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J. LIPSE. naut, où il continua à s'appliquer àla Grammaire Latine. Après deux années de féjour dans cette derniere ville, on le fit pafler à Cologne, & il s'y donna à la langue Gréque, à P'Hiftoire, & à la Philofophie, dans le College des Jefuites.

Les liaifons, qu'il eut alors avec ces Peres, lui infpirerent le deffein d'entrer dans leur Compagnie, mais fes

parens, qui avoient d'autres vûes fur lui, ne l'eurent pas plûtôt appris, qu'ils fe hâterent de le retirer de Cologne, & l'envoyerent à Louvain.

Il continua dans cette derniere ville fa Philofophie; après laquelle il fe livra au goût qu'il avoit pour les Belles-Lettres, & prit quelque teinture de la Jurifprudence, pour contenter fon pere, qui vouloit qu'il fe tournât de ce côté là: mais il étoit occupé de ces études, lorsqu'il apprit fa mort, qui le laiffa en pleine liberté de fuivre fon inclination.

Cet homme faifoit groffe figure & aimoit la bonne chere, & il avoit par-là diffipé une bonne partie de fon bien, qui avoit été fort confiderable; fa veuve en ayant ramaffé les

debris, tranfporta fon domicile à J. LIPSE. Louvain, pour y veiller à l'éducation de fon fils & d'une fille qu'elle avoit eue avec lui; mais elle n'y demeura pas longtemps, ayant été attaquée d'une Hydropifie, dont elle mourut quelque temps après.

Lipfe avoit alors dix-huit ans, & fongeoir à voyager en Italie, pour s'y perfectionner dans les connoiffances qu'il avoit acquifes, par le commerce des Savans qui y vivoient. Mais il voulut auparavant fe faire connoître par quelque Ouvrage, qui lui procurât un Protecteur. C'est ce qu'il fit par fes Varia Lectiones, qu'il publia, ayant à peine dix-neuf ans, & qu'il dédia au Cardinal Antoine Perrenot de Granvelle.

Ce Prélat conçut à cette occafion une idée fi avantageufe de Lipfe, que que ce favant étant allé à Rome, où il s'étoit rendu lui-même pour affifter à l'Election du Pape Pie V. il le prit à fon fervice en qualité de Secretaire pour la langue Latine.

Lipfe demeura auprès de lui deux ans, pendant lefquels il employa fesheures de loifir à vifiter les Biblio

JLIPSE theques, les anciens Monumens & les Savans de la Ville de Rome. Il y prit auffi des leçons d'Antoine Muret, qui y enfeignoit alors.

De retour à Louvain, il y paffa une année plus occupé de fon plaifir que de toute autre chofe. Mais reconnoiflant enfin, qu'une vie femblable ne pouvoit lui être que préjudiciable, il rompit tout d'un coup toutes les habitudes, qui pouvoient 1'y entretenir, en entreprenant de nouveaux voyages.

Il alla d'abord en Franche-Comté. En paffant à Dole, il affifta à la pro motion de Victor Gifelin au Doctorat en Medecine, & fit en cette occa fion un difcours à fa louangé. Le repas qui fuivit cette Ceremonic penfa lui être funefte; car la débauche y fut pouffée filoin, qu'il s'y trouva fort mal, & qu'il fut reporté chez lui avec la fievre.

Lorfqu'il fut revenu en fanté, il paffa à Vienne en Autriche, & y lia amitié avec Busbeq, Jean Craton. Jean Sambucus, Etienne Pighius, & d'autres Savans, qui firent tous leurs efforts pour le retenir dans ce pays

Mais l'amour de la parrie ne lui per- J. LIPSE. mit pas de fe rendre à leurs inftances. Ainfi après quelque féjour en ce lieu, il fe mit en devoir de retourner dans les Pays-Bas, & vifita, en y retournant, la Boheme, la Mifnie & la Thuringe.

Il étoit dans cette derniere Province, lorfqu'il reçut la trifte nouvelle des troubles qui agitoient fa patrie, & des pertes particulieres que la guerre lui avoit caufées. Cette nouvelle l'obligea à ne pas aller plus loin, & à s'arrêter à Jene, où il accepta une Chaire de Profeffeur en Eloquence & en Hiftoire. Il en prit poffeffion en 1572. & la garda jusqu'au premier Mars 1574. qu'il quitta cette Univerfité pour retourner dans fon pays, où les chofes étoient un peu plus tranquilles. Quelquesuns ont prétendu qu'il l'avoit fait fecrétement, mais il affure le contraire dans une de fes Lettres.

Il alla d'abord à Cologne, où il fe maria, & époufa une veuve, d'une bonne famille de Louvain, nommée Anne Calftrie, dont il n'eut point d'enfans.

J. LIPSE.

Il demeura avec elle dans cette ville pendant neuf mois, après lefquels il l'emmena à Ifc, où il refolut de paffer fa vie tranquillement hors du bruit & de Pembarras. Mais les guerres qui recommencerent alors, lui rendant le féjour de ce lieu peu fûr, il fut obligé d'en fortir & de fe retirer à Louvain. Ce fut alors que par le Confeil de fes amis il s'appliqua à la Jurifprudence plus ferieufement qu'il n'avoit fait auparavant, & qu'il prit même en 1576. le titre de Docteur en cette Faculté. Il n'en fit pas cependant d'ufage dans la fuite.

La prife de Louvain, & les troubles, qui augmentoient chaque jour, le déterminerent à aller chercher plus loin une demeure plus tranquille, & il accepta avec plaifir une Chaire qu'on lui offrit à Leyde, où il fe transporta en 1579. Il y enfeigna avec applaudiffement pendant douze ans, profeffant à l'exterieur la Religion Calviniste, comme il avoit fait la Lutherienne pendant qu'il avoit demeuré à Jene; car il paroît qu'il a été affez longtemps indifferent fux

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