me faut pas fe marier, & les deux J. NEVI fuivans fur celle qu'il faut fe marier, ZANUS. ce qui fait voir que l'Auteur agite cette queftion problematiquement. Les deux derniers livres, qui font entierement étrangers aux précedens examinent les Regles qu'un Juge doit fuivre dans fes Jugemens, Quomodo judicandum. Nevizanus a fait connoître ici l'inclination qu'il avoit à debiter des plaifanteries, & ya étalé une érudition affaifonnée de curiofités, divertiffantes, mais une érudition mal digerée; car fon livre eftun vrai fatras où il a ramaffé diffe rentes chofes qui n'ont aucune liaifon entre elles, & qui font noyées dans une infinité de Citations. Il avoit tellement la fureur de citer, que lorfqu'il rapporte un paffage de Ecriture, il ne fe contente pas de marquer, l'endroit d'où il eft pris, il y joint encore les citations de cinq ou fix Jurifconfultes, qui l'ont allegué. C'étoit la methode des autres Jurifconfultes de fon temps, qui leur fervoit à faire connoître leur grande lecture, mais qui décou roit leur peu de jugement. Au

ZANUS.

J. NEVI- refte en trouve dans l'Ouvrage bien des chofes fingulieres & des penfées originales. Comme le livre eft affez rare, malgré toutes fes differentes éditions, ou du moins peu lû, j'en rapporterai quelques traits.

Liv. 1. No. 8. Il dit qu'il y en a qui prétendent que Dieu ne créa pas la femme en même temps que l'homme, parce qu'il fe referva à la créer avec les autres animaux. Alii dicunt, ajoute-t-il, quod in muliere Deus bene fecit Mamillas, Ventrem &alia que funt dulcia & amicabilia: fed de capite noluit fe impedire, fed permifit illud facere demoni.

dans

1b. No. 162. Il rapporte qu'il y a des Auteurs qui prétendent que la revolte des Anges contre Dieu, ceux qui demeurerent neutres entre Dieu & Lucifer ne furent point precipités dans les Enfers, mais que Dieu les mit dans les corps des femmes, afin qu'elles fiffent enrager les hommes.

Liv. 4. No. 98. Il dit que Dieu ne s'eft fait homme & n'a pardonné au genre humain, que parce que la Vierge étoit belle, & fe fert de cette

taifon pour relever les avantages de J. NEVI la beauté.

D'ailleurs il foutient des opinions erronées; comme lorfqu'il prétend que l'Adultere rompt entierement le fien du Mariage, & qu'un mari qui fe fepare de fa femme pour ce fujet, peut fe remarier à une autre ; & que la fimple Fornication n'eft pas un peché mortel. On peut voir dans l'Apparat Sacré de Poffevin une longue lifte des endroits que l'Inquifition à voulu qu'on reformât dans le livre de Nevizanus.

V. Guido Pancirollus de Claris Legum Interpretibus. Andrea Roffotti Syl. labus fcriptorum Pedemontii. Bayle,

Dictionnaire.

NICOLAS BOILEAU

N

DESPREAUX.

ZANUS.

PREAUX.

ICOLAS Boileau Defpreaux N. DES naquit à Paris le 1 Novembre 1636. de Gilles Boileau, Greffier de la Grand-Chambre, homme celebre par fa probité, & par fon experience dans les affaires, dont il fut

N, DES- le onzième enfant, & d'Anne de PREAUX. Nielle fa feconde femme, qui mourut en 1637. âgée de 23 ans, après avoir eu trois garçons, Gilles dont je parlerai plus bas, Jaques, dont j'ay parlé dans le 12 tome de ces Memoires p. 128. & Nicolas, dont il s'agit ici, ils fe font tous trois diftingués dans la République des Lettres,' & leurs écrits marquent affez le penchant qu'ils avoient pour la Satyre. C'eft à quoi Defpreaux fait allufion dans l'Epitaphe qu'il dreffa à fa Mere en 1670. lorfqu'il la fait parler ainf

Epoufe dun Mari doux, fimple officieux,

Par la même douceur je fçus plaire

à fes yeux:

Nous ne ffumes jamais ni railler ni medire.

Paffant, ne t'enquiers point, fi de cette bonté

Tous mes enfans ont herité:

Lis feulement ces vers, & garde toi d'écrire.

On remarque, comme une chofe finguliere, qu'il naquit, auffi bien

que

que l'Abbé Boileau, fon frere, dans N. DESla même chambre, où la Satyre Me- PREAUX. Kippée, connue fous le nom du Catholicon d'Espagne, fut compofée; Jaques Gillot, Chanoine de la Sainte Chapelle, qui en étoit un des principaux Auteurs, ayant habité la maifon où elle étoit.

Au refte Defpreaux, quoique né en 1636. fe faifoit toûjours plus jeune d'une année, pour la raison que je vais dire. Louis XIV. lui ayant demandé un jour, en quel temps il étoit né, il répondit que le temps de fa naiffance étoit la circonftance la plus glorieufe de fa vie: Je fuis venu au monde, dit-il, une année avant Vôtre Majefté, pour annoncer les merveilles de fon regne. Le Roi fut touché de cette réponse, & les Courtifans ne manquerent pas d'y applaudir. Defpreaux, qui n'avoit peut-être pas fait alors affez de reflexion fur l'année de fa naiffance fe crut depuis engagé d'honneur à foutenir ce qu'il avoit dit en préfence de toute la Cour. C'eft ce qui l'a obligé, toutes les fois qu'il a eu occafion de parler de fa naiffance, de Tome XXIV: