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retournent deffus, fans que cela leur puiffe préjudicier au refte il faut, observer à l'égard de la couvée des Oyes, ce qui a été dit au fujet de celle des Poules.

Lorfque les petits Oyfons font éclos, il ne faut pas fe preffer de les faire fortir de la chambre ou autre endroit où les meres les ont couvez, ce n'est qu'au bout de dix jours qu'on leur donne cette liberté, encore fautil qu'il faffe beau temps, car s'il pleuvbit, cette pluye fuffiroit pour les faire mourir, les petits Oyfons aiment à nager fur l'eau, mais l'eau verfée fur eux leur eft funefte.

S'il y a quelque pâturage aux environs de la maison, il eft bon de les L. 8. c. 147 y envoyer; mais Columelle dit qu'auparavant il faut leur donner à manger des feuilles de chicorée ou de laituës hachées fort menu, ou bien du creffon alenois, que ces herbages leur font fort falutaires, & qu'appaifant leur premiere faim, cela les empêche de fe donner quelque entorse au cou à force de tirer avec violence l'herbe des prez quand elle eft dure. Il eft bon de leur donner de temps en temps un peu de millet ou de l'orge bouilli, c'est auffi la nourriture dont on les paît les dix premiers jours qu'ils reftent enfermez avec leur mere. On prendra garde que les petits Öyfons ne fe mêlent point avec les grands, qui les battent & les tuent même quelquefois ; mais quand ils font en état de fe défendre, on les met tous en un troupeau, qu'on mene paître, fi l'on veut, avec les Dindons.

L'oye eft un Oifeau de grand profit dans une Baffe-cour, quoique fort Nature des gourmand de fon naturel, mais on trouve le moyen de le raffafier fans Oyes. qu'il en coute beaucoup : il aime à barbotter, & fe plaît presque toûjours fur l'eau ; cet Oifeau eft fort vigilant, il a le fommeil leger, & fe reveille au moindre bruit ; on prétend même qu'il eft auffi propre que le chien à garder la nuit une maifon de campagne, parce qu'auffi-tôt qu'il entend quelque chofe, il ne ceffe de faire de grands cris, par lefquels il femble appeller le monde à fon fecours. On en cite un exemple fameux. Quand les Gaulois voulurent monter de nuit au Capitole de Rome, ils jetterent de la viande aux Chiens qui le gardoient pour les empêcher d'aboyer, ce qui leur réüffit, mais les Oyes malgré l'apât qu'on leur jetta, firent de grands cris, qui reveillerent les Romains. Cette feule marque de l'inf tinct des Oyes devroit fuffire pour obliger ceux qui demeurent à la campagne d'en nourrir, de faire attention quand ils crient durant la nuit, & de veiller à ce qui peut fe paffer dans la maison.

Ces Oifeaux font recherchez pour l'abondance de leurs oeufs qu'on peut Utilité de employer en Cuifine, fi on en a trop pour mettre couver, pour leurs petits Oyes, Oyfons, pour leur plume qu'ils donnent deux fois l'année, & qui eft propre à faire des lits, pour leur chair même & pour leur graiffe.

On plume les Oyes pour la premiere fois à la fin du mois de Jum, où au commencement de Juillet, foit mâles, femelles, vieilles & jeunes, & pour la feconde fois au commencement de Novembre, lorsqu'on les met engraiffer. On ne leur ôte feulement que les plumes qu'ils ont fous le ventre, entre les cuiffes & le duvet qui eft fous les ailes avec quelques groffes plumes qui fervent pour écrire. Nous avons dit comment

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on faloit la chair d'Oye, on peut y avoir recours, fi l'on fouhaité entreg dans ce ménage.

Il eft vrai que les Oyes avec tout cet avantage ont leurs incommoditez particulieres: il faut bien prendre garde qu'ils n'entrent dans les jardins & dans les vignes, ils y broutent tout ce qu'ils trouvent à leur rencontre, & ce qui leur convient, & font tort aux bleds quand leurs épis commencent à fe former. Leur fiente y eft encore préjudiciable, mais pour peu qu'on les veille de près, on fe garantit aifément de ces dégats,

Les Oyes font très-infipides au goût, quand ils ne font point gras, & pour les engraiffer on leur donne de la farine de froment, ou d'orge dé trempée en eau chaude, toutes fortes de criblûres de bled leur font bonnes. On leur jette encore du gland concaffé, des raves coupées par petits morceaux, & autres chofes femblables. Il y en a qui les apâtent comme les Chapons, tenant ces Oifeaux enfermez dans un lieu chaud & obfcur, d'autres fe contentent de les mettre dans une chambre, & de ne les point laiffer manquer de nourriture: le fon détrempé en eau chaude les met en bonne chair; & quoique les Oyes foient mal-propres d'ellesmêmes, elles veulent néanmoins pour bien engraiffer, qu'on foigne de les tenir proprement.

Autre Maniere.

A my Octobre, qui eft le temps qu'on engraiffe les Oyes, on en prend ce qu'on veut engraiffer, on les plume legerement entre les jambes, puis on les enferme en un lieu étroit, afin qu'elles ne puiffent pas beaucoup fe promener, un petit recoin d'une cave accomodé exprès y peut être fort propre ; au défaut de cela on fe fert d'une chambre, & on creve les yeux à ces oifeaux; là ils ne manquent de rien, & pourvû qu'on les ait une fois conduits fur la nourriture, ils fçavent bien après, quoique aveugles, la retrouver.

Il faut leur donner pour mangeaille celle dont on a déja parlé, ou bien de l'avoine bouillie avec beaucoup d'eau, & par ce moyen cette nourri→ ture ne leur manque point, il ne faut que quinze jours pour engraiffer les Oyfons; les vieilles Oyes tardent un peu plus à prendre graiffe, il y en a qui leur pilent du charbon, & qui le leur donnent détrempé avec du fon & de l'eau tiede; ils prétendent que ce charbon en rend la chair plus dé◄ licate, l'experience a confirmé ce fait plufieurs fois.

Comment tirer la graiffe d'Oyes.

Nous avons dit comment on faloit les Oyes, & c'est pour lors aufft quand on les coupe par quartier, qu'on en tire toute la graiffe qui eft attaché à la chair, puis on la coupe par petits morceaux ; on la fait fondre, on en ôte après toutes les ordures avec un écumoire, enfuite on met cette graiffe dans un pot pour la garder & s'en fervir au befoin. Leurs ma- Tout est sujet, aux infirmitez du corps; les Oyes ont leurs maladies

ladies.

tomme les autres Volailles, elles fe guériffent par les mêmes remedes, c'eft pourquoi dans les accidens qui leur peuvent arriver, il faut avoir les mêmes attentions fur les Oyes que fur les Poules, & recourir après au remede qui conviendra leur donner.

mauvais ef

L'Oye nourrit beaucoup, il produit même un aliment affez folide & af- Bons & fez durable, fa chair eft un peu difficile à digerer; elle convient en fets de la Hyver aux jeunes gens bilieux qui ont un bon eftomac, & ceux qui font chair fujets à un grand exercice de corps; cependant fans regarder à la chofe d'Oye de fi près, on ne laiffe pas que d'en manger quoiqu'on n'agiffe guéres, fans qu'elles faffent de mal.

ment.

La premiere peau des pieds de l'Oye est aftringeante & fpecifique pour Peau des arrêter les écoulemens immoderez, étant prife en poudre au poids d'une pieds de Ï'Oye. demi dragme. Son excrement fec & pulverifé prife à la même doze rarefie & attenuë les humeurs; excite les fueurs, provoque l'urine & les mois Son excre aux femmes. Son fang refifte au venin, on en donne deux ou trois drag- son fang: mes dans du vin. On fe fert en Medecine de la graiffe d'Oye pour refou- sa graie dre & amollir les duretez; elle adoucit les hemorroïdes, elle appaise les douleurs d'oreilles étant introduite dedans avec du jus d'oignon ; elle lâ→ che le ventre étant prife interieurement, on en frotte les parties attaquées de Rhumatisme.

On peut juger par ce qu'on vient de dire des Oyes de l'avantage qu'on trouve à en élever un bon troupeau qu'on donne à conduire à un Paftre avec des Dindons, afin d'épargner la nourriture qu'il leur faudroit don ner à la maison.

CHAPITRE IV.

où l'on parle des Canes Domestiques, des foins qu'elles exigent; des Canes Sauvages & autres, & comment les élever: A quoy

utiles; leurs proprietez

Es Canes domeftiques enrichiffent une Baffe-cour, & tel néglige d'y élever de ces Oiseaux, qui peut dire qu'il manque en un des principaux points du ménage des champs; outre que les foins qu'on prend après eux & la nourriture qu'on leur donne font de peu d'importance. Une Mare, ou des eaux naturelles & courantes proche la maison, font les endroits fur lefquels elles fe plaifent à fe promener.

Les oeufs, la plume & la chair des Canes qu'on mange & qu'on vend font le revenu qu'on en tire; ces oeufs font plus eftimez que ceux des Oyes, & leur chair eft plus délicate, il n'y a que leur plume qui n'est pas fi fine.

La Cane eft un animal amphibie, car il vit fur terre & dans l'eau, plus dans celle-ci que fur l'autre ; elle ne se plaît à barbotter que dans la fange & dans l'ordure, & fe nourrit d'alimens fales, comme de bouë, de poiffons morts & même pourris, d'araignées, de crapaux & de

gre

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nouilles; cependant fa chair ne laiffe. pas que d'être délicate.

Il n'eft point de choix à faire des Canes, comme des autres Oifeaux de la Baffe-cour pour la fertilité plus ou moins grande des oeufs, il s'y. en trouve de fecondes de tout pennage, & cette connoiffance ne git que dans l'épreuve qu'on en fait. Il fuffit d'un Canard pour huit Canes.

Ces Oiseaux le couchent ordinairement dans le Poulailler, ou dans un toit qu'on leur fait exprès; mais dans quelque endroit que ce puifle être il faut foigner de les faire coucher à la même heure que l'autre Volaille, Mieux on nourrit les Canes, plus elles vous apportent de profit ; c'est-à dire qu'il faut leur donner à manger avec les Poules fitôt qu'elles fortent de leur toît, & le foir avant qu'elles fe couchent. Cette bonne coûtume qu'on prend de donner à manger à ces Oifeaux, les rend exacts à fe trouver à l'heure ordinaire, ils épargnent par là la peine de les aller chercher, Quand ces Oifeaux font obligez d'aller quêter de quoi fe

nourrir.

Il ne faut pas craindre d'élever trop de Canes ; ces Oifeaux apportent trop de profit pour n'y pas faire attention, outre qu'ils ne font point de dégats par où ils paffent. Les Canes commencent leur ponte au mois de Mars, & la continuent chaque jour pendant trois mois & davantage même, fi elles font bien nourries, & qu'elles fe plaisent dans le lieu où elles font.

Celle qui a foin du Poulailler ne doit point en laiffer fortir les Canes qu'auparavant elles ne les ait tâtées pour voir fi elles ont l'oeuf, comme on dit, fi cela eft, on les tiendra enfermées jufqu'à ce qu'elles les ayent mis bas, autrement elles pourroient les perdre.

On multiplie l'efpece des Canes par deux voyes; la premiere, en donnant à ces Oifeaux leurs oeufs propres, & l'autre en les mettant fous une Poule, La derniere méthode eft bien meilleure, bien plus fûre, & beaucoup plus abondante; ces oeufs font un mois à éclore.

Une Cane ne peut embraffer que fix à fept oeufs, la Poule en peut fomenter jufqu'à douze; c'eft la feule raifon pour laquelle on doit préferer celleci à l'autre, fans s'arrêter à plufieurs faux raifonnemens qu'on fait de la Cane, comme par exemple de dire, qu'elle refroidit fes oeufs, lorfqu'elle y retourne après les avoir quitté pour aller boire à quelque Mare ou ruiffeau, parce qu'elle y aura nagé, que par la même raifon elle morfond fes petits nouvellement éclos, & qu'enfin elle les mene trop-tôt à l'eau ce qui leur eft préjudiciable: tous ces avis ne font qu'abus, la nature qui les à fait naître pour l'eau, a mis ces petits Oifeaux hors de rifque de tous ces préjugez, ce font des amphibies qui fe plaifent dans l'eau, & aufquels l'eau, de la maniere qu'on vient de le dire, ne peut caufer aucun inconvenient. Il n'y a que les pluyes dans les commencemens dont il les faut garantir, & fi ce qu'on vient de rapporter étoit veritable, que devien droient les oeufs & les petits des Canes fauvages? Laiffons ces animaux fuivre l'instinct que la nature leur infpire, elle fçait mieux ce qui leur convient que nous-mêmes.

Il eft vrai que lorfque les Canetons font nouvellement éclos par le tra rail d'une Poule, ils n'en vaudroient que mieux, quand on ne les forti

roit que huit jours après, parce qu'ils fe fortifieroient; on n'auroit neanmoins rien à craindre, fuppofé qu'ils vinffent à s'échaper, & à fe jetter dans l'eau, ils ne reviennent que trop quand ils fentent que la faim les preffe. On a vû, & l'on voit encore tous les jours des Canetons, qui à peine font fortis hors de la coque, s'en vont avec la Cane leur mere chercher l'eau pour s'y promener, & commencer à y barboter, fans que cela les incommode en aucune maniere. Point de fcrupule là-deffus, il ne faut point gêner ces Oifeaux fur leur inclination naturelle, qu'on foigne feulement de les bien nourrir, cela fuffit.

Quand on a donné des oeufs de Canes à couver à une Poule, & que ces œufs font éclos, la Poule paroît d'abord furprife de la figure de fes petits, & comme le Canard, auffi-tôt qu'il eft né, court barboter & nager dans l'eau, la Poule lamente, gémit & appelle fes Canetons, de la maniere du monde la plus pitoyable.

Nourriture

Columel.l

On donne pour nourriture aux petits Canetons du Millet dans les des Capecommencemens, de l'orge boüilli ou du panis; le gland & les herbages tons. de jardin hachez menu leur font encore très-bons. Il y en a qui leur jettent du marc de raisin, qu'ils mangent fort bien, quelque mie de pain de temps en temps leur reveille l'appetit, & quand on les appelle pour leur donner à manger, on crie tout haut, canis, canis, à plusieurs fois, & jufqu'à ce qu'ils foient arrivez.

Les Canes domeftiques s'engraiffent comme les Oifons, fi l'on veut s'en donner la peine; ou bien on foigne feulement de leur jetter de fa nourri ture foir & matin, comme aux autres Volailles, & ces Oifeaux alors prennent affez graiffe avec ce qu'ils trouvent dans la cour.

Comment élever les Canes fauvages.

R Ten ne flate tant un Gentilhomme ou un autre particulier, qui ayant

une terre à la campagne, où il y a des Etangs ou quelque beau Canal. voit ces pieces d'eau garnies de beaucoup de Canards fauvages:quelquefois le hazard feul y opere affez; mais d'autres fois auffi il eft bon d'avoir recours à l'art, il n'y a que les commencemens qui. en font un peu penibles, mais après cela on fe trouve bien dédommagé de fes peines, & l'on a le plaifir d'avoir dans la faifon des Canards fauvages en abondance.

Pour cela, on a foin de chercher où il y a beaucoup de fes Oifeaux, & dans le temps qu'on juge que les femelles ont fait leur ponte, d'enlever les oeufs, & de les mettre couver fous des Poules communes; c'eft ordinairement autour des grands Etangs & des Marais qu'on trouve ces oeufs, & lorfque les petits Canards en font fortis, on les nourrit dans une cham bre ou dans une Voliere jufqu'à ce qu'ils foient forts, puis on leur donne la liberté d'aller fur l'eau, où on les laiffe après qu'ils n'ont plus befoin de leur mere pour les couvrir.

Mais comme la peine de chercher tous les ans ces oeufs pourroit rebuter ceux qui auroient cette curiofité, il faut la premiere fois qu'on en éleve garder un mâle & quelques femelles, les nourrir dans une Voliere, ils y feront des œufs & des petits. Cette maniere d'agir qui dépouille

8. c. 15.

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