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que

les cha

moins dans les commencemens de ne lui point tant donner de nourriture
dans leur fuite, & l'augmenter de jour en jour, & à mesure
que
pons engraiffent; car qui iroit tout d'un coup les gorger de ce pât, & avant
que leur nature y fut accoûtumée, ce feroit leur caufer des indigestions qui
les empêcheroient d'engraiffer.

Il faut donc voir fi les Oiseaux digerent quand on voudra leur donner à manger, & ne leur en point donner que toute la digeftion ne foit faite, ce qui eft très-aifé à obferver en leur maniant le jabot, & pour lors quand on le fent vuide, on leur fera avaller de nouvelles pillules.

Pendant qu'on nourrit ainfi les Chapons & les Poulardes, on ne leur donne point à boire, parce que les pillules qu'on trempe dans l'eau avant que les leur porter dans le bec, font affez humectées pour appaifer leur foif. Quand ces Oifeaux font raffaffiez à plein jabot, on peut, fi l'on veut, les jetter dans la chambre pour les laiffer un peu promener, & aider par ce petit mouvement à la digeftion, puis les renfermer dans leur logette, & continuer après eux les mêmes foins durant un mois ou quarante jours tout au plus.

Quoiqu'il femble que cette maniere d'engraiffer la Volaille coûte bien. des foins & de la nourriture, cependant c'eft un ménage à la campagne; la nourriture eft toûjours bien employée, quand on fçait d'ailleurs s'en dédommager, & ces foins qu'on prend ne font ordinairement que des foins dérobez, & qui ne préjudicient en rien aux autres travaux d'une Servante, principalement quand la Maîtreffe daigne y mettre la main elle-même, le tout n'en va que mieux.

Columelle dit que l'eauemmiellée dont on fe fert pour paîtrir les pillules L. 8. 6. 73 engraiffe plus promptement la Volaille que lorfqu'elle eft pure, qu'on peut ufer pour cela de pain trempé dans du vin où il y aura les trois quarts d'eau.

Secret pour conferver les œufs.

Néprouve que les œufs fe gardent long-temps bons à manger, lorfqu'en Eté on met ceux qu'on amaffe dans un lieu frais, & en Hyver dans un endroit où ils ne gelent point, le chaud & le froid leur font contraires, il faut les en garantir.

C'est une bonne provifion que des oeufs dans une maison, & dont on ne fçauroit être trop pourvû; ils fervent en cuifine pour la table; en médecine fi l'on en a befoin, ou bien on les envoye au Marché pour en faire de l'argent.

Quelques-uns pour les conferver les mettent dans un vaisseau où il y a du fon, du fel, ou des fcieures de bois de chêne, ou bien des cendres ou du Millet; d'autres les mettent parmi la paille en Eté, & durant l'Hyver dans du foin; & l'experience nous apprend tous les jours que fans tant de myftere les oeufs peuvent fe conferver à la cave dans une futaille ou autre vaiffeau, & que là ils s'y gardent tant que leur nature le leur met. Il faut pour cela que cette Cave foit chaude en Hyver, & fraiche en Eté, & non humide.

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Q

Fepici

Flux de ventre.

Des Maladies des Poules, & des moyens de les en guerir.

A Volaille, ainfi que toute forte d'autres animaux, font fujettes aux maladies, elle en a qui lui font particulieres, & dont voici le détail: & comme la Pepie fe prefente d'abord à nôtre idée, ce fera celle par où

nous commencerons.

La Pepie eft la maladie qui arrive le plus frequemment aux Poules communes ; elle leur vient de leur avoir laiffé manquer d'eau, ou d'en avoir bû qui étoit puante.

Dans l'un & l'autre cas cette maladie vient de l'acrimonie faline de la lymphe, qui picote & irrite l'orifice fuperieur du ventricule de l'Oifeau. Plus elle eft âcre ou temperée, plus ou moins elle y caufe d'ardeur; de maniere qu'il s'éleve des vapeurs des entrailles de la Poule, qui fe portant à l'oefophage, le deffeche, & par une continuité de la membrane interieure de cette partie avec la langue, on voit que cette partie-ci s'altere par un cartilage blanchâtre qui y paroît & qui eft le figne de la Pepie.

Pour guerir l'Oifeau de ce mal, on prend un aiguille à coudre, on lui ouvre le bec, on en tire la langue, & avec cette aiguille on enleve adroitement le cartilage qui y paroît, après on lave la playe ayec de l'huile dans laquelle on aura écaché une gouffe d'Ail ou du Vinaigre un peu chaud ou de la falive feulement. Il y en a qui parmi la nourriture de ces Poules Patteintes de la Pepie, mêlent du ftaphisagre haché menu.

Quand les Poules ont le Flux de ventre, il faut leur faire boire un peu de gros vin trede, dans lequel on aura fait bouillir des pelûres de coings, ou bien leur donner pendant un jour ou deux des jaunes d'oeufs durcis & Filez dans un Mortier avec du chenevis: il y en a qui leur donnent de l'orge bouilli avec de l'écorce de grenade: d'autres qui leur font des pillules avec de la farine d'orge détrempé avec du vin mêlé d'un peu de décoction de coings.

Ventre con- Cette volaille par un effet contraire a le ventre trop refferré, & cette Stupé. fuppreffion de ventre a fa caufe dans les inteftins, ou dans les matieres contenues, dont fe doit faire l'expulfion; & pour cela on donne pour breuvage aux Poules de l'eau dans laquelle on aura mêlé un peu de miel, où bien on leur fait une mangeaille avec de la farine de fergle & de la poirée, autrement dite bette blanche hachée très menu.

Du catarre

& comment

guéri.

Les jeunes Poulers font fort fujets à cette maladie, il y faut prendre garde de près, & lorfqu'on l'a remarqué, on leur ôte les plumes qui font au tour du croupion & aux entre-cuiffes, afin qu'elles n'arrêtent point la fiente prête à fortir de l'anus ; & de peur qu'il n'y ait quelque matiere qui y fejourne, on prend un fétu de paille avec lequel on feur ouvre adroitement cette partie, & auffi-tôt la nature agit en eux comme on le foulaite. Pour leur nourriture ce fera la même qu'aux poules.

Le Catarre eft une fluxion ou diftillation d'humeurs qui vient aux poules pour avoir été morfondues de froid, ou avoir été trop fortement expofées au foleil, ou bien de la repletion du cerveau, & de la débileté de partic recevante.

la

On connoît que les Poules font attaquées du Catarre lorfqu'elles reniflent fouvent, & qu'elles font dégoûtées, & pour les en guerir, on prend une petite plume avec laquelle on leur traverfe les nazeaux pour faciliter l'humeur à couler, & fi l'on voit que cette fluxion fe jette fur les yeux ou à côté du bec, & qu'elle y cause une tumeur, il faudra l'ouvrir pour en faire fortir la matiere, & mettre fur la playe un peu de fel broyé.

A

Quelquefois les Poules ont les yeux enflammez & douloureux, cette Inflamma douleur leur est très-sensible, à caufe de la délicateffe de la partie affectée, tion des & leur font oublier le boire & le manger; le remede eft de leur baffiner ces yeux. parties avec de l'eau de pourpier, ou de lait de femme, ou bien avec un blanc d'oeuf agité avec un morceau d'alun, ou bien fe fervir de vin éven té ; & comme le vice de ce mal provient d'une lymphe trop acre & d'un acide trop falé qui ronge & picote les yeux, il faut détourner cette caufe interieure, en donnant aux Poules malades de la poirée hachée fort-menu dans du fon de fegle, & de temps en temps lui donner un peu de millet pour lui reveiller l'appetit: fon eau fera mêlée de fuc de poirée pilée.

Il faut remarquer generalement parlant que lorsqu'on voit une Poule Remarque malade, il la faut prendre & la mettre dans une chambre, afin de la traiter générale. feparement des autres Volailles.

La taye ou cataracte des yeux aufquels les Poules font auffi quelquefois Taye ou fujettes ayant la même caufe que l'inflammation, on ufe auffi des mêmes cataracte remedes, & outre ceux-là, tous ceuxqui peuvent fubtilifer cette humeur dans l'œil. & enlever des parties de cette excroiffance, comme le fucre de candi, l'urine ou l'alun, y font fpecifiques. Quelques-uns fe fervent de fel ammoniac & de miel, le tout mêlé ensemble à doze pareille, d'autres leur levent cette taye avec une aiguille, mais il faut que cela fe falle fort adroitement.

Si l'on remarque que la Volaille foit incommodée des poux ou d'au- Contre la tre vermine, on la lavera avec du vin, où l'on aura fait bouillir du cumin Vermine, ou de la ftaphifagre, ou bien on met cuire des Jupins l'amertume de ces plantes les fait mourir. Cette vermine eft préjudiciable aux Poules, & fur tout aux couveufes qu'elle maigrit beaucoup.

La plupart de la Volaille eft ennemie des frimats, fur tout pendant la nuit, lorfqu'elle y eft expofée; cet air froid les morfond & leur caufe les maladies qui leur font propropres. Le remede qu'on y peut apparter eft de foigner de leur bâtir un bon Poulaillier, & d'avoir foin le four de les y enfermer.

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On voit encore des Poules qui font étiques, marques d'un temperemment extrêmement échauffé, on prend ces Poules, on les met dans Poules éti endroit particulier, on leur y donne pour nourriture de l'orge bouilli ques. avec de la poirée, & pour boiffon du fuc de cette même plante mêlé le quart avec de l'eau. La poirée purifie le fang & leve les obftructions, & L'orge qui nourrit beaucoup la Volaille & la rafraîchit, la rétablit en pou de temps,

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Poule effets differens

Differens ufages des Volailles dont on a parlé.

N employe les Poutes en Cuifine, leur chair eft pectorale & do facile digeftion, elle contient un fuc nourriffant qui humecte & rafraîchis; elle eft très-falutaire aux perfonnes extenuées & convalefcentes. qu'elle pro- Une vieille Poule fe digere difficilement, on s'en fert neanmoins tous les jours avec fuccés pour mettre dans les bouillons.

duit.

Poulet, fes

effers.

Chapon, Les effets.

Coq, Les sffers.

Quelques Medecins tiennent que la Poule ouverte vive & appliquée chaudement fur une morfure venimeuse, en fait fortir le venin ; que la membrane interieure de fon gofier deffechée & mise en poudre eft fpecifique pour le flux de ventre, qu'elle excite l'urine & aide à la digestion: que la graiffe de Poule lavée en eau rofe eft bonne pour les gerfures des lévres & les engelures, que le fiel inftilé dans l'oeil en ôte la taye, que la fiente deffechée & pulverifée très-fubtilement & mife fur les yeux dépilez, y fait revenir le poil, & qu'étant mêlée avec huile rosat, elle est très-specifique pour la brûlure.

Le Poulet, pour être bon doit être choifi jeune, tendre, gras, & bien nourri, fa chair eft nourriffante, pectorale & facile à digerer; elle humecte, rafraîchit & eft de bon fuc. L'eau de Poulet s'employe dans la diéte des fébricitans,qui n'ont befoin que d'un aliment très léger.Le poulet étant d'une fubftance qui paffe vite, ne convient point aux perfonnes laborieufes, accoûtumées à la fatigue; c'eft pourquoi on n'en nourrit point les Domestiques à la Campagne.

On doit choisir le Chapon de même que le Poulet. Cet Oifeau eft nourriffant, il reftaure, il répare les forces abattuës, & est de facile di̟gestion; il eft fort d'ufage dans les maladics de confomption.

Le Coq n'eft pas un aliment fi délicieux que le Chapon, parce qu'étant ún animal lafcif, qui abonde en efprits & en humeur feminale, dont il fait de frequentes déperditions, &par la grande chaleur où il eft continuellement, fa chair devient feche & difficile à digerer : elle a peu de goût & fe fert peu fur les tables délicates. On employe neanmoins le Coq pour les bouillons, & l'on choifit même en cette occafion le Coq le plus vieux.

Les parties génitales du Coq, quand il eft encore jeune, font propres pour les perfonnes maigres & attenuées, fon cerveau eft falutaire pour le cours de ventre, & fon fiel propre pour les maladies des yeux, & a enlever les taches du vifage.

Proprietez des œufs.

Es oeufs font fort nourriffans, ils adouciffent les âcretez de la poi trine, & font propres pour la Phtyfie & les Hemorragies, mais il faut pour cela qu'ils foient frais.

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Quand ils font trop vieux ils échauffent beaucoup, & caufent des infirmitez à ceux qui font d'un temperamment chaud & bilieux ; parce que fermentation qui leur furvient alors, ne détruit pas feulement l'union & le premier arrangement de leurs principes huileux & falins qui font leurs

bons effets, mais encore éleve & exalte un peu trop ces principes, ce qui en diminuë la bonté,

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Epreuve pour découvrir fi les œufs font frais.

Our découvrir fi les oeufs font frais ou non, on les prefente à la lumiere, & l'on examine fi les humeurs qu'ils contiennent font claires & tranfparantes ; fi elles ne le font point, c'est une marque que les oeufs font vieux. On approche encore l'oeuf du feu, s'il en fort une petite humidité, on juge qu'il eft frais, finon qu'il eft vieux.

Les oeufs durs font aftringeans : le blanc d'oeuf battu avec l'eau de plantin, eft un collire merveilleux pour l'inflammation des yeux: le jaune avallé feul appaise la toux : la petite membrane qui eft fous la coque de l'oeuf deffechée & fubtilement pulverifée & incorporée avec un blanc d'oeuf conviennent aux gerfures des lévres : la coque d'oeuf calcinée, reduite en cendre & bûe avec du vin, arrête le crachement de fang, elle est bonne feule pour blanchir les dents : le blanc d'oeuf mêlé avec de la chaux vive pulverifée, & la coque reduite en cendre, du ciment tamifé & un peu particuliere de bitume fait un maftic excellent pour rejoindre le fragment des porcelaines, ou fayences brifées,

Matiere

CHAPITRE II.

Des Poules d'Indes; comment les gouverner. Inftruction pour élever les Dindons. Proprietez de cette Volaille.

L

A Poule d'Inde eft un gros Oifeau affez connu, qui apporte beaucoup de profit, qui eft d'un grand ufage parmi les alimens. Il y en a de noirs, de gris cendré, pommelé, & d'autres dont les plumes font rougeâ tres & blanches, ou toutes rougeâtres.

Ces Oifeaux étoient autrefois inconnus aux Européens, & on les apporta en premier lieu d'une partie d'Affrique, appellée Numidie; c'eft fous ce nom qu'il faut les entendre dans Columelle, il les appelle auffi Poules L. 8.c.1 Afriquaines. Ces Poules nous font auffi venuës des Indes, & c'est d'où elles ont tiré leur nom. Les Grecs les nommoient Meleagrides, parce qu'ils s'imaginoient que les foeurs de Méleagre avoient été changées en ces Oifeaux. Le Lecteur pardonnera, s'il lui plait, cette digreffion qu'on n'a mife ici que pour faire entendre fous quels noms les anciens Auteurs les avoient connus.

On ne bâtiroit pas deux endroits diftinguez pour loger ces Oifeaux feparément d'avec les Poules communes, fi les premiers s'accommodoient mieux aux juchoirs avec les autres; mais comme ils font plus gros ils veulent être les maîtres, & troublent les Poules dans leur repos; ainfi donc, il faut leur deftiner un lieu à part, principalement quand il y a des Dindons,

Demeure

des poules d'Indes.

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