Imágenes de páginas
PDF
EPUB

voix déliberative. Mais Pierre Pacheco évêque AN1545 de Jaen, fait depuis peu cardinal, remontra que les évêques ne demandoient pas que tous les reguliers fuffent exclus de ce droit; mais qu'on le refusât feulement aux abbez, dont le nombre feroit trop grand : & cet avis auroit été fuivi fans une nouvelle difpute qui furvint.

voix des

abbez.

XXVIII. Le préfident propofa d'admettre aux fuffrages Contesta-trois abbez de la congregation du Mont-caffin tion fur les que le pape avoit envoicz au concile, & demanda qu'on les y reçût en croffe & en mitre. On accorda le premier article, mais on refufa le fecond: & Jacques Nachianti de l'ordre de faint Dominique & évêque de Chiozza fit valoir le reglement, qui ftatuoit que les évêques feuls porteroient la croffe & la mitre. Cervin repliqua, l'évêque repartit; le legat comme en colere dit: le pape par fa bulle les appelle au concile, voulons-nous les en exclure ? On demanda de quels abbez parloit cette bulle. Et après beaucoup de conteftations le cardinal de Monté qui étoit gueri, revint dans l'affemblée, & la fit confentir que la voix de ces trois abbez ne pafferoit que pour une, lorfqu'ils penferoient de même, comme cela fe pratiquoit dans les ordres religieux où le general opinoit pour tous. On propofa d'accor der la même grace au dominicain Soto celebre theologien mais le cardinal Cervin s'y oppofa, parce que Soto étoit envoïé par le vicaire general de fon ordre pour tenir fa place; & que la bulle du pape défendoit d'accorder le droit de fuffrage à ceux qui occupoient la place des au

pour les

tres.

XXIX. Quoique les legats fuffent chargez du bref par Reglemens lequel le pape accordoit aux évêques d'Allemafuffrages gne le droit de donner leurs voix par procurcurs, par procu ils ne jugerent pas à propos de le faire paroître, & crurent qu'au lieu de cette permission, qui Supra n.6. auroit pû engager plufieurs évêques des autres païs

reurs.

Pallav, ubi

7.

pais

à demander la même grace, le pape devoit laiffer à fes legats le pouvoir d'accorder cette fa- AN1546. veur à ceux à qui ils jugeroient à propos de l'accorder pour des raifons particulieres. Auffi le pa pe leur répondit, qu'il ne convenoit pas de les jetter dans l'embarras, & de les rendre odieux aux autres par cette inégalité, en accordant aux uns ce qu'on refuferoit à d'autres; qu'ainfi il falloit laiffer tout égal, & ne point fouffrir qu'aucun de ceux qui étoient chargez de procuration, eût voix déliberative dans le concile. C'eft pourquoi les legats n'aïant pas produit le bref ni publié cette conceffion generale, refuferent le droit de fuffrage aux procureurs des évêques Allemands, même à ceux du cardinal d'Ausbourg, dont l'un étoit un chanoine de fon églife, & Pautre Claude le Jay un des dix premiers compagnons de S. Ignace de Loyola, & la même loi fut obfervée à l'égard de tous les autres qui étoient à Trente. Le pape approuva cette conduite: on réfolut enfuite que les prelats diroient leurs avis, affis dans le concile avec la mitre & la croffe.

xxx.

Difpute fur

le titre qu'on don

n 8.

La contestation fut beaucoup plus vive fur le titre qu'on donneroit au concile, & cette queftion qui paroiffoit fi facile à décider, fut fouvent agitée avec chaleur, & troubla plus d'une neroit au fois l'affemblée. Le pape avoit mandé à fes lé- concile. gats, que les decrets devoient commencer par Palav.y}} cette formule. Le faint facré concile de Trentefipra c.2. œcumenique & general, les legats du fiege apoftoliquey prefidant. Et ce fut ce titre qui fit toutes les difputes. Baccius Marcellus évêque de Fiezole, dit que pour relever fa dignité, il falloit ajoûter à la tête de chaque decret, ces mots, reprefe tant l'églife universelle, comme il avoit été obfervé dans les conciles de Conftance & de Bâle; & que quoique celui de Trente ne fût pas compofé d'un fi grand nombre d'évêques, il n'étoit

B 3

pas

AN.1546. moindre autorité. Plufieurs autres prelats furent pas cependant d'une moindre réputation & d'une du même fentiment: mais d'autres parurent d'un avis contraire, particulierement Augustin Bonucci d'Arezzo, general de l'ordre des Servites, qui fit obferver que ce titre étoit nouveau, & inufité dans les anciens conciles tenus avant celui de Conftance, qui s'en étoit fervi pour cette raifon feule, que l'église aiant été divisée fi long-tems par le fchifme, on auroit pû douter fi elle étoit reprefentée toute entiere par ce concile, & fi elle avoit la force de reduire les fidéles à l'unité par fes decrets. Que d'ailleurs ces mots, reprefentant l'églife universelle, n'avoient pas été mis à tous les decrets de Constance, mais à ceux-là feulement dans lefquels il s'agiffoit d'affaires importantes, lorfqu'on prononçoit contre les antipapes, ou qu'on condamnoit quelques herefies.

Angel.

Pighin auditeur de Rote, ajoûta aux raisons Maffarel du general des Servites, que les mots de repréin actis mf. conc. Trid. fentant l'églife univerfelle, étoient inutiles, puifarchiv. vat. que la bulle du pape & le decret pour commenfign. 3188. cer le concile le declarant un fynode univerfeldo &aliud. n. ecumenique, ces derniers mots fignifioient la & alia même chose, étoient même de plus grande auextant apud torité, & cauferoient beaucoup moins de trouRaynald. ble. Le préfident aïant beaucoup loué ces deux 1546. n. 1. avis, parut entrer d'avantage dans les raisons de

3232.p.98.

boc ann.

2.

дна

Pighin, & ajoûta que les mots dont on difputoit, paroiffoient à la verité très-propres à reprimer l'hérefie des Lutheriens, mais qu'il ne falloit pas fi-tôt éclater contr'eux, de peur de les irriter & de rendre plus furieux, particulierement dans des circonftanecs où le concile n'étoit pas nombreux,& ne voïoit point d'ambaffadeursdes princes. Il ajoûta en bon partifan de la cour Romaine, qu'on ne pouvoit tirer aucune confequence du concile de Bâle qui avoit dégeneré dans une affemblée

fchifmatique, & qui par cette infcription faftueufe s'étoit attiré la colere du pape Eugene IV. AN.1546.

Qu'à l'égard du concile de Conftance on avoit expofé les raifons qui l'avoient engagé à fe fervir de ce titre. Qu'il convenoit au concile de Trente d'imiter la modeftie du fouverain pontife, qui prend la qualité de ferviteur des ferviteurs. Les autres légats furent de l'avis du premier : le cardinal de Trente fe joignit à eux, & leur autorité entraîna beaucoup d'évêques. Mais le calme ne dura pas long-tems. La difpute recommença, & les legats eurent beaucoup de peine à l'appaifer. Ils tinrent ferme, & écrivirent au pape, qu'ils s'étoient fortement opposez au titre que la plupart des évêques vouloient qu'on mit aux decrets, parce qu'il pourroit prendre envie à quelques-uns d'y ajoûter encore cette clause dont on s'étoit fervi aux conciles de Conftance In concilio & de Bâle, & qui n'accommoderoit nullement Conftant. Rome: Lequel concile tient fon pouvoir immedia-sessione 4, tement de F. C. & que tous de quelque condition qu'ils foient, même le pape, font obligez de lui obéir. Seripand general des Auguftins tenta de concilier les deux partis, mais il ne fut pas écouté. Les légats perfifterent fur la negative, & le pape fut très-content de leur zele. On dit même qu'il fut d'abord d'avis qu'on retranchât aussi les mots d'univerfel & d'œcuménique; mais comme il les avoit déja emploïez dans fa bulle, on

n'en fit rien.

Avis d'un

La difpute étoit prefque finie, lorfqu'un évê- XXXI. que de Lanciano dans le roiaume de Naples, ap- évêque qui pellé Jean de Salazar, la renouvella, en remontrant veut qu'on quelle étoit la fimplicité des titres des anciens fupprime conciles, dans lefquels on ne nommoit pas mê- les noms des legats. me les prefidens; & qu'il falloit en cela les imiter. Que le concile de Conftance étoit le pre-annal. ad mier qui avoit commencé de mettre le nom des hunc an. 1. fiens, qui furent changez plufieurs fois à caufe 1.

Spond, in

du fchifme: mais qu'il ne falloit pas fuivre cet AN.1546. exemple, qui engageroit pareillement à nomFra-Paolo mer aufli les ambaffadeurs de l'empereur & du de Trente 1. roi des romains; puifque Sigifmond & les prina.p.118. ces qui fe trouvoient avec lui à Conftance, y

wift du conc.

XXXII.

ques de

avoient été nommez. Ce que ce prélat traita de conduite entierement incompatible avec l'humilité chrétienne; & conclut qu'il falloit fupprimer les noms des prefidens. Cet avis fut fort mal reçû des legats; & le cardinal de Monté répondit dans le moment même, que les conciles avoient diversement parlé felon les tems: que le pape aïant toûjours été reconnu pour chef de l'église, il n'y avoit aujourd'hui que les Allemans qui demandaffent un concile indépendant du pape, & qu'il falloit s'oppofer fortement à une témerité fi heretique, & faire voir qu'ils étoient unis avec le pape comme leur chef, dont ils étoient les legats. Il s'étendit long-tems fur ce fujet en zelé ultramontain, & parla enfuite d'autres choses.

Le decret fut generalement approuvé, à cela Les évé près, que Guillaume Duprat évêque de ClerFrance de- mont fit encore quelques inftances pour enga mandent ger les peres à confentir que le roi de France fût que leur roi nommé dans les endroits où il feroit ordonné de foit nommé dans les prier Dieu prier Dieu pour le pape, pour l'empereur & pour decrets. les rois, puifque le pape l'avoit fait de même Spond ibid, dans l'indiction du concile. Quelques-uns paruut fupra. rent affez favorables à cette demande, & le carPallau bi dinal de Sainte-Croix n'y fut pas contraire, mais fupra 1.6. il ajoûta qu'il falloit donc auffi nommer les autres rois felon leur rang; ce qui ne manqueroit pas, dit-il, de caufer du trouble, à caufe de la préfeance: & fur les inftances que firent les évêques François, que le pape s'étoit contenté de nommer feulement l'empereur & le roi de France dans la bulle de convocation, & qu'ainfi il falloit ou faire mention de ces deux princes feuls eu ne rien dire ni de l'un ni de l'autre, les legats

[ocr errors]

ар

« AnteriorContinuar »