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N'eut point le talent redouté :
Mais fameux par sa probité,
Refte de l'or du fiecle antique
Sa conduite dans le Palais
Par tout pour exemple citée,
Mieux que leur plume fi vantée
Fit la Satire des Rollets.

On a fon portrait gravé par le celebre Nanteuil, avec ces vers Latins de l'Abbé Boileau, fon fils, au bas.

Define flere tuum, proles numerofa parentem,

Qum rapuit votis fors inimica

tuis.

Ecce tibi audaci Scalpro magis are

perennem,

Æmula natura reddit amica ma

nus.

Defpreaux devenu Maître abfolu 'de fa deftinée par cette mort, fe livra tout entier à fon genie Poetique. C'est ce qu'il nous apprend lui-même dans fon Epitre 5. où il parla ainfi :

Mon pere, foixante ans au travail
appliqué,

N. DESS PREAUX

"N. DESPREAUX.

En mourant me laiffa pour rouler

Pour vivre

,

Un revenu leger & fon exemple a
Suivre.

Mais bientôt amoureux d'un plus
noble metier,

Fils, frere, oncle, confin, beau-frere de Greffier,

-Pouvant charger mon bras d'une uti-
le liaffe,

J'allai loin du Palais errer fur le
Parnaffe:

La famille en pâlit, & vit en fre-
missant

Dans la poudre du Greffe un Poëte naiffant.

On vit avec horreur une Museeffrenée

& Dormir chez un Greffier la graffe matinée.

Dès-lors à la richeffe il fallut renon

cer;

Ne pouvant l'aquerir, j'appris à m'en paffer,

Et fur tout redoutant la baffe ferui

tude,

Lalibre verité fut toûjours mon étude. Dans ce metier funeste à qui vent s'enrichir,

Qui l'eût crû, que pour moi le fort N. DES

dût fe flechir ?

Mais du plus grand des Rois la bon-
té fans limite,

Toûjours prête à courir au devant du

merite ,

Crut voir dans ma franchise un me-
rite inconnu J

Et d'abord de fes dons enfla mon re

venu.

Ce fut dans le fein de cette nouvelle liberté, que lui procura la mort de fon pere, qu'il compofa la plûpart de fes Satires. Il fe contentoit dans le commencement de les lire à fes amis particuliers, & quelque applaudiffement qu'il en reçût, on ne pouvoit l'obliger à les rendre publiques. Il fouffrit même assez longtemps avec patience les mauvaifes copies qu'on en répandoit dans le monde; mais fa conftance l'abandonna à la vûe d'une édition pleine de fautes, & où pour furcroît de chagrin, il vit qu'on avoit mis fous fon nom une ou deux pieces fuppofées. Cela l'obligea à faire de bonne grace ce qu'on faifoit déja malgré

Tome XXIV.

R

PREAUX.

N. DES-lui: fes Satyres furent donc impriPREAUX. mées de fon axeu, d'abord feparé

ment & enfuite en recueil.

La premiere, qui eft le premier Ouvrage confiderable qu'il ait compofé, fut commencée vers l'an 1660. du vivant de fon pere; il y décrit les plaintes & la retraite d'un Poëte, qui ne pouvant vivre à Paris, va chercher ailleurs une deftinée plus

heureuse. C'eft une imitation de la 3e Satire de Juvenal, dans laquelle eft auffi decrite la retraite d'un Philofophe, qui abandonne le féjour de Rome, à caufe des vices affreux, qui y regnoient. Juvenal y décrit encore ies embarras de la même ville, & à fon exemple Defpreaux avoit dans fa Satire fait la defcription des embarras de Paris; mais il s'apperçut que cette defcription étoit comme hors d'œuvre, & qu'elle faifoit un double fujet; ce qui l'obligea à l'en détacher, & il en compofa une Satire particuliere, qui est là fixième. Il ne faifoit pas d'abord grand cas de cette piece; à peine avoit-il pu fe refoudre à la lire à quelques amis particuliers; mais l'Abbé Furetiere

l'ayant lûë avec lui, en fut fi con- N. DEStent, qu'il convint de bonne foy PREAUX. qu'elle valoit beaucoup mieux que celles qu'il avoit faites lui-même. Il encouragea le jeune Poëte à continuer, & lui demanda même une copie de la nouvelle Satire, qui devint bientôt publique par les copies qu'on en fit. Elle étoit alors dans un état bien different de celui auquel l'Auteur la mit avant que de la faire imprimer; car de 212 vers qu'elle contenoit, il n'en conferva qu'environ 60. Tout le refte fut, ou fupprimé ou changé.

La fixiéme Satire fur les embarras de Paris, qu'il détacha de la premiere, dont je viens de parler, fut com. pofée dans le même temps. M. de la Monnoye s'eft avifé de la traduire en vers Grecs, & cette traduction fe trouve dans le 4o tome du Menagiana. p. 244. M. Muralt en a fait un affez mauvaise Critique, qui a d'abord été inferée dans les Nouvelles Litteraires de la Haye du 28 Mai 1718. & enfuite parmi fes Lettres fur les Anglois & les François.

La Satire 7 fuivit après, car elle

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