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A

AN.1547.

tion.

L.

Pallav.

hift. conc.

A la vue de cette affiche, toute la ville fe fouleva, & une grande multitude de peuple' courut à l'église cathedrale, déchira l'édit, & Sedition peu s'en fallut que le palais archiepifcopal ne fut arrivée à pillé. Le viceroi fit tous fes efforts pour appaifer cette occala fédition; mais le peuple protefta qu'il ne quit teroit jamais les armes tant qu'on parleroit d'inquifition. Le viceroi aïant mandé les chefs des Trid. lib. 10. vingt-neuf quartiers de la ville, tâcha de les ap-ca. 1.1. 4. paifer, & leur promit par un écrit figné de fa main qu'on ne feroit plus aucune mention de ce tribunal. L'on en fit durant trois jours des feux de joïe, & l'on dépêcha auffi-tôt à l'empereur le prince de Salerne avec Placide de Sangro homme de grande qualité : ce qui ne plût pas au viceroi qui haïffoit extrêmement ce prince. Mais deux jeunes gens aïant dit quelques injures & jetté des pierres à quelques partifans du viceroi, celui-ci voulut ufer de feverité; ce qui renouvella la fedition le vingt-cinq de Mai. Les corps de gardes furent mis dans les rues, le peuple fut toute la nuit fous les armes. L'accommodement fe fit par l'entremise du prince de Bifignano, & de l'évêque fon frere; & l'on convint qu'on oublieroit le paffé, & qu'il ne fe feroit aucune innovation, jufqu'à ce que les députez, tant de la ville que du viceroi, fuffent revenus de la cour de l'empereur. Comme le député du viceroi arriva le premier vers Charles Quint, il prevint fi fort l'efprit de ce prince contre les habitans, que leurs députez ne purent avoir audience; & que l'empereur commença à donner contr'eux des ordres féveres. Cependant Sangro un de ces députez fit tant d'inftances, que Charles V. fut obligé de l'écouter, mais il le renvoïa fi peu content, qu'étant de retour à Naples avec fon compagnon, la fédition recommença avec plus de violence qu'auparavant, & l'on fe feroit porté à des extrémitez fâcheufes contre la noblesse sans le crédit & l'au

torité

torité de Caraccioli, qui modera l'ardeur du AN.1547 peuple, en lui racontant la fable du loup & des

accordée

fin de la

fedition.

brebis.

LI. L'empereur craignant que les Napolitains n'apAmniftie pellaffent les François, & ne fe miffent fous la par l'em- protection de Henri II. confentit enfin à l'exclupereur, &fion du tribunal du faint office, & à pardonner à tous les habitans excepté un petit nombre qu'il nommoit. Auffi-tôt que l'abolition fut publiée, cette multitude de revoltez fe diffipa, & chacun quitta les armes. Pendant trois jours les bourgeois ne firent autre chofe que de les porter dans la citadelle. Le lendemain, vingt-quatre deputez & élûs de la ville allerent trouver le viceroi & lui promettre obéiffance. Quoiqu'il ne les aimât pas, il ne laiffa pas de les recevoir avec beaucoup d'honneur, jufqu'à leur promettre qu'il ne manqueroit pas de faire fçavoir à l'empereur le zele du peuple à rentrer dans fon devoir. Cent perfonnes furent d'abord exceptées de l'amnistie; enfuite on réduifit ce nombre à vingt-quatre, qui furent même quelque-tems après remis en poffeffion de leurs biens, à l'exception de Caraccioli, de Mormile, & de Seffa. L'amende de cent mille écus à laquelle la ville avoit été condamnée lui fut auffi remife par l'empereur, qui cependant maintint toûjours le viceroi dans fa dignité.

LII.

feffion du

Le deuxième de Juin on tint la dixiéme fefDixiéme fion du concile avec les ceremonies ordinaires : concile, à la meffe fut celebrée par Olaus Magnus archevêBoulogne. que d'Upfal. On y compta outre les deux legats, Labbe col- fix archevêques, trente-fix évêques, un abbé de eft. concil. la fainte Trinité de Gayette, & deux generaux 789. d'ordre des Cordeliers & des Servites. Deux peres Pallav. ubi n'y pouvant affifter, parce qu'ils étoient maSupra cap. 2. lades, y envoïerent leurs fuffrages. Tout ce Spond. hoc qu'on fit dans cette feffion fut de la prolonger 130, 13. 5+ par un decret femblable à celui de la préceden

som. 14. P.

3.5.

te. Voici les termes dans lesquels étoit conçû ce AN.1547.

decret.

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en

,, Quoique le faint concile cecumenique & ge,,neral ait ordonné que la feffion qui fe devoit tenir ,, en cette célebre ville de Boulogne le vingt-un d'Avril dernier, fur les matieres des facremens & de la reformation felon le decret prononcé la ville de Trente dans une feffron publique l'onziéme de Mars, feroit remife & differée au », prefent jour, pour certaines raifons particulie„, res, & fingulierement à cause de l'absence de quelques peres, qu'on esperoit de voir bien-tôt ,, arriver: néanmoins voulant en ufer encore avec ,, bonté à l'égard de ceux qui ne font pas venus; le même concile légitimement affemblé fous la ,, conduite du Saint-Efprit, les mêmes legats du ,, faint fiege apoftolique, cardinaux de la fainte églife Romaine y préfidant, ordonne & déclare que la même feffion qui devoit fe tenir ce jourd'hui deuxième jour de Juin de la prefente année fera remife & differée, comme il 1547. ,, la remet & differe au jeudi d'après la fête de la ,, Nativité de la fainte Vierge, qui fera le quin,, ziéme de Septembre prochain, pour y traiter ,, les matieres fufdites & autres; à condition néanmoins qu'on ne laiffera pas pendant ce tems ,,là de poursuivre l'examen & la difcuffion tant ,, des chofes qui regardent les dogmes, que de ,, celles qui regardent la reformation, & que le », faint concile pourra en toute liberté ou abreger », ou étendre ce terme, felon fon bon plaifir & volonté, même dans une congregation 5, particuliere.

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traduire les

Quoiqu'on n'eût point traité des matieres de LIII. doctrine dans cette feffion, ni dans la préceden- Ordre de te, qui furent les deux feules qu'on tint à Bou-ouvrages logne; il y fut cependant réfolu de faire traduire des peres en langue vulgaire les fermons des peres de l'é-en langue glife & des anciens docteurs; & comme cette vulgaire.

Fontanini

entreprife parut devoir être très-utile, on en AN-1547 chargea Galeas Florimonte évêque de Seffa, qui della elo- en confequence fit imprimer à Venise en 1556. quenza Ita & en 1564. les fermons de S. Auguftin, de bana. 4. S. Jean Chryfoftome, de S. Bafile & d'autres pe

pag. 144.

LIV.

Boulogne.

Pallavicin.

kb. 10. cap. 2.3.6.

res de l'églife, traduits par lui en Jtalien en deux voulumes in-4°. On lit à la tête du premier de ces volumes une épître adreffée par Florimonte au cardinal Marcel Cervin; & c'est-là qu'on apprend cette particularité dont tous les hiftoriens du concile de Trente n'ont fait aucune mention. Le travail de Galeas Florimonte fut continué par Raphaël Caftrucci & Seraphin, tous deux religieux Benedictins de Florence, qui traduifirent en Italien d'autres fermons des peres de l'églife, qu'on imprima dans la même ville de Florence dans l'année 1572. en deux volumes in-quarto.

Après cette feffion, l'on vit arriver à BouArrivée logne le fameux théologien Ambroife Pelargue de quelques religieux de l'ordre de S. Dominique dont on a perfonnes à parlé ailleurs. Après lui, vint l'évêque de Labach en Aûtriche, pour demander aux peres leur avis "fur fept articles dont on étoit en conteftation mbi fupra dans la province de Carniole; mais ce qui caufa plus de joie à ces peres fut l'arrivée du fecretaire du nonce Dandini en France. Comme le pape avoit envoïé dans ce roïaume Jerôme Capodiferro cardinal de faint George, en qualité de legat auprès de Henri II. pour engager ce prince reconnoître le concile de Boulogne, ce legat conjointement avec le nonce avoit dépêché le fecretaire du dernier à Rome; & ce fut en paffant par Boulogne qu'il apprit aux peres que la roi de France paroifloit bien difpofé; qu'il avoit déja nommé treize évêques de fon roïaume pour se rendre à Boulogne, & qu'il fe déclaroit publiquement pour la tranflation du concile; il ajoûta qu'il avoit deja promis de marier fa fille naturelle Diane à Horace Farnefe duc de Caftro

fre

frere d'Octave; ce que le pape fouhaitoit ardem-
ment pour ôter au roi de France tout foupçon
de l'alliance d'Octave avec Charles V. & que ce-
lui-ci connût
que Paul III. lui-même ne man-
quoit pas d'appui, en cas qu'il arrivât quelque
division entre lui & l'empereur.

,

AN.1547.

3.

ver

in comment.

comment.

19.p.677

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Il y avoit alors plufieurs cardinaux à la cour LV. de France, que differens motifs y avoient atti- Cardinaux rés, ou qui y demeuroient fans autre raison que envoiez à François le defir qu'ils avoient de vivre à la cour. On en Rome. comptoit jufqu'à douze, fçavoir: Louis de Bour- De Thou bon, Jean de Lorraine, Odet de Coligny deb. Châtillon, Claude de Givry, Jean du Bellay,ss finem. Philippes de Bologne, Jean le Veneur, Antoine Belcarins Sanguin de Meudon Robert de Lenoncourt, lib. 25. H•4• Jacques d'Annebaut, George d'Amboife, & pag.795. George d'Armagnac. Mais comme leur prefence Seidan in ne laiffoit pas affez de liberté aux nouveaux miniftres qui gouvernoient fous l'autorité du nouveau roi Henri II. qui n'avoit encore que vingtneuf ans, ils prirent des mefures pour en écarter quelques-uns, & en peu de tems ils en firent en voier fept à Rome. Le prétexte que l'on prit pour les éloigner, fut que le pape étant déja de foi-même affez porté pour la France, il étoit à propos qu'ils travaillaffent à l'entretenir dans ces difpofitions, & même à les augmenter, & à fortifier le parti françois pour l'élection d'un pape qui fût dans les mêmes fentimens, fi Paul III. qui avoit déja près de quatre-vingt ans venoit à mourir. Ce qui n'étoit gueres qu'un prétexte, parut au pape une marque réelle, moignage affuré de l'amitié du roi & de fa bonne intelligence avec le faint fiege; & voulant lui faire connoître à fon tour combien il en étoit reconnoiffant, il envoïa le vingtiéme de Juillet le chapeau de cardinal à deux autres prélats François, fçavoir, Charles de Vendôme prince du fang, & Charles de Guife archevêque de Rheims

& un

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