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AN.1078.

à l'ouver

Pallav, in

II. Corinth.

cap.6.

Après avoir pris pour texte ces paroles de faint Paul Réjouiffez-vous dans le Seigneur, & celles-ci : Voici le tems favorable, voici les Difcours jours de falut, il fit voir la neceflité d'affem de l'évêque bler un concile pour reveiller la pieté dans le de Bitonte cœur des chrétiens, languiflante & prefque an- ture du néantie par le long efpace de tems qu'on avoit concile. paffé fans en tenir. Il releva fort les avanta- Labbe in ges que l'églife en avoit tirez, par les fymbo- coll. cont. les qu'on y avoit faits, les herefies qu'on y avoit P.490. condamnées, les mœours qu'on y avoit refor- hift. concl. mées, les nations chrétiennes réunies. Je paffe 5. cap. 18. fous filence d'autres prétendus avantages fur lef- Philip 1v. quels il infifta conformément aux préjugez de la cour de Rome, comme les croifades & les guerres refolues contre les infidéles, les rois dépofez, & autres qui n'euffent jamais dû être alleguez en preuve par un homme inftruit, puifque des abus n'ont jamais pu paffer pour des avantages. On y voit une longue digreffion à la louange du pape, & une autre pour l'empereur, & pour les trois legats. En s'adreffant aux prelats, il leur dit qu'ouvrir les portes du concile, c'eft ouvrir les portes du ciel, d'où doit defcendre une fontaine d'eau vive; qu'ils devoient ouvrir leurs coeurs pour la recevoir, & que s'ils ne le font pas, PEsprit faint ne laiffera pas de leur ouvrir la bouche, comme il ouvrit celle de Caiphe & de Balaam, pour empêcher l'églife d'errer. Enfin il les exhorte à fe dépouiller de toutes paffions, afin de pouvoir dire avec verité: Il a femblé à l'Efprit faint & à nous. Il compara le concile au cheval de Troie, apoftropha les bois & les forêts, invita les chevreuils & les cerfs à témoigner leur joïe, & réunit tant d'autres allufions auffi fades que ridicules, que prefque tous les affiftans blâmerent ce difcours, & que tous ceux qui avoient du bon fens en furent indignez. " A 201

Après

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Trente.

Après ce difcours le premier legat fit quelques AN.1545. prieres marquées dans le rituel ou ceremonial Premiere Romain; entr'autres celle qui commence par ces feffion du mots: Adfumus, Domine Sancte Spiritus, qu'il concile de dit à haute voix. On chanta enfuite les litaLabbe coll, nies après lefquelles le diacre lut l'évangile du Con. to. 14. chapitre 18. de faint Matthieu : Si vôtre frere a P.732. peché contre vous, allez le trouver, &c. PallaviJeg. Pallav.ub cin dit que ce fut l'évangile de faint Luc où fupra. 1.8. JESUS-CHRIST choifit fes foixante & douze 4.2.1.1.& difciples. Le Veni creator fut auffi chanté ; & Jeg tous les s'étant affis felon leur rang, peres fonfe Sorilla fecretaire de l'ambaffadeur de fa majesté imperiale, prefenta les lettres de fon maître, qui excufoit fon absence fur fa maladie arrivée à Venife. Ces lettres furent lûës à haute voix, & les legats reçûrent les excufes de l'ambafladeur. Le prefident prononça ensuite le decret, ou plûtôt la bulle de l'indiction du concile, & s'adreffa aux peres en leur parlant ainsi.

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A l'honneur & à la gloire de la fainte & indi,, viduë Trinité, le Pere, le Fils & le Saint35, Efprit pour l'accroiffement & l'exaltation de ,,la foi & religion chrétienne: pour l'extirpa,, tion des herefies; la paix & l'union de l'églife; ,, la reformation du clergé & du peuple chrétien, & pour l'humiliation & l'extinction des ,, ennemis de la religion; Trouvez-vous bon d'ordonner que le faint concile general de Trente foit affemblé, & de declarer que l'ouverture ,, en eft faite.,, Et ils répondirent tous: Nous le trouvons bon: Placet. Le president ajoûta. »Et comme la folemnité de la Naiffance de Nô,, tre-Seigneur JESUS-CHRIST cft proche, & », qu'il fe rencontre plufieurs autres fêtes de fui,, te, dans les derniers jours de l'année qui finit, & les premiers de celle qui commence trou », vez-vous bon que la feffion prochaine se tienne

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,, le Jeudi d'après l'Epiphanie qui fera le feptié-
me jour de Janvier de l'année 1546.,, Et tous
répondirent: Placet. Nous le trouvons bon. Sur
quoi Hercule Severol promoteur du concile, dit
aux notaires d'en paffer l'acte, adreffant la pa-
role à Claude de la Cafe clerc du diocefe de
Verdun.

Ax.1545.

IV.

tion des le

con- Labbe in

Les legats firent lire auffi une exhortation affez longue fur la tenuë du concile, & fur la manic- Exhortare dont on devoit s'y comporter, dans laquelle gats aux peils difent d'abord qu'exerçant la fonction de pre- res du confidens & de légats du faint fiege dans ce concile, cile. ils fe croïent obligez d'exhorter les peres à tribuer autant qu'ils le pourront à la gloire de coll. conc. t. Dieu & à l'utilité de l'églife: que pour eux, ils 14.734. Seq. ne confeilleront rien dont ils ne donnent les pre-Pallav. bift. miers l'exemple, comme étant dans le même conc. Trid. vaiffeau que les autres, expofez aux mêmes. 5. c. 17. dangers & aux mêmes tempêtes: qu'ils veilleront fur eux-mêmes pour ne donner dans aucun écueil, & qu'ils travailleront à fe procurer une heureufe navigation pour arriver au port du falut. Ils expofent enfuite les motifs qui ont porté le pape à affembler le concile, & les reduisent à trois; l'extirpation de l'herefie, le rétablissement de la difcipline ecclefiaftique, jointe à la reformation des mœurs, & la paix de toute l'églife.

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n. 5.

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Ils ajoûtent que pour réüffir dans ce pieux deffein, il faut fe perfuader qu'il n'y a que JESUS-CHRIST à qui toute puiffance a été donnée par fon pere, qui puiffe conduire un si grand ouvrage à fa perfection: qu'on ne doit point s'attirer fa colere en négligeant fes interêts; ni ajoûter d'autres maux à ceux qui font déja arrivez, en abandonnant cette fontaine d'eau vive, & s'attirant le reproche que Dieu fait par fon prophete Mon peuple a fait deux maux, ils m'ont abandonné, moi qui fuis une fource d'eau Jerem.cap. vive: 2. v. 13.

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A 3

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vive: ils fe font creufe des citernes entr'ouvertes AN.1545• qui ne peuvent contenir l'eau. Ces citernes font les confeils de la prudence humaine, qui ne viennent point du Saint-Efprit, & qui ne contiennent pas les peuples dans la pieté & dans l'obéiffance. Confiderons donc ces trois maux qui ,, affligent aujourd'hui l'église, examinons leur origine, & nous ferons obligez de reconnoître ,, que nous en fommes les caufes. Si nous n'avons pas fufcité l'herefie, n'y avons nous pas au moins contribué, faute d'avoir fait nôtre , devoir en femant la bonne doctrine & en dé„racinant la zizanie? Pour la corruption des ,, mœurs, il n'est pas befoin d'en parler, parce ,, que perfonne n'ignore que le clergé & les pa» qué fteurs étoient corrupteurs & corrompus: en punition de quoi Dieu a envoïé la troifiéme plaïe; fçavoir, la guerre au dehors avec les Turcs, & au dedans entre les princes chrétiens. ,, Qu'un chacun reconnoiffe done fes pechez & ,, s'efforce d'appaifer la colere de Dieu; puifque ,, fans cela en vain ils invoqueront le Saint-Esprit, en vain ils commenceront le concile. Ils finiffent en exhortant les pères à éviter toute difpute & toute contention, à apporter de la refolution & de la conftance, à fe défendre de toutes partialitez & paffions, à n'avoir point d'autre interêt que la gloire de Dieu, qui voïoit leur conduite & leurs actions avec les anges & toute l'églife.

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Après que le prefident eut indiqué la feffion fuivante pour le feptiéme de Janvier, & qu'on en eut paffe acte; on chanta le Te Deum, pour rendre graces à Dieu; lequel étant fini, les legats quitterent leurs habits pontificaux, & s'en retournerent à leur logis, précedez de la croix & accompagnez du cardinal de Trente, des quare archevêques, des vingt-deux évêques, &

des

des cinq generaux des ordres mineurs, conven- AN.1545.

tuels, auguftins, carmes & fervites, & des deux ambaffadeurs du roi des Romains Caftel-alto & Antoine Queta, avec un auditeur de Rote, nom. mé Sebastien Priglimus, qui tous compofoient: alors le concile. Les legats écrivirent aussi-tôt à Rome pour demander au pape fes avis, & fes ordres pour la conduite qu'il falloit garder tou-. chant la nomination des officiers, & lui mander que le concile étoit ouvert.

V.

quelques

Le dix-huitiéme de Decembre qui étoit un Premiere vendredi, on tint la premiere congregation ge- congreganerale, qui fut ouverte par le cardinal del Mon-tion geneté premier legat; & après qu'il eut prononcé à rale où l'on voix haute l'oraifon Adfumus, Domine Sancte propole Spiritus, &c. il propofa les articles fuivans reglemens. 1. Qu'on s'étudieroit à appaifer Dieu. par les Raynaldus prieres, jeûnes aumônes, & autres bonnes ad hunc anoeuvres. 2. Que les évêques & les prêtres cele-num. n.43. breroient la messe au moins une fois la femaine. Pallav, in hift. concil. 3. Que leurs domeftiques fe comporteroient avec Trid. lib. 5. fageffe & pieté, vivroient chaftement, fans que-cap. 1. n. 8. relle, & que leur nombre feroit limité. 4. Que dans les collegiales on celebreroit chaque femaine une grande meffe, & qu'on accorderoit des indulgences à ceux qui y affifteroient & qui la diroient. 5. Qu'il y auroit une entiere fûreté pour les membres du concile & une pleine liberté pour donner leur avis. 6. Qu'on feroit les provifions neceffaires pour leur nourriture, & qu'on en regleroit le prix auffi-bien que celui des logemens. 7. Qu'il y auroit des magiftrats pour exercer la juftice. 8. Qu'on choifiroit les officiers du concile, comme abreviateurs, fecretaires, avocats, promoteurs, chantres, & un imprimeur. 9. Qu'on auroit auffi un medecin habile & experimenté. 10. Qu'on établiroit un fond destiné par le pape. aux befoins & aux dépenses

A 4.

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