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ver des tréfors, à des operations de magie, & AN.1546-d'autres dans des libelles diffamatoires, où l'on fait entrer des textes de la parole de Dieu des par sapplications malignes & impies; on avoit fur tout en vûe les pafquinades, fi frequentes à Rome. On parla auffi de la pratique fuperftitieuse de porter fur foi l'évangile ou le nom de Dieu, pour se garantir ou pour guerir de quelque maladie, pour éviter les malheurs, pour fe rendre la fortune favorable; même pour des deffeins impudiques, & d'autres mauvaises actions, pour conjurer les bêtes qui nuifent aux biens de la terre. On demanda qne tous ces abus fuffent condamnez & punis. Tous les peres convinrent que la parole de Dieu ne pouvoit être affez refpectée, & que c'étoit un très-grand peché d'en faire un ufage profane: mais comme le détail en feroit infini, & que le concile n'étoit pas affemblé pour remedier à tous ces abus qui font fans nombre, il fut feulement réfolu qu'on en feroit un decret qui n'entreroit point dans le détail, & que l'on fe contenteroit de défendre ces abus en termes generaux, remettant les peines à la discretion des évêques, & défendant aux libraires de rien imprimer là-deffus.

LXXXI.

rale avant

Le feptiéme d'Avril veille du jour auquel la fefDerniere fion avoit été indiquée, on tint encore une conCongrega gregation generale, pour mettre la derniere main tion gent aux decrets qui devoient être publiez le lendefeffion. main. On ordonna au promoteur du concile d'inPallavicin former contre quelques évêques abfens, mais le ubi fupra cardinal de Trente s'y oppofa fortement, & dit lib. 6. cap. qu'il falloit du moins excufer les évêques d'AlleRaynald magne qui en étoient empêchez par la diete de ad hun ann. Ratisbonne, pendant laquelle leur prefence étoit neceffaire dans leurs diocéfes pour foûtenir le concile & défendre la caufe de la religion. Qu'il ne s'agiffoit pas de prononcer contre tels & tels particuliers, en les nommant; que le promoteur

16. n. I.

13.45.

pous

pouvoit feulement faire fa charge contre les abfens en general, & le concile ne condamner perfonne qu'après une mûre déliberation & dans toutes les regles de la juftice. Dans cette même congregation on délibera fur la réponse qui feroit faite au nouvel ambaffadeur de l'empereur arrivé depuis peu de fon voiage de Padoue. Ce miniftre avoit rendu une feconde vifite aux présidens, pour les remercier de lui avoir affigné une place dans les feffions au deffus de tous les peres prefque à l'oppofite des légats; il leur promit auffi toutes fortes de fecours de la part de l'empereur fon maître, & ajoûta qu'il avoit appris avec quelque chagrin, qu'il y avoit des évêques Allemands qui n'étoient pas affez moderez dans les congregations, & que fi les legats vouloient lui permettre d'y affifter, il travailleroit à les contenir dans leur devoir, & à leur faire connoître que telle étoit la volonté de l'empereur, que fes fujets fuffent remplis de refpect pour le pape & pour le fiége apoftolique. Les legats l'en remercierent, & lui répondirent qu'à la verité les prélats dont il parloit, pouvoient quelquefois fe comporter avec plus de prudence; cependant qu'ils étoient loüables en ce qu'ils n'avoient jamais manqué de déference envers les légats du pape ; qu'au refte s'il défiroit affifter aux congregations generales, il le pourroit quand il le voudroit.

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AN.1546.

du concile

L'ambaffadeur aiant accepté l'offre, parut pour LYXXII. la premiere fois dans l'affemblée le cinquième Réponse d'Avril; trois évêques Py introduifirent après à l'ambafque les légats eurent annoncé au concile fon arri- fadeur de vée. On fit lecture de fes ordres, & de fes propo- l'empereur, fitions, on lui répondit avec beaucoup d'honneur, Pallav. & on ajoûta, que comme il avoit écrit & medité ibid. n.4. Rayna fon difcours, il ne trouveroit pas mauvais files 3.45. peres faifoient la même chofe & remettoient leur at be colréponse à l'affemblée du feptiéme d'Avril, à la lect.nc. to. quelle il auroit la bonté de fe trouver. Ily fut con-141013.. $1014.

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duit de même qu'à l'autre: & le préfident porAx.1546.tant la parole au nom du concile, luidit:,, Très,, illuftre feigneur ambassadeur, l'arrivée de vôtre ,, excellence fait beaucoup de plaifir à ce con,, cile, tant à cause du refpect qu'il porte au très,, augufte empereur, que pour la faveur & la protection qu'il veut bien lui accorder, fans ou,,blier vos qualitez perfonnelles, les grands ta,, lens que Dieu vous a donnez, & ce zele que ,, vous avez pour la religion, dont nous efpe,, rons tirer de grands fecours. Nous recevons ,, donc avec joïe & vôtre excellence & les ordres ,, de l'empereur.,, Et parce que ces ordres portoient que l'ambaffadeur auroit place dans les congregations & dans les feffions, on lui accorda. ce droit, & le préfident finit en difant que le concile rendoit grâce à Dieu de la parfaite union qui étoit entre le pape & l'empereur, pour maintenir la foi orthodoxe & la religion chrétienne, quil prioit le tout-puiffant, auteur de tout bien, que ce fut pour fa gloire, pour l'accroiffement de la foi, la paix de l'églife & l'heureux fuccès du concile.

On pria enfuite les peres de dire leurs avis fur les decrets qui devoient être publiez le lendemain, & le légat les fupplia de faire enforte que le tout fe paffat dans une parfaite union, que chacun demeurât dans un refpectueux filence, & qu'on ne formât point de nouvelles difficultez à la publication de ces decrets. Ils furent donc lûs & approuvez avec quelque exception fur le fait de l'édition de la vulgate. L'évêque de Clodia s'éleva contre cette partie du decret qui difoit, qu'on devoit recevoir l'écriture & la tradition avec un pareil respect & la même pieté; il traita ces paroles d'impies, & foutint qu'il ne falloit pas ainfi confondre l'écriture fainte avec la tradition, & les mettre au même niveau. Mais ce prélat n'avoit pas fait attention que l'autorité de l'écriture & fon veritable fens font fondez fur

la

la tradition; qu'il y a differentes traditions, que les unes appartiennent à la foi, d'autres à la re- AN.1546. ligion, d'autres aux rites & aux cérémonies; que les premieres font immuables, & que c'eft de celles-là dont parle le concile; que les autres étant fondées fur le droit pofitif, font fujettes à des changemens qui dépendent des diverfes conjon&tures; comme la communion fous les deux efpeces, qui dans un tems a été ordonnée, dans un autre défenduë. Ainfi cet évêque fut repris par le premier légat, qui aïant loué la doctrine & la prudence des peres, leur dit que puifque les matieres avoient été fuffifamment examinées, ils devoient fe conduire avec le même efprit dans la feffion prochaine. Le même jour Marcel Cervin affembla ceux qui avoient formé quelques difficultez fur le decret au sujet de la vulgate, & leur dit, qu'ils n'avoient pas raifon de fe plaindre, puifqu'on laiffoit la liberté de la corriger fur les textes originaux, & qu'on défendoit feulement de dire qu'elle contînt des erreurs qui obligeaffent de la rejetter.

Trente.

Labb. coll.

conc. to. 14.

hift. concil.

Le huitiéme d'Avril jour de la quatriéme fef- LXXXIII. fion, les peres s'affemblerent à l'ordinaire dans la Quatrième grande églife, revêtus de leurs habits pontificaux, feffion du les trois légats à la tête, enfuite les deux cardinaux Madrucce & Pacheco, neuf archevêques, quarante-deux évêques, François de Tolede am- p.744 baffadeur de Charles V. en la place de Mendoza, Pallav. in le P. le Jay de la compagnie de Jefus, procu-Trid. lib. 6. reur du cardinal d'Ausbourg; les mêmes abbez сар.16.п.4. & generaux que dans la precedente feffion. L'ar- Raynald, chevêque de Torre, aujourd'hui Saffari y cele-hee ann. bra une meffe folemnelle du Saint-Efprit, après 2.48. laquelle Auguftin Bonuccio general de l'ordre des Servites prêcha en latin, & s'éleva fort contre Luther. Îl le reprefenta comme un faux difciple, & un corrupteur impie de la parole de Dieu, qui avoit prétendu établir par l'évangile ce qui lui

eft

AN.1546.

LXXXIV.

decret de

eft diametralement oppofé; qui menoit avec lui 'une troupe de gens armez d'épées & de bâtons, pour enfeigner ce qui ne pouvoit être inspiré que par la chair & le fang. Ce difcours étant fini, on fit les prieres accoûtumées, avec les litanies qu'on chanta, & quand les chantres furent à l'endroit où l'on prie le Seigneur de maintenir dans la fainte religion le pape & tous les ordres de la hierarchic ecclefiaftique, ut dommnum apoftolicum,

c. les trois prefidens qui étoient à genoux fe leverent, & le premier legat fe tournant vers l'affemblée, lui donna fa benediction, & dit tout haut, ut fanctam fynodum, &c. Tout cela étant fini, un diacre chanta l'évangile tiré du chap. 7. de S. Matthieu : Gardez-vous des faux prophetes, après lequel le prefident entonna l'hymne, Veni creator fpiritus, & dit l'oraifon. L'archevêque qui avoit chanté la meffe lut les decrets, & demanda aux percs s'ils les approuvoient, ils répondirent, Placet, avec quelques additions. Et dès que cette lecture fut faite, on indiqua la feffion fuivante pour le jeudi d'après la Pentecôte dix-septiéme de Juin.

Le premier des decrets qui furent lûs dans celPremier le celle-ci concernoit les écritures canoniques, & cette fel étoit conçû en ces termes.,, Le faint concile de Trente oecumenique & general légitimement chant les affemblé fous la conduite du Saint-Esprit, les trois mêmes légats du fiége apoftolique y préfinoniques. dant. Aïant toûjours devant les yeux de con

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lest. cons.

745.

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server dans l'églife, en détruifant toutes les ertom. 14. p., reurs, la pureté de l'évangile, qui après ,, avoir été promis auparavant par les prophetes dans les faintes écritures, a été ensuite publié, premierement par la bouche de nôtre Seigneur ,, J. C. fils de Dieu, & puis par fes apôtres, auf,, quels il a donné la commiffion de l'annoncer à tous les hommes, comme la fource de toute

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,, mœurs:

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