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ploïât le refte du tems à traiter feulement de la AN1547 reformation des moeurs, ce qui feroit agréable à l'empereur.

lation du

XXXVII. Le pape aïant fort goûté ces avis du cardinal Plaintes de Cervin, envoïa beaucoup d'évêques à Boulogne, l'empereur repandit le bruit qu'il iroit lui-même, & en écrifur fa tranfvit à l'empereur. Pacheco avoit averti ce prince concile. de la tranflation du concile & l'avoit prié de lui Pallau ibi faire fçavoir quelle conduite les évêques Efpadem lib. 9. gnols tiendroient. Charles en aïant reçû la noucap.18.n.1.velle quatre jours après que le decret eut été

ap

prouvé, c'est-à-dire, le feiziéme de Mars, avoit depêché dans le moment un courier à Jean Vega fon ambaffadeur à Rome, à qui il manda d'emploier tous fes foins pour procurer au plûtôt le retour du concile, afin qu'on fçût dans le public fon retabliffement auffi-tôt que le départ des peres le pape n'aïant fait encore aucune bulle pour autorifer cette tranflation. L'empereur fe plaignoit en particulier qu'on eût transferé le concile fans fa participation, que c'étoit le moïen d'empêcher le fuccés de fes affaires en Allemagne, & le retabliffement de la religion : Que la qualité de protecteur des conciles qu'il portoit, devenoit inutile, ne pouvant donner la même protection au concile aflemblé à Boulogne, comme fi on l'eût continué à Trente. Les legats pour justifier la tranflation, répondirent auffi-tôt à ces lettres dont ils envoïerent copie à Rome. Leur réponse fe fit à l'infçû du pape, parce l'affaire preffoit. Ils mandoient au nonce Venonce du ralle que fa fainteté étoit fâchée qu'on n'eût pas pape auprèscontinué le concile à Trente, mais qu'ils n'ade l'empe-voient pû y demeurer fans être exposez à tous momens à la mort, eux & tous les peres: plufieurs aiant été emportez par la violence du mal contagieux. Qu'ils fe flattoient, que fi l'empereur vouloit examiner les chofes lui-même, par il connoîtroit qu'ils n'avançoient rien que de vrai;

XXXVIII.

Lettre des legats au

reur.

que

&

& ne cefferoit pas pour cela de travailler à fouAN.1547. mettre cette partie de l'églife d'Allemagne, dont' Dieu l'avoit rendu maître. Que le pape offroit Pallav. en fon nom & en celui du concile d'embrafferibid. n. 2. tout ce qui pourroit conduire cette bonne cuvre à fa perfection. Que le même concile aïant quitté Trente très-librement, avec les fuffrages de plus de deux tiers, fi on le forçoit d'y retourner, ce feroit lui ôter toute fon autorité, & pour le paffé & pour l'avenir, & le priver de cette liberté que le pape lui avoit toûjours confervée. Outre que dans un tems où la maladie continue de regner, il n'eft pas jufte de s'expofer à de nouveaux perils. Qu'au reste auffi-tôt que le concile fe fera déterminé librement de luimême ou à retourner à Trente, ou à fe tranfporter ailleurs; le pape y confentira d'autant plus volontiers, qu'il fçait que l'empereur le fouhaite: mais que pour en venir à l'execution, il faut que le concile fubfifte entierement où il a été fi légitimement transferé; que les peres qui font reftez à Trente, se rendent à Boulogne; que cette derniere ville n'eft point fufpecte, qu'ils y jouïront d'une liberté entiere, qu'ils y feront en vironnez de païs très-affectionnez à l'empereur, & qu'ils y trouveront des citoïens attentifs à leur fournir toutes les commoditez de la vie. Que fa majefté imperiale pourroit même s'y rendre avec le pape pour confirmer ce que le concile ordonneroit d'utile à l'églife & à l'extirpation de l'herefie. Que fi ce prince affûre qu'il est de son devoir de proteger le concile, cela ne doit s'entendre que quand il y a neceffité, & que les peres l'exigent; ce qui ne fe rencontre pas à Boulogne où le pape eft maître & pere commun. Les legats mandoient encore au nonce de prier l'empereur de n'ajoûter aucune foi aux calomnies que des efprits brouillons debitoient pour le prévenir contre le pape, & être perfuadé que fi le faint

pere

pere ne lui accorde pas toûjours ce qu'il demanAN.1547 de, il ne le fait que par la neceffité & pour le bien de la religion.

,

XXXIX. Dès le vingt-cinquiéme de Février, le pape L'empe avoit nommé un legat pour être envoïé auprès reur témoi de l'empereur, afin de concerter avec ce prince ce du pape la reconciliation de l'Angleterre à l'églife. Un fon reffen- mois après aïant appris la mort de François I. il timent. nomma un cardinal pour aller complimenter fon

gne au non

fucceffeur Henri II. fur la perte qu'il venoit de faire & fur fon avenement à la couronne. Le nonce Veralle étoit auffi à Ulm auprès de Charles V. lorfqu'il reçut un courier du pape qui lui mandoit de fonder ce prince s'il vouloit recevoir fon legat, & lui ordonnoit de lui lire fa lettre. Le nonce n'eut pas plûtôt reçû ces ordres, qu'il alla trouver l'empereur: mais il trouva ce prince fort irrité, & fi prévenu contre tout ce qu'on pouvoit lui dire, qu'il refufa d'abord de l'entendre. Comme le Cardinal Madrucce, étoit allé joindre ce prince auffi-tôt après le départ des prelats pour Boulogne, on le foupçonna d'être la caufe de cette prévention. On publia même que ce cardinal étoit fâché de la tranflation, parce que fi le faint fiege eût vaqué pendant qu'on tenoit le concile à Trente, l'élection d'un pape fe feroit faite dans fa ville, & que par-là il auroit pû avoir bonne part au pontificat. Quoi qu'il en foit, deux chofes avoient offenfé l'empereur. 1. Le fpecieux pretexte qu'auroient les Allemands de rejetter le concile, pour la convocation duquel on n'avoit pas obfervé ce qui avoit été refolu dans les diétes; ce qui le mettoit dans l'impoffibilité de reduire les Proteftans, & de procurer la paix dans l'empire. 2. Le mépris qu'on avoit fait de fa dignité, en transferant le concile dans une autre ville fans l'avoir confulté, Le pape qui fentit bien que ce prince ne deLe non- voit pas être content de ce qui s'étoit fait, cher

XL.

ce lit à ce

choit

AN.1547

choit à l'adoucir dans la lettre qu'il lui écrivoit, & à s'excufer lui-même : Je n'ai eu aucune part, lui mandoit-il, à ce qui s'est fait à Trente : prince la Mes lettre du legats preffez par la neceffité ont agi d'eux-mê- pape. mes. La plupart des évêques étant déja partis & Pallav, ut les autres tout disposez à le faire, il a été plus à fipra_c.19. propos de transferer le concile que de le diffou-". 3&40 dre entierement. J'ai eu affez de chagrin qu'on n'ait pû rester à Trente pour y continuer le concile qui commençoit à être fi avantageux à la religion pour l'établiffement des dogmes de la foi & de la reformation des mœurs, & je fuis perfuadé que fi vôtre majefté connoiffoit les juftes raifons que les legats ont euës de faire cette translation, aïant autant de religion qu'elle en a, elle se soumettroit aux ordres de la providence, & prendroit des mefures avec moi pour le bien & les interêts de la religion. Mais l'empereur aïant entendu lire cette lettre, peu content des raisons que le pape y apportoit, & ne les regardant que comme de vaines paroles fans fondement, répondit avec chaleur au nonce, qu'on ne lui perfuaderoit jamais que le concile eut été transferé fans la participation du pape, qu'il ne s'en tenoit qu'aux actions & non aux paroles. Et parce qu'il croïoit que le legat Marcel Cervin étoit l'unique auteur de cette entreprise, il fe répandit en menaces contre ce cardinal. Le nonce lui aïant repliqué qu'on avoit été obligé de prendre ce parti pour ne pas diffoudre le concile, & qu'il étoit plus à propos qu'il fût à Boulogne, que de n'ê tre en aucun endroit, l'empereur rejetta ces raifons, & dit qu'il fçavoit très-certainement combien elles étoient fauffes & frivoles; que le pape n'agiffoit qu'à fa tête, qu'il ne fuivoit que fa fantaisie & fon entêtement, & que ceux qui avoient promis obéïffance au concile assemblé à Trente, avoient un jufte fujet de ne pas obéir à celui qu'on vouloit tenir à Boulogne. Q

Tome XXIX.

Le

Le nonce repartit qu'il prioit fa majefté de AN.1547 faire reflexion qu'on ne pouvoit qualifier d'opiniâtre un pape qui tant de fois & en tant d'occafions importantes lui avoit donné des preuves de fon zele & de fon attachement, qui, quoiqu'avancé en âge, marquoit toûjours une conduite très-fage, & qui tant qu'il vivroit, ne permettroit jamais la ruine de l'églife. Il ajoûta que les évêques qui étoient à Boulogne, s'y étoient rendus volontairement; mais que ceux qui demeuroient à Trente, y étoient retenus par les ordres mêmes de l'empereur; d'où il s'enfuivoit que ceux-là jouiffoient d'une liberté entiere, & non pas ceux-ci : ce qui augmenta encore l'aigreur de ce prince. Sur ce que la lettre difoit de la sûreté qu'il y avoit pour les peres à Boulogne, Charles V. répondit encore avec émotion, que n'avoit pape des paroles, & que verfoit fes deffeins; voulant parler de la mort de François I. Enfin fur ce qu'il y avoit dans la même lettre, qu'on avoit tenu plufieurs conciles Rome, & que l'empereur étoit invité à s'unir au pape pour le bien commun de la religion.,, ,, J'irai à Rome, dit ce prince, & j'y tiendrai ,, le concile quand il me plaira.,, Après quoi le nonce se retira. Les évêques Efpagnols reftez à Trente, délibererent entr'eux s'ils feroient quelque action fynodale; mais craignant de caufer un fchifme, ils ne firent rien, & s'appliquerent feulement à étudier les matieres qu'on devoit traiter dans les feffions fuivantes, fuppofé qu'on continuât le concile.

XLI.

le

que

Dieu ren

Cependant le pape dans la crainte d'être foupLe pape çonné d'avoir trop confulté fes propres interêts invite les dans la tranflation du concile à Boulogne, parévêques à fe rendre à ce qu'il étoit maître abfolu de cette ville, depuis Boulogne. que Jules II. l'avoit ôtée aux Bentivoglio, ce Pallavicin. pontife fit expedier le vingt-neuviéme de Mars une bulle dans laquelle après avoir expofé les ju

hift. cons.

ftes

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