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au mois de Juin 1692. ranima fon N. DESfeu Poëtique, & lui fit compofer PREAUX. une Ode fur ce fujet. Il la compofa l'année fuivante, mais il ne la blia, qu'en retranchant la feconde Stance, que M. Broffette nous a confervée dans fes Notes. La voici

pu

Un torrent dans les prairies
Roule à flots precipitez:
Malherbe dans fes furies
Marche à pas trop concertez.
J'aime mieux, nouvel Icare
Dans les airs cherchant Pindare,
Tomber du Ciel le plus haut,
Que, loué de Fontenelle
Razer, timide Irondelle,
La terre comme Perraut.

Ce

coup de dent lâché contre M. de Fontenelle anima celui-ci à s'en venger par l'Epigramme fuivante.

Quand Defpreaux fut fiflè fur fon

Ode,

Ses partifans crioient dans tout Pa

ris:

Pardon, Meffieurs, le pauvret s'eft

mepris.

N. DESPREAUX.

Plus ne louera, ce n'est pas fa Me-
thode.

Il va draper le fexe feminin ;
A fon grand nom vous verrez s'il
déroge.

Il a paru, cet Ouvrage malin;
Pis ne vaudroit, quand ce feroit élo-
ge.

C'eft encore M. Broffette qui nous a confervé cette Epigramme, de l'aveu de M. de Fontenelle, qui occupé depuis d'objets plus relevés & plus intereffans, ne s'eft plus embaraffe de défendre les interêts de fa Poëfie.

Defpreaux revint en effet à la Satyre, & donna en 1694. fa dixième, qui eft contre les femmes. Elle fut bien critiquée, fur-tout par M. Perrault, qui écrivit l'Apologie des Femmes; mais M. Arnauld en fit une efpece de défenfe dans une lettre écrite au mois de Mai de la même

année 1694. peu de temps avant fa mort, à M. Perrault, qui a été inferée à la fuite des Oeuvres de Def preaux dans les dernieres éditions. Defpreaux cependant ne fe con

tenta pas de cette réponfe; il voulut N. DESrépondre lui même, & il le fit dans PREAUX. fon Epître 10. qui eft écrite avec beaucoup d'art, & pour laquelle il avoit une telle prédilection, qu'il l'appelloit fes inclinations. Elle fut compofée au commencement de l'année 1695. & l'idée en eft prife d'une Epître d'Horace, qui eft la 2e du 2 livre. Elle a été traduite en vers Latins par M. Benigne Grenan, Regent du College d'Harcourt, & imprimée en cette langue en 1705.

L'Epître 11 adreffée à fon Jardinier, eft de la même année que la précedente, & voici quelle en fur I'occafion. Defpreaux avoit en 1685. acheté une maifon de Campagne à Auteuil. Il y étoit, lorfqu'il travailloit à fon Ode fur la prife de Namur, & s'y promenant dans le Jardin, il tâchoit d'exciter fon feu, & s'abandonnoit à fon enthoufiafme. Un jour il s'apperçut que fon Jardinier l'écoutoit, & l'obfervoit au travers des feuillages. Le Jardinier furpris ne favoit à quoi attribuer les tranfports de fon Maître, & peu s'en fallut qu'il ne le foupçonnât d'avoir

de

N. DES- perdu l'efprit. Les poftures que le PREAUX. Jardinier faifoit de fon côté, & qui marquoient fon étonnement, parurent fort plaifantes au Maître, maniere qu'ils fe donnerent quelque temps la Comedie l'un à l'autre fans s'en appercevoir. Cela lui fit naître l'envie de compofer cette Epître, dans laquelle il s'entretient avec fon Jardinier, & par des difcours proportionnés aux connoiffances d'un Villageois, il lui explique les difficultés de la Poëfie, & la peine qu'il y a fur-tout d'exprimer noblement & avec élegance les chofes les plus communes & les plus féches. De-là il prend occafion de lui démontrer que le travail eft neceffaire à l'homme, pour qu'il foit heureux. Cette Epître a été compofée en 1695. & M. Grenan l'a traduite en Vers Latins en 1705. Horace a auffi adreffé une Epître à fon Fermier; c'eft la 14e du premier livre. 'Mais ces deux Poëtes ont fuivi des routes differentes.

L'Epître 12. fur l'Amour de Dieu eft auffi de l'an 1695. M. Grenan l'a auffi traduite en vers Latins, & fa

traduction a été imprimée à Paris en N. DES

1706. in-12.

La Satire 11. vint enfuite. Le fujet en eft le vrai & le faux honneur. Defpreaux la compofa à l'occafion d'un procès, que le Commis à la recherche des Ufurpateurs du titre de Nobleffe, avoit intenté à M. Gilles Boileau, Païeur des rentes de l'Hôtel de ville de Paris, en execution de la Declaration du Roi du 4 Septembre 1696. L'Abbé Boileau, & Defpreaux intervinrent dans ce procès, auquel ils avoient le même interêt que M. Gilles Boileau. Ils produifirent des titres inconteftables, par lefquels ils prouverent leur Nobleffe depuis Jean Boileau Sécrétaire du Roi, annobli avec Jean fon fils en l'année 1371. & ils furent maintenus en la qualité de Nobles & d'Ecuiers par Arrêt du 10 Avril 1699. Ce procès excita la mauvaise humeur de Defpreaux, qui ne pouvoit fouffrir l'injuftice ni les vexations des Partifans. Il en vouloit furtout à Bourvalais, fameux Tráitant, qui étoit un des principaux Interesfés à la recherche des faux Nobles,

PREAUX.

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