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1 pereur & le roi des Romains avoient fait venir pour ruiner l'Allemagne; c'eft ainfi qu'ils appel-AN.1547. loient les Italiens, les Espagnols & les Hongrois. Ferdinand ne pouvant plus diffimuler, écrivit à ceux de Prague des lettres pleines de menaces, leur commandant abfolument de quitter les armds. Les états du roïaume s'en disculperent, fur ce qu'ils ne l'avoient fait que pour s'opposer à la violence de ceux qui les étoient venus attaquer en fon abfence, & ne perdant point de vûë les interêts de l'électeur de Saxe, ils le fupplierent encore d'engager l'empereur à s'accommoder avec ce prince qui ne défiroit que la paix.

reur eft re

L'empereur étant venu à Nuremberg, qui, xcvi. quoique de la ligue de Smalkalde, étoit toûjours L'empedemeurée neutre, y fut reçû avec toute forte çû dans de magnificence. Il y trouva une infinité de per-Nurem fonnes qui vinrent lui offrir leurs fevices. Et dansberg. le même-tems l'électeur de Brandebourg qui juf- De Thom ques-là étoit demeuré dans la neutralité, prit leib dim parti de l'empereur, & envoïa fon fils aîné JeanGeorge au roi des Romains. Ceux de Bamberg voifins de la Boheme & de la Saxe, députerent auffi à Charles V. pour le prier d'empêcher que Pobéiffance qu'ils vouloient lui conferver ne leur caufât quelque dommage. Ce prince accepta deux cens chariots chargez de vivres qu'ils lui prefenterent, & leur envoïa le comte François de Landriano pour obferver les démarches de l'ennemi, & pourvoir à la fureté de la ville. Cependant le roi Ferdinand partit de Drefde avec le duc Maurice & Jean-George de Brandebourg, & fe rendit à Egra où l'empereur arriva un jour avant lui, & il y tint confeil.

Ce fut de-là qu'il écrivit le huitiéme d'Avril XCVIII. aux états de Boheme. Il leur manda qu'il n'en 11 écrit vouloit qu'à l'électeur de Saxe dans cette guer- Boheme de aux états de re; que ce n'étoit point pour le fujet de la reli-même, que gion qu'il avoit pris les armes, mais feulement Ferdinand.

pour

AN.1547. Pour dompter les rebelles. Qu'ils fe difpofaffent De Tu donc à lui fournir des vivres pour l'entretien de abi fupra fon armée, qu'ils miffent bas les armes, & Sleidan lib qu'ils fe retiraffent chacun dan's leur païs pour y 19.p.662. vivre en repos. Quatre jours après le roi Ferdi nand leur écrivit dans les mêmes termes, il les avertiffoit de plus que s'ils vouloient demeurer armez, ils auroient & l'empereur & lui pour en nemis, & qu'on ne laifferoit pas leur témerité impunie. A quoi il ajoûta que ce qu'ils avoient écrit en faveur de l'électeur de Saxe le furprenoit beaucoup, vû qu'il n'avoit pas fi bien merité de la Boheme, de l'empereur & de lui, qu'ils duffent interceder pour ce prince, fans craindre de déplaire. Enfin il leur dit que pour ce qui concerne la convocation des états, il tâcheroit de leur donner fatisfaction le plûtôt qu'il feroit poffible. Ces lettres furent reçûës à Prague; & à la vûë du danger qui menaçoit, on follicita les peuples à prendre les armes pour la défense de la liberté publique. Ceux de Prague écrivirent même à Ferdinand pour le difpofer lui & l'empereur à ne point trouver mauvais s'ils fe mettoient en état de fe défendre, & s'ils ne fe declaroient point contre l'électeur de Saxe avec lequel ils avoient fait une alliance, qui ne leur permettroit jamais de l'abandonner.

XCIX.

Cieves

Sur ces entrefaites, le roi des Romains aïant Le duc de affigné les états à Prague pour le dix-huitiéme s'emploie d'Avril, y envoïa Jean Dubravius évêque d'Olfans fuccés mutz, & quelques autres de fes confeillers; ils pour la re- étoient chargez de l'excufer auprès de l'affemtion de l'é- blée s'il n'y affiftoit pas en perfonne, & leurs inlecteur de ftructions tendoient principalement à demander Saxe. qu'on quittât les armes & qu'on renonçât à l'alDe Thou liance avec l'électeur de Saxe; ils devoient en in hift.lib.4. cas de refus, s'oppofer à tout ce qu'on délibere

concilia

8.3.

roit, & en cas d'obéiffance, permettre qu'on continuât de traiter les affaires fuivant l'ordre qui

en

AN1547

en avoit été prefcrit. La perte que le parti proteftant venoit de faire de l'électeur de Brandebourg, la conduite que tenoit l'empereur pour contenir les villes de l'Allemagne dans leur de voir, les foumiffions que plufieurs de ces villes venoient de lui rendre, & la hauteur avec laquelle il fembloit méprifer les mouvemens des Bohemiens, tout cela étoit plus que fuffifant pour inquieter l'électeur de Saxe. Il engagea donc Sybille fon épouse à écrire au duc de Cleves frere de cette princeffe, pour le prier d'aller trouver l'empereur & le porter, s'il étoit poffible, à la paix. Le duc y alla, mais quelque chofe qu'il reprefenta, il ne put rien obtenir, l'empereur lui dit même avec affez d'aigreur, que l'électeur I n'avoit d'autre parti à prendre que de venir se remettre à fa difcretion. L'électeur aïant perdu toute efperance de ce côté-là, ne fongea plus qu'à fe bien défendre, & pour être plus en état de conferver les païs qu'il poffedoit au-delà de Elbe, il paffa promptement ce fleuve, refolu d'opposer toutes les forces à celles de l'empereur. Cependant on tenoit toûjours quelques con- C. gregations pour fe preparer à la feptiéme feflion Premiere du concile. La premiere de ces congregations tion du qui étoit generale, & qui fut affemblée dès le concile quinziéme de Janvier, fut emploïée à déliberer après la fur les matieres qu'on devoit traiter. Le cardinalfellion. de Monté s'y plaignit d'abord des dernieres con- Pallav. hift. teftations, & de ce que les peres paroifloient trop ron.il. Trid. attachez à leurs fentimens, & dit; que vingt-lib. 9. cap. so buit avoient abfolument approuvé le decret, que?.5. quatre avoient demandé qu'on mît à la tête ces paroles, reprefentant l'églife universelle, que pareil nombre opinoit pour une reformation entiere, que fix avoient fouhaité qu'on nommât les cardinaux dans ce decret. Que douze étoient d'avis qu'on n'impofât pas aux évêques non-refidens de plus grande peine que celle qui étoit or

donnée

congrega

fixiéme

donnée par le droit commun. Or, difoit-il, dans AN.1547 une fi grande diverfité de fentimens, comment peut-on établir quelque chofe de fixe? Enfuite après avoir juftifié ce qui avoit été fait, il pria les peres d'être à l'avenir plus unis, & de fi bien digerer les queftions avant que d'expofer ce qu'ils penfoient, que tout fut reçû d'un commun accord. Il ajoûta que comme rien n'avoit plus de rapport à la juftification, que les facremens qui font les moïens pour être juftifiez, il croïoit qu'il falloit en faire le fujet de la feffion fuivante, & qu'on pourroit encore confulter fur les moïens d'ôter les obftacles de la refidence. Cet avis fut approuvé mais comme la matiere étoit d'une trop grande étendue pour une feffion, tous convinrent qu'on commenceroit par les facremens en general, & qu'on traiteroit dans la fuite de chacun en particulier.

CI. Mefures

traiter de

Deux jours après les peres s'étant affemblez, du prefi- c'est-à-dire, le dix-septiéme de Janvier, le lé dent pour gat dit que pour joindre la reformation au dogla foi & de me, on pourroit examiner les abus qui fe renla reforma- contrent dans l'administration des facremens. Il tion. ajoûta qu'on établiroit des congrégations de préPallat, ubi lats & de canoniftes pour confulter fur ces abus, fupra cap. 1. en chercher les remedes, & former le decret, .8.69. & parce que ces congrégations fur la foi, & fur

la reformation, pouvoient fe rencontrer dans un même jour, il fut dit que le cardinal de SainteCroix préfideroit à celle où l'on traiteroit des dogmes, & celui de Monté à l'autre où l'on parleroit de la reformation: Que l'un des présidens feroit un memoire des erreurs des nouveaux heretiques fur les facremens; que l'autre entreroit dans le détail des obftacles à la réfidence qui restoient à examiner. Ce qui fit beaucoup de plaifir aux peres, ravis qu'on voulut bien retoucher le decret de la réfidence, & que cette affaire ne fut pas finie, parce qu'ils avoient encore beaucoup de chofes à dire là-deffus.

Dans

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men des

Fra-Paulo

Dans la congrégation du même jour, qui fut generale, on prefenta un extrait qu'on avoit fait AN-1547. des livres de Luther & autres heretiques touchant On proles facremens, afin qu'on en examinât les pro- pofe l'exapofitions dans les affemblées particulieres, qu'on articles fur vit fi tous ces articles étoient heretiques ou er-les facreronez, & qu'on laiffât les questions qui n'appar- mens en tenoient point au fujet. Ces propofitions étoient general. au nombre de quatorze, & ne regardoient que Sarpi hift. les facremens en general, elles portoient. 1. Que du concile de ce qu'on appelle vrais facremens ne va pas au Trente 1, 2 nombre de fept. 2. Que les facremens ne fontp. 215. pas neceffaires, la foi feule fuffifant pour obtenir la grace. 3. Que l'excellence des facremens eft égale. 4. Que ceux de la loi nouvelle ne donnent point la grace à ceux qui n'y mettent point d'obftacle. 5. Qu'ils n'ont jamais donné la grace ni effacé les pechez, mais que c'eft la foi du facrement qui le fait. 6.Qu'auffi-tôt après le peché d'Adam, Dieu a inftitué les facremens par le moïen defquels il a donné la grace. 7. Que la grace n'eft donnée par les facremens qu'à ceux qui croïent que leurs pechez leur font remis. 8. Que la grace n'eft pas toûjours donnée dans les facremens, ni à tous en vertu du facrement même; mais feulement quand & comme il plaît à Dieu. 9. Qu'aucun facrement n'imprime caractere. 10. Qu'un mauvais miniftre ne confere point de facrement. 11. Que tous les chrétiens hommes & femmes ont pouvoir d'administrer la parole de Dieu & les facremens. 12. Que tous les pafteurs ont le pouvoir de changer la forme des facremens, de l'augmenter ou l'abreger. 3. Que l'intention du miniftre n'est pas neceffaire, & n'opere rien dans le facrement. 14. Enfin que les facremens n'ont été inftituez que pour nourrir la foi.

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On joignit à ces articles, ceux qui regardoient Autres are le baptême au nombre de dix-fept, dont on ft

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ticles qui

concernent

auffile baptême.

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