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tribueroit à fon entretien. Que de même que les autres princes, il donneroit du fecours contre les AN.1547. Turcs. Qu'il renonceroit à toutes fortes de confederations, & particulierement à celle de Smalkalde, & qu'il en remettroit les expeditions à l'empereur. Qu'il ne feroit aucune alliance fans y comprendre le même prince & le roi Ferdinand fon frere. Qu'il défendroit l'entrée dans fon païs à tous les ennemis de l'empereur. Qu'il n'entreprendroit la défense d'aucun de ceux que ce prince voudroit châtier; qu'il puniroit au contraire ceux de fes fujets qui porteroient les armes contre lui. Qu'en cas de befoin il lui donneroit paffage par les terres de fon obéïffance. Qu'il rappelleroit fes vaffaux ou fujets qui ferviroient contre ce même prince, & que fi dans quinze jours après la fommation faite ils ne lui obéiffoient, il confifqueroit leurs biens au profit de l'empereur. Que pour les frais de la guerre, il fourni roit dans quatre mois à Charles V. cent cinquante mille écus. Qu'il démoliroit entierement toutes fes fortereffes & châteaux, excepté Zigenheim, & Caffel, obligeant les garnisons d'entrer au fervice de l'empereur. Que fans fa permission, il ne fortifieroit à l'avenir aucunes places. Qu'il lui délivreroit toute fon artillerie & attirail de guerre, dont fa majefté ne lui feroit part, qu'au tant qu'elle le jugeroit neceffaire pour la défense des places qu'elle lui laifferoit. Qu'il mettroit en liberté le duc Henri de Brunfwik & fon fils, & lui reftitueroit fon païs, en déchargeant ses sujets du ferment de fidelité, & en tranfigeant avec lui de fon dédommagement. Qu'il rendroit tout ce qu'il avoit ufurpé, tant fur l'ordre de faint Jean de Jerufalem que fur le Teutonique. Qu'il n'entreprendroit rien contre le roi de Dannemarc, ni contre aucun de ceux qui avoient fuivi le parti de l'empereur & avoient donné fecours à fa majefté. Qu'il renvoïeroit fans rançon

tous

LXII.

tous les prifonniers de guerre. Qu'il se presenAN.1547 teroit en jugement pour fatisfaire à ceux qui auroient à lui demander quelque chofe en justice, Que fes enfans ratifieroient ces conventions, auffibien que la nobleffe & la bourgeoifie du pais, en s'obligeant de livrer à l'empereur le Lantgrave, en cas qu'il n'obfervât pas ce qu'il promettoit dans ce traité. Que de toutes ces claufes l'électeur de Brandebourg, le duc Maurice & le comte Palatin Wolfgang demeureroient garants, fous promeffe, en cas d'infraction, d'emploïer leurs forces pour l'obliger à la reparer. Ces articles furent envoïez au Lantgrave qui les reçut avec crainte, les lut avec dépit, & cependant fut obligé de s'y foumettre, à condition qu'on ne Le Lant-l'obligeroit à aucune autre chofe. L'empereur grave fe voïant cette affaire fi bien difpofée, après avoir foumet aux remis Wirtemberg au duc Maurice, prit auffi-tôt conditions le parti de s'avancer vers la Heffe pour y entrer, qui lui font impofées. en cas que le Lantgrave voulut retracter fa paSleidan ubi ole. Mais celui-ci alla au-devant de ce prince, & Supra lib.19. 9.le dix-huitiéme de Juin il fe rendit à Hall, pag. 670. compagné de l'électeur de Brandebourg & du duc De The Maurice de Saxe. Une heure après le duc Henri hift. ibidem. 'de Brunfwik & fon fils Charles-Victor y arriverent auffi. Le lendemain Chriftophle Carlebitz fecretaire d'état de l'empereur fut trouver le Lantgrave, & lui prefenta le traité pour le figner: mais il dit qu'il ne le pouvoit faire, parce qu'on y avoit ajoûté que c'étoit à l'empereur à interpreter les articles, comme il lui plairoit; ce qui n'étoit point dans la copie qui lui avoit été apportée par Ebled.

fente de

ac

LXIII. L'évêque d'Arras miniftre de l'empereur aïant Il fe pre fait réponse que cette omiffion ne venoit que de vant l'em-la negligence de celui qui avoit tranfcrit le traité, pereur && que le copifte avoit oublié de l'ajoûter au prolui deman-jet, le Lantgrave acquiefça, mais il ne voulut de pardon. pas foufcrite à la claufe qui portoit qu'il obéiroit

aux decrets du concile de Trente; au lieu dequoi AN.1547. il mit qu'il défereroit aux decrets d'un concile De Thun ecumenique & libre, où le chef fe foumettroit ibidem. à la reforme auffi-bien que les membres; & il Sleidan p. ajoûta qu'il s'y foumettroit de la même forte que 673. l'électeur de Brandebourg & le duc Maurice de Saxe, parce qu'ils avoient promis de ne se separer jamais de la confeffion d'Ausbourg. Le traité aiant été enfin figné de cette maniere, ces princes fur les cinq heures du foir conduifirent le Lantgrave vers l'empereur qui étoit affis fur fon trône, aïant à fon côté fon chancelier. Après que le Lantgrave fe fut mis à genoux devant Charles V. le chancelier lut un écrit par lequel le coupable demandoit pardon de l'offenfe qu'il avoit commife contre l'empereur, le prioit très-humblement de vouloir le recevoir en fes bonnes graces, & l'affuroit qu'il feroit tous fes efforts pour les meriter à l'avenir par fa fidelité, fon refpect & fon obéiffance. L'empereur fit répondre par George Helde, qu'encore que le Lantgrave eut merité un châtiment fevere, comme il l'avouoit luimême, il vouloit bien néanmoins accorder à l'interceffion de quelques princes, qu'il ne fut condamné ni au dernier fupplice, ni à la pro fcription, ni à la perte de fes biens, fe contentant de ce qui avoit été mis dans le traité. Qu'il vouloit bien auffi pardonner à fes vaffaux & à fes fujets, pourvû qu'ils gardaffent, fidélement les conventions, & reconnuffent, comme ils devoient, la grace qu'il vouloit bien leur accorder. L'archiduc Maximilien fils du roi Ferdinand, les ducs de Savoie & d'Albe, le grand maître de Pruffe, les évêques d'Arras, de Naumbourg & de Hildesheim, les princes de Brunfwik, Henri, Charles-Victor & Philippe, le legat du pape, les ambaffadeurs des rois de Boheme & de Danemarc, du Duc de Cleves, & des villes Hanfeatiques, & un grand nombre de grands feigneurs Tome XXIX.

R

fu

grave eft

tente.

furent témoins de cette humiliante ceremonie. AN.1547. LXIV. Le Lantgrave qui croïoit que le procedé de Le Lant- l'empereur étoit fincere, l'en remercia, & comme on le laiffoit trop long-tems à genoux, il arrêté con- fe leva fans ordre. Quelques heures après l'életre fon at- teur de Brandebourg l'alla voir, & lui dit qu'ils De Thou fouperoient ensemble avec le duc Maurice chez nt fupra. le duc d'Albe. Ils y allerent en effet & y foupeSleidan p. rent: après le repas, le Lantgrave ne fe doutant 674. de rien, paffa dans une autre chambre, & fe de Vera. hift. mit à jouer aux dez, pendant que le duc Maude Charles V. rice & l'électeur de Brandebourg s'entretenoient pag.264 avec le duc d'Albe & Pévêque d'Arras; le fujet

D. Anton.

LXV.

Plaintes du

de leur entretien étoit le deffein que l'on avoit d'arrêter le Lantgrave, qui n'entendoit rien de ce qui fe difoit. Le duc Maurice & l'électeur plaiderent pour lui, mais voïant qu'ils ne pou voient rien obtenir, ils firent dire au Lantgrave par Euftache Schlieben, qu'aïant toûjours execu té fidélement ce qu'ils avoient promis, ils avoient crû de même qu'on ne leur manqueroit pas de parole. Que cependant l'évêque d'Arras & le due d'Albe venoient de leur dire qu'il falloit neceffairement qu'il pafsât la nuit avec des gardes dans le lieu où il étoit; qu'ils ne doutoient pas qu'il ne fut très-choqué de cette conduite; mais qu'ils efperoient qu'en parlant à l'empereur ils accom moderoient cette affaire à fon avantage, & qu'ils le feroient fi fortement, qu'ils fe flattoient d'obtenir fa liberté. Le Lantgrave en colere les fit prier de venir le joindre & leur demanda où étoit la foi qu'ils lui avoient donnée, fur l'affurance de laquelle il étoit venu, & les pria d'avoir égard à leur honneur & de fe reffouvenir de ce qu'ils lui avoient promis, à fa femme & à fes enfans.

Pour le confoler le duc Maurice & quelques duc Mauri- uns des confeillers de l'électeur de Brandebourg demeurerent avec lui. Le lendemain ces deux

ce & de

l'électeur princes-mediateurs allerent faire leurs plaintes à

l'em

l'empereur, & lui reprefenterent que leur reputation étoit engagée dans cette affaire; que s'ils AN1547. en euffent eu le moindre foupçon, ils n'auroient de Brandejamais conseillé au Lantgrave de s'arrêter, & l'empebourg à qu'ils l'auroient même empêché de venir dans reur. un lieu où il devoit perdre la liberté. Que puif- De Thom qu'ils lui avoient afsûré qu'elle lui feroit confer- bit.liv.4 • vée, ils le conjuroient d'avoir quelque égard à leurs prieres, & d'accomplir la parole qu'il avoit lui-même donnée, que le Lantgrave ne feroit point prifonnier. L'empereur répondit qu'il ne fçavoit pas ce qu'il leur avoit promis, qu'il fe fouvenoit feulement d'avoir afsûré que fa prifon ne feroit pas perpetuelle, mais non pas qu'il ne feroit point du tout prifonnier; ce qu'on pouvoit aifément reconnoître en lifant les articles. Ces deux princes allerent enfuite trouver les miniftres de l'empereur aufquels ils fe plaignirent de ce changement, afsûrant qu'on étoit convenu dans le projet du traité de ne point agir ainfi envers le Lantgrave. Les miniftres produifirent l'écrit qui avoit été figné, & l'on connut qu'au lieu du mot Allemand Einige, qui veut dire, au- L'Alle cune, avec une n, ils avoient fait mettre par fur-mand,Ohne prife Ewige par un double W, qui fignifie perpe- Einige getuelle. Beaucoup d'hiftoriens ont accufé l'empe-fans aucune reur d'avoir manqué de bonne foi en cette oc-prifon, & s'il cafion, quoique les Italiens & les Efpagnols fer a Ewige, foient fort appliquez à le justifier. cette phrafe L'affaire aiant été débattue avec beaucoup de fans prifon chaleur, on conclut enfin que le Lantgrave pou-perpetuelle, voit fe retirer où il lui plairoit; mais aïant demandé un fauf-conduit avec lequel il pût fe retirer chez lui en toute sûreté, il lui fut refufé quelques inftances que purent faire les deux princes interceffeurs pour l'obtenir, & deux jours après on lui vint annoncer qu'il eut à fuivre l'empereur. Le Lantgrave encore plus irrité de ce nouveau procedé, qui n'étoit au fond qu'une fui

vent dire,

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