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lemagne ou aux docteurs de Rome, dit toû AN.1547 jours qu'il s'en tiendroit au jugement du pape s mais qui bien loin de tenir fa promeffe quand Leon X. eut parlé, fe déchaîna contre le faint fiege même avec plus de fureur & de violence qu'il n'avoit fait contre les quêteurs.

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Les fentimens étant ainfi partagez, les legats: La pape ne voulurent rien déterminer d'eux-mêmes, & mande aux legats de ne crurent qu'ils devoient confulter le pape fur la prononcer maniere dont ils devoient fe conduire dans la que des ca-prochaine feffion: ils lui écrivirent donc & lui

nons.

IV.

de la refor

envoïerent une copie des canons qu'on avoit dreffez avec un détail des difficultez qui reftoient, foit dans les matieres de foi, foit dans celles de la reformation, en lui mandant qu'en attendant fa réponse, on ne laifferoit pas de repaffer encore les mêmes matieres, & d'examiner ferieufement celle de la pluralité des benefices qui avoit été déja propofée. Le pape répondit à fes legats dans le mois de Fevrier, & leur marqua, que puifque les chapitres de la doctrine des facremens, ne pouvoient s'expliquer fans danger de quelques divifions parmi les théologiens, il falloit les omettre, en ne s'attachant qu'à la publication des canons avec anathême; qu'on devoit auffi fupprimer le memoire des canoniftes touchant les abus qui fe gliffoient dans l'adminiftration du baptême & de la confirmation.

> on

Tous les jours exceptés les dimanches tions pour tint des congregations particulieres pour exaexaminer miner les articles de la reformation, jusqu'au les articles vingt-quatre de Fevrier, auquel on propofa dans mation. une congrégation generale les decrets concernant cette matiere, qui avoient été formez par un fupra lib.9. certain nombre de peres choifis; & il y eut enap. 2, s. 1. core quelques conteftations excitées par l'évêque de Fiefole, qui ne vouloit pas qu'on laissât agir les évêques comme déleguez du ficge apoftolique. Le cardinal Pacheco s'unit à lui, & beau

Pallav, ubi

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coup

coup d'autres prélats Espagnols; mais le premier legat appaifa la difpute, exhortant les peres à fe AN-1547. conduire comme des évêques chrétiens, & à ne chercher que l'union & la paix. Dans la congrégation du lendemain vingt-cinq de Fevrier, il dit qu'il vouloit leur faire lecture d'une lettre écrite par le cardinal Farnefe, qui leur apprendroit que le pape dans un confiftoire tenu le dixhuit, avoit fait un decret par lequel il déclaroit que les cardinaux étoient obligez à la réfidence, & ordonnoit à ceux qui avoient plufieurs évêchez de n'en conferver qu'un feul, & de fe défaire des autres dans fix mois, s'ils dépendoient de la collation du fouverain pontife, & dans un an s'ils étoient de la nomination d'un autre. Il ne fit ce decret que fur les remontrances du cardinal Cervin: & il fut reçû avec joïc de tous les peres.

V.

On reduit

14.

On examina cinq chofes touchant la reformation. 1. Qu'afin de pourvoir à l'avenir, & op- ces articles pofer une forte digue aux abus qui s'étoient in- à cinq troduits, on défendroit l'union de plufieurs bene- chefs. fices qui demandent réfidence, à moins qu'il n'y Pallav.nhi eut de grandes neceffitez. 2. Qu'on ne pourroit fupra 1. 9. poffeder qu'une feule églife cathedrale, fous quel- ap. 9. no que prétexte qu'on en eût obtenu plufieurs; ce qui s'étendroit aufli aux cardinaux. Que les évêques auroient le pouvoir d'examiner les raifons qu'on avoit de jouir de plufieurs cures ou autres benefices inferieurs; & que s'il y avoit des dif penfes très-légitimes, ils auroient foin d'établir, dans le benefice que le titulaire ne pourroit pas deffervir, des vicaires capables, en leur affignant un revenu honnête. 4. Que fi ces unions de benefices étoient perpetuelles, & non pas à vie, les évêques examineroient toutes ces unions faites depuis quarante ans, & les cafferoient, fi elles étoient obtenues fur un faux expofé, ou fi elles n'étoient pas bien fondées. 5. Que ne voulant

d'autant

AN.1547. Point préjudicier à l'autorité du pape, plus qu'il fe pouvoit faire que ces conceffions fuffent légitimes & faites avec les conditions requifes, elles feroient toutefois examinées devant l'ordinaire, tant celles qui étoient faites depuis quarante ans que celles qui fe feroient dans la fuite, en appellant les perfonnes intereffées : & en cas qu'il n'y eut aucune raison valable, les évêques les cafferoient comme obtenuës par fraude. Mais chacun fit fes reflexions fur tous ces articles, & plufieurs infifterent fort fur les difpenfes, qui pour la plupart étoient caufe de tous les abus.

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ferens des

ces.

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Quelques prélats opinerent qu'il fut défendu Avis dif- de poffeder plus de trois benefices ensemble, & prelats fur d'autres ajoûterent cette claufe, en cas que deux la pluraliténe montaffent pas à la fomme de deux cent dudes benefi-cats d'or de revenu, pour affujettir chacun à la regle de n'avoir qu'un benefice quand il feroit de Palla bicette valeur, ou deux quand un ne monteroit fupra lib. 9. pas à cette fomme; mais jamais plus de trois, quand même ils ne vaudroient pas tant. Sur quoi Louis Lippoman, évêque de Verone, demanda que ce decret obligeât ceux qui en pof fedoient alors plus de trois; de forte que fans aucun égard à leur qualité, ils fuffent contraints de renoncer au furplus dans fix mois, s'ils étoient en Italie, & dans neuf, s'ils étoient ailleurs faute de quoi ils feroient privez de ces benefices quels qu'ils fuffent, unis ou en commende, fans qu'il fut befoin d'une autre déclaration. Mais l'évêque de Feltre modera cet avis, en distinguant les difpenfes, les unions & les commendes: les unes faites pour le fervice des églifes & les autres en faveur des beneficiers. Voulant que les premieres étant bonnes, fuffent confervées, & les autres refòrmées. L'évêque de Lanciano rejetta cette diftinction, difant que pour faire une loi durable, il faut en exclure les exceptions, parce que la malice des hommes eft affez

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ingenieufe à trouver des prétextes pour fe faire excepter & fe délivrer de la regle.

L'évêque d'Albengue reprefenta que les bonnes loix ne regardent que l'avenir, & jamais le paffé; que ceux qui fortant des bornes légitimes, veulent reformer le paffé, excitent toûjours du trouble, & au lieu de raccommoder les affaires, les brouillent fouvent davantage. Qu'il est trèsdifficile d'ôter aux gens ce qu'ils poffedent de puis long-tems, & que c'eft folie de croire qu'on les rendra contens. Il ajoûta qu'en faisant un tel decret, il prévoïoit ou qu'on ne le recevroit point, ou que s'il paffoit, il en naîtroit des refignations fimulées. fimoniaques, & d'autres maux plus grands dans l'églife que la pluralité des benefices. Que cette ordonnance lui paroiffoit même fuperflue pour l'avenir, parce qu'il fuffi foit qu'on ne donnât plus de difpenfes pour jouïr de plufieurs benefices. Cet avis plût fort aux legats, tant à caufe de l'honneur qu'on leur défe roit par-là, que parce qu'ils efperoient fe voir déchargez d'une affaire que la diverfité des opinions rendoit très-difficile.

AN.1547:

Bernard Diaz évêque de Calahorra opina le Pallar. contraire, & dit entr'autres chofes que l'église ibid.m.9. de Vicense étoit tombée dans de fi grands défordres par la non-réfidence du prelat, qu'un apôtre à peine feroit capable de la changer. Il vouloit parler du cardinal Rodulfi qui poffedoit cet évêché avec beaucoup d'autres benefices, & qui n'en prenoit point d'autre foin que d'en tirer les revenus, fans y avoir jamais été. Le premier des legats avertit les peres de s'élever contre les abus en general fans nommer perfonne, de peur que le zele pour le bien public ne dégeneråt en injures & en invectives. Il ne laiffa pas d'écrire au pape pour le prier de donner quelques avis à Rodulfi, afin qu'il ne causât aucun fcandale par fon mauvais exemple; & en même tems il lui man

doit les difpofitions des évêques, & qu'il ne feAN.1547.roit pas difficile d'obtenir d'eux que l'article de la réfidence fut laiffé à fa décifion : ce qui fit plaifir au pape qui étoit en peine de fçavoir à quoi fe termineroient les projets & les entreprises des prelats. En attendant fa réponse, le concile dreffa un projet, qui portoit qu'aucun ne pourroit avoir plus d'un évêché; que ceux qui en avoient plufieurs n'en conferveroient qu'un feul à leur choix, que ceux qui à l'avenir obtiendroient divers benefices inferieurs, les perdroient fans autre formalité, & que ceux qui alors en poffedoient plus d'un, montreroient leurs difpenfes à l'ordinaire, c'eft-à-dire, à l'évêque . qui procederoit contr'eux felon la decretale d'Innocent IV..

VII.

Quand on recueillit les avis des peres, pluPlufieurs fieurs vouloient qu'on ajoûtât dans le decret, qu'il penfent differem- ne fe donneroit plus de difpenfes : & d'autres défment fur approuverent qu'on montrât celles qui étoient les difpen- deja obtenues, ni qu'on procedât felon le decret fes. d'Innocent IV. difant que c'étoit le moïen de Fra-Paelo les faire toutes approuver, & augmenter le mal; hift. du conc. de Trente attendu que ce pape ordonne qu'elles foient ad1.3. mises, fi on les trouve bonnes, ou qu'on ait recours à Rome, fi elles font douteufes. Car il eft indubitable, difoient-ils, que Rome ne manquera jamais de déclarer que ces difpenfes font bien accordées. Plufieurs étoient d'avis qu'on abolît entierement ces difpenfes d'autres s'y oppofoient, & difoient qu'il falloit feulement en retrancher les abus. L'évêque de Sinigaglia ajoûta que le concile pouvoit remedier à tous ces inconveniens, en déclarant que pour la difpenfe, il faut neceffairement une caufe légitime, & que 'celui qui la donne fans cela, peche, & ne fçauroit être abfous qu'en la revoquant que de même celui qui obtient la difpenfe, bien loin d'être en sûreté par là, eft toûjours en peché, tant

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