AN.1547. Trid. lib. 9. cap. 20. n. I. ftes raifons pour lesquelles il prétendoit que le concile avoit dû être transferé à Boulogne, il: invitoit les prelats à s'y rendre, pour le continuer, leur promettant en fon nom toute sûreté, & feq. une demeure commode, une liberté entiere de s'en retourner quand ils voudroient, & un féjour tranquille pour eux & pour leurs domestiques. Il ordonna auffi à fes legats d'emploïer tous leurs foins pour faire revenir au plûtôt ceux qui étoient auparavant à Trente. Ils gagnerent facilement tous ceux que la crainte de la maladie en avoit déja fait partir, ou qui favorables à la tranflation, s'étoient retirez dans les états de la republique de Venife, pour celebrer l'office de la femaine fainte dans leurs églifes, ou pour d'autres raifons; mais ceux qui étoient arrêtez par leurs fouverains, comme l'évêque d'Agde qui étoit à Ferrare, un Portugais & tous les évêques du parti de l'empereur, ne fe rendirent point. Ceux qui étoient demeuré à Trente furent encore plus inébranlables. Aucuns ne voulurent répondre aux lettres des legats, & plufieurs même refuferent de les ouvrir, fans la permission de Mendoza ambaffadeur de l'empereur, qui avoit quitté Rome dès le tems de la translation du concile, & s'étoit rendu à Trente par ordre de fon maître, pour fignifier aux peres de ne point fuivre les évêques Italiens, & de demeurer dans cette ville. Il n'y eut que Galeas Florimond évêque d'Aquin qui fe laiffa gagner, & qui alla trouqui étoient à Boulogne, où il affista à a feflion fuivante. Les theologiens continuerent Pexamen des queftions qui concernoient les facremens d'euchariftie & de penitence : & pendant ce tems-là le pape fit écrire aux deux prefidens, qu'il confentoit à la tranflation du concile; qu'il approuvoit leur deffein de furfeoir les définitions quant aux dogmes, en s'appliquant feulement à la reformation; que le nouveau roi de ver ceux Fran faire aucun 20.n.3. France Henri II. apprehendant que le concile ne AN.1547-portât quelque préjudice aux privileges de l'églife Gallicane, paroiffoit fort porté à la fufpenfion à laquelle le legat Cervin étoit fort contraire dans la crainte que les Allemands ne faififfent auffi-tôt cette occafion pour convoquer un fynoXLII. de de leur nation. Peu après le pape étant inLe pape formé, qu'il n'y avoit à Boulogne ni évêques ni défend de amballadeurs d'aucuns princes catholiques hors decret dans ceux d'Italie, & craignant que le concile qu'on fa feffion y tiendroit ne paffat pour particulier plûtôt que fuivante. pour general; il fut d'avis de faire fufpendre les Pallav.nbi decrets, afin qu'ils fuffent publiez dans la fuite fupra cap. avec plus de folemnité. Il envoïa donc un courier aux prelats pour leur ordonner de ne rien faire & de proroger feulement la feflion. XLII. Suivant cet ordre elle ne fe tint que le vingtNeuviéme uniéme d'Avril dans l'église de S. Petrone. Sefeffion du baftien Leccavela évêque de Naxe ou Naxia dans Trente à l'Archipel, y celebra folemnellement la messe, Boulogne. & Ambroise Catarin de l'ordre de S. Dominique Diario conc. évêque de Minorque y prêcha. Outre les legats, Trid. MS. il y avoit fix archevêques & trente deux évêarch. vatic. ques, un abbé du Mont-Caffin, & quatre geneAct. conc. raux d'ordres de religieux mendians. Philippe Bonen. MS. Archinto évêque de Saluces & Camille Mantuate card. Franc évêque de Campagna dans le roïaume de NaBarber. per ples, retenus par la maladie, envoïerent leurs Maffarel. p. 6. fuffrages. Après les prieres accoûtumées l'archevêque de Naxia, monta dans la tribune & lut le decret fuivant. concile de pag.229. XLIII. Decret ,, Le faint concile cecumenique & general, qui ,, fe tenoit depuis quelque tems en la ville de pour la pro-,, Trente, & qui maintenant fe trouve legitimerogation de la feffion, ment affemblé fous la conduite du Saint-Efprit en celle de Boulogne: Les mêmes legats Lect. concil. apoftoliques à latere, les feigneurs Jean Marie tom. 14. p., de Monté évêque de Paleferine, & Marcel du 787. titre de fainte Croix en Jerufalem, prêtres car„dinaux Labbe col " 95 AN.1547. Raynald. ,,dinaux de la fainte églife Romaine y préfidant au nom du très-faint pere en J. C. Paul III. pape par la providence de Dieu. Confiderant ad hunc an. ,, que l'onzième jour de Mars de la prefente an- n. 63. „née, dans la feffion publique & generale tenue dans ladite ville de Trente au lieu accoûtumé, avec toutes les obfervations & formalitez ordinaires, pour caufes preffantes, urgentes & le,,gitimes, & fous l'autorité du fiege apoftolique, par pouvoir special accordé aux fufdits reve,, rendiffimes préfidens, il auroit été ordonné & ,, déliberé que le concile feroit transferé dudit ,,lieu de Trente dans cette ville, comme en effet il y étoit transferé; & que la feffion affi,,gnée à Trente à ce prefent jour vingt-uniéme ,,d'Avril, pour y prononcer & publier les canons ,, touchant les facremens, & diverfes matieres de ,, reformation, dont il s'étoit propofé de traiter, ,,fe tiendroit le même jour dans cette ville de Boulogne. Et confiderant de plus que quelquesuns des peres qui ont affifté jufqu'ici à ce con,,cile; les uns occupez dans leurs propres églifes , pendant ces derniers jours de la femaine fainte & des fêtes de pâques, les autres retenus par ,,d'autres empêchemens, n'ont pû encore fe ren„dre ici, où néanmoins il est à efperer qu'ils fe ,,rendront bien-tôt, & que pour cela il est arri,,vé que lesdites matieres des facremens & de la ,,reformation, n'ont pû être examinées & difcu,,tées dans une affemblée de prelats auffi nombreufe que le faint concile le defiroit: A ces ,, caufes, afin que toutes chofes fe faffent avec ,,poids, dignité & mûre déliberation, il a jugé, & juge à propos & expedient, que la feffion qui devoit fe tenir en ce jour, ainfi qu'il a été ,,dit, foit remife & differée, comme il la remet & la differe jufqu'au jeudi dans l'octave de la "prochaine Pentecôte, pour y regler les mê,,mes matieres qui ont été défignées; le faint 15 " Q3 >> Con AN.1547. XLIV. reur défait n. 5. Ant, de ,,concile jugeant ce jour très-propre pour cela, ,, & très-commode, particulierement pour les ,, peres abfens avec cette referve néanmoins, ,, que le faint concile pourra felon fon bon plai,fir & volonté, & fuivant qu'il le trouvera expedient aux affaires de l'affemblée, restraindre & abreger ce terme, même dans une con,,gregation particuliere, fans qu'il soit besoin ,, d'une generale. " pour Dans le même mois qu'on tint cette neuviéme L'empe feffion, Charles V. aïant fait paffer l'Elbe à fon armée atteindre l'électeur de Saxe qui fuïoit & prend prifonnier de ville en ville, il le furprit lorfque cet électeur Pélecteur le comptoit encore fort éloigné, & quoiqu'il cut de Saxe. de bonnes troupes & que lui-même fut très-couDe The rageux, comme il n'avoit pas eu tout le tems hift.lib.4. convenable pour fe difpofer au combat, & que Sleidan in d'ailleurs les imperiaux agirent avec une valeur comment. 1. extraordinaire, fon armée ne tarda pas à être mi19. p. 664. fe en déroute & lui-même fut fait prifonnier & feq. avec Ernest duc de Brunswick, & amené à l'emVera hift. de pereur. C'étoit le vingt-quatriéme Avril 1547. Charles V. Comme l'électeur étoit à cheval, dès qu'il apper2.257.6 gut Charles V. il voulut defcendre, & ôter fon gant pour toucher la main du victorieux, fuivant la coûtume de la nation; mais l'empereur ne voulut pas qu'il defcendît, parce qu'il étoit bleffé. L'électeur fe contenta donc d'ôter fon chapeau, & de faire une profonde reverence en prononçant ces paroles. Puifque la fortune le veut ainfi, puiffant & clement empereur, je me rends vôtre prifonnier, & je vous prie de me donner une garde digne d'un prince: A quoi les historiens rapportent que l'empereur répondit: Maintenant vous me traitez donc d'empereur, & moi je vous traiterai felon vos merites, lui reprochant par-là le nom qu'il lui avoit donné dans plufieurs écrits, ne l'appellant que Charles de Gand, foi difant empereur. L'électeur & le duc de Brunfwick furent mis en la garde d'Alfonfe Vivés mestre de camp AN.1547. des Efpagnols, qui les conduifit dans un lieu fûr affez proche de l'Elbe, jufqu'à nouvel ordre. reur forme Sleidan lib. Après cette victoire l'empereur marcha vers XLV. Wirtemberg où Jean Frideric, fils aîné de l'éle- L'empe &teur s'étoit fauvé avec plufieurs autres, & quand je fiege de il fut arrivé devant cette ville, il la fit fommer Wirtemde fe rendre, & fur le refus qu'elle en fit, ilberg. commanda à fon armée de l'inveftir, & de la De Thou tenir fi bien bloquée qu'elle ne pût avoir aucune bif. lib.4. communication au-dehors. Cependant comme ce blocus pouvoit durer long-tems & que Char-19.8.666. les vouloit terminer promptement, il refolut de faire condamner à mort l'électeur de Saxe, afin que Sibylle fa femme & fes enfans qui étoient auffi dans Wirtemberg, effraïez d'une telle feverité, euffent recours à fa clemence & lui livraffent la place. condamné dem. On affembla donc le confeil de guerre, & tous XLVI. aïant été de l'avis de l'empereur, la fentence de L'électeur mort fut prononcée le huitiéme ou le douzième de Saxe eft de Mai en ces termes :,, Nous Charles empe- à mort. ,,reur &c. Avons ordonné & ordonnons que De Thon Jean Frederic autrefois électeur de Saxe, aura ubi fupra „la tête coupée pour le crime de felonie & re- Sleidan ibi,,bellion contenue dans le ban de l'empire publié contre lui: peine qu'il a encourue & me,,ritée, & afin que fa mort foit un exemple de ,, terreur à tous les méchans.,, Le même jour à trois heures après midi le fecretaire du conseil de guerre vint prononcer cette fentence au prisonnier qui étoit affis dans fa tente avec Albert duc de Brunswick, & lui declara qu'elle feroit exe cutée le lendemain. L'électeur écouta la lecture de cette fentence fans paroître émû, & regardant le fecretaire du confeil avec un vifage tranquille:,, A quoi bon ,, tout cela, lui dit-il, s'il faut que je meure, Wirtemberg ne fe rendant pas ? car c'eft cette Q+ 23 » pla |