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Aldrovandus.

Columel

On foignera de nettoyer fouvent le Poulailler, & de mettre la fiante à part; c'est un amandement très-bon pour les Prez, les Paniers ou les Nids où les Poules auront coûtume de pondre, feront auffi entretenus proprement & renouvellez de paille tous les quinze jours; on leur changera d'eau tous les jours, crainte qu'elle ne s'enpuantiffe: il ne faut que cela pour leur caufer la pepie. Il eft bon dans le coin d'une court de porter les ordures de la maifon après qu'elle a été balayée, cela amufe les Poules qui les grattent & se veautrent dedans. On prétend que cela fait mourir leur vermine, ou du moins on s'accommode en cela au naturel de ces Oifeaux, qui aiment à y chercher ainfi à manger; c'eft pourquoi un grand Naturalifte les réduit fous le genre de ceux qu'il appele Aves pulverulenta, qui yeut dire des Oifeaux qui aiment la pouffiere,

Il faut prendre garde que les Chats, les Renards, les Foüines & autres Bêtes ennemies de la volaille n'entrent dans lePoulailler de jour ni de nuit, & pour cela on le vifitera fouvent pour voir s'il n'y aura point quelque trou par où ces cruels animaux pourroient s'y introduire. Car il ne faut ainfi qu'un coup malheureux pour détruire toute la volaille d'une baffecourt car une Fouine, ou un Renard, outre les Poules qu'ils mangent, ont la malice de tuer les autres, & d'en emporter ce qu'ils peuvent.

La prudence veut qu'on n'ait jamais plus de Poules qu'on n'en peut nourrir; c'est-à-dire, qu'on n'a de grain pour fuffire à leur nourriture; un petit nombre bien entretenu rend plus de profit qu'un grand troupeau mal nourri; il y en perit tous les jours & telle volaille ne rend qu'un profit très-mediocre. Celle qui a foin de la Baffe-court ne doit donc point felon les faifons, épargner le grain aux Poules, ou autre chofe qui leur

en tienne lieu.

Un Coq fuffit pour douze ou quinze Poules, ainfi on peut juger par-là combien on aura de ces mâles par rapport au nombre de femelles qu'on lib. . ch. voudra nourrir. Columelle ne donne que cinq Poules à chaque Coq, & quelquefois que trois, felon les differens pays d'où on les tiroit de fon temps: mais c'eft trop peu pour un Oifeau qui eft fi lafcif, & qui abonde tant en efprits & en humeur feminale, & l'experience nous a appris qu'il peut fuffire à un bien plus grand nombre.

2.

Idem. ch.

14.

Nourriture ordinaire de la Volaille:

LA meilleure mangeaille pour les Poules, au fentiment d'un ancien Auteur, eft l'Orge pilé, Vefce & les Pois chiches, il leur ordonne auffi le Millet & le Panis, quand ils font à bon marché, La coûtume en eft abolie aujourd'hui, à moins que ce ne foit dans les pays où ces grains font fort communs : les criblûres du bled qu'on met au Moulin leur font encore très-bonnes, le froment pur les engraiffe trop, & les empêche de pondre.

L'Yvroye bouillie & le Son qui n'aura gueres été tamifé font auffi une très-bonne nourriture pour la volaille. On fe donnera bien de garde de leur jetter du marc de raifin, fi ce n'eft en hyver; car cet aliment leur fubtilife tellement les parties du fang & les leur rend fi volatiles, qu'au lieu de

fe fixer en auffi grand nombre qu'elles devroient à l'ovaire, elles fe dif fipent inutilement, ou leur font produire de très-petits œufs.

Endroit où donner à manger à la Volaille.

N donne à manger à la Volaille deux fois par jour, à certaines heures limitées, & aufquelles on ne manque point,de peur que cette volaille ne fe dérange, & ne ponde pas à fon ordinaire ; ce qui ne peut être que préjudiciable au Maître. Il faut auffi que ce foit toûjours en un même endroit, & que ce lieu foit plat & uni, & à l'abri des grands vents, afin que les Poules n'en foient point incommodées ; ces Oifeaux n'aiment point le vent, & cherchent autant qu'ils peuvent à s'en garantir.

Heure à laquelle on donne à manger à la Volaille.

ON jette à manger plus ou moins à la volaille, qu'on voit qu'elle peut trouver dans la Campagne plus ou moins de quoi fe nourrir; car d'ailleurs, ou il y a de l'herbe à pâturer, ou de la vermine à prendre ; c'eft en quelque façon une épargne pour le grain & le fon qu'on leur donne. Leur premier repas eft à foleil levant; car comme cette Volaille n'est point pareffeufe à fe lever, dès qu'elle voit le jour, auffi veut-elle déjeûner du matin, autrement elle s'écarte & ne cherche qu'à aller en dégât où elle peut, & les jardins fouvent fouffrent de fon impatience.

Le fecond repas eft le foir une heure avant Soleil couché, dans le temps qu'on bat le bled à la Grange, on peut ne leur donner que le matin à manger; car pendant toute la journée les Poules trouvent affez à vivre au tour de ceux qui battent, autrement il faut que ces Oifeaux ayent leur repas reglez, comme on a dit, & c'est le moyen de les maintenir toûjours feconds en oeufs, & en état d'être mangez fur table.

Les herbes hachées, les fruits découpez par morceaux & autres chofes femblables, felon les faifons leur conviennent encore très-bien; il eft vrai que cette nourriture n'eft pas fi fubftantielle que le grain, mais elle ne laiffe pas de les foutenir: on mêle les herbes d'un peu de fon, & tout cela pour ménager le grain.

L'Avoine pure leur eft encore très-bonne, la mie de pain, le bled Sarrazin & le Chenevi les font beaucoup pondre, mais principalement ce dernier grain qui échauffant l'ovaire plus que les autres, lui fait concevoir des oeufs, qui dès leur principe auroient peri fans ce fecours.

Pour venir à la vermine dont on a déja parlé, & qui eft une nourriture que la Volaille fe plaît à manger, on fçaura que ce ne font que des vers de terre ; & comme cet aliment leur eft très-profitable, & que c'eft un ménage,on va donner un moyen de s'en fervir abondamment,

Secret pour avoir des Vers en abondance.

Hoififfez quelque endroit dans la Baffe-cour, creufez-y une foffe longue & large comme vous le jugerez à propos, c'est-à-dire, de dix ou

douze pieds fur tous fens, & profonde de trois ; il faut que cet endroit aille un peu en pente de peur que l'eau n'y croupiffe.

Cela fait, & la foffe étant creusée, mettez dans le fond un lit de paille de fegle hachée menuë de la hauteur de quatre doigts, épanchez deffus un lit de fumier de cheval récemment forti de l'écurie, & par deffus un lit de terreau de couche, ou d'une autre terre legere, enfuite vous répandrez fur tout cela du fang de boeuf, du marc de raifin, de l'avoine & du fon de froment, le tout bien mêlé ensemble, après cela on recommence les lits de paille, de fumier & de terreau comme auparavant, & jufqu'à ce que la foffe foit remplic.

Pour rendre ce fumier plus abondant en vers, il eft bon dans le milicu 'de le garnir d'entrailles de quelques bêtes qu'on puiffe trouver à fa difpofition, foit Mouton, Brebis, Chien, Vache ou autres, il n'importe: & quand ce fumier eft au dernier lit, qui eft la terre, & qu'on l'a achevé, on le couvre d'épines, mifes fort épais qu'on tient en état avec des pierres ou autre chofe par-deffus qui foit pefant, pour empêcher que les vents ne les dérangent, & que la volaille n'aille gratter ce fumier par-deffus, ce qui empêcheroit le bon effet qu'on en attend.

On juge bien que pour contribuer beaucoup à la production des vers,ce fumier doit être bien expofé au foleil, & quand on voit que cette vermine y fourmille à foifon, pour lors on l'ouvre, & on en tire des vers qu'on jette aux Poules, plus ou moins abondamment que la Verminiere le permet. Cette diftribution fe doit faire avec prudence & oeconomie, on ne fçauroit croire combien cette nourriture les tient en bon état.

C'eft ordinairement le matin qu'on diftribue cette nourriture, & un homme en trois ou quatre coups de bêche en fait la fonction ; on tient toû~ jours cette Verminiere hors de l'infulte de la volaille qui l'auroit bien-tốt dégarnie fi on la lui laiffoit gratter à difcretion. On obfèrvera de ne la vuider que par un feul endroit, & de ne la point entamer ailleurs, & par ce moyen elle fournira long-temps à la Volaille des vers pour fe nourrir.

La Verminiere fera toujours bien couverte d'épines crainte de l'accident dont on a parlé, & il n'y aura que la feule ouverture par où on l'aura entamée qui permettra aux Poules d'en approcher, plufieurs jours après néanmoins qu'on en aura tiré des vers: à mefure qu'on la fouillera, on en ôtera la couverture, & l'on continuëra cette manoeuvre jufqu'à ce que cette Verminiere foit toute dépouillée, & pour lors la Volaille a toutę liberté d'aller gratter deffus.

Il feroit à propos pour ménager le grain, qu'on fift deux ou trois Verminieres qui puffent fe fucceder l'un à l'autre : c'eft le veritable fecret de nourrir la Volaille à bon marché. L'été eft le temps de les faire, & depuis le mois de Novembre jufqu'à Pâques celui de s'en fervir.

On fe fert encore heureusement des tripailles des animaux qu'on tuë à la maifon, pour nourrir des Poules: il faut les hacher, & les leur jetter dans la cour, elle les mangent en guife de vers: on voit comme on ne perd rien à la Campagne, & que tout s'y met à profit,

Les Murs font encore un aliment dont la Volaille eft fort avide ; c'est pourquoi il eft bon de planterquelques Mûriers dans laBaffe-cour,ce fruit

lui rend la chair délicate, & l'engraiffe affez pour être fervie fur table, & la rendre fertile en oeufs.

Devoir de celle qui a foin de la Volaille.

Oute cette conduite demande beaucoup de foins & de vigilance; car celle à laquelle tous fes Oifeaux domeftiques font commis doit les enfermer & leur ouvrir le Poulailler foir & matin, & les obferver en fortant, s'il n'y en a point quelqu'une qui cloche, afin d'y apporter du remede: c'est à elle à faire, à lever tous les jours les oeufs pour les ferrer à part, afin de diftinguer les frais d'avec les autres, & de les employer felon les ufages aufquels on veut les deftiner, de nettoyer le Poulailler toutes les femaines une fois, de peur que les ordures ne caufent quelque inconvenient à la Volaille, & de le parfumer fouvent pour en ôter le mauyais air. Cette fumigation fe fait avec de Pencencens, ou autres aromars qui ne coûtent gueres,

Il faut encore qu'elle ôte la vieille paille des nids des Poules pour les garantir de la vermine à la quelle les Poules font fujettes, fans ce foin qu'on y apporte; le foin pour garnir ces nids yaut mieux que la paille, les poux & les puces ne s'y engendrent pas fi-tôt, & les Poules qui pondent Ou qui couvent s'y repofent plus mollement & plus chaudement. Il faut toûjours qu'il y ait un oeuf dans le nid pour y attirer les Poules.

La nature aidée de la bonne nourriture opere affez dans les Poules pour les faire pondre dans le temps chaud, fans qu'il foit besoin d'y apporter des foins bien extraordinires. Il n'en eft pas de même pendant l'Hyver, il faut que ces foins fe redoublent car enfin c'eft en quelque façon forcer la nature que d'obliger la Volaille à donner des oeufs quand le froid fe fait fentir,

Our

Moyens d'avoir des oeufs en Hver..

P у réüffir néanmoins, il y a trois chofes à obferver, le tempe

rament robufte des Poules, le lieu où on doit les mettre, & l'aliment dont il faut les nourrir.

On prend donc pour cela un certain petit nombre de Poules bien choifies, de moyenne taille & âgées de deux ans, on les enferme dans une chambre chaude, & éclairée fuffifamment, avec un Coq tel qu'on a dit qu'il devoit être pour bien faire fon devoir; il ne faut point épargner la mangaille à cette Volaille; l'orge bouillie & donné chaudement leur eft admirable, l'avoine crue, la mie de pain de temps en temps & les criblûres de toutes fortes de bleds ne doivent point lui être épargnées, le chenevi a de grandes vertus pour faire pondre les Poules ; il faut leur en jetter un pour leur réveiller l'appetit; car qui les nourriroit beaucoup de ce grain dépenferoit plus que les oeufs ne vaudroient, outre qu'il feroit dangereux que cet aliment les échauffant par excès, ne détruisît le bon effet qu'il devoit produire dans l'ovaire.

Leur eau, qui fera toûjours entretenue claire & nette, ne leur manquea point, il faut avoir foin de nettoyer leurs nids. Ce n'eft pas que dans

Remarques

cette faifon la vermine ne s'y engendre gueres, mais c'eft qu'il y a toujours quelques ordures qui incommodent les Poules qui pondent, outre que cela empêche que la chambre ne contracte une mauvaise odeut.

Mais comme quelque choix qu'on auroit fait des Poules, il y en pourroit avoir quelques-unes qui ne répondroient pas à nôtre attente, on obfervera quelle elles feront pour les ôter & les jetter dans la cour, afin de ne donner tous les foins qui font neceffaires à ce qu'on recherche qu'a près celles qui les meritent: c'eft un avantage d'avoir des oeufs en hyver & une douceur très grande, on en fait de l'argent, & c'eft là le but.

Il y en a pour faire pondre les Poules en hyver qui les nourriffent encore de pain rôti & trempé dans l'eau du foir au matin. C'eft à dîner qu'il faut leur donner cet aliment; les vers de terre excitent auffi beaucoup ces Oifeaux à donner des oeufs, c'eft pourquoi on ne negligera point de faire des Verminieres, comme nous l'avons enfeigné.

Quand les Poules ont paffé trois ans il faut les manger, & fe defaire de celles qui font fteriles, ou qui ne pondent que rarement. Quelques obfervateurs de la nature de ces Oifeaux prétendent qu'on doit remarquer, autant qu'on peut, leurs oeufs propres pour les leur donner à couver, parce, difent-ils, qu'il y en manque moins; mais ces obfervations qui fe trouvent fauffes dans leur principe, ne doivent point fcrupuleufe

ment nous arrêter.

Du temps qu'on doit mettre couver les Poules.

L'ordre naturel
'Ordre naturel veut que les Poules faffent leur ponte avant que de

,

que

& felon que ces Oifeaux font plus ou moins feconds; c'eft la nature & le temperamment qui regle cela.

Cette ponte étant achevée, les Poules gloffent, & c'eft une marquê qu'elles veulent couver : l'ardeurs qu'elles ont de faire éclore leurs petits, parce qu'elles croyent que ce font leurs oeufs propres qu'on leur donne, les animent tellement, qu'elles ne font que nous rompre la tête de leurs gloffemens, jufqu'à ce qu'on leur ait mis des oeufs fous elles. Ce n'eft pas que toutes les Poules qui gloffent foient capables de conduire jusqu'à lá fin cet ouvrage, les Poules trop jeunes n'y font point propres, non plus que celles qui font farouches & acariâtres, ce font des envies qu'elles en ont, mais qui fe paffent bien vîte ; il n'y a donc que celles qui font franches & dociles qu'on doit eftimer bonnes couveufes.

Le plûtôt qu'on peut mettte couver les Poules après l'hyer, c'eft toûjours le meilleur, afin d'avoir des premiers Poulets qui puiffent au commencement de l'Eté être bons à chaponner; car comme dit le Proverbe : Chapons avant la Saint Jean & Chaponneaux après : outre que les femeles qui naiffent en Mars ou en Avril font toûjours en état de rendre plûtôt du profit que les autres.

Il y en a qui ne font point de cas des Poulets éclos depuis la my Juin ; parce, difent-ils, qu'ils ne deviennent point gros. Il eft vrai qu'ils ne valent pas les premiers venus, mais ce font toûjours des Poulets qui peuplent une Baffe-cour, & qui ont leur merite dans leur temps: ainfi on

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