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que

qu'il garde les benefices qu'il a obtenus par cette AN.1547 voie. Quelques-uns repliquerent que veritablement celui qui accorde la difpenfe fans caufe légitime, peche, mais qu'elle vaut toûjours: de forte que la confcience de celui qui l'obtient est à couvert, quoiqu'il fçache que la caufe n'eft pas légitime. La difpute dura plufieurs jours, les uns difant c'étoit ôter au pape fon autorité: les autres, qu'il n'étoit pas en fon pouvoir de faire que le mal ne fût pas mal. D'où l'on paffa à un autre doute, fi la pluralité des benefices eft défendue par la loi divine. C'étoit l'opinion de ceux qui croïoient la réfidence de droit divin; & ils concluoient que le pape n'en pouvoit dispenser: mais d'autres prétendoient que cette pluralité n'étoit défenduë que par les canons. Les legats eurent affez de peine à affoupir la contestation, qu'ils craignoient d'autant plus, qu'elle reveilloit la queftion de la réfidence, & ébranloit, felon eux, l'autorité du pape, quoiqu'il ne fut pas nommé. Dans cette varieté de sentimens, l'évêque d'Aftorga dit que dans l'impoffibilité de s'accorder fur les difpenfes, il falloit défendre les commendes & les unions à vie, qui ne font que des prétextes pour pallier l'abus de la pluralité, & qu'il ne falloit pas fouffrir un fcandale fi honteux & fi public. Mais cela ne faifoit pas plaifir aux évêques Italiens qui poffedoient de femblables benefices, & qui vouloient bien quelque reglement, mais qui fut tel, qu'on n'abolit pas entierement les difpenfes.

VIII.

Sur ces entrefaites les legats reçurent dans le mois de Fevrier la réponse du pape avec une Le pape bulle d'évocation, qu'ils trouverent trop ample. par fa bulle Ils ne la produifirent pas d'abord, & voulurent Rome l'afauparavant fonder les efprits, en faifant dire aux faire de la évêques par leurs confidens, que puifqu'il y avoit reforma tant de difficulté à convenir fur la reformation,tion. l'on feroit beaucoup mieux de renvoier toute Tome XXIX.

l'af

l'affaire au pape. Mais les prelats attachez à l'emAN.1547 pereur s'y oppofoient très-fortement, & dirent que cela blefferoit l'honneur du concile : à quoi prefque tous les autres applaudirent. Ce qui fit connoître aux legats que la bulle n'étoit pas de faifon, & qu'il ne falloit pas la produire. Ils en écrivirent au pape, & lui manderent qu'il y avoit trop d'oppofition pour lui remettre toute l'affaire de la reformation, qu'on pourroit feulement la partager, & lui laiffer ce qui concerne les cardinaux & les difpenfes; qu'on n'avoit qu'à prévenir le concile en publiant à Rome une bulle, fous le titre de Reformation de la cour, où perfonne ne trouveroit à redire, parce que c'étoitlà fa propre affaire: ajoûtant qu'il ne feroit pas befoin de publier cette bulle à Trente, & que le concile pourroit être content, quand on le laifferoit maître de tout le refte. Cependant ils avertiffoient le pape que le concile ne demanderoit pas feulement un reglement pour l'avenir mais encore la revocation des difpenfes qui pour le prefent caufoient du scandale dans l'églife. Ainfila bulle fut fupprimée.

1X.

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Au fortir de cette congregation, les évêques Memoire Efpagnols, & d'autres de leur parti à la tête def-t prefenté par les évê- quels étoit le cardinal Pacheco, s'étant affemblez ✨ ques Efpa- au nombre de vingt, convinrent que puifqu'on gnols.

ne prenoit aucune réfolution, & que les bonnes raifons étoient diffimulées par les legats ou embrouillées par les difputes; il falloit changer dea methode & donner fes demandes par écrit ; ce qui feroit plûtôt expedier les affaires. Ils drefferent donc un memoire qui contenoit onze de-t mandes. 1. Qu'entre les qualitez des évêques & des curés, on mît toutes les conditions marquées< dans le dernier concile de Latran, parce que l'or dre qu'on avoit tenu jufqu'à prefent facilitoit les difpenfes qu'il étoit à propos d'abolir tout-à-fait comme fcandaleufes. 2. Que les cardinaux fuf

fent:

fent obligez à réfider dans leurs évêchez du moins fix mois de l'année, comme la feffion préceden- AN1547. te l'ordonnoit aux autres évêques. 3. Qu'avant toutes chofes la refidence fût declarée de droit divin. 4. Que la pluralité des églifes cathedrales fût condamnée comme un très-grand abus; & que les cardinaux comme les autres prelats, fuf fent avertis de ne retenir qu'un évêché, & de quitter les autres dans un certain tems marqué, avant la clôture du concile. 5. Qu'on fupprimát la pluralité des églises inferieures, tant en la défendant pour l'avenir, qu'en revoquant toutes les difpenfes accordées, fans excepter ni les cardinaux ni les autres; à moins qu'il n'y eut de juftes causes, qui feroient prouvées devant l'ordinaire. 6. Que les unions à vie fuffent toutes revoquées, comme fervant de pretexte à la pluralité. 7. Que tout curé, ou tout autre obligé à réfidence fût privé de fon benefice, s'il y manquoit, fans qu'il pût fe prévaloir d'aucune difpenfe, finon dans les cas permis par la loi. 8. Que tous les curez fuffent examinez par les évêques, & s'ils fe trouvoient ignorans, ou vicieux, ou inhabiles pour d'autres caufes ils fuffent privez de leurs cures qu'on donneroit à d'autres reconnu's dignes par un févere examen, & non pas fuivant la fantasie des ordinaires. 9. Qu'à l'avenir les cures ne fe donneroient qu'après un rigoureux examen. 1o. Qu'aucun ne feroit évêque qu'après un procés verbal de fa vie & de fes moeurs fait fur les lieux. 11. Qu'aucun évêque ne donneroit les ordres dans le diocese d'autrui, fans la permiffion de l'ordinaire, ni à d'autres perfonnes qu'à ceux de son diocese.

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Ce memoire fut remis entre les mains des legats qui en furent très-furpris, non pas tant parce Les legata qu'il tendoit, felon eux, à restraindre l'autorité écrivent au du pape, & à donner plus d'étendue à la jurisdi- pape & lui tion épifcopale, qu'à caufe des confequences ce memoi

O 2

envoïent

qu'ils re.

qu'ils s'imaginoient que pouvoit avoir cette nouAN.1547 velle maniere de donner fes demandes par écrit, & de s'unir plufieurs enfemble pour faire les mêmes demandes. Ils ne fe declarerent pas toutefois, & ils prirent du tems pour penfer à ce qu'ils avoient à répondre, fous prétexte que la matiere étoit importante; & ils propoferent d'autres chofes à examiner. Mais dans le moment même ils écrivirent au pape, à qui ils envoïerent une copie de ce memoire, en lui representant que les évêques de jour en jour prenoient plus de liberté, qu'ils parloient des cardinaux fans aucun refpect, & fans feindre de dire publiquement qu'il falloit les reformer; qu'ils ne l'épargnoient pas lui-même, & qu'ils difoient hautement, qu'il ne donnoit que des paroles; & qu'il ne tenoit le concile que pour amufer le public fous une vaine efperance de reformation. Ils ajoûtoient, qu'à l'avenir il feroit difficile de les contenir, parce qu'ils s'affembloient fouvent entr'eux & faifoient des cabales. Qu'enfin il feroit à propos de publier quelque reformation à Rome i avant la feffion. Ils lui remontrerent encore les fuites que pourrait avoir la conduite des Efpa, gnols, qui ne feroient pas fi hardis s'ils ne fe fentoient pas appuiez par quelque grand prince,

Ils fupplioient donc le pape de leur preferire ce qu'ils devoient faire. Que pour eux ils étoient d'avis qu'il falloit tenir ferme, pour ne pas laiffer aux évêques l'avantage de pouvoir obtenir par la force, ce qu'on ne vouloit pas leur accorder de bon gré, par où l'on s'expoferoit à leur dif cretion. Que quelque chofe qui fe passât dans les difputes ils ne molliroient pas, & que fi les évêques du parti ne vouloient pas ceder, il fau droit bien en venir aux voix, mais que comme les fuffrages ne fe pefent pas, & qu'on les com pte il falloit pour s'afsûrer la pluralité au jour de la feffion, commander expreffement aux évê

ques

ques qui étoient allez à Venife, peut-être dans l'intention de ne pas revenir, de fe rendre promptement à Trente en leur faifant entendre, que prefque tout l'effentiel de la reformation fe publieroit dans la feffion prochaine, & particulierement ce qu'il y avoit à regler entre le pape & les évêques; car, ajoûtoient-ils dans leur lettre, fuivant que la feffion fe terminera, les obftinez deviendront ou plus hardis ou plus obéïffans.

ANJ547.

XI.

abus dans

En attendant la réponse du pape, les legats propoferent dans les congregations fuivantes, de Autres reformer plufieurs abus, dont le premier concer-les benefi noit ceux qui ne prenoient point l'ordre facré ces, qu'on requis pour poffeder leurs benefices; ce que cha- veut refor cun approuva: mais le cardinal Pacheco remon- mer. tra que tous les remedes qu'on apporteroit à cet abus feroient inutiles; fi l'on n'aboliffoit les commendes & les unions, parce qu'il étoit évident qu'une églife cathedrale peut être donnée en commende, même à un diacre, & que celui qui voudra jouir d'une cure, fans prendre aucun ordre facré, la fera unir à un benefice fimple, en vertu duquel il en jouïra fans être prêtre. Les autres articles de reformation étoient en faveur des évêques, que les legats croïoient attirer, en leur reftituant les droits de vifite & d'examen, le pouvoir de juger des caufes civiles, & de revoir les comptes des administrateurs des hôpitaux. Mais comme il arrive fouvent que ceux qui prétendent tout, font choquez de n'obtenir que la moitié les évêques & fur tout ceux d'Espagne fe plaignoient qu'on leur faifoit injure, & ne commencerent à avoir plus de retenue & de moderation, que quand ils virent augmenter le nombre des prélats Italiens qui tenoient pour les legats, & qu'ils furent informez qu'on avoit envoié leur memoire à Rome. En effet le pape ne Peût pas plûtôt reçû qu'il écrivit à fon nonce à Venife, d'engager les évêques Venitiens qui y O 3 étoient

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