II fuivit conftamment la fortune P. PAS de fon maître; & après la mort, il TRIX. fe tint attaché à celle de Marguerite de Lorraine fa veuve. Cependant fes longs & fideles fervices auprès d'un Maître, qui l'affectionnoit, & qui l'eftimoit, ne lui valurent en tout que le Gouvernement de Limours un logement dans le Palais d'Orleans, & quelque pension affez modique. Il fit dans fa jeuneffe plufieurs pieces galantes, & quelques-unes même licencieuses; mais il les fupprima toutes le plus qu'il pût dans un âge plus avancé, où l'efprit de devotion prit en lui le deffus, & ne travailla plus que fur des fujets de pieté. Comme il étoit fur la fin de fa vie fort occupé de la mort, il fit peu de jours avant la sienne ces vers fi celebres. Je fongeois cette nuit, que de mal Côte à côte d'un pauvre on m'avoit inbumé ; Mais ne pouvant fouffrir ce fachenxe voisinage, P.PA- En mort de qualité je lui tins ce lan TRIK. gage. Retire toi, Coquin, va pourrir loin d'ici, Il ne t'appartient pas de m'appro cher ainfi. Coquin! ce m'a-t-il dit, d'une arrogance extreme, Va chercher tes coquins ailleurs, co quin toi même. Ici tous font égaux, je ne te dois plus rien, Je fuis fur mon fumier, comme toi fur le tien. I mourut à Paris le 6 Octobre 1671. âgé de 88 ans, & fut enterré au Calvaire. Il avoit un efprit très-naturel & infiniment agréable; & avec fon accent Normand, dont il ne s'étoit jamais pu défaire, & une niaiferie affectée qu'il avoit apportée de Caen, & qui y eft fort familiere, il étoit d'une converfation charmante. On dit de Voiture qu'il avoit l'exterieur niais, & M. Huet affure avoir fouvent entendu dire à Patrix, que c'étoit lui qui avoit appris la Niaiferie à Voiture. On cite quelques-uns de fes bons P. PAG mots, entre autres ceux-ci. Quand TRIX, rencontroit des compagnies où l'on parloit de Sciences, il les alloir joindre, en difant à ceux qui étoient avec lui, qu'il alloit goûter de leur vin. Un jour étant revenu d'une grande maladie à l'âge de 8o ans, comme fes amis s'en réjouiffoient avec lui & lui difoient de fe lever; Helas! Meffieurs, leur répondit-il, ce n'est pas la peine de fe rhabiller. Le caractere de fes vers eft tout-àfait original & prefque inimitable & l'on y trouve un fel d'un goût exquis. C'est le jugement qu'en porte M. Huet, qui avoit vu les Poefics de fa jeuneffe, qu'il fupprima dans la fuite; car nous n'avons plus gueres que celles qu'il compofa dans fa vieilleffe fur des fujets de devotion, Catalogue de fes Ouvrages. 1. Plainte des Confonnes, qui n'ont pas l'honneur d'entrer au nom de NeufGermain. Cette piece de vers; à laquelle Voiture répondit, fe trouve parmi les Oeuvres de ce dernier. Neuf-Germain étoit un Poete Françóis un peu fou, qui fervoit de jouet P. PA-au Duc d'Orleans, Gafton, & aux beaux efprits de ce temps-là. ΤΑΙΣ. 2. Poefies diverfes dans le Recueil de Poefies choifies de Barbin, tome 4e. 3. La Mifericorde de Dieu, fur la conduite d'un pecheur penitent. Blois 1660. in-12. C'eft un Recueil des Pocfies devotes de Parix, qui les dédia à Gafton, Duc d'Orleans, trois jours après fa mfort arrivée à Blois le 2 Fevrier 1660. » Ce Recueil, dit » M. Huet, mérite d'être confervé » pour fa fingularité ; car encore que » les vers foient fort negligés, languiffans, fentant le terroir Normand & le declin de l'âge, l'on voit néanmoins briller cet efprit original d'où ils font partis, & » l'on y reconnoît un cœur touché d'une pieté fincere. V. Les Origines de Caen de M. Huet. p. 384. Le Parnaffe François de M. Titon du Tillet. J 3 EAN Nevizanus naquie à Aft J. NEVI en Piemont d'une bonne famille. ZANUS. S'étant determiné après le cours ordinaire des études à fe donner à la Jurifprudence, il alla s'y appliquer à Padoue, où il eut pour Maître Frangois Curtius le jeune, qui mourut en 1533. après avoir profeffé pendane quarante ans. Il devint lui-même Profeffeur en Droit dans l'Univerfité de Turin: ce qui avec la compofition de fes Ouvrages, & les Confultations l'occupa pendant toute fa vie. Il n'a jamais été marié, mais il eut une Concubine, nommée Jaqueline, qu'il prit foin de marier, après en avoir cu un fils qui fut Avocat, mais qu'on dépouilla de fes biens après la mort de fon pere, & qui pour furcroît de malheur perdit l'efprit, & paffa d'une extrême pauvreté à la folie. Il avoit quelques biens dans la campagne de Tiglioli, dont les Com |