Le roi Ferdinand, le duc Maurice & Augufte fon frere entrerent auffi-tôt dans la Boheme avec leur armée. Ceux du païs s'en plaignirent, & envoïerent dire au duc & à fon frere qu'ils euffent à fe retirer promptement fans faire aucun dégât, & que s'ils ne le faifoient, ils prendroient la réfolution qui conviendroit. Le roi diffimula & leur répondit le vingt-fixiéme de Mars qu'ils ne devoient pas trouver mauvais qu'il eut conduit des troupes étrangeres dans la Boheme, qu'il n'avoit en cela aucun mauvais deffein, que c'étoit feulement pour fe joindre plus facilement avec l'empereur qui y venoit : & comme s'il eut ignoré le fujet des levées qui avoient été faites dans le roiaume, il avertit ceux de Pra

guc

gue de ne fe charger ni eux ni ceux du païs AN.1547-aucunes dépenfes inutiles, puifque l'électeur

de Saxe dé

bert de

Brande

bourg. Sleidan p

657

de Saxe s'étoit retiré.

XCV. En effet cet électeur au commencement du mê. L'électeur me mois de Mars étoit parti d'Aldebourg, & étoit fait & allé attaquer Albert de Brandebourg qui étoit ren pren pri- fermé dans Rochlic. L'action commença dès la fonnier Al- pointe du jour, elle fut affez vive; mais enfin l'électeur afant fait battre la ville à coups de ca non, & aïant fait donner l'affaut, la garnison fut obligée de fe rendre aux conditions de ne fervir de fix mois contre les confederez. Mais ce fut le moindre avantage que l'électeur rencontra dans cette conquête, la prife d'Albert de Brandebourg qui fut arrêté par Erneft de Lunebourg, étoit tout d'une autre confideration; auffi l'électeur revenu à Aldebourg, l'écrivit fur le champ aux Bohemiens, dont il ménageoit pour lors l'alliance, & les affura en même-tems qu'ils le trouveroient toûjours très-difpofé à les fecourir, quand l'occafion s'en prefenteroit.

XCVI.

Il veut re

nouveller l'alliance

me.

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Pour leur en donner des preuves plus complettes, il leur envoïa Nicolas Minquitz; celuici étant demeuré malade fur le chemin, écrivit avec ceux aux états de Boheme, les priant de vouloir déde Bohe- puter quelques-uns d'entr'eux pour traiter avec lui. Cette démarche les obligea d'écrire deux De Thon jours après à l'électeur, qu'ils lui promettoient hift.lib.4. de renouveller avec lui l'alliance, & qu'ils le Sleidan lib. prioient cependant de leur envoïer du fecours contre le duc Maurice & fon frere, qui à la follicitation du roi Ferdinand étoient venus les attaquer, parce qu'ils n'avoient pas voulu fe défifter de l'union qui étoit entr'eux & la maifon de Saxe. De plus ils écrivirent le trentiéme de Mars aux principaux feigneurs de Moravie, pour les exhorter de s'unir à eux & de prendre conjointement les armes, dans la vûë de conferver leur commune patrie contre des impies que l'em

19.p.659.

& 660.

percur

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