Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Ponte des Poules d'Indes,

Choix des
Poules d'In

Coq.

Cette efpece de Poulaillier ne demande pas tant de façon que celui des Poules ordinaires, il fuffit que les bêtes qui leur font ennemies n'y entrent point, & qu'il y ait des perches mifes de travers pour les faire jucher, il faut qu'elles foient fortes pour foutenir ces Oifeaux qui font pefant. Ce n'eft pas que lorsqu'ils font bien forts, & environ vers le mois de Novembre, la plupart juchent à l'air, fur des arbres, s'il y en a dans la cour, ou fur des charetes ou autres chofes de cette nature qu'elles trouvent à leur difpofition, fans craindre ni la gelée, la neige, ni les autres frimats aufquels l'hyver eft fujer, parce que ces Oifeaux aiment l'air na→ turellement, & l'on tient même qu'ils y engraiffent mieux, que lorfqu'ils font enfermez. Ceux qui prennent envie de nourrir des Poules d'Indes, doivent avoir un endroit près de la maifon où ces animaux puiffent på turer; c'est le moyen d'en élever beaucoup & à peu de frais, & de les garantir de bien des maladies; ces Qiseaux aimant à paître l'herbe, & à vivre de vers,

Lorfque les Poules d'Indes veulent faire leur ponte, il les faut obferver de près & voir où elles fe mettent pour la premiere fois pour dépo→ fer leurs oeufs; c'eft-là qu'on doit de deux jours l'un les aller vifiter, & foigner de lever leur oeuf, quand il eft pondu; autrement il feroit à craindre que quelque chien ne le mangeât parce que ces animaux ne pondent toûjours qu'à terre: ces Poules font deux pontes par chaque année, & dont chacune monte à douze ou quinze oeufs, elles commencent la pre miere vers la my Février, quelquefois un peu plûtard felon les hyvers plus ou moins rudes, & la derniere vers le mois de Septembre,

Loifqu'il eft queftion de multiplier l'efpece de ces Oiseaux, on doit des & du toûjours choifir les plus groffes poules & le plus gros Coq; celui-ci doit avoir l'afpect fier & éveillé, il doit être courageux, & pour ainfi parler, mal-veillant & colere: tout cela ne marque que d'autant plus l'amour qu'il a pour les poules; chaque Coq en peut avoir fix, & fix poules fuffifent pour garnir abondamment une Baffe-cour de cette Volaille: au refte on n'en prend que ce qu'on juge à propos, & felon qu'on a de quoi les nourrir. Quand on eft en état d'en avoir beaucoup, il faut en élever, parce qu'il ne coûte pas plus d'en donner un bon troupeau à conduire à un bon Dindonnier qu'un petit nombre, & par-là cn lui fait gagner fes gages.

Les Poules d'Indes qui vont aux champs ne dépenfent pas tant à beau coup près que celles qui font toûjours à la maifon, & qui caufent fouvent des dégats aux jardins, aux vignes & aux bleds qui font voifins, les autres fe nourriffent par la campagne de racines, de vermines, d'herbes, de grains & de fruits fauvages. On entend encore un coup qu'on ne les meine aux champs que quand il y en a beaucoup ; car s'il n'y avoit que cinq à fix poules avec un coq, & que ce fuffent ceux-là, dont on auroit fait choix pour multiplier l'efpece, il faudroit les nourrir à la maifon, parce que la nourriture qu'ils trouveroient par les champs ne fuffiroit pas pour les bien nourrir ; une bonne nourriture alors leur eft neceffaire, & particulierement l'avoine pour les échauffer, & obliger les meres à pondre, & le Coq à bien careffer fes Poules.

Ileft conftant que par le moyen des poules d'Indes on a bien-tôt une Bafle-cour fournie de Poulets & d'autres volailles, parce qu'elles embraffent beaucoup d'oeufs quand elles couvent. Il faut pour les mettre couver ufer des mêmes précautions qu'à l'égard des poules ; c'est-à-dire, bien choifir leurs oeufs, leur dreffer de bons nids, & les metre dans un endroit fecret, où rien ne les puiffe détourner de leur travail.

les d'Indes

Les Poules d'Indes couvent également leurs oeufs comme ceux des au- Comment tres volailles, c'eft pourquoi de quelques efpeces de ces Oifeaux qu'on mettre couveuille multiplier, il eft indifferent de faire choix des oeufs qu'on fouhaite ver les pouque les couveufes fomentent, foit pour avoir des Dindons ou des Poulets, fi l'on ne fuppofe aux meres d'Indes que leurs oeufs propres, on leur en donnera depuis quinze jusqu'à ving: fi on leur mêle moitié eufs de poules communes, il faut leur en donner vingt-cinq, & fi ce ne font que de ces derniers, trente, & avoir bien foin des couveufes, elles en feront eclore heureufement les petits. Les oeufs des poules d'Indes font un mois à éclore, ainfi eft bon de remarquer quand on met couver des oeufs de poules Remarqu avec ceux-là, il ne les faut donner à la poule d'Inde que neuf à dix jours après qu'elle aura commencé à couver les fiens propres, dons & les Poulets éclofent tous en même temps.

Es

afin que

Soin qu'on doit avoir des Dindons nouvellement éclos.

les Din

Des que pubien délicat à élever dans le commencement, & qui demande bien des foins ; il eft fort fufceptible de froid, la faim lui eft fatale, & il ne veut point être manié rudement.

les petits Dindons font éclos, il les faut traiter doucement,

Il faut donc prévenir tous ces inconveniens, fi l'on veut élever heureufement des Dindons ; & pour y réüffir, fi-tôt qu'ils font nez, on les enferme, avec leurs mere, dans une chambre qui eft chaude; on foigne là de leur donner fouvent de la nourriture, & de ne les manier que très rarement; on peut quelquefois les mettre au foleil fous une mûë lorfqu'il luit, & foigner à les retirer dès qu'il ne donne plus fur la cage. Ce foin exact peut durer jufqu'à ce que les petits Dindons ayent vingt jours: car après ce temps on peut, quand il fait beau temps, les laiffer un peu promener dans la cour avec leur mere, fi l'on voyoit que l'air voulût fe réfroidir & nous donner de la pluye, il faudroit auffi-tôt renfermer les Dindons dans une chambre.

La nourriture ordinaire des Dindons nouvellement éclos, eft d'abord Nourriture les jaunes d'oeufs durcis & hachez fort menu, on les nourrit ainfi pendant Dindons. des jeunes fept ou huit jours, puis aprés, on leur mêle de la mie de pain blanc parmi ces oeufs, & quand ils ont quinze jours, on leur ôte cette nourriture, & on leure donne à la place du millet, ou bien on prend des orties qu'on hache fort menu, qu'on mêle d'un pou de fon & de caillé.

Si l'on veut que ces petits Dindons mangent bien, il faut avoir la patience de prendre la nourriture dans fa main, & de la leur presenter en les excitant à en prendre par ces mots, pis,pis, pis, repetez fort fouvent, cela les réveille, & fi-tôt qu'ils vous entendent, ils courent à vous & man

Dindonier.

gent fort avidement; la marque qu'ils ont faim, & qu'ils demandent à manger, c'eft lorfqu'ils ne font que piauler. Il ne faut pas faire la fourde oreille à leurs cris; c'eft la nature qui parle dans ces petits Oifeaux, elle a befoin de nourriture, il faut lui en donner, autrement les petits Dindons periffent en peu de temps, car leur mere a beau les promener, ils ne mangent rien, ou très-peu de chofe de ce qui fe prefente à leurs yeux dans la cour.

A mefure que les Dindons croiffent & fe fortifient, on leur change leur nourriture, on leur donne des orties encore hachées avec moins de précaution, & détrempées feulement avec de l'eau & du fon : au lieu d'orties on prend, fi l'on veut, des laituës qu'on hache auffi; le petit lait à la place de l'eau, & l'orge boüilli eft encore pour les Dindons une nourriture très excellente.

C'est ainsi qu'on éleve ces Oifeaux jufqu'à ce qu'ils fe feparent euxmêmes de la compagnie de leur mere; tels font les foins qu'on doit abfolument prendre après eux, fi l'on fouhaite en avoir le plaifir le profit. Quand ils font grands & forts ils ne demandent plus toutes ces peines; ils fe paiffent eux mêmes de ce qu'on leur donne, & de ce qu'ils trouvent, & c'eft pour lors qu'il faut les envoyer aux champs fous la conduite d'un Dindonnier.

Choix d'un Un Dindonnier ordinairement eft un petit garçon qu'on prend, âgé de quinze à feize ans. Il faut qu'il ait cet âge pour bien foigner fon troupeau; au deffous il eft trop foible, & au deffus il faut l'occuper à quelque chofe de plus fort. Ce jeune Pastre fera éveillé, vigilant, d'une humeur douce, crainte qu'il ne maltraite les Oifeaux qu'il conduit ; il fera matineux, fidele au refte, ne faifant pas à croire que le Loup a emporté quelque poulet d'Inde, lorfqu'il en auroit difpofé à fon profit; il fera encore foigneux de voir fi parmi fon troupeau il n'y a point quelques-uns de ces Oifeaux qui clochent, ou qui foient malades, afin d'y apporter du remede; il en fêra exactement la revûe tous les foirs & tous les matins, & en rendra compte à la mere de famille; une petite fille peut faire cet employ auffi bien qu'un garçon,

Quend, & où mener paître les Dindons.

DEs le Soleil levé nôtre petit Paftre s'éveillera, & conduira fon trou

peau en campagne, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, le long des bois; mais garre le Loup; c'eft pourquoi il eft bon qu'il ait un chien pour l'en garantir; il ira quelquefois près des ruiffeaux ou des rivieres, & quelquefois dans des prairies fauchées; mais le meilleur, c'eft après qu'un champ eft moiffonné, d'y mener glaner les Dindons, pour fors ils engraiffent & ils croiffent à vûe d'oeil, & toute cette diverfité de nourriture leur éveille l'appetit. Ces animaux paiffent ainfi jufqu'à dix heures du matin qu'on les ramene à la maifon pour les tenir enfermez jufqu'à midy, à laquelle heure on les lâche pour les conduire encore au paturage jufqu'à une heure avant que le jour finiffe, qu'il les faudra mettre dans le Poulailler pour y paffer la nuit, après leur avoir jetté un peu de grain. Si c'est

pendant

pendant la moiffon on ne leur donnera rien, parce qu'ils trouvent affez de quoi fe nourrir.

S'il y arrive quelque mauvais temps, on les laiffe promener dans la cour, on leur y hache des orties ou d'autres herbages du jardin, mêlez avec un peu de fon & d'eau qu'on leur donne: fi c'eft dans le temps que les arbres ont des fruits, & que les vents les abatent avant leur maturité, on les leur coupera par petits morceaux, & on les leur jettera; les Dindons, quand ils font gros, fe jettent avidement fur cette nourriture qui leur fait faire bon corps, il n'y a rien à perdre dans une maison de campagne : le jardin, outre la grange, fournit abondamment de quoi nourrir ces Oifeaux, & les engraiffer fans autre miftere.

Maladies des poules

Les Poules d'Indes font fujettes aux maladies, ainfi que les Poules communes, & comme elles partent des mêmes caufes & donnent les mêmes d'indes. fymptômes, on aura recours aux remedes qu'on a établis pour la guérifon des dernieres; car il feroit fuperflu ici d'ufer de redites fur cette matiere.

On ne châtre point les Coqs d'Indes, comme on fait les Coqs ordinaires; parce qu'ils ne font pas, ainsi qu'eux, continuellement en amour, ce qui fait que les parties les plus fpiritueufes & les plus balfamiques de leur fang ne s'échapent point au dehors, & qu'elles contribuent par confequent à rendre leur chair d'un très-bon fuc.

des.

On ne fait point de provision d'oeufs de Poules d'Indes, s'il en refte Oœufs de quelques-uns de leur ponte, & qu'on n'ait pas voulu mettre couver, on poulesd'Inpourra s'en fervir à la cuisine pour le commun. Il y en a qui veulent que ces oeufs ne foient pas fains & qu'ils engendrent la gravelle ; ce qui pourroit peut-être arriver, fi l'on en mangeoit fouvent, comme des oeufs de Poules; mais comme cette nourriture eft rare, on ne croit pas qu'elle puiffe produire de mauvais effets,

La chair de Coqs ou de Poules d'Inde, eft un peu plus ferme que celle Chair de de Chapon, & elle fournit un aliment plus folide & plus durable; elle Coq d'Inde nourrit beaucoup, elle produit un bon fuc & fe digere aifément, elle fes proprie. rétablit les forces & convient aux perfonnes attenuées & convalefcentes, Les vieux Coqs d'Indes ont la chair dure, coriaffe & difficile à digerer. quand on parle des Coqs, on entend auffi parler des Poules.

tez.

La graiffe de ces Oifeaux eft employée en Medecine pour adoucir, pour Graiffe de réfoudre & amolir les duretez,

Coq d'ide

[blocks in formation]

Les Oyes, comment les nourrir & les gouverner. Leurs utilitez

&leurs vertus.

Il L ne faut pas fonger à nourrir des Oyes dans une maison de campagne, fi l'on n'eft proche de quelque riviere, de quelque ruiffeau, ou d'un étang, à moins qu'on n'ait chez foi une bonne Mare ou un Vivier tou

R

jours plein d'eau pour les faire barboter. L'Oye eft un animal amphibie auquel il faut de l'eau, & fans eau il eft difficile d'en bien élever ; cet Oifeau habite les lieux froids, humides & aquatiques, il fe trouve prefque en toute forte de pays ; il vit fort long-temps, fi nous en croyons quelques Guillelmas Auteurs, cet Oifeau vit jufqu'à vingt ans: d'autres difent jufqu'à foixante, Gratalarus cette derniere opion eft un peu douteufe, & l'on ne croit pas que l'experience l'ait confirmée; le temps eft un peu long pour fe donner cette patience, & ce feroit une curiofité que bien des gens feroient en danger de ne pas voir fatisfaite.

Albertus.

Oyes.

Choix des Il fuffit pour fe donner quantité d'Oyes d'avoir deux Jarres (on appelle ainfi les Oyes mâles ) & fix ou fept femeles: il faut les choifir de bonne taille, fort éveillez, & de plumage grisâtre : on prétend que ces Oifeaux de cette couleur valent mieux que les blancs; d'autres difent que ceux-ci font plus feconds, lequel croire de ces fentimens ? & qu'il faut prendre des femelles qui ayent le plis & l'entre deux des jambes bien large.

Ponte des.

oses.

Liéb, Maif.

Les Oyes femelles font trois pontes pendant l'année: fi on les empêche de couver, elles n'en font que deux, & chaque ponte eft de dix à douze oeufs. On fera d'abord en forte qu'elles pondent dans un lieu où leurs oeufs foient à couvert des infultes des chiens, elles ne l'oublient jamais, car par un instinct qui leur eft particulier, elles retournent toûjours pondre au même endroit où elles ont pondu la premiere fois, & y couveront même fi on les y laiffe.

Certain Auteur fur l'Agriculture dit que fi on ne leve les oeufs des Oyes Ruf 1. c. à mesure qu'elles les pondent, elles les couvent fi-tôt que leur ponte

16.

Columel. 1,

2. C. 14.

Couvée des
Oyes.

eft

achevée, mais que lorfqu'on les ôte, elles ne ceffent de pondre jufqu'à cent ou deux cens oeufs, & même jufqu'à s'entrouvrir à force de pondre; fi cela eft, le profit des oeufs eft preferable à la couvée, c'est pourquoi l'on confeille, fi tant eft que l'experience ait confirmé cette verité, de faiffer pondre les Oyes, au lieu de permettre qu'elles couvent, puifqu'on peut donner leurs oeufs à couver à toute autre Volaille. La Ponte des Oyes commence au mois de Mars & finit en Juin.

Les Oyes n'aiment gueres à couver que leurs oeufs propres, & ce feroit même une imprudence que de leur en foumettre d'autres, parce que ces Oifeaux font un peu trop revêches pour en conduire d'étrangers; chaque more Oye peut embraffer douze ou treize oeufs, & on ne peut lui en donner moins que neuf. Si l'on veut avoir un bon troupeau d'Oifons, on peur mettre des œufs d'Oyes fous une Poule d'Inde ou des Poules communes, on prétend que les dernieres y réüffiffent mieux, mais à caufe de la petiteffe de leur corps on ne leur en donne que cinq ou fix, il faut trente jours d'incubation pour faire éclore les Oifons.

On doit être foigneux de donner à manger aux couveuses, & fi l'on fait bien, c'eft de leur mettre proche d'elles de l'orge dans de l'eau, car elles n'aiment point à laiffer leur petits, outre que l'expedient eft très-bon, parce que quand l'Oye ne quitte point fon nid, fes oeufs ne fe morfondent point: ce n'eft pas qu'on voit des meres Oyes, quand on a coûtume de leur donner à manger à la maifon à certaine heure reglée, qui quittent fort bien leurs oeufs pour venir repaître, & qui s'en

« AnteriorContinuar »