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ceux qui fe faifoient baptifer, étant avancez en åge, qu'ils étoient examinez felon la formule du catechifme, & que pour rendre cette ceremonie plus venerable, on y ajoûtoit l'impofition des mains. C'est là-deffus que fut fondée la cenfure.

Il y eut quelques conteftations fur le quatriéme article en parlant du miniftre de ce facrement, qu'on prétendoit être l'évêque feul, enforte que la confirmation conferée par un prêtre feroit nulle, comme l'a crû Adrien VI. Ce qui faifoit la difficulté, étoit que le pape S. Gregoi re écrivant à l'évêque Janvier, lui manda qu'aïant appris que quelques perfonnes avoient été fcandalifez de ce qu'il avoit défendu aux prêtres d'oindre du faint crême ceux qui avoient été baptifez (ce qu'il avoit fait conformément à l'ancien ufage de fon églife) néanmoins pour lever ce fcandale, il permettoit aux prêtres d'oindre du faint crême les baptifez fur le front, où il n'y auroit point d'évêques. Mais les Cordeliers s'en tenant à la doctrine de S. Bonaventure, qui attribue ce miniftere à l'évêque feul, difoient que ce ne fut qu'une permiffion donnée par ce faint pape une feule fois, & même à regret, pour éviter le fcandale d'un peuple; ou bien que Ponction qu'il permit n'étoit pas le facrement de confirmation.

AN.1547.

Quant au paffage cité de S. Gregoire I. il n'eft pas certain que ce faint pape ait voulu parler en cet endroit de l'onction confirmatoire, mais feulement de quelque ceremonie purement ecclefiaftique, dans laquelle les prêtres de Sardes faifoient fur le front une onction que les autres prêtres de l'églife Romaine avoient coûtume de faire fur la poitrine. Et ce qui autorise ce fentiment, eft que S. Gregoire ne déclare pas nulles toutes les onctions faites jufques-là par ces prêtres. De plus qu'il n'avertit point ceux qui avoient reçû cette onction de recevoir la confirmation,

En

ANJ547

1.

touchant

deux pre

Enfin que pour juftifier la défense qu'il avoit faite, il n'apporte que l'ufage ancien de l'églife Romaine, fans faire mention ni de l'inftitution de J. C, ni de la foi de toutes les églifes.

Cette longue difpute fut caufe qu'on infera dans le canon, le terme, ordinaire, en parlant du miniftre de ce facrement; parce qu'il y en avoit quelques-uns qui vouloient qu'on ne fît aucune mention de cet article, à cause de l'autorité du concile de Florence, qui décide que les papes pour des caufes graves peuvent accorder cette difpenfe aux fimples prêtres, pourvû qu'ils fe fervent du crême confacré par l'évêque.

LIVRE CENT QUARANTE-QUATRIÈME.

APRE PRE'S cet examen des articles qui concerArticles noient la foi, on propofa dans les congrePabus des gations fuivantes, ce qui regardoit la reformation : & comme on étoit déja convenu des abus miers facre qui fe gliffoient dans l'administration des facremens; les canoniftes députez pour recueillir & Fra-Paolo reformer ces abus, en drefferent les fix articles bist. du con- fuivans.

mens.

cile de Tren

227.

hift. conc.

Trid. lib. 9.

te liv. 2. p. I. Que les facremens feroient conferez gratuitement, fans mettre ni baffin ni tapis ni aucun Palav. figne qui pût marquer qu'on demandoit quelque chofe. Qu'ils ne pourroient être ni refusez ni difap. 9. n. 1. ferez, fous pretexte de l'ancienne coûtume de ne les point adminiftrer fans recevoir auparavant quelque recompenfe, la coûtume & le tems ne fervant qu'à augmenter le peché, au lieu de le diminuer enforte que les tranfgreffeurs encou reront les peines ordonnées par les loix contre les fimoniaques. II. Que le baptême ne fera point adminiftré ailleurs que dans les églises, finon en cas de neceffité preffante, à l'exception des enfans des rois & des princes fouverains, fuivant

:

Ja

la conftitution de Clement V. Que les évêques AN.1547. en baptifant feront revêtus de leurs habits pontificaux, de même que quand ils donneront le faint chrême ou la confimation, ce qu'ils feront toûjours dans les églifes ou dans leurs maisons épifcopales. III. Que le baptême fera conferé par des prêtres habiles, & feulement dans les églifes où il y a des fonts baptifmaux, à moins que l'évêque ne permit de le faire en d'autres églises à raifon de la distance des lieux, ou que ce ne fut une conceffion de tems immemorial; & que ces églifes particulieres tiendroient & conferveroient proprement dans un vafe l'eau benite qui auroit été prife dans l'églife principale. IV. Que pour le baptême & le faint chrême, l'on ne prendroit qu'un feul parain qui ne feroit ni infame ni excommunié, ni interdit, ni religieux, ni tel qu'il ne put executer fes promeffes. Et que perfonne ne pourroit fervir de parain dans le facrement de confirmation, qu'il n'eût été auparavant confirmé lui-même. V. Pour ôter l'abus qui s'eft introduit en divers endroits, de porter l'eau du bap tême par les rues, ou d'y mener les enfans confirmez avec le bandeau fur le front, pour faire plufieurs comperes, foit en lavant les mains enfemble, ou en levant ce bandeau (par où il ne fe contracte point d'alliance fpirituelle) les prê tres ne fouffriront point que l'eau du baptême foit emportée, mais la jetteront auffi-tôt dans le refervoir & fermeront les fonts. Et les évêques qui donneront la confirmation, tiendront à porte de l'églife deux clercs qui ôteront le bandeau, & laveront le front des confirmez, fans en laiffer fortir un feul avec le bandeau. VI. Que les évêques ne donneront ce dernier facrement à aucun excommunié, ni à ceux qu'on sçaura être en peché mortel. Cependant il y a des hiftoriens du concile qui pretendent qu'il n'eft fait aucune mention de ces articles dans les actes.

la

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Quoi qu'il en foit, ils n'étoient pas certaineAN.1547 ment indignes d'être propofez, & puis qu'ils

11.

contenoient des abus réels, ils meritoient auffi qu'on y fit une attention ferieuse. Mais les queftions de dogme occupoient encore trop alors, & il étoit jufte de leur donner la preference. On dreffe On affembla donc les peres députez pour forles canons mer le decret touchant ces queftions. Ils examitiere des nerent les avis des theologiens, & les conclufions facremeas. dont on étoit convenu; Pon en omit les articles

fur la ma

aufquels il ne falloit pas toucher; l'on diftingua
ceux qui n'étoient pas clairs; & enfin l'on for-
ma quatorze canons fur les facremens en gene-
ral, dix fur le baptême, & trois fur la confir
mation; enforte que
l'on ne condamnoit que les
opinions des heretiques, fans toucher à celles qui
partageoient les theologiens. Ce qui fit que cha-
cun fut content, mais il n'en fut pas de même
lorfqu'il s'agit de dreffer les chapitres de la do-
&trine; il ne fut pas aifé de fuivre la methode
qu'on avoit obfervée dans la feffion précedente
fur la juftification, parce qu'il n'étoit pás poffi-
ble d'ufer des termes de l'une des opinions, fans
porter quelque atteinte à l'autre oppofée, ce qui
auroit caufé de la divifion; & ce qui fut caufe
qu'on renvoïa dans la congregation fuivante qui
feroit generale; la difcuffion du decret qui ex-
pliqueroit la maniere dont les facremens conte
noient & produifoient la grace. Mais on n'y fut
pas moins embaraffé, parce qu'une partie des
peres vouloit qu'on omit tout-à-fait les chapi
tres de la doctrine, & qu'on ne publiât que les
canons, comme on avoit fait fur le peché ori-
ginel: l'autre pretendoit au contraire qu'il falloit
poursuivre comme on avoit commencé, mais
le faire avec affez de prudence pour contenter
tout le monde, qu'il n'y avoit aucune divifion à
craindre, & qu'on ne devoit point fe propofer
d'autre but que de convaincre les heretiques en

con

:

AN.1547.

condamnant leurs erreurs par de bonnes raifons.
Ce dernier avis auroit été fuivi, & dans le mo-
ment on auroit travaillé à composer les chapi
tres, fans l'oppofition qu'y forma Jean-Baptiste.
Cicala évêque d'Albengue & auditeur de Rote,
qui dit qu'on ne trouveroit point dans les hiftoi
res qu'aucun eût quitté fon opinion propre,
quoique condamnée, fans y avoir été contraint;
qu'encore que tous les Catholiques difent qu'ils
s'en remettoient au jugement de l'églife Romai-
ne, fi néanmoins leur fentiment vient à être re-
jetté, c'eft alors qu'ils s'obstinent davantage à le
foutenir ce qui forme enfuite des fectes & des.
herefies. Que pour empêcher ce mal, il n'y avoit
point de meilleur moïen que de tolerer toutes
les opinions, & de maintenir la paix dans les
écoles. Que quelque grande que fût la contra-
rieté de ces opinions, il n'en arriveroit rien de
fâcheux, tant que
l'on demeureroit dans ces bor-
nes, au lieu que fans cela la difference d'un mot,
même d'une lettre, feroit capable de diviser tout
le monde. Que certaines opinions des novateurs
modernes auroient pû être tolerées, s'ils les euf-
fent défenduës avec moderation, fans condam-
ner l'églife Romaine ni la doctrine des éco-
les. Que Leon X. n'avoit fait que relancer con-
tre Luther les traits que ce religieux avoit aupa-
ravant portez contre le fiege apoftolique. Que
toutes ces belles proteftations que les docteurs
faifoient de se soumettre au jugement de l'églife,
n'étoient que
des termes de civilité & de bien-
féance, aufquels il falloit répondre par une défe-
rence reciproque, en fe confervant neutre au
milieu des contrarietez. Que tel eft le ftile de la
focieté civile, que celui qui veut être respecté,
doit refpecter les autres, fans croire que celui qui
promet de fe foumettre, ait veritablement envie
de le faire, quand il le faudra. Témoin Luther,
qui tant qu'il n'eut affaire qu'aux quêteurs d'Al-

lemagne

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