N. DES-re d'excellens bifcuits, quand on en PREAUX. envoyoit acheter, il les enveloppoit dans la feuille qui contenoit la Satire de Cotin, afin de la répandre dans le Public. Cependant la colere de Mignot s'appaifa, quand il vit que la Satire de Defpreaux, bien loin de le decrier, comme il le craignoit, l'avoit rendu extrémement celebre. En effet depuis ce temps-là tout le monde vouloit aller chez lui. Mignot a gagné du bien dans fa profeffion, & il a fait depuis gloire d'avouër qu'il devoit fa fortune à Defpreaux. Il mourut le 12 Fevrier 173 1. dans un âge fort avancé.

Cotin ne s'en tint pas à fa Satire. Il publia un autre Ouvrage en Profe fous ce titre: La Critique defintereffée fur les Satires du temps. 1666. in-8°. Ily chargea Defpreaux des injures les plus groffieres, & lui imputa des crimes imaginaires, comme de ne reconnoître ni Dieu, ni foi, ni loi. Il s'avifa encore malheureufement pour lui, de faire entrer Moliere dans cette difpute, & ne l'épargna pas plus que Defpreaux. Celui-ci ne s'en vengea que par de nouvelles

railleries; mais Moliere acheva de N. DESle perdre de réputation, en l'immo- PREAUX. lant fur le Théatre à la rifée publique, dans la Comedie des Femmes Savantes, fous le nom de Tricotin, qu'il changea depuis en celui de Triffotin.

Des-Marets de St. Sorlin entreprit auffi la Critique des Oeuvres de Defpreaux, qu'il publia fous ce titre: La defenfe du Poëme Heroïque, avec quelques remarques fur les Õeuvres Satiriques du fieur Defpreaux : Dialogue en profe & en vers. Paris 1674. in-4°. Rien n'eft fi ridicule que le ton de hauteur & de mépris, que Des-Marets prend dans cet Ouvrage à l'égard de Defpreaux, que les louanges qu'il s'y donne fans aucune retenue, & que les reproches qu'il fait à l'Auteur qu'il combat. Ön prétend que le Duc de Nevers & l'Abbé Teftu y avoient travaillé de concert avec lui. Defpreaux averti que cet Ouvrage alloit paroître ̧ en prévint la publication par cette Epigramme, qu'il adreffa à Raci

ne.

N. DESPREAUX.

Racine, plains ma destinée.
C'eft demain la triste journée,
Ou le Prophete Des-Marais;
Armé de cette même foudre,
Qui mit le Port Royal en poudre,
Va me percer de mille traits.
C'en eft fait, mon heure eft venue.
Non que ma Mufe, foutenuë
De tes judicieux Avis,

N'ait affez de quoi le confondre :
Mais, cher Ami, pour lui repondre,
Helas! il faut lire Clovis.

Pradon fe mit enfuite fur les rangs, & donna d'abord Le Triomphe de Pradon fur les Satires du fieur D. La Haye in-12. Et enfuite fes Nouvelles Remarques fur tous les Ouvrages du fieur D. in-12. Ces Ouvrages font meilleurs que les précedens, & l'on veut que Pradon n'en ait été que le copifte, & qu'il ait été dirigé par de bons critiques.

Bonnecorfe donna auffi fon Lutrigot, Poëme Heroi-Comique, Marseille · 1686. in-12. C'est une piece affez ingenieufe.

La Satire des Satires de Bourfault eft encore contre notre Auteur;

mais j'en ai parlé affez au long dans N. DESfon article, tome 14°. de ces Memoi- PREAUX.

res p. 371.

Pour ce qui eft des pieces de Poëfies compofées contre Defpreaux le nombre en eft prefque infini; mais il y en a peu d'affez bonnes pour meriter quelque attention. Il eft temps de venir aux differentes éditions qui ont paru de fes Ouvrages.

Son Difcours au Roi & fes cinq premieres Satires furent imprimées enfemble pour la premiere fois à Rouen l'an 1665. in-12. fans fa participation, mais dans un état fort défectueux, & avec quelques pieces qui n'étoient pas de lui. Cette difgrace l'obligea à en donner luimême une nouvelle édition à Paris l'année fuivante 1666. in-12. Elle fut augmentée de deux nouvelles Satires, qui font la 3. fur un Feftin ridicule, & la 5. fur la Nobleffe, & il mit à la tête une Préface fous le nom de fon Libraire. Cette Préface a été confervée, dans les éditions qui ont fuivi jufqu'en 1674. & aufquelles on a ajouté la 8 & la 9°. Sa

N. DES-tires, auffi bien que la 1. & la PREAUX. 4. Epître à mesure qu'elles ont pa

ru.

Defpreaux en donna une nouvelle bien augmentée à Paris l'an 1674. in-4°. Car il y ajouta aux Pieces qui avoient déja paru, deux nouvelles Epîtres, qui font la 2e & la 3e. l'Art Poëtique, les quatre premiers Chants du Lutrin, & la traduction du Traité du Sublime de Longin. La Préface eft en fon nom, comme elle l'a toûjours été depuis.

L'année fuivante 1675. il fe fit à Paris une nouvelle édition in-12. des Oeuvres de Defpreaux, qui eft entierement femblable à la précedente, à peu de chofes près.

En 1683. il en parut une autre, que Defpreaux affura être beaucoup plus exacte que les précedentes, qui toutes étoient affez peu correctes, & dans laquelle on vit pour la premiere fois les Epîtres 5. 6. 7. 8. &9. avec quelques changemens en differens endroits. Elle eft in-12. & imprimée à Paris, comme toutes celles que Defpreaux a données.

Il s'en fit une nouvelle en 2 vo